La Danseuse, texte et mise en scène de Justine Raphet

La Danseuse, texte et mise en scène de Justine Raphet


Noé, un jeune danseur, vit dans un monde où il est mal à l’aise. Ses copains sont des garçons sympathiques mais ils ne le trouvent pas assez viril… D’où son surnom! Mais le jour où Noé rencontre Adèle, il voit son existence basculer: il en tombe amoureux fou mais  sent qu’il n’est pas vraiment prêt à vivre avec elle et il supporte très mal qu’elle ait pu passer une soirée avec ses copains ses copains à lui, son territoire réservé. Bref, la machine à jalousie commence à fonctionner et il est déchiré. Cette relations amoureuse avec Adèle qui avait changé sa vie, est  finalement devenue toxique à cause de lui et fera exploser le couple. La violence psychologique opérée par Noé, la dépendance et une certaine naïveté d’Adèle: plus rien n’est vraiment dans l’axe et on pense un peu comme Justine Raphet au  Horla de Guy de Maupassant où le personnage, sans cesse gagné par le doute, a quelque chose d’auto-destructeur. 

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Sur le petit plateau, cinq chaises en plastique aussi noir que les costumes… Et un carré au sol dessiné par des bandes de gaffeur blanc où va s’enfermer Noé. «Cette création, dit la metteuse en scène, livre une vision d’un théâtre engagé, organique et rythmé qui mêle différents univers : le théâtre, le slam et le mouvement.» Engagé ? Organique peut-être et rythmé parfois, mais effectivement, il y a, à la fois du mouvement et de beaux et solides poèmes en slam avec, au centre, des mots très choisis un verbe et un nom. Mais les dialogues n’ont pas cette même force et cette rupture amoureuse est un peu téléphonée…. C’est le premier texte théâtral de cette auteure, écrit sur fond autobiographique? Et sans doute sa première mise en scène d’où certaines maladresses dans la dramaturgie et la direction: Benjamin Jaouen, Hugo Plassard et Diong-Kéba Tacu bougent bien mais parlent souvent mal et sont peu crédibles. Et il y a trop souvent des criailleries.
Marion Oury (l’amie de d’Adèle) a un jeu plus solide et Lucile Jehel (Adèle) s’impose très vite et réussit à être émouvante. La salle pleine d’un public en grande majorité assez jeune, ce qui est exceptionnel dans le théâtre contemporain, a chaleureusement applaudi.
Une écriture encore assez verte et une mise en scène pas vraiment convaincante mais il y a vrai travail. Donc à suivre…

 Philippe du Vignal

Théâtre de Belleville, 16 passage Piver (donnant sur la rue du Faubourg du Temple), Paris (XI ème). T. : 01 48 06 72 34.

 

 

 


Archive pour 11 avril, 2024

Liberté Cathédrale, chorégraphie de Boris Charmatz, avec l’ensemble du Tanztheater Wuppertal et Terrain

Liberté Cathédrale, chorégraphie de Boris Charmatz, avec l’ensemble du Tanztheater Wuppertal et Terrain

Liberté Cathédrale

© Blandine Soulage

 

 

En septembre dernier, le nouveau directeur du Tanztheater Wuppertal Pina Bausch a présenté sa première création avec la compagnie, placée sous le signe de la liberté. La cathédrale de Neviges a été l’espace de jeu de vingt -six danseurs : pour faire connaissance avec la troupe qui porte en héritage le répertoire de Pina Bausch, le chorégraphe a invité huit de ses interprètes familiers à la rejoindre – dont Ashley Chen et Tatiana Julien –  rassemblés dans son projet Terrain, afin de créer un « précipité » entre les corps.

L’architecture « brutaliste » de l’église a dicté musiques et silences et une danse au style dépouillé et à l’énergie brute. «Le silence bruissant des lieux transforme toute action en chorégraphie, dit Boris Charmatz. Un peu de silence dans Liberté Cathédrale… et beaucoup de musique et de sons nous traversent. Celui des cloches, des grandes orgues. Et les chants dans les architectures résonnantes des églises percent les corps et l’air.»

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©Blandine Soulage

La pièce est aujourd’hui présentée au Théâtre du Châtelet, sur une scène prolongée jusqu’au pied du balcon pour créer un immense espace. Placés jusqu’à l’arrière-scène dans un dispositif quadri-frontal, les spectateurs sont au  plus près des interprètes qui n’hésiteront pas à les solliciter… De longs luminaires suspendus donnent une sensation de verticalité et les éclairages sourds évoquent l’obscurité de la Mariendom de Neviges. L’orgue en pièces détachées installé dans un recoin du plateau ajoute à la solennité.

La pièce se compose cinq morceaux distincts marqués par des musiques contrastées. En ouverture, Opus :  les vingt-six interprètes se précipitent en grappe sur le plateau, chantant à l’unisson, a capella, les notes du deuxième mouvement de l’ Opus 111 de Beethoven… Chœur désordonné, ils s’arrêtent et font silence, puis reprennent leur course et leurs « la la la »  accompagnent cavalcades ou convulsions au sol… Un exercice vocal impressionnant que le chorégraphe a vécu avec Somnole, un solo magique d’un corps devenu musique: « Aux moments principaux de ce chanté-bougé où le souffle est étiré au maximum, dit-il, la danse reste attachée à la voix tant qu’un peu de souffle nous reste.»

 Pendant les vingt minutes de Volée, les corps se balancent, sur un concert de cloches. Sons profonds ou carillons allègres impulsent aux danseurs des mouvements saccadés et ils nous emportent dans leurs élans forcenés… Le chorégraphe a laissé libre cours à l’improvisation à chaque artiste, comme pour les volets suivants: For whom the bell tolls qui nous a semblé un peu moins travaillé et décousu, plus provocateur…
Mais dans Silence, les interprètes retrouvent leur concentration sur l’envoutante partition pour orgue de Phill Niblock, jouée en direct par Jean-Baptiste Monnot. Ils nous offrent un beau moment d’intériorité en rupture avec la transe de Volée.

Enfin, Toucher clôt ces quatre-vingt dix minutes, avec des figures acrobatiques et un joyeux amalgame des corps enfin rassemblés.

Le noir et le silence font le lien entre ces pièces discontinues. La Mariendom de Neuviges, architecture austère en béton brut, se prêtait sans doute mieux au recueillement du public. Ici, malgré l’énergie et l’engagement des danseurs, la liberté qui leur a été accordée ne semble pas toujours maîtrisée.

Ce spectacle s’inscrit, pour Boris Charmatz «dans des expérimentations chorégraphiques sans murs fixes. Une assemblée de corps en mouvement, réunissant public et artistes.» Liberté Cathédrale réalisée dans cet esprit pourra être aussi dansée en plein air : « la pièce pourrait se déployer un jour à ciel ouvert, «église sans église»! Y serons-nous plus libres, ou moins libres? « , s’interroge le chorégraphe.  On pourra en juger au prochain festival d’Avignon…

 Mireille Davidovici

Jusqu’au 18 avril, Théâtre du Châtelet, programmation avec le Théâtre de la Ville-Sarah Bernhardt, place du Châtelet, Paris ( Ier) T. :01 42 7422 77. 

 Les samedi 27 et dimanche 28 avril, place du Châtelet, Paris (Ier).

Du 5 au 9 juillet, festival d’Avignon, stade Bagatelle.

 

 

 

 

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