Erik Tait magicien
Erik Tait, magicien
Quand il était enfant, on lui a offert des kits de magie et son premier tour était un tour avec des gobelets que son père lui avait acheté à Magic Masters à Atlanta (Géorgie). Mais il abordé sérieusement cet art à dix-neuf ans. Jongleur très sérieux au lycée et à l’université, il travaillait sur scène tous les soirs à The Comedy Barn, à Pigeon Forge (Tennessee).
Dans le hall, il y avait un magasin de magie et son propriétaire a pensé qu’il devait la connaître, puisqu’il était jongleur et il l’a engagé comme vendeur.
Travaillait là un ventriloque qui a appris à Erik Tai les premières techniques de cartes. Il en est tombé amoureux et depuis, en a eu un jeu en mains et il y a toujours des gobelets dans ses close-up, mais les cartes restent son véritable amour.
Sa première étape :étudier la routine du jeu Svengali et il a commencé dans un magasin où on vendait des tours pour débutants. Il lui a fallu apprendre à manipuler le jeu avec compétence, mais aussi voir quelles parties étaient étonnantes et trompeuses. À partir de là, il a dû passer à la manipulation.
Il a eu l’avantage de se produire tous les soirs pendant environ une heure avant le spectacle et il a ainsi appris à attirer les gens avec des tours, puis ensuite à vendre les articles. Donc un bon début pour créer la confiance.
«J’ai eu la chance, dit-il, de pouvoir compter sur de nombreuses personnes. Mon premier enseignant Steven Knowles, m’a présenté à de grands magiciens comme Steve Bargatze et Kevin King. Mais aussi un homme influent, Tom Vorjahan qui allait cimenter ma relation avec I.B.M. Plus tard, à mesure que j’ai grandi en compétence, Jon Armstrong, Shawn Farqhuar, Joan Ceasar et Juliana Chen m’ont souvent donné des conseils-clés qui m’ont permis d’arriver à un niveaux plus élevé et participer à la F.I.S.M. J’ai ainsi rencontré de nombreux magiciens devenus amis. Ils ont partagé des tours avec moi et m’ont dit des choses très gentilles. Mon conseiller Michael Feldman, Cate Osborn et Carissa Hendrix sont devenus de précieux co-inspirateurs dans les créations dont je ne me passerais plus aujourd’hui.
Les plus influents? Mon amoureuse Leslie, et mon partenaire créatif et commercial Nick Locapo. Elle m’a poussé à faire de la magie, un métier, et à utiliser les compétences d’acteur et écrivain au service d’une passion et d’une carrière réussie. Nick, lui, m’a tout appris pour être un bon « intendant » et comment enseigner par le biais de la vidéo. Et si j’avais à auto-évaluer mon savoir-faire, je devrais réaliser des tours de cartes difficiles et exotiques dans des conditions pénibles. Il y a longtemps, j’ai voulu présenter mon spectacle comme une démonstration mais où il n’y a aucune explication. Cela m’a libéré des limites à la présentation et m’a donné l’occasion de faire des erreurs. Quand une chose ne fonctionne pas c’est que je suis un humain et fais des choses intéressantes mais risquées. Cela crée un enjeu et le public peut s’investir à tout moment.
Je suis aussi beaucoup plus «scénarisé» que de nombreux collègues le pensent. Quand j’étudiais l’écriture comique à l’université, j’ai appris la « spontanéité apparente » : comment donner l’impression que quelque chose vous arrive pour la première fois. Cela rend les acteurs convaincants et les artistes de «stand-up » semblent n’avoir jamais raconté leur blague. Mais j’ai travaillé dur pour le faire croire et j’ai été félicité par mes collègues et les critiques pour cette apparente spontanéité.
J’ai un close-up d’une heure où j’utilise un seul jeu de cartes mais il y a des caméras et un appareil de projection pour le présenter devant cinq cent personnes. J’ai aussi un numéro de salon fondé sur les cartes et où il y a un canard menaçant qui fume une cigarette….
