Splendeurs et misères d’après Illusions perdues d’Honoré de Balzac, création dirigée par Paul Platel

Splendeurs et misères d’après Illusions perdues  d’Honoré de Balzac, création dirigée par Paul Platel

Cela se passe sous la Restauration, avec un  retour au pouvoir des Bourbon dans le cadre d’une monarchie constitutionnelle octroyée par Louis XVIII donc il y a deux siècles. A Angoulême, une petite ville à l’époque, vit tristement Lucien Chardon,fils d’une aristocrate sauvée de la guillotine et d’un pharmacien qui veut trouver un médicament contre la goutte. Il a une sœur Eve et un grand ami, David mais il n’en peut plus de cette vie provinciale et rêve d’être un jour écrivain à Paris, bien entendu. Ce personnage est celui des romans de Balzac, Illusions perdues et Splendeurs et misères des courtisanes.

Lucien rencontre Naïs de Nègrepelisse, dite Louise de Bargeton, une aristocrate du haut de la ville. Lui, habite l’Houmeau, un quartier du bas où se trouvent boutiques et artisans donc mal vu. Et les habitants de ces deux quartiers se haïssent cordialement.
Louise sera vite le grand amour de Lucien qui prend alors le nom de sa mère: de Rubempré, qui sonne mieux. David, lui, a repris l’imprimerie de son père et a épousé Eve. Ils vont soutenir Lucien quand il essayera de prendre l’ ascenseur social.
Mais les amis de Louise se moquent de lui et avec elle, il s’en ira à Paris. Mais elle va le quitter. Ses illusions envolées, l’écrivain en herbe, pauvre et abattu, voit alors comment sévit la toute puissance de l’argent sur la création artistique et littéraire. Mais tenace et doué, il réussit à devenir critique dans les quotidiens. Il rencontre des personnages peu scrupuleux et prêts à tout pour réussir. Lui aussi est à la fois d’une ambition sans limites, et pas trop regardant quant à ses fréquentations. Comme cet Etienne Lousteau qui passe son temps à des jeux d’argent. Mais aussi Daniel d’Arthez, un jeune homme lui d’une intégrité absolue. Honoré de Balzc raconte ici la société de son temps mais aussi l’essor de la presse qui va devenir un instrument de pouvoir, surtout dans les villes et dont les partis politiques vont se servir avc gourmandise. 
Lucien vit dans une mansarde et écrit un roman L’Archer de Charles IX qui est refusé par les éditeurs.
Vieille histoire: Lucien de Rubempré, à force de travail connaîtra une ascension puis une chute douloureuse. Il a voulu à tout prix de l’argent mais la société, cynique, ne lui fera aucun cadeau et il se pendra en prison.
Dans la très belle salle aux murs de pierre, quelques éléments de scénographie: tables et chaises en métal, châssis montés sur roulettes.
« Ce monde parallèle que crée Balzac avec La Comédie humaine, est une sorte de double littéraire de la société de l’époque, dit Paul Platel. Ce qui a pour effet d’intensifier encore sa singularité et créer en moi une véritable excitation à me lancer dans ce travail, avec, pour point de départ, une toute petite partie de cette œuvre titanesque. Pour finir, j’ai la chance d’avoir auprès de moi un groupe d’actrices et d’acteurs formidables qui sont aussi mes amis, mes compagnons de route, c’est ma fierté. »

© F. Robin

© F. Robin

« Ma mission, dit le metteur en scène, est d’emmener avec moi notre troupe dans l’exploration de cette montagne qu’est l’œuvre de Balzac. » Mais cette petite entreprise a bien du mal à fonctionner. Non, les êtres de fiction ne deviennent pas ici « chair et voix »et ce spectacle n’est pas aussi « drôle, pertinent et fidèle » comme il le prétend un peu vite. Ce très beau mais immense plateau avec ses hauts murs de pierre au fond, convient plus à une pièce épique qu’aux aventures de Lucien de Rubempré dans les rédactions des journaux, les chambres et salons des hôtels particuliers de la bourgeoisie parisienne.
Marianne Giropoulos, Gaètan Poubangui, Nicolas Katsiapis, Manon Xardel, Jason Marcelin-Gabriel et Willy Maupetit incarnent chacun, sans distinction de genre, plusieurs des vingt-cinq personnages. Ils font le boulot mais dans cette grande salle, on ne les voit ni les entend pas toujours très bien.
Et il y aussi une question de dramaturgie: à l’impossible, nul n’est tenu et comment retracer en un spectacle, les multiples aventures de Lucien de Rubempré? Que Paul Platel ait voulu moderniser cette histoire, pourquoi pas ? Balzac, en a vu d’autres avec les très nombreuses adaptations de ses romans au théâtre, bien avant sa mort en 1850. Lui-même écrivit sept pièces dont une seule
Le Faiseur, remarquable, eut du succès et qui est encore jouée. Et il y en eut bien sûr des dizaines au cinéma.

