Le Petit Prince ,d’après Antoine de Saint-Exupéry mise en scène de François Ha Van
Le Petit Prince, d’après Antoine de Saint-Exupéry, mise en scène de François Ha Van (à partir de cinq ans)
Un conte poético-philosophique écrit en 1943 à New York et publié la même année puis trois ans plus tard en France après la mort de son auteur disparu à bord de son avion militaire en Méditerranée. Vendu en des dizaines de langues à plus de 134 millions d’exemplaires! il a été adapté en chorégraphies, comédies musicales, films, bandes dessinées…et aussi un peu au théâtre. Les thèmes: pessimisme quant à la nature humaine, importance de se confier à un autre, appréhension de la différence, bonheur d’être curieux du monde mais aussi nécessité d’apprendre à être lucide et de se protéger. »«On ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux ». Bref, tout plein de bons sentiments.
C’est l’histoire d’un pilote dont l’avion tombe en panne et atterrit dans le désert, comme Antoine de Saint- Exupéry en avait fait l’expérience au Sahara quelques années plus tôt avec son mécanicien. Ils y survivront par miracle, grâce à l’aide de Bédouins.
L’aviateur va essayer de réparer le moteur de l’appareil quand un petit garçon arrive et lui raconte qu’il vit seul sur une planète lointaine. Très amoureux d’une rose capricieuse, il est parti en voyage découvrir d’autres planètes dont notre bonne vieille Terre où il rencontre un homme d’affaires, un roi, un géographe, un allumeur de réverbères mais aussi à la fin un renard qu’il essaye d’apprivoiser pour en faire son ami.
Sur le plateau couvert de granulés, le Petit Prince (Hoël Le Corre) est le seul personnage visible, tous les autres étant interprétés par Philippe Torreton en off. Aucun décor que de belles vidéos de ciel, terre, etc… et dessins au trait blanc sur fond noir, qui s’animent comme entre autres, un fabuleux serpent pour illustrer et/ou accompagner la parole du petit Prince. Le tout réalisé par Moulla, un remarquable magicien (voir Le Théâtre du Blog). Sur une musique à la guitare électrique de Guillaume Aufaure, un peu trop envahissante.
La jeune actrice se sort plutôt bien de ce rôle difficile et il y a la belle voix de Philippe Torreton. Mais cela ne suffit pas et nous avons un peu l’impression d’avoir affaire à un Petit Prince au rabais. De toute façon, c’est toujours l’éternelle question: comment faire passer l’émerveillement qu’il y a à lire un récit accompagné d’illustrations, sur une scène? A l’impossible, nul n’est tenu…
Et le dialogue entre cette voix off permanente et la jeune actrice affublée d’un micro H.F. qui uniformise sa voix, ne peut pas fonctionner, même sur une petite heure. Faire du Petit Prince un spectacle pour enfants n’était pas sans doute pas une idée géniale! Et malgré les mots dithyrambiques de la note d’intention, c’est une mise en voix uniforme et assez sèche même avec quelques images réussies comme celle à la fin avec le Renard, plutôt qu’une véritable mise en scène, ne nous a pas fait rêver. Et François Ha Van aurait pu nous épargner à la fin cet inutile jet de fumigène (cela fera cinq dans la semaine pour nous… une véritable épidémie!)
On peut rêver d’autre chose : le grand Philippe Torreton disant seul une courte adaptation de ce conte dans une petite salle… Mais là, nous sommes resté sur notre faim et les applaudissements du public étaient assez mous. Les enfants et il y en avait beaucoup ce dimanche matin, méritent le meilleur mais ici, le meilleur était loin d’être au rendez-vous… Dommage.
Philippe du Vignal
Jusqu’au 14 avril, La Scala, 13, boulevard de Strasbourg, Paris (X ème). T. : 01 40 03 44 30.
Merci Philippe du Vignal de votre critique éclairante. Je suis d’accord avec vous sur bien des points. J’ai vu ce spectacle et j’ai été très déçu. Quel dommage que vous soyez quasiment le seul critique à déplorer la piètre qualité de ce spectacle.