Irish Celtic, Spirit of Ireland, conçu par Toby Gough
Irish Celtic, Spirit of Ireland, conçu par Toby Gough
La musique celtique traditionnelle d’Irlande, Écosse, Pays de Galles, Cornouailles, île de Man et Bretagne, est maintenant bien connue et célébrée en France par de nombreux groupes, et sous différents formats.
Ce spectacle présenté en tournée internationale, tient plutôt d’une comédie musicale avec cinq interprètes en fond de scène avec guitare, flûte, piano, bodhrán ( percussions)… Et une histoire nous est contée par le vieux Paddy casquette vissée sur le crâne (Toby Gough), un tenancier de pub qui a envie-mais pas tant que cela-de prendre sa retraite et de le laisser à Diarmuid, son fils, qu’il traite de tous les noms. Et il y a bien sûr de nombreuses danses à deux, quatre, sept couples…
La grand-mère de ce Paddy était une rescapée du grand et luxueux Titanic conçu par les architectes irlandais Alexander Montgomery Carlisle et Thomas Andrews. Construit à Belfast en 1909, et piloté, souligne fielleusement Toby Gough, par un capitaine… anglais! Traversée inaugurale de Southampton à New York en 1912! Mais le paquebot heurte un iceberg et sombre au large de Terre-Neuve. Faute surtout de canots de sauvetage, 1.500 personnes vont se noyer : à la fois des riches et des centaines de pauvres émigrants de Grande-Bretagne, Irlande… Cette grand-mère avait ouvert ce pub, l’Irish Celtic à Dublin : « Le pub, dit Paddy, est aux Irlandais, ce que la tour Eiffel est aux Français »
Les quatorze jeunes garçons et filles vont danser ces danses traditionnelles dont la slip jig, sur un rythme ternaire. Avec efficacité, ils ont une façon bien connue de croiser les jambes souvent assez haut, tout en gardant le buste droit… Tous impeccables comme les musiciens qui jouent en groupe en fond de scène, ou en avant quand ils jouent et chantent en solo. La musique aux airs bien connus est entraînante et Toby Gough sait faire participer un public qui ne demande que cela.
Mais la mise en scène ne fait pas dans la dentelle : musique et pas très amplifiés, lumières-douche rouge, bleu, voire violet, écran lumineux vertical avec dessins géométriques en couleur, fumigènes à gogo, sans doute pour suggérer les brumes du pays et la fumée des cigares dans les pubs? Sur ce grand plateau, l’ensemble parfaitement rodé (tournée internationale oblige) est réalisé sans grandes nuances et de façon un peu mécanique. Mais fluide et impressionnant de virtuosité. Entracte après cinquante-cinq minutes, histoire dit Toby Gough, que le public puisse aller boire un coup de Guinness mais c’est surtout l’occasion pour les interprètes de souffler un peu…
Puis le spectacle reprend avec d’abord du «step dance»: les danseurs jouent, seuls ou à plusieurs mais au même rythme, des claquettes (mais trop sonorisées). Et il y a aussi ensuite quelques morceaux interprétés par, entre autres, Ciaran Cooney, remarquable guitariste qui est aussi un bon chanteur. Puis Toby Gough reprend, toujours en français, sa petite histoire de l’Irlande avec blagues douteuses, un peu pénibles, entre autres, sur sa belle-mère et du chocolat.
Puis les jeunes danseuses, toujours aussi brillantes, reviennent en haut blanc et courte robe noire. Mais cette seconde partie souffre d’un déséquilibre avec la première, nettement plus vivante. Et il y a ensuite cette séance de claquettes par les danseurs, assez répétitive, puis une fausse fin, avant que l’ensemble des interprètes n’offre un final et un rappel… Un spectacle « divertissant » avec sketches, nombreux airs et mélodies de cinq excellents musiciens/chanteurs et des solos ou ballets impeccablement réglées, avec de tout aussi excellents danseurs. Que demande le peuple ?
On aurait quand même aimé qu’il y ait un peu plus de subtilité dans cette mise en scène qui reste assez conventionnelle. Mais bon, il ne faut pas être trop exigeant et c’est un événement, (même si le spectacle n’est pas tout jeune) joué une unique fois à Paris (après l’avoir été aux Folies-Bergère le mois dernier) et comme il y en rarement dans le spectacle contemporain. Il y a plus de vint interprètes sur le plateau et sans doute nombre de techniciens dans les coulisse. Salué par un public un peu âgé mais visiblement fidèle et enthousiaste et qui a accepté de payer assez cher.
A voir? Oui, pour ces chants et danses irlandaises mais la mise en scène ne laissera pas de grands souvenirs. Vous pouvez emmener votre vieille tata? Oui. Et vos grands ados? Là, c’est nettement moins sûr…
Philippe du Vignal
Spectacle vu le 14 avril au Palais des Congrès, Paris ( XVII ème)
A Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), le 16 avril; Pau (Hautes-Pyrénées) le 18 avril et Toulouse (Haute-Garonne), le 21 avril.