Irish Celtic, Spirit of Ireland, conçu par Toby Gough

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Irish Celtic, Spirit of Ireland, conçu par Toby Gough

La musique celtique traditionnelle d’Irlande, Écosse, Pays de Galles, Cornouailles, île de Man et Bretagne, est maintenant bien connue et célébrée en France par de nombreux groupes, et sous différents formats.
Ce spectacle présenté en tournée internationale, tient plutôt d’une comédie musicale avec cinq interprètes  en fond de scène avec guitare, flûte, piano,
bodhrán ( percussions)… Et une histoire nous est contée par le vieux Paddy casquette vissée sur le crâne (Toby Gough), un tenancier de pub qui a envie-mais pas tant que cela-de prendre sa retraite et de le laisser à Diarmuid, son fils, qu’il traite de tous les noms. Et il y a bien sûr de nombreuses danses à deux, quatre, sept couples…

La grand-mère de ce Paddy était une rescapée du grand et luxueux Titanic conçu par les architectes irlandais Alexander Montgomery Carlisle et Thomas Andrews. Construit à Belfast en 1909, et piloté, souligne fielleusement Toby Gough, par un capitaine… anglais! Traversée inaugurale de Southampton à New York en 1912! Mais le paquebot  heurte un iceberg et sombre au large de Terre-Neuve. Faute surtout de canots de sauvetage, 1.500 personnes vont se noyer : à la fois des riches et des centaines de pauvres émigrants de Grande-Bretagne, Irlande… Cette grand-mère avait ouvert ce pub, l’Irish Celtic à Dublin : « Le pub, dit Paddy, est aux Irlandais, ce que la tour Eiffel est aux Français »

© Philippe Escalier

© Philippe Escalier

Les quatorze jeunes garçons et filles vont danser ces danses traditionnelles dont la slip jig, sur un rythme ternaire. Avec efficacité, ils ont une façon bien connue de croiser les jambes souvent assez haut, tout en gardant le buste droit… Tous impeccables comme les musiciens qui jouent en groupe en fond de scène, ou en avant  quand ils jouent et chantent en solo. La musique aux airs bien connus est entraînante et Toby Gough sait faire participer un public qui ne demande que cela.
Mais la mise en scène ne fait pas dans la dentelle : musique  et pas très amplifiés, lumières-douche rouge, bleu, voire violet, écran lumineux vertical avec dessins géométriques en couleur, fumigènes à gogo, sans doute pour suggérer les brumes du pays et la fumée des cigares dans les pubs? Sur ce grand plateau, l’ensemble parfaitement rodé (tournée internationale oblige) est réalisé sans grandes nuances et de façon un peu mécanique. Mais fluide et impressionnant de virtuosité. Entracte après cinquante-cinq minutes, histoire dit Toby Gough, que le public puisse aller boire un coup de Guinness mais c’est surtout l’occasion pour les interprètes de souffler un peu…

Puis le spectacle reprend avec d’abord du «step dance»: les danseurs jouent, seuls ou à plusieurs mais au même rythme, des claquettes (mais trop sonorisées). Et il y a aussi ensuite quelques morceaux interprétés par, entre autres, Ciaran Cooney, remarquable guitariste qui est aussi un bon chanteur. Puis Toby Gough reprend, toujours en français, sa petite histoire de l’Irlande avec blagues douteuses, un peu pénibles, entre autres, sur sa belle-mère et du chocolat.

© Philippe Escalier

© Philippe Escalier

Puis les jeunes danseuses, toujours aussi brillantes, reviennent en haut blanc et courte robe noire. Mais cette seconde partie souffre d’un déséquilibre avec la première, nettement plus vivante. Et il y a ensuite cette séance de claquettes par les danseurs, assez répétitive, puis une fausse fin, avant que l’ensemble des interprètes n’offre un final et un rappel… Un spectacle « divertissant » avec sketches, nombreux airs et mélodies de cinq excellents musiciens/chanteurs et des solos ou ballets impeccablement réglées, avec de tout aussi excellents danseurs. Que demande le peuple ?
On aurait quand même aimé qu’il y ait un peu plus de subtilité dans cette mise en scène qui reste assez conventionnelle. Mais bon, il ne faut pas être trop exigeant et c’est un événement, (même si le spectacle n’est pas tout jeune) joué une unique fois à Paris (après l’avoir été aux Folies-Bergère le mois dernier) et comme il y en rarement dans le spectacle contemporain. Il y a plus de vint interprètes sur le plateau et sans doute nombre de techniciens dans les coulisse. Salué par un public un peu âgé mais visiblement fidèle et enthousiaste et qui a accepté de payer assez cher.
A voir? Oui, pour ces chants et danses irlandaises mais la mise en scène ne laissera pas de grands souvenirs. Vous pouvez emmener votre vieille tata? Oui. Et vos grands ados? Là, c’est nettement moins sûr…


