Lisbeth’s de Fabrice Melquiot mise en scène de Valentin Rossier

Lisbeth’s de Fabrice Melquiot, mise en scène de Valentin Rossier

Au début, c’est Chabadabada…Un homme et une femme, comme dans le film éponyme de Claude Lelouch. Coup de foudre dans un café à Tours, un jour de pluie. Lui, est représentant de commerce et elle, vend des bijoux. Pietr et Lisbeth, plus jeunes ni très beaux, cèdent à un désir fulgurant. Au fil de leurs rencontres de ville en ville, de chambre d’hôtel en chambre d’hôtel, s’insinue dans leurs étreintes enflammées, une sensation d’inquiétante étrangeté… La mémoire de Lisbeth flanche et Pietr doute : peut-il encore se fier à elle?  Ils redeviendront des inconnus l’un pour l’autre…

 

©Carole Parodi

©Carole Parodi

Le récit à deux voix de cette aventure a commencé et finira à la gare de la Rochelle quelques mois après leur rencontre, alors qu’ils ont rendez-vous sur le quai pour un long week-end consacré à faire un enfant. Pietr ne la reconnait pas Lisbeth. Ses baisers, son rire sont les mêmes mais ce n’est plus sa voix, ni son corps…
C’est une autre Lisbeth, d’où le pluriel du titre. Marie Druc et Valentin Rossier incarnent ce récit, habilement tissé entre passé et présent. Fabrice Melquiot multiplie les procédés narratifs entre subjectivité et objectivité et passe du :« je  », au «il » ou «elle  », selon les changements de focale. Valentin Rossier a choisi de traiter la pièce comme un oratorio et a mis en espace l’écriture par le traitement des voix.
Les interprètes à deux mètres l’un de l’autre, arrimés à leur micro sur pied comme à des mâts de navire, tanguent sur place, enveloppés par les douces nappes sonores créées par David Scrufari qui s’emballent parfois pour simuler leurs étreintes. Et elles soulignent de quelques vibrations insolites, la confusion des sentiments….En parfaite harmonie, les interprètes donnent libre corps à cette prose musicale, susurrent ou déclament la passion amoureuse et son érotisme incandescent, tel un chant parlé.

Valentin Rossier, ombrageux et comme rongé par le doute, ménage le suspense, laissant planer une violence meurtrière rentrée…. Marie Druc, elle, joue la légèreté et l’insouciance, son corps souple irradié par le désir. Le travail au micro donne au texte le rôle principal, sans effacer les corps parlants. Lisbeth’s est servi avec élégance et intensité par ces comédiens genevois. Une épure à voir, à entendre et à lire.

 Mireille Davidovici

 Jusqu’au 11 mai, Manufacture des Abbesses, 7 rue Véron, Paris (XVIII ème). T. : 01 42 33 42 03.

 La pièce a été publiée chez l’Arche Éditeur (2006).

 


Archive pour 21 mars, 2024

Lisbeth’s de Fabrice Melquiot mise en scène de Valentin Rossier

Lisbeth’s de Fabrice Melquiot, mise en scène de Valentin Rossier

Au début, c’est Chabadabada…Un homme et une femme, comme dans le film éponyme de Claude Lelouch. Coup de foudre dans un café à Tours, un jour de pluie. Lui, est représentant de commerce et elle, vend des bijoux. Pietr et Lisbeth, plus jeunes ni très beaux, cèdent à un désir fulgurant. Au fil de leurs rencontres de ville en ville, de chambre d’hôtel en chambre d’hôtel, s’insinue dans leurs étreintes enflammées, une sensation d’inquiétante étrangeté… La mémoire de Lisbeth flanche et Pietr doute : peut-il encore se fier à elle?  Ils redeviendront des inconnus l’un pour l’autre…

 

©Carole Parodi

©Carole Parodi

Le récit à deux voix de cette aventure a commencé et finira à la gare de la Rochelle quelques mois après leur rencontre, alors qu’ils ont rendez-vous sur le quai pour un long week-end consacré à faire un enfant. Pietr ne la reconnait pas Lisbeth. Ses baisers, son rire sont les mêmes mais ce n’est plus sa voix, ni son corps…
C’est une autre Lisbeth, d’où le pluriel du titre. Marie Druc et Valentin Rossier incarnent ce récit, habilement tissé entre passé et présent. Fabrice Melquiot multiplie les procédés narratifs entre subjectivité et objectivité et passe du :« je  », au «il » ou «elle  », selon les changements de focale. Valentin Rossier a choisi de traiter la pièce comme un oratorio et a mis en espace l’écriture par le traitement des voix.
Les interprètes à deux mètres l’un de l’autre, arrimés à leur micro sur pied comme à des mâts de navire, tanguent sur place, enveloppés par les douces nappes sonores créées par David Scrufari qui s’emballent parfois pour simuler leurs étreintes. Et elles soulignent de quelques vibrations insolites, la confusion des sentiments….En parfaite harmonie, les interprètes donnent libre corps à cette prose musicale, susurrent ou déclament la passion amoureuse et son érotisme incandescent, tel un chant parlé.

Valentin Rossier, ombrageux et comme rongé par le doute, ménage le suspense, laissant planer une violence meurtrière rentrée…. Marie Druc, elle, joue la légèreté et l’insouciance, son corps souple irradié par le désir. Le travail au micro donne au texte le rôle principal, sans effacer les corps parlants. Lisbeth’s est servi avec élégance et intensité par ces comédiens genevois. Une épure à voir, à entendre et à lire.

 Mireille Davidovici

 Jusqu’au 11 mai, Manufacture des Abbesses, 7 rue Véron, Paris (XVIII ème). T. : 01 42 33 42 03.

 La pièce a été publiée chez l’Arche Éditeur (2006).

 

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