Ici, les courtes scènes se succèdent dans une certaine pénombre ( oui rassurez-vous, vous aurez droit à votre petite dose de fumigène!) mais n’accrochent pas vraiment l’attention. Sauf celle qui se passe dans un journal où commence à frémir alors un vrai moment de théâtre. Et il y a un redoutable et permanent carrousel de meubles et praticables, comme dans le dernier spectacle d’Ariane Mnouchkine dont Paul Platel était un des collaborateurs pour le stage qu’elle organisa à Kiev il y a un an voir Le Théâtre du Blog). Cela nuit aux dialogues et à la cohésion du texte.
Au bout d’une heure, de nombreux spectateurs qui s’ennuyaient dans cette salle à moitié vide, ont commencé à consulter leur portable ! Ce qui n’ont pas dû beaucoup apprécier les acteurs…
Il y a une phrase d’Oscar Wilde citée en tête du programme: «La mort de Lucien de Rubempré, est le plus grand chagrin de ma vie. Mais, disait-il aussi: « La vie est trop courte, pour supporter le fardeau des erreurs d’autrui.» Nous avons quand même réussi à tenir bon mais, après une heure quarante-cinq, nous avons quitté la partie. Donc, nous ne vous dirons rien de la fin de ces Splendeurs et Misères.

Les adaptations au théâtre, de romans anciens ou actuels, tous genres confondus, sont depuis quelques saisons, plus nombreuses que les mises en scène de véritables pièces. Et rien à faire, c’est toujours acsse-gueule et fonctionne rarement. Normal : l’espace, le temps et la parole ne sont pas les mêmes.
Seule Pauline Bayle y avait pourtant réussi il y a juste quatre ans, avec u
ne adaptation et une mise en scène remarquables des Illusions Perdues Mais, avec une dramaturgie claire et lisible, un excellent rythme, de bons dialogues, une scénographie et des costumes efficaces (voir Le Théâtre du Blog). Ce qui, ici, est loin d’être le cas.
Enfin, le spectacle peut s’améliorer, notamment quant au rythme mais sûrement pas dans une aussi grande salle et pas telle quelle, dans cette « création dirigée par Paul Platel » (sic) Est-ce une œuvre collective? En tout cas, cette mise en scène non signée est beaucoup trop approximative, pour être convaincante… A suivre.

Philippe du Vignal

Jusqu’en mars, Théâtre de l’Epée de Bois, Cartoucherie de Vincennes, route du Champ de manœuvre. Métro : Château de Vincennes + navette gratuite.


Archive pour 27 février, 2024

Splendeurs et misères d’après Illusions perdues d’Honoré de Balzac, création dirigée par Paul Platel

Splendeurs et misères d’après Illusions perdues  d’Honoré de Balzac, création dirigée par Paul Platel

Cela se passe sous la Restauration, avec un  retour au pouvoir des Bourbon dans le cadre d’une monarchie constitutionnelle octroyée par Louis XVIII donc il y a deux siècles. A Angoulême, une petite ville à l’époque, vit tristement Lucien Chardon,fils d’une aristocrate sauvée de la guillotine et d’un pharmacien qui veut trouver un médicament contre la goutte. Il a une sœur Eve et un grand ami, David mais il n’en peut plus de cette vie provinciale et rêve d’être un jour écrivain à Paris, bien entendu. Ce personnage est celui des romans de Balzac, Illusions perdues et Splendeurs et misères des courtisanes.

Lucien rencontre Naïs de Nègrepelisse, dite Louise de Bargeton, une aristocrate du haut de la ville. Lui, habite l’Houmeau, un quartier du bas où se trouvent boutiques et artisans donc mal vu. Et les habitants de ces deux quartiers se haïssent cordialement.
Louise sera vite le grand amour de Lucien qui prend alors le nom de sa mère: de Rubempré, qui sonne mieux. David, lui, a repris l’imprimerie de son père et a épousé Eve. Ils vont soutenir Lucien quand il essayera de prendre l’ ascenseur social.
Mais les amis de Louise se moquent de lui et avec elle, il s’en ira à Paris. Mais elle va le quitter. Ses illusions envolées, l’écrivain en herbe, pauvre et abattu, voit alors comment sévit la toute puissance de l’argent sur la création artistique et littéraire. Mais tenace et doué, il réussit à devenir critique dans les quotidiens. Il rencontre des personnages peu scrupuleux et prêts à tout pour réussir. Lui aussi est à la fois d’une ambition sans limites, et pas trop regardant quant à ses fréquentations. Comme cet Etienne Lousteau qui passe son temps à des jeux d’argent. Mais aussi Daniel d’Arthez, un jeune homme lui d’une intégrité absolue. Honoré de Balzc raconte ici la société de son temps mais aussi l’essor de la presse qui va devenir un instrument de pouvoir, surtout dans les villes et dont les partis politiques vont se servir avc gourmandise. 
Lucien vit dans une mansarde et écrit un roman L’Archer de Charles IX qui est refusé par les éditeurs.
Vieille histoire: Lucien de Rubempré, à force de travail connaîtra une ascension puis une chute douloureuse. Il a voulu à tout prix de l’argent mais la société, cynique, ne lui fera aucun cadeau et il se pendra en prison.
Dans la très belle salle aux murs de pierre, quelques éléments de scénographie: tables et chaises en métal, châssis montés sur roulettes.
« Ce monde parallèle que crée Balzac avec La Comédie humaine, est une sorte de double littéraire de la société de l’époque, dit Paul Platel. Ce qui a pour effet d’intensifier encore sa singularité et créer en moi une véritable excitation à me lancer dans ce travail, avec, pour point de départ, une toute petite partie de cette œuvre titanesque. Pour finir, j’ai la chance d’avoir auprès de moi un groupe d’actrices et d’acteurs formidables qui sont aussi mes amis, mes compagnons de route, c’est ma fierté. »