Philippe du Vignal

 Spectacle vu le 14 avril au Palais des Congrès, Paris ( XVII ème)

A Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), le 16 avril; Pau (Hautes-Pyrénées) le 18 avril  et Toulouse (Haute-Garonne), le 21 avril.

 

 


Archive pour avril, 2024

RésoNance à l’abbaye de Noirlac

RésoNance à l’abbaye de Noirlac

Abbaye de Noirlac

© Yannick Pirot

 Du cloître, aux dortoirs, du chauffoir, au réfectoire, la vieille abbaye bruit de toute part et ses pierres re- sonnent avec les musiques et paroles d’aujourd’hui, fruits de rencontres d’artistes avec ces lieux millénaires. Le Lac noir, qui donne son nom à cet ancien couvent cistercien, n’est plus qu’une légende. Reste l’édifice du XII ème siècle, l’un des ensembles monastiques les mieux conservés, au bord du Cher, dans le bocage berrichon vallonné, cher à George Sand, une voisine. Devenu Centre Culturel de Rencontre neuf siècle après sa fondation, au terme d’une histoire riche et souvent tourmentée.

Noirlac a choisi de se développer autour du : « fait sonore ». Pour Elisabeth Sanson qui a pris la direction de l’établissement en 2022, ce lieu dépouillé sans être austère est propice à l’écoute : « Bernard de Clairvaux, fondateur de l’ordre cistercien prônait un rigoureux ascétisme et aucune représentation visuelle. Pour lui, l‘ouïe est supérieure à la vue pour l’écoute de la parole sacrée. » Les moines étaient voués au silence : seuls leurs chants et leurs prières faisaient vibrer les murs de la clôture. Un parcours sonore, orchestré par Luc Martinez, nous invite à les écouter, chargés du passé et pleins d’une énergie artistique contemporaine.

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Miroir du ciel le jardin du cloitre © Abbayedenoirlac

 La visite nous ouvre les oreilles aux bruissements feutrés des frocs et du chuchotis des prières, dans le jardin du cloître, planté de buissons et de fleurs bleus en forme de nuages, œuvre du paysagiste Gilles Clément : Miroir du ciel. C’est la seul vue que les moines avaient de l’extérieur. Au seuil du réfectoire un glouglou rappelle la présence d’une fontaine disparue : le lavabo, dédié aux ablutions.

Recto tono, composé par Bernard Fort et Pierre-Marie Chemla (chant et basson) emplit la vaste salle à manger d’un chant monocorde auquel se mêlent les stridulations de la locustelle, des sermons en latin, Le Cantique des Cantiques en hébreux… Les parois réverbèrent ces lectures psalmodiées qui accompagnaient les repas des moines. On s’y croirait.

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l’abbatiale © Abbaye de Noirlac

Sous les hautes arcades de l’abbatiale, à la lumière filtrée par les vitraux opalescents cernés de noir de Jean-Pierre Raynaud (1975), s’insinuent de brefs solos de chanteurs et instrumentistes de haute volée, invités à jouer avec l’acoustique conçue pour la prière et les chants grégoriens. On entend ainsi diffusées les voix ou musiques d’artistes familier de ces lieux: Samuel Cattiau (haute-contre), Isabelle Courroy ( flûte Kaval), Anna-Maria Hefele (chant diphonique) Michel Godard (serpent), Akihito Obama (shakuhachi), Thomas Savy (clarinette basse ) Sonia Wieder-Atherton (violoncelle) et Luc Martinez (chœur virtuel).

La Nature s’invite au fil des saisons au dortoir des frères convers, sous l’impressionnante charpente en berceau plein cintre, seul endroit où le son reste «droit». La sonothèque réalisée par l’audio-naturaliste Fernand Deroussen, grand arpenteur du bocage de Noirlac en toutes saisons, est recomposée avec un certain humour par Thierry Besche: coucous, pics, merles, corbeaux, grenouilles, vaches, insectes, bruissement de feuilles dans le vent… Les frères convers connaissaient bien ces sons de la nature: ils faisaient tous les travaux des champs, au bénéfice des moines qui, eux, restaient cloîtrés dans la prière et les écritures.

