Le voyage de Gulliver, libre adaptation du roman de Jonathan Swift par Valérie Lesort, mise en scène de Christian Hecq et Valérie Lesort
Le voyage de Gulliver, libre adaptation du roman de Jonathan Swift par Valérie Lesort, mise en scène de Christian Hecq et Valérie Lesort
Ces grands créateurs ont reçu de nombreux prix, notamment pour le fabuleux 20. 000 lieues sous les mers d’après Jules Verne (2015) (voir Le Théâtre du Blog), La Mouche, La petite Balade aux enfers et plus récemment, Le Bourgeois gentilhomme…Créé il y a deux ans (voir Le Théâtre du Blog) ce spectacle a été récompensé par deux Molières: création visuelle et sonore et mise en scène.
Dans cette satire sociale censurée à sa parution en 1726, Valérie Lesort a choisi l’épisode qui se passe sur l’île de Lilliput. Avec Gulliver, chirurgien anglais du XVIII ème siècle, ses minuscules habitants, les Lilliputiens se battent avec leurs voisins, au sujet d’un œuf qu’il faudrait manger d’abord par le gros, ou par le petit côté.
Une histoire ici incarnée par de petites marionnettes mais qui ont le visage réel des comédiens, face au très grand Mathieu Perotto, rendu encore plus grand par un plafond bas. La création et la réalisation des marionnettes de Carole Allemand et Terzi, la scénographie d’Audrey Vuong, les costumes de Vanessa Sannino, les lumières de Pascal Laajili et la musique de Mich Ochowiak, Dominique Bataille, mais aussi les maquillages très étudiés d’Hugo Bardin : ici, tout est dans l’axe…
Un spectacle d’une rare intelligence, savoureux, rodé à la perfection et à plusieurs clés de lecture, donc à la fois pour les petits et les grands. Et mis en scène avec une haute précision, ce qui n’exclut pas une beauté plastique et une intense poésie, comme savent le faire depuis longtemps Christian Hecq et Valérie Lesort… Une des grandes forces de ce spectacle est le changement d’échelle Gulliver/Les Liliputiens avec des moyens très simples mais aussi une maîtrise technique absolue.
Et il y a des moments fabuleux: entre autres, Gulliver dormant entravé dont s’approchent les Lilliputiens, le Palais royal en flammes, Gulliver tirant plusieurs bateaux à voile de la flotte ennemie, puis son départ en barque de Lilliput avec ses habitants réunis sur le quai.
Les interprètes, tous de premier ordre, sont ici à la fois acteurs et marionnettistes: Valérie Lesort en Cachaça et un Soldat blefescudien, Renan Carteaux (le Savant, un Soldat, un Soldat blefescudien, Valérie Kéruzoré (Myéline, le Soldat blefescudien, la Reine de Blefescu), Caroline Mounier (Skyresh, un soldat, Pauline Tricot ( un Soldat, Sollis), Nicolas Verdier (Cérumen, le Cuisinier, un soldat blefescudien et Eric Verdin (L’Empereur).
Des bémols ? Des voix féminines parfois trop amplifiées et quelques nuées de fumigène… pas vraiment nécessaires.. Mais sinon quelle merveille de théâtre! En ces temps difficiles, c’est bon à prendre. Mais la très haute qualité, cela se paye et ici, les bonnes places sont à 38 €! Ce serait bien que les Lilliputiens de la banlieue puissent aussi voir chez eux ce merveilleux spectacle à des prix abordables…
Philippe du Vignal
Jusqu’au 4 janvier, Théâtre de l’Athénée-Louis Jouvet, 2-4 square de l’Opéra-Louis Jouvet, Paris (IX ème). T. : 01 53 05 19 19.
Et pour Noël, lundi 25 décembre à 21 h 10 sur Culture Box.