Mes travaux ont été influencés par Lennart Green dans World’s Greatest Magic IV . Et Simon Lovell, Jon Armstrong et Slydini. Je suis tombé amoureux des tours fait par d’incroyables manipulateurs comme Juliana Chen, JunWoo Park, Artem Shchukin, Lance Burton et Farrell Dillon. Je ne fais pas de manipulation mais j’y pense beaucoup et me laisser influencer par leurs méthodes dans mes stand-up. »
Comme acteur, il a été influencé par le jeu d’Eddie Izzard, Dylan Moran, Patton, Oswalt, Lewis Black et certains satiristes lui ont donné le goût de jouer avec le langage. Mais la cartomagie a toujours été son véritable amour. Il aime travailler les effets classiques associés à d’autres concepts fascinants pour qu’on les reçoive différemment. Mandella Effect est ainsi le tour des cartes voyageuses mais avec un effet d’huile et eau, pour arriver à un résultat multidimensionnel hallucinant. Il adore aussi regarder les manipulations de cartes et est un fan inconditionnel de la magie des colombes. « Quand vous en voyez une apparaître, vous savez qu’il y a quelqu’un debout avec une douzaine d’autres dans son pantalon et cette pensée me rend hilare !Je suis aussi influencé par la satire moderne des scénaristes de The daily Show, Last week tonight, The late Show avec Seth Meyrs, et par le bulletin d’information Weekend update de l’émission Saturday night live. Ce sont les plus avant-gardistes et ce découpage de l’actualité en faisant des blagues, tout en continuant à être informatif, sans modifier ce qui est important pour le rendre méconnaissable, est impressionnant. »
Quel conseil à un débutant ? « Rejoignez , dit-il, un club, peut-être plein de «vieux» qui savent tout! Mais certaines choses sont primordiales ! Notre histoire est importante et c’est un outil vital pour atteindre rapidement un niveau élevé. Les jeunes d’aujourd’hui sont bien meilleurs, que ceux du passé : nous avons répété et appris à enseigner de mieux en mieux. Nous nous appuyons sur les épaules de ceux qui ont travaillé avant nous. Faites attention à ces «vieux »: vous allez faire avancer leur histoire, tout comme la prochaine génération fera avancer la vôtre. Et apprenez tout. N’écoutez pas les gens insistant sur le fait que notre art doit être pratiqué d’une manière spécifique. A chacun, celle qui lui convient. Qu’on aborde le public ou qu’on fait un tour. Un de mes meilleurs élèves réalise de faux mélanges très différemment mais nos mains n’ont pas la même forme… Reprenez une idée d’un autre et adaptez-la à votre personnalité. Et surtout : jouez ! Plus vous jouez avec, plus vous grandirez et ferez de nouvelles choses.
Selon Erik Tai, la magie est plutôt bien perçue en ce moment et il pense qu’ avec son côté commercial, lui et ses collègues sont dans une situation étrange : « Nous avons identifié et combattons le piratage qui nuit aux créateurs. Mais nous ne sommes pas une industrie assez grande pour y faire face aussi vite et efficacement, que le monde de la musique ou du cinéma. Mais cela vient et notre public voit qu’ il y a une morale et que le piratage a un effet financier sur ses magiciens préférés dont l’art est de tout premier ordre. Ils reprennent d’anciens procédés mais rendent pertinents des effets grâce de nouveaux matériaux et procédés de fabrication, jamais possibles auparavant.
Grâce à internet, il les font surtout partager à travers le monde. Au moment d’écrire ces lignes, notre art commence juste à entrer dans une meilleure relation avec l’ère de l’information et nous découvrons les nouvelles règles à respecter. Comme les VHS puis les DVD étaient devenus les supports privilégiés pour transmettre notre art, nous devons le faire avec Internet. Nous avons maintenant une bonne relation avec ce moyen de communication. »
La culture est pour cet artiste une chose très importante quand il faut penser : magie. Il est allé à des compétitions de très haut niveau avec les meilleurs. « Vous pouvez voir comment un style particulier s’empare d’un groupe d’une manière presque virale : les magiciens du monde entier s’influencent et c’est une chose fascinante. »
Par ailleurs Erik Tai aime beaucoup les combats de robots dans les grandes émissions comme Battle Bots, NHRL et Bristol Bot Builders. Et il apprend à construire le sien ! Toute l’ingénierie qui se cache derrière est, pour lui, vraiment amusant.Il est aussi photographe amateur, surtout des animaux. Et les Lego l’accompagnent; réparer ou construire un ordinateur personnalisé, apprendre à en programmer comme Rasberry Pi est sa passion depuis un certain temps. Ou rénover et automatiser sa maison, fabriquer un meuble, réparer un objet cassé…
Sébastien Bazou
Interview réalisée le 27 février à Dijon (Côte-d’Or)
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