Livres et revues : Comédie de Caen : 50 ans d’histoires sous la direction de Marcial Di Fonzo Bo, Elise Vigier et Jacques Peigné

Livres et revues

Comédie de Caen : 50 ans d’histoires sous la direction de Marcial Di Fonzo Bo,  Elise Vigier et Jacques Peigné , rédaction : Daniel Besnehard et Daniel Grisel

Ce gros volume de 424 pages avec plus cent-cinquante remarquables photos la plupart de Tristan Jeanne-Valdès récemment décédé, retrace plus de cinquante ans de vie théâtrale et culturelle à Caen.

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La Comédie de Caen fait comme partie de notre vie. Nous y sommes allés, dès que Jo Tréhard y fut nommé à la suite de la décentralisation initiée par Jeanne Laurent nommée en 1946, sous-directrice des spectacles et de la musique à la direction générale des Arts et Lettres au ministère de l’Éducation nationale. Pendant six ans, elle développa une politique de décentralisation théâtrale et elle créa les premiers centres dramatiques nationaux comme en 1946, à Colmar et nomma Jean Vilar, directeur du T.N.P. à Chaillot. En 68, au théâtre de l’Odéon occupé, lors d’une grande réunion-forum, elle avait posé une question très pertinente aux animateurs étonnés. Ils lui avaient demandé qui elle était. Et quand elle se nomma, toute la salle se leva pour l’applaudir ! Souvenirs, souvenirs…

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Jo Tréhard (1922-1972) fonda en 47 un centre dramatique régional qui devint en 69 la Comédie de Caen-Centre Dramatique National. Dans une ancienne salle paroissiale rue des Cordes qui a ensuite été refaite, puis il y a deux ans entièrement reconstruite. Grâce à lui, nous découvrîmes des auteurs allemands comme Max Frisch et Dieter Forte.

On une assez bonne idée de ce que furent le parcours et le combat permanent que mena Jo Tréhard à une époque où l’argent était rare. Et  Daniel Besnehard raconte bien l’aventure que connut aussi Michel Dubois (1937-2021) et qui lui succéda avec l’ambition de faire découvrir un répertoire inconnu surtout d’auteurs étrangers dont les pièces comme celles de R. W. Fassbinder n’étaient même pas, ou si peu jouées à Paris. Il faudra lui être toujours reconnaissant à cet homme aussi cultivé que tenace. Et il y a quelques textes de ses proches collaborateurs comme, entre autres, Claude Yersin, Jean-Yves Lazennec ou René Fix qui l’admire avec juste raison pour le combat discret mais incessant qu’il mena pour garder en ordre de marche ce théâtre.

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Michel Dubois  pendant vingt-cinq ans a toujours eu un axe prioritaire: se consacrer à la création de textes contemporains étrangers et français: Peter Handke, R.W. Fassbinder, Xaver Frank Kroetz, Michel Vinaver, Bertolt Brecht, Botho Strauss, Jean-Pau Wenzel, Edward Bond…

Puis il monta des œuvres peu connues de classiques: Shakespeare, Alfred de Musset, Maxime Gorki, Sophocle, Jacob Lenz,  Kleist, August Strindberg, Luigi Pirandello, Arthur Schnitzler, Büchner, Molière.

Et à la fin, il revint à des auteurs français et étrangers: entre autres Herbert Achtenbusch, Marguerite Duras, Daniel Lemahieu, Enzo Cormann, Agota Kristof…

 

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Éric Lacascade prit ensuite le relais en 97avec Guy Alloucherie pendant huit mois, puis seul après un désaccord artistique. Il monte une remarquable trilogie Tchekhov avec  Ivanov, La Mouette et Cercle de famille pour trois sœurs. Et Platonov. Puis Les Barbares de Gorki… Les spectateurs de Caen se souviennent encore avec émotion de ses mises en scène.
Et pour Eric Lacascade dans une entretien avec Sophie Lucet en 2003, « ce ne sont pas Ivanov ou Anna Pterovna qui m’intéressent mais leur efficacité dans un corps d’aujourd’hui. (…) Je crois encore aux vertus de l’expérience collective et singulière dans l’aventure du théâtre. Ce qu’on fait ensemble traversera peut-être. »

