Curtain Call, mise en scène de Johannes von Matuschka et Judith Rosmair (en allemand, surtitré en français)

Curtain Call, mise en scène de Johannes von Matuschka et Judith Rosmair (en allemand, surtitré en français)

Découverte au Théâtre national de la Colline en 2017 dans Tous des oiseaux, la comédienne, autrice et metteuse en scène Judith Rosmair nous livre ici un solo. En une heure dix, accompagnée par le musicien Johannes Lauer, elle joue le rôle d’une actrice souffrant d’insomnie chronique: la veille de la première d’Anna Karénine d’après Léon Tolstoï, elle ne trouve pas le sommeil et se plonge dans le Journal intime de sa mère récemment disparue. 

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Cette pièce mêle des moments de la vie de l’actrice, à des pensées sur le célèbre roman: «Une œuvre littéraire, dit-elle, qui joue en miroir des artistes-femmes d’aujourd’hui, souvent confrontées à un univers empreint de misogynie, ou communément en proie à des injustices sociales, liées ou non au genre. Encore aujourd’hui, chacun occupe dans la société un rôle qui lui a été attribué ou pour lequel il a été conditionné. Il y a eu une émancipation depuis le XIX ème siècle quand est paru ce roman mais les standards et carcans sont restés similaires. »

Un voyage intérieur où on apprend que Judith Rosmair est tombée amoureuse du comédien qui joue le rôle du comte Vromski dans Anna Karénine. Ici, on rejoint alors le vécu des répétitions. « Depuis, dit-elle, je pense à maman. » Et la lecture de ce Journal intime la plonge dans l’évocation de sa maladie, une tumeur cérébrale au très mauvais pronostic. S’agit-il d’une insomnie riche en péripéties ou d’un rêve éveillé? A chacun son interprétation. Des praticables, quelques accessoires suffisent à nous convaincre de cette histoire sans fin réelle.
La musique souligne avec intensité un récit entre fiction et réalité. Ce que résume bien Judith Rosmair : «A l’intérieur de moi, Il y a encore une autre. J’en ai peur. » Sensible et fragile, elle nous captive. Elle joue, chante et danse sur Je t’aime moi non plus de Serge Gainsbourg, l’ouverture d’Ainsi parlait Zarathoustra, un poème symphonique de Richard Strauss. Parfois Curtain Call prend la forme d’un cabaret avec des songs style Kurt Weill. Son interprétation rappelle des scènes jouées par Romy Schneider dans le film d’Andrzej Żuławski,  L’important c’est d’aimer. » Il faut aller découvrir cette courte pièce, remarquablement interprétée,

Jean Couturier

Jusqu’au 21 janvier, Théâtre de la Colline, 15 rue Malte-Brun, Paris (XX ème).  

 


Archive pour 13 janvier, 2024

Festival Paris des Femmes

Festival Paris des Femmes

©x Les autrices de ce festival

©x Les autrices de ce festival

Une manifestation avec, en trois jours, neuf pièces courtes écrites par des autrices, une conférence, etc. Depuis douze ans: un thème. En 2024: la nuit. Pourquoi pas?

Des créations sous forme de lecture et mises en scène (sic), avec, au programme de ce jeudi, trois courtes pièces de Claire Chazal, une Française, Aliyeh Ataei, une Irano-Aghane, et Maria Larréea,  une Espagnole.
Ces textes de théâtre ont été mis en scène par le même réalisateur, un  Français.


Une Résolution de Claire Chazal, mise en scène de Benjamin Guillard 

L’autrice, par ailleurs journaliste bien connue, a longtemps présenté Le  Journal de 20 heures sur TF1 et a animé Entrée Libre (France 5), Passage des arts (France 2), et dirige actuellement Le grand Echiquier sur France 2. Elle a aussi écrit des romans, une biographie et un essai. Elle a aussi joué dans plusieurs films et au théâtre.

