Festival Faits d’hiver Ne me touchez pas, concept et chorégraphie de Laura Bachman et Marion Barbeau
Festival Faits d’hiver
Ne me touchez pas, chorégraphie de Laura Bachman et Marion Barbeau
Elles se sont connues à l’Ecole de l’Opéra de Paris. Laura Bachman a ensuite quitté cette grande maison pour rejoindre la troupe de Benjamin Millepied, puis celle d’Anne Teresa De Keersmaeker. Marion Barbeau, première danseuse, elle, s’est mise en disponibilité de l’Opéra pour un an. Le public la connaît surtout pour le rôle principal d‘En Corps, un film de Cédric Klapisch.
Ici, au début, seule et en souffrance, elle lutte contre les attouchements d’un homme ou d’une femme qu’on ne verra pas… Très pathologique, sa gestuelle traduit une peur de tout contact physique. Un solo intense de Marion Barbeau que l’on retrouvera plus tard dansé parLaura Bachman. Elle a rejoint et essaye d’apprivoiser Marion Barbeau qui s’efface et la laisse développer un auree solo d’une grande sensualité rappelant certaines danses de cabaret, entre autres celle que Roland Petit faisait interpréter sa muse Zizi Jeanmaire dans La Revue à l’Alhambra en 1961 où elle créa son numéro Mon Truc en plumes, costumée par Yves Saint Laurent. Elle devint alors une figure emblématique du music-hall français.
Puis, duos et solos vont se succéder avec, comme fil rouge, la découverte du corps de l’autre. Cette pièce, fondée sur l’improvisation évolue dans le temps. Laura Bachman, pour cette première création, s’est inspirée du moment du covid où nous avons été coupés de la relation physique à autrui.
« Au-delà du covid, dit-elle, quand s’est posée la question du toucher de manière aussi brutale, ce thème m’intéresse depuis longtemps, notamment au cinéma quand on peut voir la peau des personnages de très près et que se joue la question du désir. »
Ces cinquante-cinq minutes nous font entrer dans l’intimité de ces corps tendus. Les danseuses sont accompagnées par une belle composition de Vincent Peirani et Michèle Rabbia, des musiciens qu’on pourra voir sur scène dans quelques prochaines représentations. Le remarquable travail d’Eric Soyer, le créateur-lumière de Joël Pommerat, accompagne ce voyage presque entièrement en noir et blanc et au plus près du corps des interprètes. Ne me touchez pas commence dans la douleur et finit avec une certaine forme de légèreté…
Jean Couturier
Spectacle vu le 19 janvier au Théâtre de la Bastille, 76 rue de la Roquette, Paris (XI ème). T. : 01 43 57 42 14.
Les Gémeaux, Sceaux (Hauts-de-Seine), les 27 et 28 mars.
Le festival Faits d’hiver se poursuit jusqu’au 9 février.