On en apprendra plus sur la vie de ces reclus en s’arrêtant, dans le chauffoir et scriptorum, sur les bancs qui diffusent en quadriphonie leurs paroles intérieures. Dans cette pièce, la seule avec cheminée, on pouvait se réchauffer et s’adonner à des travaux d’écriture. Quelquefois se parler mais la réverbération est telle sous ces basses voûtes qu’on ne peut le faire, qu’en chuchotant. L’autrice Lola Molina a composé Poème dramatique pour quatre voix masculines après une longue immersion à Noirlac. Elle a appris, du jardinier, les noms des arbres, des fleurs et des oiseaux, a compulsé les règlements du couvent et les préceptes de Bernard Clairvaux pour l’édification de l’abbaye… Puis elle a confié la mise en espace sonore de son texte à Lélio Plotton, appartenant comme elle à  la compagnie Lela 

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dortoir des convers ©Abbaye de Noirlac

Les voix contrastées d’Adama Diop, Jean-Quentin Chatelain, Philippe Girard et Laurent Sauvage nous font revivre les impressions de ces hommes de prière, leur goût pour les encres colorées, les règles strictes régissant leur existence et leurs échappées belles en contemplant les oiseaux…. « Il convient que tu chantes d’une voix virile. N’imite pas les chants lascifs des histrions par des sons aigus à la façon des femmes. (…) / Psalmodie, chante. Garde un ton modéré/ Chante avec gravité, crainte et tremblement. / Considère que tu es sous les regards. (…)/ Laudes, prime, tierce, sexte, none, vêpres, complies. Sept fois le jour, adresser une prière.»

Ils guettent aussi l’arrivée du printemps dans leur vie monotone: « Oui. Un nid est là, proche du tronc et je ne l’avais pas vu jusqu’à maintenant. /Je ne pouvais pas le voir avec toutes ces fleurs et ces feuilles qui le cachaient et l’abritaient. Et maintenant, c’est ce nid qui semble tenir chaud à l’arbre. Et je peux le regarder chaque jour de l’hiver. Le printemps va venir. Bientôt. Bientôt. »

D’autres surprises nous attendent, à condition de rester tout ouïe. RésoNance ouvre une parenthèse dans notre vie quotidienne bruyante : les sons font naître images mentales et sensations. On en sort l’oreille aiguisée à écouter le silence, à lire les messages les plus infimes portés par les ondes… Cette installation sonore, appelée à rester quelque temps, donne un avant-goût des projets à venir.

À Noirlac, dans cette acoustique si particulière, de nombreuses résidences d’artistes, donnent naissance à des créations musicales in situ et des éditions sonores, grâce à de remarquables studios d’enregistrement. Mais Elisabeth Sanson qui a dirigé à Bordeaux, Chahut, un festival des arts de la parole, veut aussi faire entendre l’histoire de ces lieux voués à l’écoute, à travers des contes, poésies, récits… 

L’abbaye a accueilli des réfugiés pendant la guerre civile en Espagne et a aussi été témoin des terribles affrontements entre les Résistants et la Milice à l’été 1944, à Saint-Amand-Montrond, un paisible bourg, au centre géographique de la France… Un épisode peu connu, relaté par Tzvetan Todorov dans Une Tragédie française (Le Seuil). Le collecteur et «raconteur d’histoires» Fred Billy nous rafraîchira la mémoire sur ces événements: après une enquête auprès des habitants du bocage, il restituera leurs paroles avec Seconde Guerre mondiale en plein cœur de France, présenté au festival Les Nouvelles Traversées*.

À suivre.

 Mireille Davidovici

 Noirlac, Centre culturel de rencontre, Bruère-Allichamps (Cher). T. : 02 48 62 01 01.

 *Les Nouvelles Traversées, à Noirlac, du 20 juin au 7 juillet.

 Pour aller à Noirlac: en train, gare de Saint-Amand-Montrond, puis à pied ou à vélo par une voie nouvellement ouverte de cinq kilomètres. En voiture : D 2144, à quarante minutes au sud de Bourges et cinquante minutes au nord de Montluçon. Autoroute A71, sortie n° 8 : Saint-Amand-Montrond-Orval, à dix minutes. de l’abbaye, direction : Bourges.