© F. Robin

© F. Robin

« Ma mission, dit le metteur en scène, est d’emmener avec moi notre troupe dans l’exploration de cette montagne qu’est l’œuvre de Balzac. » Mais cette petite entreprise a bien du mal à fonctionner. Non, les êtres de fiction ne deviennent pas ici « chair et voix »et ce spectacle n’est pas aussi « drôle, pertinent et fidèle » comme il le prétend un peu vite. Ce très beau mais immense plateau avec ses hauts murs de pierre au fond, convient plus à une pièce épique qu’aux aventures de Lucien de Rubempré dans les rédactions des journaux, les chambres et salons des hôtels particuliers de la bourgeoisie parisienne.
Marianne Giropoulos, Gaètan Poubangui, Nicolas Katsiapis, Manon Xardel, Jason Marcelin-Gabriel et Willy Maupetit incarnent chacun, sans distinction de genre, plusieurs des vingt-cinq personnages. Ils font le boulot mais dans cette grande salle, on ne les voit ni les entend pas toujours très bien.
Et il y aussi une question de dramaturgie: à l’impossible, nul n’est tenu et comment retracer en un spectacle, les multiples aventures de Lucien de Rubempré? Que Paul Platel ait voulu moderniser cette histoire, pourquoi pas ? Balzac, en a vu d’autres avec les très nombreuses adaptations de ses romans au théâtre, bien avant sa mort en 1850. Lui-même écrivit sept pièces dont une seule
Le Faiseur, remarquable, eut du succès et qui est encore jouée. Et il y en eut bien sûr des dizaines au cinéma.

Ici, les courtes scènes se succèdent dans une certaine pénombre ( oui rassurez-vous, vous aurez droit à votre petite dose de fumigène!) mais n’accrochent pas vraiment l’attention. Sauf celle qui se passe dans un journal où commence à frémir alors un vrai moment de théâtre. Et il y a un redoutable et permanent carrousel de meubles et praticables, comme dans le dernier spectacle d’Ariane Mnouchkine dont Paul Platel était un des collaborateurs pour le stage qu’elle organisa à Kiev il y a un an voir Le Théâtre du Blog). Cela nuit aux dialogues et à la cohésion du texte.
Au bout d’une heure, de nombreux spectateurs qui s’ennuyaient dans cette salle à moitié vide, ont commencé à consulter leur portable ! Ce qui n’ont pas dû beaucoup apprécier les acteurs…
Il y a une phrase d’Oscar Wilde citée en tête du programme: «La mort de Lucien de Rubempré, est le plus grand chagrin de ma vie. Mais, disait-il aussi: « La vie est trop courte, pour supporter le fardeau des erreurs d’autrui.» Nous avons quand même réussi à tenir bon mais, après une heure quarante-cinq, nous avons quitté la partie. Donc, nous ne vous dirons rien de la fin de ces Splendeurs et Misères.

Les adaptations au théâtre, de romans anciens ou actuels, tous genres confondus, sont depuis quelques saisons, plus nombreuses que les mises en scène de véritables pièces. Et rien à faire, c’est toujours acsse-gueule et fonctionne rarement. Normal : l’espace, le temps et la parole ne sont pas les mêmes.
Seule Pauline Bayle y avait pourtant réussi il y a juste quatre ans, avec u
ne adaptation et une mise en scène remarquables des Illusions Perdues Mais, avec une dramaturgie claire et lisible, un excellent rythme, de bons dialogues, une scénographie et des costumes efficaces (voir Le Théâtre du Blog). Ce qui, ici, est loin d’être le cas.
Enfin, le spectacle peut s’améliorer, notamment quant au rythme mais sûrement pas dans une aussi grande salle et pas telle quelle, dans cette « création dirigée par Paul Platel » (sic) Est-ce une œuvre collective? En tout cas, cette mise en scène non signée est beaucoup trop approximative, pour être convaincante… A suivre.

Philippe du Vignal

Jusqu’en mars, Théâtre de l’Epée de Bois, Cartoucherie de Vincennes, route du Champ de manœuvre. Métro : Château de Vincennes + navette gratuite.

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