Festival Paris des Femmes
©x Les autrices de ce festival
Une manifestation avec, en trois jours, neuf pièces courtes écrites par des autrices, une conférence, etc. Depuis douze ans: un thème. En 2024: la nuit. Pourquoi pas?
Des créations sous forme de lecture et mises en scène (sic), avec, au programme de ce jeudi, trois courtes pièces de Claire Chazal, une Française, Aliyeh Ataei, une Irano-Aghane, et Maria Larréea, une Espagnole.
Ces textes de théâtre ont été mis en scène par le même réalisateur, un Français.
Une Résolution de Claire Chazal, mise en scène de Benjamin Guillard
L’autrice, par ailleurs journaliste bien connue, a longtemps présenté Le Journal de 20 heures sur TF1 et a animé Entrée Libre (France 5), Passage des arts (France 2), et dirige actuellement Le grand Echiquier sur France 2. Elle a aussi écrit des romans, une biographie et un essai. Elle a aussi joué dans plusieurs films et au théâtre.
A dix-neuf heures, une femme plus toute jeune mais qui va bientôt se marier, retrouve à dix-neuf heures, un ancien amant. Puis à vingt-et-une heures, elle revoit un ami fidèle, vieux compagnon de sorties.
À minuit, seule dans un bar, elle rencontre un médecin, seul, lui aussi. Cassé par son métier avec des vies qu’il n’arrive pas toujours à sauver. L’une et l’autre ont besoin de se parler… et donc, ils se parlent, comme s’ils se connaissaient depuis toujours… Pour cette femme, une nuit de retrouvailles, avec émotions et souvenirs à la clé. Un scénario qui en vaut un autre…
Cela commence plutôt bien avec, en fond de scène, quelques images exemplaires de La Notte un bon film en noir et blanc de Michelangelo Antonioni (1961). Parmi les «silhouettes», il y avait Umberto Eco…à vingt-huit ans. Giovanni Pontano, un jeune écrivain à succès et sa femme Lidia (Marcello Mastroianni et Jeanne Moreau) sont, après plusieurs années de mariage, las et désemparés : ils n’arrivent plus à communiquer et marchent dans une friche.
Ici, en même temps sur ces magnifiques images en noir et blanc, une jeune interprète chante en s’accompagnant au synthé, la fameuse mélodie interprétée entre autres par Johny Hallyday , Retiens la nuit écrite par Charles Aznavour et composée par Georges Garvarentz en 61 comme le film. Un beau début mais après les choses se gâtent : Anne Brochet qu’on a connue plus inspirée, bute sur les mots du texte qu’elle a pourtant à la main et est à peine audible. Désolé quand on joue/lit un spectacle, même pour un soir, c’est pour une salle entière et pas seulement pour les premier rangs.
Les trois hommes sont joués par Pierre Rochefort, au début assis dans la salle, lui aussi à peine audible. Même chose, de nouveau assis dos au public jouant le client d’un restaurant, Mais quand il est le médecin, face public, on l’entend enfin. Bref, un semblant de mise en scène pour un texte qui n’est sans doute pas génial mais qui aurait mérité d’être correctement traité…
Danse de fumée d’Aliyeh Ataei, traduit du persan par Sabrina Nouri, mise en scène de Benjamin Guillard
Cette écrivaine irano-afghane de quarante-et-un ans a publié cinq livres en Iran dont La Frontière des oubliés (2021), son premier texte traduit en français chez Gallimard.
Ce solo est bien interprété par Lara Suyeux qui réussit à être émouvante en si peu de temps… Dans un village à la frontière entre l’Iran et l’Afghanistan, Golshah, une chanteuse et sa famille, ont fui les talibans et se sont réfugiées dans une maison. De loin, la fille du propriétaire observe Golshah dont la beauté et la grâce des danses envoûtent tout le monde.
Nourullah, l’homme de confiance de la maison, tombe amoureux de Golshah. Mais une nuit les talibans entrent par surprise dans le jardin et vont la tuer, elle et son amant puis brûler leurs corps. Golshah est une des ces femmes que le malheur a poursuivie, victime de la haine des hommes qui auraient pu être ses frères ou son père…
Un monologue qu’on entend clairement, bien dit par la jeune actrice. Sans aucun doute le meilleur de cette courte soirée. Mais Benjamin Guillard aurait pu nous épargner ces jets de fumigène une manie actuelle mais sans aucun intérêt (déjà les deuxièmes au compteur de l’année 2024 !)
Les Nuits avec mon père de Maria Larrea, mise en scène de Benjamin Guillard
L’autrice née à Bilbao, a fait ses études à Paris, notamment à la Femis. Scénariste, réalisatrice et écrivaine, elle a publié son premier roman Les Gens de Bilbao naissent où ils veulent chez Grasset. Cela se passe aussi comme pour les autres textes, pendant une nuit. Une fille danse. Un père se meurt. Une fille boit. Un père est saoul. Une fille embrasse. Un père insulte. Une fille se perd. Un père la trouve. Une nuit, une femme raconte son père.
Là aussi la mise en scène est aux abonnés absents. A la fin, les interprètes sont assis au bord du plateau…,inaudibles ou presque.
Bilan de cette première soirée : vraiment maigre et on ne comprend pas qu’Anne Rosenberg soit aller chercher un metteur en scène ici peu inspiré- le théâtre contemporain a parfois de ces mystères-alors qu’il a mis en scène de nombreux monologues entre autres ceux de Pierre Palmade, François Morel, Olivier Saladin… Désolé, le compte n’y est pas du tout et ce spectacle, heureusement assez court, ne nous a pas donné envie d’aller voir la suite de ce mini-festival, malgré hier la présence de la formidable Ophélia Kolb… Il vous reste encore un soir pour assister à une conférence d’histoire de l’art sur les artistes-femmes et aller jeter un œil sur les spectacles… Mais bon, vous êtes prévenus.
Philippe du Vignal
Spectacle vu le 11 janvier au Théâtre de la Pépinière-Opéra, 7 rue Louis Le Grand, Paris (Ier).
Le festival se poursuit jusqu’au 13 janvier.