Eurydice, de Jean Anouilh, mise en scène d’Emmanuel Gaury

Eurydice, de Jean Anouilh, mise en scène d’Emmanuel Gaury

Une des « pièce noires» de Jean Anouilh- un auteur aujourd’hui bien oublié mort en 87 *mais qu’on semble redécouvrir en ce moment (avec, entre autres, Pauvre Bitos ( voir Le Théâtre du Blog).  Eurydice a été créée en 42 par André Barsacq au théâtre de l’Atelier. Moins connue que son Antigone…montée deux ans plus tard.
Ovide s’inspira d’une légende grecque pour écrire
Les Métamorphoses et plusieurs opéras en sont issus dont le célèbre Orfeo de Monteverdi et une pièce éponyme de la grande Pina Basuch. C’est à l’origine, une histoire d’amour impossible entre un musicien et une nymphe, à classer avec celles des couples mythiques:  Alcyone et Céyx, Philémon et Beaucis,  Pyrame et Thisbé ou encore Roméo et Juliette.  En proie à une passion amoureuse, ces  héros seront amenés à se dépasser, quitte à en subir les conséquences… Bien entendu, cela finira tragiquement.

Jean Anouilh-madame Mi-Tout devrait être contente- a imaginé une action où Eurydice- et non plus Orphée-a le rôle essentiel. Cela se passe au temps où il y avait encore des locomotives à vapeur, dans une gare de province avec un buffet  où, vu le temps d’attente pour avoir une correspondance, les voyageurs pouvaient se restaurer à un coût raisonnable. Ici, Orphée, un jeune violoniste et son père, un harpiste médiocre qui pense sans arrêt au prochain bon dîner pas cher, courent le cachet… Eurydice, elle, est une jeune actrice, chapeautée par une mère aussi insupportable que prétentieuse, rêvant à un passé soi-disant glorieux et remâchant ses amours avec le gros Dulac, minable chef de troupe et agent artistique. Elles appartiennent à une petite troupe qui fait des tournées (un souvenir de La Mouette ?).
Eurydice a été obligée de passer à la casserole si elle voulait avoir le rôle que lui proposait le répugnant Dulac, directeur de la troupe et minable agent artistique…Conflit entre un idéal et la réalité du quotidien, surtout à une époque où il n’y avait pas d’indemnités-chômage.
Elle rencontre Orphée dont la musique la séduit. Vite tombés amoureux fous, ils vont quitter, l’un son père qui en sera désespéré, et l’autre, sa troupe de théâtre… Ils feront l’amour avec passion dans un hôtel minable mais elle s’enfuira pour rejoindre la troupe. Eurydice lui avouera qu’elle avait couché avec Dulac. Lequel confirmera avec cynisme à Orphée. Lequel ne comprendra jamais pourquoi cette Eurydice tant aimée l’a quittée…
Il y a aussi le mystérieux et jeune Henri
, la figure du destin qui annoncera la mort de la jeune femme dans un accident de train. Mais elle ressuscitera comme, dans la célèbre légende et Orphée la retrouvera mais à condition de ne jamais la regarder. Union des enfers et de la terre et impossibilité inhérente à l’amour, mais inacceptable par l’un ou l’autre de ses héros, de pouvoir durer. Et ces pauvres amoureux, se retrouveront dans la mort. Une fin bien conventionnelle…

© Studio Vanssay

© Studio Vanssay

On retrouve ici les recettes qui ont fait un temps le succès du théâtre de Jean Anouilh : réinterprétation des grands mythes, opposition parents/enfants, dosette d’inquiétude métaphysique et  autre dosette de poésie facile et-trop souvent-l’emploi systématique de répliques assez vulgaires… Du genre : Orphée: « Une chaleur, oui. Une autre chaleur que la sienne. Cela, c’est quelque chose d’à peu près sûr. Une résistance aussi, un obstacle tiède. Allons, il y a quelqu’un. Je ne suis pas tout à fait seul. Il ne faut pas être exigeant ! » (…) Eurydice : Ah! Nous voilà dans de beaux draps tous les deux, debout l’un en face de l’autre, avec tout ce qui va nous arriver déjà tout prêt derrière nous… Orphée : Vous croyez qu’il va nous arriver beaucoup de choses. Eurydice gravement) :Mais toutes les choses. Toutes les choses qui arrivent à un homme et une femme sur la terre, une par une… Orphée : Les amusantes, les douces, les terribles? Eurydice (doucement) : Les honteuses, les sales aussi… Nous allons être très malheureux. (Orphée la prend dans ses bras).  Quel bonheur! »

