Reporters de guerre, texte de Sébastien Foucault et Julie Remacle, mise en scène de Sébastien Foucault

Reporters de guerre, texte de Sébastien Foucault et Julie Remacle, mise en scène de Sébastien Foucault

Comment raconter la guerre à ceux qui ne l’ont pas vécue ? A quoi servent les journalistes qui prennent tous les risques pour nous informer? A ces questions, répondent des témoins : Françoise Wallemacq qui a couvert les événements pour la Radio-Télévision Belge Francophone, Vedra Bozinovic, reporter de guerre en Bosnie et Michel Villée, ancien attaché de presse de Médecins sans Frontières-Belgique, devenu marionnettiste. 

© Françoise Robert

© Françoise Robert

Sébastien Foucault avec sa compagnie Que faire? mène en Belgique une recherche approfondie sur la guerre en Bosnie (1992-1995). La pièce expose, dans une première partie, les conditions de travail de la presse et nous remet en mémoire cette guerre fratricide qui déchira l’ex Yougouslavie, après la mort du maréchal Tito.
Ici, pas question d’en explorer les raisons et mécanismes mais plutôt de montrer le rôle des médias qui luttent contre la propagande des États, en opposant la vérité du terrain en temps réel, aux déclarations des va-t’en-guerre. La Bosnie-Herzégovine, petit pays de trois millions d’habitants, a vu un tiers de sa population s’exiler pour fuir les bombardements et une épuration ethnique… sous le regard indifférent de l’Europe, et malgré la présence des Casques bleus de l’O. N. U. 

Les trois journalistes passent en revue leurs souvenirs et rediffusent des extraits de leurs reportages en direct, ou des enregistrements de l’époque. Dans un studio de radio rebâti, Vedra Bozinovic raconte dans sa langue, la fin du film Blade Runner, pour les auditeurs de Sarajevo, privés de cinéma : ambiance apocalyptique !
On entendra ensuite Françoise Wallemacq interviewer, dit-elle, des gens «pour que d’autres puissent s’identifier à eux. » (…) On croyait que ça servait à quelque chose, que les démocraties réagiraient. (…) Elle se considère comme « une passeuse », plus modeste que Paul Marchand. Plus Individualiste que provocateur, il bravait la mort sur le front de Sarajevo. Michel Villée était, lui à Srebrenica, quand ont été massacrés huit mille hommes et adolescents bosniaques… Médecins Sans Frontières était la seule source d’information. 

Nous revivons avec eux les événements à travers leurs regards vingt-cinq ans après. Passionnant et édifiant, alors qu’une nouvelle guerre sévit en Europe. 

Dans un deuxième temps Reporters de guerre évoque le bombardement, par l’armée serbe, de la ville de Tuzla, le jour d’une fête de la jeunesse ! Soixante et onze personnes tuées, deux cents blessées : la plupart avaient moins de vingt-cinq ans…. Les interprètes essayent de faire revivre physiquement cette tragédie et sollicitent les spectateurs pour les impliquer et désignent ceux qui seront touchés par un obus. Ils vont reconstituer la mort du petit Sandro, représenté par une marionnette, dans les bras de ses parents, à une terrasse de café, un 25 mai ensoleillé de 1995…
Mais cela peine à nous émouvoir et détonne avec la première heure du spectacle où les protagonistes exprimaient leurs doutes quant à l’influence de leur travail sur le cours des événements. La force évocatrice de leurs témoignages se dilue dans le pathos et la théâtralité minimaliste quasi-documentaire se perd ici dans une démonstration laborieuse.
Mais il faut applaudir Françoise Wallemacq, Vedra Bozinovic et Michel Villée, mémoires vivantes d’un conflit trop vite oublié et représentants de ces journalistes courageux, liens essentiels entre les populations victimes de la guerre, et celles qui vivent encore en paix. 

Mireille Davidovici

Spectacle vu au Théâtre Populaire de Montreuil, 10 place Jean Jaurès, Montreuil (Seine-Saint Denis). T. : 01 48 70 48 90.

 

 

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