Le Grand sot, chorégraphie de Marion Motin

Le Grand sot, chorégraphie de Marion Motin

«Whisky, cigars and no sport » disait Winston Churchill pour expliquer sa longévité. Ce « no sport »  du premier ministre anglais qui avait tenu tête à l’Allemagne nazie, a pu inspirer le titre No Logo : la tyrannie des marques, du livre de l’autrice canadienne Naomi Klein qui dresse un état des lieux de la société de consommation. Marion Motin, elle, tourne en dérision le sport nautique et le sport en général, dans la perspective des fameux J.O. qui menacent à court terme le peuple parisien. Déjà pas mal ! Le logo à trois bandes d’un équipementier d’outre-Rhin, est ostensiblement porté par trois danseuses et cinq danseurs (de tout gabarit).

La greffe théâtre-danse, que certains qualifient doctement de rhizome, profite toujours au théâtre mais aussi à l’art du cabotinage dont les muses sont légion… A peine installés dans la salle pas encore obscurcie, nous en avons un avant-goût. Alexis Sequera, un jeune homme en robe de chambre style Sacha Guitry, se lance dans des tirades, parfois des impros, voire des citations. Entre autres de  Sens dessus dessous (1978), un sketch de Raymond Devos qu’il créa juste en face au Théâtre Antoine… Comme l’indique la chaise côté jardin, Alexis Sequera, par intermittence et pendant une heure, fera office de maître de cérémonie, maître-nageur, arbitre des élégances…

© Ch. Raynaud de Lage

© Ch. Raynaud de Lage

Entrent en scène (ou en Seine) pour ne plus la quitter Marie Bégasse, Caroline Bouquet, Manon Bouquet, Lorenzo Dasse, Achraf Bouzefour, Gonzalo Garabán, Julien Ramade, Sulian Rios qui vont interpréter l’opus de Marion Motin, chorégraphe en vogue (ou d’une nouvelle vague) qui a travaillé avec Madonna, Stromae, Christine and the Queens, Angèle…
Vu la déco-la chaise mentionnée plus haut-et les costumes: survêtements d’aujourd’hui, shorts, tennis puis maillots de bain et vu aussi la gestuelle à l’unisson généralement observée par le groupe. Vu aussi l’énergie débordante des interprètes avec quelques échappées solitaires, vu enfin le titre-calembour, le thème est bien ici le sport…
La natation, bien sûr (malgré l’absence de plongeoir), la boxe (l’octet ne manque pas de punch), le judo avec quelques roulades enrichissant ce
Grand Sot ). On pense aux parodies de Charles Chaplin, Georges Pomiès et Jacques Tati. Nous avons, quant à nous, été sensible à la prestation spectaculaire de Lorenzo Dasse.

La musique pour la gym, gym tonique, gym rythmique, entraînement cardio, aérobic popularisée de 82 à 86 par Véronique et Davina à la télévision et ailleurs par Jane Fonda, stimule les pratiquants, adoucit les entorses et mène la danse. Marion Motin n’y va pas avec le dos de la cuiller  et Le Boléro de Maurice Ravel (1928) donne tout de suite le ton avec son entame ramollo, sa longueur en bouche, sa langueur en boucle, son crescendo, son emphase… Une musique accentuée par la sono d’Éric Dutrievoz.
La barcarole des Contes d’Hoffmann (1881) de Jacques Offenbach calme tout un chacun. Alternent ensuite balades sentimentales comme Mr Blue (1959) et rocks électrisants. Les lumières avec variations chromatiques et effets stroboscopiques de la chorégraphe et Judith Leray sont efficaces. Le final, avec la célèbre musique de Bohemian Rhapsody (1975) du groupe Queen, suscite les applaudissements d’un public venu nombreux…

 Nicolas Villodre

Jusqu’au 16 décembre (et prolongations), La Scala de Paris, 13 boulevard de Strasbourg, Paris (X ème). T. : 01 40 03 44 30.

 

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