Le petit mélange concocté par l’auteur a un côté fabriqué et racoleur avec mots d’auteur a mal vieilli : : « Il ne faut pas croire que c’est très compliqué d’être mystérieuse. Il suffit de ne penser à rien, c’est à la portée de toutes les femmes.  » Là madame Mi-Tout se déchaînerait    et comme Jean Anouilh ne fait pas dans la clarté quant aux motivations de ses personnages, le texte reste assez sec et il n’y a guère d’émotion. Malgré quelques scènes intéressantes.
Emmanuel Gaury pour une première mise en scène, se débrouille assez bien pour faire exister cette pièce. Et le spectacle est parfaitement rodé, après avoir été joué au Théâtre de Poche. Des costumes début XX ème siècle pas très réussis mais bon… Des pendrillons noirs et juste quelques accessoires (un violon mais sans archet et des valises vides : pas grave mais assez ridicule ! Et il y a une belle fluidité dans le jeu des acteurs qui ont tous une diction impeccable. Merci qui ? Merci Jean-Laurent Cochet disparu il y a juste quatre ans et qui fut leur enseignant.  Même si la distribution est inégale, le spectacle va son cours…
Bérénice Boccara est une jeune Eurydice crédible: amoureuse et inquiète à la fois devant cette rencontre amoureuse inattendue et Gaspard Cuillé joue bien cet Orphée, jeune violoniste mélancolique au pouvoir de séduction. Benjamin Romieux ( Monsieur Henri) est assez juste, comme Patrick Bethbeder dans le rôle du père d’Orphée, un brave homme un peu sot, obsédé par les repas, mais assez malin pour s’en sortir dans la vie. Corine Zarzavatdjian joue la mère d’Eurydice façon boulevard mais comment faire autrement avec un personnage aussi peu consistant… Et Jérôme Godgrand lui est juste en ignoble Dulac même s’il est un peu caricatural. Emmanuel Gaury a succombé comme tant d’autres (le trente-deuxième à notre compteur depuis janvier !) aux charmes des fumigènes, alors que cela n’apporte strictement rien!
Y aller ou pas, telle est la question ? Sûrement pas prioritaire mais si vous avez envie de découvrir un auteur qui fut tellement joué au siècle dernier
, pourquoi pas? Cela dure un peu plus d’une heure. A vous de décider…

 Philippe du Vignal

*Brève rencontre de Ph. du Vignal avec l’auteur qui avait soixante ans et était déjà célèbre:  » Bonjour, j’aimerais bien faire une interview de vous. /Monsieur, vous saurez que je déteste la télévision, l’avion et les interviews. « /Bon alors, au revoir monsieur, les choses sont claires et je n’ai plus rien à vous dire.  » Le Jean Anouilh en était resté pétrifié…

Le Lucernaire, 53 rue Notre-Dame des Champs, Paris ( VI ème). T. : 01 45 44 57 34.