A dix-neuf heures, une femme plus toute jeune mais qui va bientôt se marier, retrouve à dix-neuf heures, un ancien amant. Puis à vingt-et-une heures, elle revoit un ami fidèle, vieux compagnon de sorties.
À minuit, seule dans un bar, elle rencontre un médecin, seul, lui aussi. Cassé par son métier avec des vies qu’il n’arrive pas toujours à sauver. L’une et l’autre ont besoin de se parler… et donc, ils se parlent, comme s’ils se connaissaient depuis toujours…
Pour cette femme, une nuit de retrouvailles, avec émotions et souvenirs à la clé. Un scénario qui en vaut un autre…
Cela commence plutôt bien avec, en fond de scène, quelques images exemplaires de La Notte un bon film en noir et blanc de Michelangelo Antonioni (1961). Parmi les «silhouettes», il y avait Umberto Eco…à vingt-huit ans. Giovanni Pontano, un jeune écrivain à succès et sa femme Lidia  (Marcello Mastroianni et Jeanne Moreau) sont, après plusieurs années de mariage, las et désemparés : ils narrivent plus à communiquer et marchent dans une friche.
Ici, en même temps sur ces magnifiques images en noir et blanc, une jeune interprète chante en s’accompagnant au synthé, la fameuse mélodie interprétée entre autres par Johny Hallyday ,
Retiens la nuit écrite par Charles Aznavour et composée par Georges Garvarentz en 61 comme le film.  Un beau début mais après les choses se gâtent : Anne Brochet qu’on a connue plus inspirée, bute sur les mots du texte qu’elle a pourtant à la main et est à peine audible. Désolé quand on joue/lit un spectacle, même pour un soir, c’est pour une salle entière et pas seulement pour les premier rangs.
Les trois hommes sont joués par Pierre Rochefort, au début assis dans la salle, lui aussi à peine audible. Même chose, de nouveau assis dos au public jouant le client d’un restaurant, Mais quand il est le médecin, face public, on l’entend enfin. Bref, un semblant de mise en scène pour un texte qui n’est sans doute pas génial mais qui aurait mérité d’être  correctement traité…

Danse de fumée d’Aliyeh Ataei, traduit du persan par Sabrina Nouri, mise en scène de Benjamin Guillard

Cette écrivaine irano-afghane de quarante-et-un ans a publié cinq livres en Iran dont La Frontière des oubliés (2021), son premier texte traduit en français chez Gallimard.
Ce solo est bien interprété par Lara Suyeux qui réussit à être émouvante en si peu de temps… Dans un village à la frontière entre l’Iran et l’Afghanistan, Golshah, une chanteuse et sa famille, ont fui les talibans et se sont réfugiées dans une maison. De loin, la fille du propriétaire observe Golshah dont la beauté et la grâce des danses envoûtent tout le monde.
Nourullah, l’homme de confiance de la maison, tombe amoureux de Golshah. Mais une nuit les talibans entrent par surprise dans le jardin et vont la tuer, elle et son amant puis brûler leurs corps. Golshah est une des ces femmes que le malheur a poursuivie, victime de la haine des hommes qui auraient pu être ses frères ou son père…
Un monologue qu’on entend clairement, bien dit par la jeune actrice. Sans aucun doute le meilleur de cette courte soirée. Mais Benjamin Guillard aurait pu nous épargner ces jets de fumigène une manie actuelle mais sans aucun intérêt (déjà les deuxièmes au compteur de l’année 2024 !)

Les Nuits avec mon père de Maria Larrea, mise en scène de Benjamin Guillard

L’autrice née à Bilbao, a fait ses études à Paris, notamment à la Femis. Scénariste, réalisatrice et écrivaine, elle a publié son premier roman Les Gens de Bilbao naissent où ils veulent chez Grasset.  Cela se passe aussi comme pour les autres textes, pendant une nuit. Une fille danse. Un père se meurt. Une fille boit. Un père est saoul. Une fille embrasse. Un père insulte. Une fille se perd. Un père la trouve. Une nuit, une femme raconte son père.
Là aussi la mise en scène est aux abonnés absents. A la fin, les interprètes sont assis au bord du plateau…,inaudibles ou presque.

Bilan de cette première soirée : vraiment maigre et on ne comprend pas qu’Anne Rosenberg soit aller chercher un metteur en scène ici peu inspiré- le théâtre contemporain a parfois de ces mystères-alors qu’il a mis en scène de nombreux monologues entre autres ceux de Pierre Palmade, François Morel, Olivier Saladin… Désolé, le compte n’y est pas du tout et ce spectacle,  heureusement assez court, ne nous a pas donné envie d’aller voir la suite de ce mini-festival, malgré hier la présence de la formidable Ophélia Kolb… Il vous reste encore un soir pour assister à une conférence d’histoire de l’art sur les artistes-femmes et aller jeter un œil sur les spectacles… Mais bon, vous êtes prévenus.

Philippe du Vignal 

Spectacle vu le 11 janvier au Théâtre de la Pépinière-Opéra, 7 rue Louis Le Grand, Paris (Ier).

Le festival se poursuit jusqu’au 13 janvier. 

 

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