On a tous crié : Oh! Non, pas elle ! Pas possible ! Elle n’y connait rien !

On a tous crié : Oh! Non, pas elle !  Pas possible! Elle n’y connait rien !

 

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C’est peut-être une bonne nouvelle que Rachida Dati n’y connaisse rien… Ce sera notre vingt-sixième ministre de la Culture: Le Théâtre de l’Unité que je dirige avec Hervée de Lafond, est subventionné depuis 71. Mais franchement, le seul (ou la seule) qui ait joué un vrai rôle pour nous, aura été Jack Lang, avec une augmentation  de 400 % de notre subvention! Tous ces ministres restent à peine deux ans et n’ont donc pas le temps d’inscrire la moindre marque sur le fonctionnement de la Culture.
Rima Abdul Malak préparait un nouveau genre de directrices et directeurs pour les institutions… Ce n’était pas idiot: le monde de la Culture a besoin de quelques secousses pour innover. Oui, mais voilà, elle a osé critiquer Gérard Depardieu et la loi Immigration. Punie, virée !

Sans arrêt, cela recommence avec ce lieu commun qu’est la « Démocratisation ». Rachida Dati va tomber dans le piège. Qui peut croire qu’un jour, le Théâtre National de l’Odéon à Paris sera rempli par des ouvriers? Il faut juste accepter cette idée qu’il n’est pas toute la Culture, ni le sommet. Des professeurs partageux de lycées de banlieue y emmènent leurs  élèves et leur disent, vous voyez: la Culture, c’est çà.
Mais on le sait bien, pour eux, c’est le rap, le hip hop, les musiques nouvelles, les festivals gigantesques. Il faudrait que l’on finisse par appliquer les droits culturels et déjà, changer l’appellation de ce ministère de la Culture et le nommer : ministère des Cultures.
En effet, il y en a des milliers de formes en France et cette échelle pyramidale devient insupportable: avec, tout en haut, la « grande et haute culture » de nos Théâtres nationaux dont  l’Opéra, etc. Et tout en bas, des formes plus populaires comme le théâtre de rue, le cirque, la marionnette, etc. On nous souffle qu’il y a une crise de la diffusion, qu’il faudrait dix fois plus de public, pour jouer dix fois plus. Mais il existe bien un  phénomène le T.L.M. (Toujours Les Mêmes) dans nos théâtres. Ceux qu’on a appelé méchamment: le public MAIF/Télérama, un peu âgé, cultivé et appartenant aux catégories socio-professionnelles privilégiées.
 En France, existent des centaines d’initiatives passionnantes dans les friches, campagnes, zones urbaines… Une revue comme Cassandre essayait de les mettre en lumière. Il faudrait expliquer cela à la nouvelle Ministre et lui faire visiter Le Channel de Calais, La Cité des arts de la rue, la Friche de la Belle de mai à Marseille et pourquoi pas, notre Théâtre de l’Unité à Audincourt (Doubs). Avec nos Kapouchniks*, toujours complets, après leur création en 2014…
Nous raconterions aussi à la Ministre de la Culture, les neuf années du Centre d’Art et de Plaisanterie-Scène Nationale de Montbéliard… Chaque décembre, Les Réveillons des boulons nous permettaient de toucher la ville entière. Rachida Dati, enfant, a dû connaître le festival Chalon dans la rue, puisqu’elle est issue du quartier Le Pré-Saint-Jean.
Arrêtons de rêver… Sa nomination est, bien sûr, un coup politique, une prise de guerre pour affaiblir les L. R. et pour qu’une liste Rachida Dati aux élections municipales de Paris en 2026, ne soit pas gênée par la concurrence d’une candidature macronienne.
Ne soyons pas non plus butés: la crise du covid aurait été une opportunité idéale pour éradiquer un millier de compagnies, et de petits lieux fragiles. Le « quoiqu’il en coûte » nous a tous sauvés! Le 16 mars prochain à Montbéliard, aura lieu la cérémonie d’ouverture de la Capitale française de la Culture. Qui coupera le ruban? Sans doute, madame Rachida Dati !

Jacques Livchine, codirecteur avec Hervée de Lafond, du Théâtre de l’Unité
 

*Les Kapouchniks (en russe: soupe aux choux) sont  joués à Audincourt. Ce cabaret satirique très populaire, drôle et insolent  fait mal là où il faut, remarquablement conçu à partir de la presse mensuelle sur les faits sociaux et la politique et mis en scène le jour même par Hervée de Lafond et Jacques Livchine, avec une dizaine d’acteurs-chanteurs, un samedi  par mois sauf l’été, et cela depuis vingt ans! Et présenté dans la salle de répétitions du Théâtre de l’Unité (voir Le Théâtre du Blog).
Petite scène, éclairages bricolés, costumes attrapés sur un portant, accessoires piochés dans une caisse par les acteurs Et sièges et bancs pour le public, donc confort approximatif.Mais professionnalisme garanti et gros succès jamais démenti. La neige et le froid des rudes hivers en Franche-Comté n’ont jamais eu raison de la fréquentation!
Entrée gratuite (mais vu l’affluence, il faut réserver); à la sortie, chacun des cent-quatre vingt spectateurs donne au chapeau ce qu’il peut. Un cas sans doute unique et un très bon exemple de théâtre populaire. Ancré à Audincourt (14.000 habitants), une ville qui peut être fière de l’abriter et qui fait partie de la Communauté d’Agglomération de Montbéliard..
Mais ces Kapouchniks ont été peu joués ailleurs. Parfaitement ignorés par les directeurs successifs du Théâtre National de Strasbourg ou par les Centres Dramatiques Nationaux de la Région Est ! Comme s’ils  ne faisaient pas bon genre, ou sentaient carrément mauvais. Le théâtre contemporain a de ces mystères…
Il est en tout cas grand temps de revoir les structures de ses institutions comme de ses enseignements dont les services de la rue Saint-Dominique n’avaient guère fait preuve de clairvoyance. Mais jusque là, aucun ministre de la Culture n’a voulu/pu mettre les mains dans le cambouis. A suivre…

Philippe du Vignal 
 
 

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