Christian Laurent

Christian Laurent

Il est né il y a soixante-seize ans à Montmartre où sa grand-mère tenait un café en face du Théâtre de l’Atelier. Enfant, il avait toujours voulu faire du théâtre mais personne de sa famille ne travaillait dans le spectacle. Christian Laurent a toujours su qu’il ferait du théâtre, du music-hall mais surtout qu’il deviendrait propriétaire d’un théâtre et d’un cirque. L’école ne l’intéressait pas  et à quatorze ans, il l’a quittée pour travailler dans les assurances, puis chez Hachette. Enfin, dans un magasin d’électroménager où il travaillait, il a rencontré Maria Sandrini qui faisait partie des Trois Ménestrels. Elle l’a introduit dans le métier en l’invitant à l’ABC où elle passait en vedette américaine de Dario Moreno.
Au Théâtre de l’Atelier, on jouait L’Invitation au Château de Jean Anouilh avec Brigitte Bardot qui débutait sur scène.Puis y fut créé L’Oeuf de Félicien Marceau avec Jacques Duby, Madeleine Barbulée, Jacques Dynam dont il ne savait pas… qu’il les engagerait un jour.
Il a suivi les Trois Ménestrels qui l’ont emmené à l’Olympia, à Bobino et il a alors appris le théâtre aux cours Simon: malgré ses seize ans, il y a été été accepté; puis comme tous les jeunes comédiens, il a joué en tournée et fait beaucoup de figurations à l’Opéra de Paris, à la Comédie-Française où il a rencontré Dominique Besnehard. Il a alors été engagé comme stagiaire mais a continué à suivre des cours au théâtre des Capucines avec Catherine Brieux. Pour les financer, il était ouvreur à l’Empire Cinérama, a encore fait de la figuration et des tournées.…

 Puis il a a été engagé durant un mois le magicien Henri Kassagi (1932-1997) dit Kassa. Un pickpocket qui apprenait aux policiers comment les pickpockets volaient. Impressionnant ! Il était capable de tout dérober, ce qui lui a valu l’Oscar mondial de la magie. A une grande soirée à Monte-Carlo , Borra a présenté ses tours au dîner et il a réussi à chiper la montre de Robert Hossein! Puis, en tournée en Suisse avec la comédienne Micheline Dax, Christian Laurent en a profité pour assister à une séance au Cirque Knie avec Borra. Déguisé en placeur, celui-ci avait reconnu Christian Laurent et lui a fait un clin d’œil. Aux autres, il volait quelques objets: lunettes, ceintures, cravates…

© Steve Bouteiller

© Steve Bouteiller

Puis Christian Laurent a produit L’Illusionniste de Sacha Guitry avec Jean-Claude Brialy et Alain Feydeau. « Et plus tard, j’ai pu rencontrer le célèbre illusionniste français Dani Lary, dont j’avais pu voir son spectacle deux fois au Théâtre Marigny. Son ancien associé Éric Debeaumont le produisait tout comme le duo comique Shirley et Dino qui s’appelait Achille Tonic. Ils jouaient sous un petit chapiteau près de la gare d’Austerlitz… »
Christian Laurent y était allé avec son ami Patrick Hourdequin, conseiller artistique du Festival international du cirque de Monte-Carlo et fondateur du festival Monte-Carlo Magic Stars où ils présentaient des spectacles. À l’époque, ils proposaient divers numéros avec, comme attraction principale, Henny Bario, l’épouse de Freddy Bario, malheureusement disparu qui faisait un numéro de claquettes.
Il a pu aussi participer à un numéro de grandes illusions au Gala de l’Union des artistes, qu’ils avaient préparé chez Mireldo, alias Henri Chrétienneau (1910-1994). « Nous présentions ce tour avec mon associé Jean-Georges Tharaud, avec aussi Corinne et Jean Le Poulain… qui a, un jour, oublié de faire la manipulation pour protéger Corinne, des flammes Par chance, Jean-Georges Tharaud et lui ont discrètement actionné la manette. Pour détourner l’attention du public, Jean Le Poulain faisait la danse du ventre et l’orchestre continuait à jouer. Tout le public du Cirque d’Hiver a ri aux éclats. Aujourd’hui, Jean-Georges Tharaud est directeur du Théâtre de Passy à Paris (XVI ème). Passionné de magie depuis sa plus tendre enfance (Robert-Houdin, Houdini…), il a été magicien professionnel au cirque Mora lsè.

