Krach, Chroniques acides des injustices ordinaires de Simon Grangeat, direction artistique d’Emma Utges, mise en scène de Nicolas Raymond ( dès douze ans)
Krach, Chroniques acides des injustices ordinaires de Simon Grangeat, direction artistique: Emma Utges, mise en scène de Nicolas Raymond (à partir de douze ans)
Avec cette création (2018) de la compagnie M.A. basée à Lyon, ces acteurs, chanteurs et marionnettistes Emma Utges et Christophe Mirabel, avec Patrick Guillot à l’accordéon, nous régalent d’un monde où leurs petites poupées et eux-même, nous parlent avec des saynètes, d’un triste monde qui ressemble furieusement.. au nôtre ! Celui que le président des riches, gaffeur invétéré et son Darmanin de service, n’ont pas envie et ne veulent surtout pas voir… (selon sa célèbre phrase, « Maintenant, hôtels, cafés, restaurants, je traverse la rue, je vous en trouve ! « (du travail ).
Un monde où des étrangers qui, sans avoir commis la plus petite faute, sont enfermés puisque non Français, entassés dans des centres d’accueil qui ressemblent plus à des prisons, celui où des ouvriers meurent, victimes d’un accident du travail sur un chantier. «C’était un Portugais mais quand même, nous avait un jour un grutier de la Tour Fiat alors en construction, à propos d’un maçon bousculé par une banche emmenée par une grue et qui était tombé, empalé sur une ferraille.» Cela fait froid dans le dos…. Et Simon Grangeat nous parle aussi d’étudiants sans aucun espoir de logement, condamnés à vivre dans la rue…
Krach, un bruit régulièrement rappelé par l’accordéoniste, celui des victimes d’une situation économique où domine la spéculation et où les pauvres sont chaque année plus démunis, où les Restaus du cœur affichent plus que complet, mais où les riches circulent en jet privé sans aucun état d’âme. Où le premier ministre va en avion spécial du Gouvernement à Montbéliard (voir Le Théâtre du Blog) le même qui appelle à la décarbonation…Et où les
Ici, sur un plateau où il y a le minimum d’accessoires et cette sobriété est tout à l’honneur de cette compagnie. Il ya de bons moments comme des banderoles de papier déroulées avec des slogans comme :« Enfermer les pauvres » Ou : « Ce pognon de dingue qu’on a mis ( un silence)… dans ce décor », cette parodie de flashs de journal radio, aussi absurdes qu’incompréhensibles. Ou ce couple riche qui joue en bourse et se parle, leur seule tête de poupée sortant du mur du salon, ou cette dégringolade sur une pente de petites marionnettes, victimes des multinationales Amazon, Orange, etc. gentiment conduites par Christophe Mirabel. qui, après un saut provoqué, finiront leur vie dans un grand panier que tend Emma Utges. Et, à la fin, la femme se lamente sur ses vingts ans de crédit encore à payer. De belles trouvailles….
Oui, mais le texte est souvent un peu léger et la mise en scène n’est pas du bois dont on fait les flûtes : lumière sépulcrale tout au long de la pièce, sérieux manque de rythme, diction souvent incertaine surtout celle de l’accordéoniste, dramaturgie approximative avec sketches trop brefs, manque de véritable ligne rouge et cerise sur la gâteau (les vingt-sixièmes au compteur depuis janvier: deux jets de fumigène, absolument inutiles comme d’habitude.. Cela fait quand même beaucoup d’erreurs! Ce spectacle déjà ancien qui a peut-être mal vieilli, manque de virulence, est décevant, et pas à la hauteur de ceux que programme le Mouffetard… Dommage.
Philippe du Vignal
Jusqu’au 31 mars, Le Mouffetard, 73 rue Mouffetard, Paris (V ème).
Musée-Théâtre Guignol le 4 mai, Brindas (Rhône).