Et effectivement il saura rendre Anton Tchekhov accessible à tout un public qui n’avait jamais lu ni vu une pièce du grand dramaturge. Très rarement, nous n’avions connu une salle de Centre Dramatique National, aussi attentive et aussi émue…

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Au terme du mandat d’Eric Lacascade en 2007, Jean Lambert-wild est nommé et crée des spectacles hors-normes où la scénographie a une place importante comme en 2009 : Le Recours aux forêts, spectacle de Jean Lambert-wild, Jean-Luc Therminarias, Michel Onfray, Carolyn Carlson et François Royet, La Mort d’Adam-Deuxième Mélopée de l’Hypogée, spectacle de Jean Lambert-wild, Jean-Luc Therminarias, François Royet et Thierry Collet,, War Sweet War, La Sagesse des abeilles, première leçon de Démocrite, ave des textes de Jean-Luc Therminarias, Michel Onfray, Lorenzo Malaguerra et François Royet,  En attendant Godot, de Samuel Beckett.
Et enfin Splendeur et Lassitude du Capitaine Iwatani Izumi, créé au Shizuoka Performing Arts Center à Shizuoka (Japon).

 

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Enfin, à la suite de la nomination de Jean Lambert-wild à Limoges, Marcial Di Fonzo Bo avec Élise Vigier ont dirigé jusqu’à cette année, la Comédie de Caen. Avec la même volonté que leurs prédécesseurs de créer des pièces d’auteurs contemporains. Marcial di Fonzo Bo a défendu entre autres, des textes de Copi, Rafael Spregelburd puis Martin Crimp,Petr Zelenska  James Baldwin et Richard Avedon, Roland Schimmelpfennig … «Ce livre d’archives se veut un outil pour la jeune génération, en même temps qu’un hommage à celles et ceux qui ont participé à la construction de la Comédie de Caen. C’est notre façon de contribuer au mouvement de la décentralisation, exception culturelle française, précieux bien commun.  »
En juillet, Marcial di Fonzo Bo été nommé directeur du Centre Dramatique National d’Angers et a été remplacé depuis quelques jours par Aurore Fattier – la première femme à diriger ce centre Dramatique National- qui «souhaite transmettre les grands textes classiques et contemporains au plus large public possible. Elle entend réaffirmer la dimension européenne du théâtre et en faire un lieu vivant, ouvert et généreux. »

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Comme Marcial Di Fonzo Bo et Elise Vigier le font remarquer dans l’éditorial, « l’objectif de cet ouvrage est de faire mieux connaître cette singulière aventure humaine et de la restituer à travers le regard de ceux qui en furent les témoins. (…) Et nous avons proposé à Daniel Grisel, spécialiste de l’histoire politique et culturelle de Caen et de la Région Normandie de rédiger une grande parie de cet ouvrage. »
Mission accomplie : cet ouvrage d’une envergure exceptionnelle a été publié avec toutes les informations indispensables pour mieux comprendre ce que fut la vie de la Comédie de Caen, rue des Cordes puis aussi dans cette immense bateau à l’architecture brutaliste très laide construit en en 87 à Hérouville Saint-Clair, une ville nouvelle près de Caen. Une vaste structure mal foutue mais avec un très beau plateau et une salle de sept cent places. Mais la Comédie de Caen possède maintenant un beau théâtre toujours  rue des Cordes


Nous avons eu assez vite envie d’aller jusqu’au bout de cet ouvrage aéré par de nombreuses photos, entre autres de Tristan Jeanne-Valdès qui retrace les parcours de ces metteurs en scène qui ont dû mettre en accord les directives du Ministère de la Culture, avec la sensibilité d’une population et les choix des élus de la Ville et de la Région.

Et ce que ne dit pas ce livre mais qui s’en dégage, c’est une certaine continuité exemplaire dans la vie culturelle de cette région. Ce livre bien maquetté et richement illustré se lit facilement et avec plaisir. Il retrace tout un pan de la récente histoire du meilleur théâtre français, moins connue sans doute que celle de Paris et sa banlieue, mais tout aussi passionnante. A  conseiller en particulier, à tous les étudiants en théâtre et à tous les jeunes metteurs en scène.  Et il ne ruinera personne… 23,00 €.

Philippe du Vignal


Comédie de Caen : 50 ans d’histoires. Editions Les Solitaires Intempestifs.