« De mon côté, dit Christian Laurent, j’avais monté dans les années 2000 le Cirque Madison avec mon ami Patrice Roche où nous avions un numéro de grande illusion. Un jour, en matinée à un spectacle scolaire, la partenaire du magicien n’eut pas le temps de changer de costume lors du célèbre tour de la malle des Indes et s’est retrouvée les seins nus devant les enfants hilares.
J’allais beaucoup au Cirque Medrano qui a été détruit et au Cirque d’hiver Bouglione. J’ai ainsi pu voir le célèbre éducateur animalier Gunther Gebel Williams qui présentait un tigre monté sur un éléphant mais aussi une petite quinzaine d’éléphants. Son épouse, elle, présentait trente chevaux en piste. Le programme changeait mensuellement et nous découvrions des vedettes comme le célèbre trio clownesque Les Barios ou les tigres de Gilbert Houcke…

 Christian Laurent s’est nourri d’une solide culture. Quand il a commencé à être acteur, il ne ressentait pas un besoin vital de jouer et la création lui plaisait avant tout. «Recevoir un manuscrit, le lire, distribuer les rôles, choisir le metteur en scène et le costumier, créer le décor… En lisant les premières pages d’un manuscrit, dit-il, je savais si la pièce était bonne et à qui je confierai tel ou tel rôle.
Nous avons ensuite créé avec Jean-Georges Tharaud Spectacles 2000 qui a eu un grand succès grâce en partie, à mon viel ami et mentor Jean Le Poulain. Il a accepté d’en devenir le parrain et de signer la mise en scène… qu’en fait, j’avais conçu en m’inspirant de celle d’une pièce d’Au Théâtre ce soir que Jean Le Poulain avait jouée et mise en scène avec Maria Pacôme.
J’étais donc son assistant: à l’époque, sociétaire de la Comédie-Française, il venait superviser de temps à autre mon travail. Plus tard, j’ai déménagé de mes bureaux rue La Bruyère, je m’occupais toujours des tournées mais je continuais à diriger La Comédie de Paris. Je faisais aussi Les lundis de la Comédie de Paris, puis j’ai monté Les P’tits Vélos, deuxième pièce de mon ami Patrick Haudecœur. »

« Nos spectacles étaient vendus partout en France et à Monaco où nous sommes venus régulièrement pendant vingt-cinq ans, avec des pièces jouées deux à trois fois durant une petite semaine. Mon copain Patrick Hourdequin y a lancé le festival Monte-Carlo Magic Stars qui a fonctionné pendant dix-neuf ans. Il était aussi mordu de théâtre et de cirque… Docteur en droit, il avait été administrateur du cirque Bouglione. Puis il s’est installé à Monaco où il a a été conseiller du Prince Rainier III pour le festival international du Cirque de Monte-Carlo.
Il a aussi dirigé le Théâtre Princesse Grace et a aussi fondé l’Association monégasque des amis du cirque. En 2024, on fêtera les cinquante ans de ce festival. Le premier chapiteau était celui de la famille Bouglione installé déjà à l’époque à Fontvieille. »

Christian Laurent a collaboré avec Romain Duris qui remplaçait Guillaume Canet dans Grande École de Jean-Marie Besset. Et il a produit Jean-Paul Belmondo dans Frederick et a fait débuter au théâtre Anthony Delon dans Sud de Julien Green.  Il souhaite reprendre la direction d’un lieu et a mis en scène récemment les Étoiles de Léo au Théâtre de Passy.  Il prépare actuellement celle de deux tours de chant  et la création d’une web série…

 Bénigne Tainturier

(pour le site https://artefake.fr/)

J’ai la mémoire des planches de Christian Laurent est paru aux éditions de la Librairie théâtrale (2023).


Archive pour 12 janvier, 2024

Éducation Nationale de François Hien et l’Harmonie Communale, mise en scène de François Hien et Sigolène Pétey

Éducation Nationale de François Hien et l’Harmonie Communale, mise en scène de François Hien et Sigolène Pétey

© François Cavalca

© François Cavalca

 

A l’école, faut-il privilégier la transmission des savoirs ou le développement des personnalités? Instruire ou éduquer ? Comment accueille-t-on des enfants tout neufs dans une société déjà vieille ? Des questions et bien d’autres posées par les artistes de l’Harmonie Communale et qu’ils nous livrent, après deux ans d’enquête. Une ambitieuse proposition brillamment menée.

