Art majeur de Pauline Delabroy-Allard, Emmanuelle Fournier-Lorentz, Simon Johannin et Gilles Leroy, mise en scène de Guillaume Barbot.

 

Art majeur de Pauline Delabroy-Allard, Emmanuelle Fournier-Lorentz, Simon Johannin et Gilles Leroy, mise en scène de Guillaume Barbot

 En 1986, avec Bernard Pivot dans son émission Apostrophes, nous assistons en direct à une polémique! Pour Serge Gainsbourg qui est au piano: «La chanson est un art mineur ». Car pour lui, elle ne nécessite pas d’initiation, contrairement à la peinture, l’architecture ou la poésie.  « La chanson, dit Guy Béart, cela rencontre les gens, ça n’a rien de mineur!» Mais Serge Gainsbourg réplique: «Qu’est-ce qu’il dit, le blaireau?» Cette altercation fera date…
Nombre d’acteurs de la Comédie-Française se distinguent par leurs qualités vocales avec des spectacles musicaux Comme une pierre qui .., Les Serge, La Ballade de Souchon… (voir Le Théâtre du Blog) Ici, ils sont tous exceptionnels. «Je suis né entre trois murs de vinyles, dit Guillaume Barbot. J’ai appris à parler entre des concerts de James Brown et Laurent Voulzy. J’ai grandi dans la collection de guitares de mon père. J’ai passé toute mon enfance parmi les notes, accords et mélodies. Aujourd’hui, je fais du théâtre, par esprit de contradiction certainement, mais la musique est toujours restée mon alliée, mon ADN, ma pulsation.L’idée, pour Art majeur, est de créer une vraie forme de théâtre-concert. Un spectacle-album.»

© Vincent Pontet

© Vincent Pontet

Le metteur en scène s’entoure des talentueux Thierry Hancisse (chant, piano, accordéon, basse, guitare), Véronique Vella (chant et guitare), Léa Lopez (chant, clavier, et basse et Axel Auriant (chant, batterie et basse) Pierre-Marie Braye-Weppe (chant, basse, batterie, guitare, piano et violon).
Ils nous font redécouvrir des chansons dans un récital qui pourrait réveiller le fantôme de Jacques Canetti, le grand producteur qui a révélé entre autres : Edith Piaf, Jacques Higelin, Michel Legrand, Jacques Brel, Guy Béart et aussi Serge Gainsbourg que l’on entend, bien sûr,dans cet Art majeur.

 Le Studio de la Comédie-Française fait renaître un lieu comme le théâtre des Trois Baudets qui accueillit pour l’occasion, un nouveau groupe : les Black Birds ! Jacques Canetti était le producteur de Barbara en 1967 à Bobino. Un concert que Véronique Vella a entendu enfant et a gardé dans sa mémoire. Ici, les auteurs ont écrit des textes mêlant souvenirs personnels des artistes, et des fictions. Les chansons sont interprétés à une, deux, trois, ou à la fin, cinq voix, avec une chanson de Benjamin Biolay.

 Cette pièce est traversée par des moments de vérité qui soulèvent l’émotion. L’évocation de leur mère respective par Thierry Hancisse et Véronique Vella est déchirante de beauté. Ici, est célébrée la chanson dite: à texte mais le groupe se révèle parfois aussi très rock. Art majeur ou art mineur, là n’est pas la question. « Parfois la chanson crée des moments, dit Véronique Vella et ces moments, c’est la vie, tout simplement.» On ressort du théâtre, joyeux avec une seule envie : y retourner. Courez-y, il reste quelques places.

 Jean Couturier

Jusqu’au 5 mai, Studio-Théâtre de la Comédie-Française, galerie du Carrousel du Louvre, 99 rue de Rivoli, Paris (I er). T : 01 44 58 15 15.


Archive pour 3 avril, 2024

Habiter, texte et mise en scène de Patricia Allio

Habiter, texte et mise en scène de Patricia Allio

Un  solo d’une heure avec Pierre Maillet, maintenant bien connu (voir Le Théâtre du Blog). C’est sur le mode conférence à l’humour acidulé, une performance qui avait été créée en 2014 et que l’acteur et metteur en scène reprend ici avec jubilation.
Cela parle-apparemment-de tout et de rien mais d’abord de l’habitat urbain, surtout quand il est pensé et réalisé entre autres par Jean Nouvel avec Doha 9, un gratte-ciel à Doha au Quatar ( 2012) 238 mètre sur quarante-six étages avec un sommet doté d’une flèche qui fait penser à un phallus, comme nombre d’immeubles fin dix-neuvième ou début vingtième siècles à Paris, entre autre celui de Marcel Oudin ( la Fnac actuelle avenue des Ternes). Ce qui réjouit Pierre Maillet… et le public. Dans la petite salle en bois du Monfort si simple et qui offre un beau contraste avec l’architecture contemporaine montrée en photos et souvent prétentieuse (le trop fameux « geste architectural), Pierre Maillet occupe l’espace avec maestria…

 

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Sur le plateau, au même niveau que la première rangée de spectateurs, juste une tente carrée Quechua rouge et bleu, éclairée de l’intérieur par une barre fluo mobile. Silence total dans ce qui est  devenu l’habitation imposée à de nombreux SDF. En émerge alors Pierre Maillet dont on ne verra que la tête, puis le corps, juste en ridicules soquettes jaunes.
Toujours aussi nu mais très à l’aise, il va comme tout conférencier, utiliser un rétro-projecteur et assembler des lettres sur le fond du plateau… pour en faire quelques mots et expliquer en détail par exemple, l’étymologie du verbe: habiter…
Suite attendue: le mot « bite» avec images à l’appui d’architectures phalliques. Pierre Maillet sait faire en matière de jeu sur les mots, du genre :« l’habit ne fait pas le moine  mais la bite le fait ». C’est à la fois une analyse linguistique sérieuse mais aussi d’un discours foutraque assumé.
Et en plus, ce n’est pas long et est vraiment drôle, ce qui n’est pas un luxe quand on voit certains spectacles  qui durent trois heures et d’un ennui à couper aux couteau. Et ici, pas de micro H.H. ni de fumigènes, ouf!
Il cite Jacques Lacan quand il parle de l’identité homme/femme et du corps. Ou dans un numéro exemplaire d’intelligence avec bande-son à l’appui, il ridiculise notre Macron national parlant de «réarmement démographique»,
Jean-Luc Godard, le misogyne de service et il ne rate pas un discours convenu moralisant de la première ministre italienne d’extrême-droite Giorgia Melloni, qu’il traduit au fur et à mesure.
C’est aussi une performance gestuelle : Pierre Maillet joue avec sa tente Quechua où il entre et ressort éberlué, toujours aussi nu. Il arrive même à s’en habiller à vue. Puis toujours aussi nu, il danse, chaussé de bottines-cothurnes rouges à paillettes. Un moment formidable. Il y a juste une petite erreur de mise en scène, avec une fausse fin : tout le monde applaudit ce numéro exemplaire… mais non, ce n’est pas fini et Pierre Maillet remet cela quelques minutes au rétro-projecteur.
Cela dit, c’est un spectacle à la fois comique et impertinent où l’on rit de bon cœur et d’une rare intelligence où il se bat  contre les grands discours prétentieux sur l’avenir de nos habitations et quant aux à-priori sur l’identité sexuelle et la morale imposée. Si cette
Habiter passe près de chez vous, ne le ratez pas…

Philippe du Vignal

Le spectacle a été joué au  Théâtre Silvia Monfort, 106 rue Brancion, Paris (XV ème) , du 23 au 28 mars.

 

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