 



Archive pour 9 janvier, 2024

Livres et revues : Comédie de Caen : 50 ans d’histoires sous la direction de Marcial Di Fonzo Bo, Elise Vigier et Jacques Peigné

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Comédie de Caen : 50 ans d’histoires sous la direction de Marcial Di Fonzo Bo,  Elise Vigier et Jacques Peigné , rédaction : Daniel Besnehard et Daniel Grisel

Ce gros volume de 424 pages avec plus cent-cinquante remarquables photos la plupart de Tristan Jeanne-Valdès récemment décédé, retrace plus de cinquante ans de vie théâtrale et culturelle à Caen.

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La Comédie de Caen fait comme partie de notre vie. Nous y sommes allés, dès que Jo Tréhard y fut nommé à la suite de la décentralisation initiée par Jeanne Laurent nommée en 1946, sous-directrice des spectacles et de la musique à la direction générale des Arts et Lettres au ministère de l’Éducation nationale. Pendant six ans, elle développa une politique de décentralisation théâtrale et elle créa les premiers centres dramatiques nationaux comme en 1946, à Colmar et nomma Jean Vilar, directeur du T.N.P. à Chaillot. En 68, au théâtre de l’Odéon occupé, lors d’une grande réunion-forum, elle avait posé une question très pertinente aux animateurs étonnés. Ils lui avaient demandé qui elle était. Et quand elle se nomma, toute la salle se leva pour l’applaudir ! Souvenirs, souvenirs…

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Jo Tréhard (1922-1972) fonda en 47 un centre dramatique régional qui devint en 69 la Comédie de Caen-Centre Dramatique National. Dans une ancienne salle paroissiale rue des Cordes qui a ensuite été refaite, puis il y a deux ans entièrement reconstruite. Grâce à lui, nous découvrîmes des auteurs allemands comme Max Frisch et Dieter Forte.

On une assez bonne idée de ce que furent le parcours et le combat permanent que mena Jo Tréhard à une époque où l’argent était rare. Et  Daniel Besnehard raconte bien l’aventure que connut aussi Michel Dubois (1937-2021) et qui lui succéda avec l’ambition de faire découvrir un répertoire inconnu surtout d’auteurs étrangers dont les pièces comme celles de R. W. Fassbinder n’étaient même pas, ou si peu jouées à Paris. Il faudra lui être toujours reconnaissant à cet homme aussi cultivé que tenace. Et il y a quelques textes de ses proches collaborateurs comme, entre autres, Claude Yersin, Jean-Yves Lazennec ou René Fix qui l’admire avec juste raison pour le combat discret mais incessant qu’il mena pour garder en ordre de marche ce théâtre.

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Michel Dubois  pendant vingt-cinq ans a toujours eu un axe prioritaire: se consacrer à la création de textes contemporains étrangers et français: Peter Handke, R.W. Fassbinder, Xaver Frank Kroetz, Michel Vinaver, Bertolt Brecht, Botho Strauss, Jean-Pau Wenzel, Edward Bond…

Puis il monta des œuvres peu connues de classiques: Shakespeare, Alfred de Musset, Maxime Gorki, Sophocle, Jacob Lenz,  Kleist, August Strindberg, Luigi Pirandello, Arthur Schnitzler, Büchner, Molière.

Et à la fin, il revint à des auteurs français et étrangers: entre autres Herbert Achtenbusch, Marguerite Duras, Daniel Lemahieu, Enzo Cormann, Agota Kristof…

 

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Éric Lacascade prit ensuite le relais en 97avec Guy Alloucherie pendant huit mois, puis seul après un désaccord artistique. Il monte une remarquable trilogie Tchekhov avec  Ivanov, La Mouette et Cercle de famille pour trois sœurs. Et Platonov. Puis Les Barbares de Gorki… Les spectateurs de Caen se souviennent encore avec émotion de ses mises en scène.
Et pour Eric Lacascade dans une entretien avec Sophie Lucet en 2003, « ce ne sont pas Ivanov ou Anna Pterovna qui m’intéressent mais leur efficacité dans un corps d’aujourd’hui. (…) Je crois encore aux vertus de l’expérience collective et singulière dans l’aventure du théâtre. Ce qu’on fait ensemble traversera peut-être. »