Nous vivons pendant trois heures trente (entracte compris) au rythme du lycée Jean Zay, dans la ville imaginaire de Virieux-en-Vezon, avec les professeurs, le proviseur et l’intendante, le CPE ( conseiller principal d’éducation), l’ AESD (assistant d’éducation à domicile), lAESH (accompagnant d’élèves en situation de handicap), et d’autres agents de l’Éducation nationale.
Sur scène, chaque soir, une classe de terminale participe au spectacle et ce pour deux représentations. Aujourd’hui, les élèves en Langues, littératures et cultures étrangères au lycée Pierre Brossolette à Villeurbanne. Ils ont été entraînés dans les ateliers de pratique théâtrale, comme ceux qui leur succéderont, .

Au lycée Jean Zay, à la rentrée des classes, les enjeux sont posés: manque de moyens et d’effectifs, réformes maladroites de l’enseignement, ordres contradictoires des rectorats, incidents répétés avec élèves à problème. Sur une année scolaire, nous naviguons entre plusieurs classes, la salle des profs, le bureau du proviseur, l’infirmerie… Nous assistons aux cours de maths, anglais, français… selon différentes pédagogies. Il y a des conflits entre enseignants et avec l’administration, des heurts ou certains élèves… Bref, la vie d’un bahut de mille trois cents élèves en perte d’effectifs et où chaque prof ou administratif,  essaye de gérer les choses tant bien que mal.

 En trois actes composs de courtes séquences, nous assistons à un conseil de classe et d’orientation, un conseil de discipline, à la visite d’une inspectrice, aux réunions syndicales, etc. Cela témoigne des tensions qui montent et pour finir, il y aura une grève et une occupation des locaux, et  une assemblée générale avec doléances et propositions.

L’écriture, simple et efficace, permet de glisser d’une scène et d’un espace de jeu, à l’autre. Il suffit aux comédiens de pousser rapidement tables, chaises et murs. Entre les lignes, Education Nationale suggère des solutions collectives portées par des enseignants solidaires… Une traversée passionnante…
Et nous rions souvent, en accord avec les acteurs, chacun excellant dans plusieurs rôles de composition. Chaque spectateur se sent concerné dans son rapport à l’école et y reconnaît l’élève qu’il est ou a été, les professeurs qui l’ont marqué…  Une connivence s’installe entre les interprètes, les enseignants, les parents d’élèves et le public .

« Nous adoptons résolument la perspective des adultes ou plutôt nous nous interrogeons sur la pratique et les métiers des acteurs de l’éducation», dit Sabine Collardey, professeur de philo, dramaturge et interprète d’Éducation nationale:  » François Hien a eu la responsabilité du texte et je livre beaucoup de mon expérience d’enseignement et de la réflexion qu’elle suscite depuis des années.»

Ce spectacle très animé a demandé un gros travail en amont auprès de dix établissements de la métropole lyonnaise, soixante professeurs et deux cent-cinquante neuf élèves. Un texte a été publié avec le scénario du spectacle, témoignages et problématiques de personnes rencontrées. Une matière à réflexion…

Ici, on montre du doigt un système en crise à travers des personnages bien campés par des acteurs qui passent habilement d’un rôle à l’autre. Devant un public séduit, Éducation nationale clôt en beauté la résidence de François Hien et de sa compagnie L’Harmonie communale, au T.N.P. où ils ont créé La Crèche mécanique d’un conflit et joué d’autres pièces de leur répertoire. 

Il faut  voir ce spectacle qui sera en tournée dans la région Rhône-Alpes puis au-delà: il aborde avec sérieux et humour l’éducation des futurs citoyens, quand une nouvelle réforme des lycées prône la loi du chacun pour soi, avec parcours individualisés clivants.

 Mireille Davidovici

 Jusqu’au 19 janvier, Théâtre National Populaire, place Lazare Goujon, Villeurbanne (Rhône). T. 04 78 03 30 00.

 Les 1er et 2 février, Le Vellein-Scènes de la CAPI, Villefontaine (Isère) ; le 9 février, Théâtre du Parc, Andrézieux-Bouthéon (Loire) ; le 15 février, 5C, Vaulx-en-Velin (Rhône).

Les 6 et 7 mars, Théâtre de Villefranche-sur-Saône (Rhône); les 14 et 15 mars Théâtre Théo Argence, Saint-Priest (Rhône).

 Éducation nationale de François Hien et Sabine Collardey est publié aux éditions Libel.

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