Et effectivement il saura rendre Anton Tchekhov accessible à tout un public qui n’avait jamais lu ni vu une pièce du grand dramaturge. Très rarement, nous n’avions connu une salle de Centre Dramatique National, aussi attentive et aussi émue…

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Au terme du mandat d’Eric Lacascade en 2007, Jean Lambert-wild est nommé et crée des spectacles hors-normes où la scénographie a une place importante comme en 2009 : Le Recours aux forêts, spectacle de Jean Lambert-wild, Jean-Luc Therminarias, Michel Onfray, Carolyn Carlson et François Royet, La Mort d’Adam-Deuxième Mélopée de l’Hypogée, spectacle de Jean Lambert-wild, Jean-Luc Therminarias, François Royet et Thierry Collet,, War Sweet War, La Sagesse des abeilles, première leçon de Démocrite, ave des textes de Jean-Luc Therminarias, Michel Onfray, Lorenzo Malaguerra et François Royet,  En attendant Godot, de Samuel Beckett.
Et enfin Splendeur et Lassitude du Capitaine Iwatani Izumi, créé au Shizuoka Performing Arts Center à Shizuoka (Japon).

 

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Enfin, à la suite de la nomination de Jean Lambert-wild à Limoges, Marcial Di Fonzo Bo avec Élise Vigier ont dirigé jusqu’à cette année, la Comédie de Caen. Avec la même volonté que leurs prédécesseurs de créer des pièces d’auteurs contemporains. Marcial di Fonzo Bo a défendu entre autres, des textes de Copi, Rafael Spregelburd puis Martin Crimp,Petr Zelenska  James Baldwin et Richard Avedon, Roland Schimmelpfennig … «Ce livre d’archives se veut un outil pour la jeune génération, en même temps qu’un hommage à celles et ceux qui ont participé à la construction de la Comédie de Caen. C’est notre façon de contribuer au mouvement de la décentralisation, exception culturelle française, précieux bien commun.  »
En juillet, Marcial di Fonzo Bo été nommé directeur du Centre Dramatique National d’Angers et a été remplacé depuis quelques jours par Aurore Fattier – la première femme à diriger ce centre Dramatique National- qui «souhaite transmettre les grands textes classiques et contemporains au plus large public possible. Elle entend réaffirmer la dimension européenne du théâtre et en faire un lieu vivant, ouvert et généreux. »

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Comme Marcial Di Fonzo Bo et Elise Vigier le font remarquer dans l’éditorial, « l’objectif de cet ouvrage est de faire mieux connaître cette singulière aventure humaine et de la restituer à travers le regard de ceux qui en furent les témoins. (…) Et nous avons proposé à Daniel Grisel, spécialiste de l’histoire politique et culturelle de Caen et de la Région Normandie de rédiger une grande parie de cet ouvrage. »
Mission accomplie : cet ouvrage d’une envergure exceptionnelle a été publié avec toutes les informations indispensables pour mieux comprendre ce que fut la vie de la Comédie de Caen, rue des Cordes puis aussi dans cette immense bateau à l’architecture brutaliste très laide construit en en 87 à Hérouville Saint-Clair, une ville nouvelle près de Caen. Une vaste structure mal foutue mais avec un très beau plateau et une salle de sept cent places. Mais la Comédie de Caen possède maintenant un beau théâtre toujours  rue des Cordes


Nous avons eu assez vite envie d’aller jusqu’au bout de cet ouvrage aéré par de nombreuses photos, entre autres de Tristan Jeanne-Valdès qui retrace les parcours de ces metteurs en scène qui ont dû mettre en accord les directives du Ministère de la Culture, avec la sensibilité d’une population et les choix des élus de la Ville et de la Région.

Et ce que ne dit pas ce livre mais qui s’en dégage, c’est une certaine continuité exemplaire dans la vie culturelle de cette région. Ce livre bien maquetté et richement illustré se lit facilement et avec plaisir. Il retrace tout un pan de la récente histoire du meilleur théâtre français, moins connue sans doute que celle de Paris et sa banlieue, mais tout aussi passionnante. A  conseiller en particulier, à tous les étudiants en théâtre et à tous les jeunes metteurs en scène.  Et il ne ruinera personne… 23,00 €.

Philippe du Vignal


Comédie de Caen : 50 ans d’histoires. Editions Les Solitaires Intempestifs.

 


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