La France, Empire, de et par Nicolas Lambert

La France, Empirede et par Nicolas Lambert

Après la trilogie L’A-Démocratie consacrée au pétrole, au nucléaire et à l’armement et à toutes mes malversations commises avec le silence au plus haut sommet de l’Etat ( entre autres avec Le Floch-Prigent, Roland Dumas… (voir Le Théâtre du Blog) Avec La France, Empire, Nicolas Lambert parle des nombreuses et redoutables opérations dans une douce France belliqueuse souvent à l’autre bout du monde.
Il revient dans ce solo-documentaire à  la fois sur les souvenirs personnels d’une enfance heureuse en Picardie et la mise en place d’un gigantesque empire colonial au nom de la République puis à son démantèlement sans que cessent les magouilles en toute genre quand ces pays retrouveront leur indépendance.
Il ne dévoile aucun véritable secret mais ravive notr mémoire en feuillettant avec nous les actions militaires et gouvernementales où s’illustrèrent nombre de personnages (tous masculins) peu recommandables de notre Histoire nationale, et cela, jusqu’à aujourd’hui. Comme en Espagne, Portugal, Grande-Bretagne, Belgique, Allemagne… la France a toujours tenu à cacher dans les livres scolaires du premier et second degré mais aussi à l’Université, les épisodes gênants, voire pas reluisants du tout, de ses  colonisations en Asie, Afrique, Amérique… Et encore maintenant, il y faut tout l’acharnement des journalistes d’investigation pour arriver à faire ressurgir certains faits peu glorieux de notre nation en exercice dans ses ex-colonies.
« Parfois, j’ai l’impression, dit-il, que Marianne, notre symbole depuis la Révolution, ne se porte pas très bien… Je me suis sincèrement demandé comment elle allait dans ces Républiques qui se succèdent et semblent si embarrassées d’appliquer sa devise Liberté, Égalité, Fraternité pour tous ses enfants.  Alors je me suis mis dans sa peau et je suis allé voir un psy… Et il est apparu que les troubles qu’elle portait, pourraient venir de ce qui ne se dit pas, d’une génération à l’autre.
Et Nicolas Lambert rappelle que, dans un sujet de brevet des collèges, on demandait aux élèves de «montrer en quelques lignes que l’armée française est au service des valeurs de la République et de l’Union européenne !  Moi-même, n’étant pas bien au courant de ce que fait l’armée… Je me suis mis à chercher. »
Et il a effectué un gros travail de recherche pour construire ce qui s’apparente à un théâtre documentaire mais où on ne voit ni écrits ni  photos, sauf à la toute fin quand il déroule le rouleau du synopsis de son prochain spectacle.
Et dans ce « théâtre d’investigation » comme il dit, il y a des pépites : documents très révélateurs soixante ans après, discours d’hommes politiques, procès-verbaux d’auditions, conférences de presse, écoutes téléphoniques, questions à l’Assemblée Nationale… Une recherche sérieuse et Nicolas Lambert connait bien ce dont il parle.

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Ici, pas de règlements de compte, mais dit-il, « en m’interrogeant sur cette histoire effacée de nos mémoires collectives, je me suis rendu compte combien ça résonnait dans mon propre parcours et celui de mon entourage. » Et ainsi défilent, les discours bien connus qu’il a connu, enfant admiratif:  » Eh bien ! moi, Général de Gaulle, je vais vous faire une promesse, une promesse pour ce Noël 1941. Chers enfants de France, vous recevrez bientôt une visite. La visite de la Victoire. Ah ! comme elle sera belle, vous verrez !… » (…)  Paris ! Paris outragé ! Paris martyrisé ! mais Paris libéré ! Libéré par lui-même avec le concours de la France tout entière, de la France éternelle.

« La France éternelle, c’était les soldats de la Nationale 20″. Mais il apprend en tournée avec un spectacle  à Dakar qu’ils venaient justement de tout l’Empire colonial. «L’armée au service des valeurs de la République » du Brevet de ma fille, pas celle qui collaborait avec les Nazis, avait massacré des centaines d’autres soldats français, qui venaient de libérer l’hexagone. Alors que le général de Gaulle était au pouvoir. Mon héros de la paix.» Puis il cite les incroyables mots frisant le racisme de Nicolas Sarkozy, alors Président de la République
Et dans le genre aigre-doux, ces aussi incroyables phrases tirées du Voyage de Macoco, Méthode de lecture par Henriette François (1959): « Macoco est un petit enfant noir. Mamadi est la maman de Macoco, elle est jolie. Sambo est le papa de Macoco, il est noir.
Et le général Bugaud tel qu’on le voit dans Les Conquêtes d’Afrique une pièce de Théodore Cogniard et Hippolyte Cogniard (1855): «Sachez-le donc : cette terre d’Afrique est à nous ! Cette terre d’Afrique est désormais une terre française. Bientôt le drapeau Bleu Blanc Rouge flottera au sommet de tous vos minarets.» (…) « Louis Faidherbe, c’était la pacification du Sénégal avec des dizaines et des dizaines de villages incendiés avec tout le monde dedans… Très belle statue à Lille! »

« Bugeaud, le maréchal Bugeaud, c’était la pacification de l’Algérie par les enfumades, les razzias. « Exterminez-les tous, jusqu’au dernier ! » Et Nicolas Lambert enfonce encore le clou, en six mots radicaux : très belle statue, rue de Rivoli… (…) Ou alors, si les militaires qui ont fait la conquête des barbares, leur nom est toujours partout en ville, plutôt que dans des musées où on les regarderait comme une trace d’un passé… Ce serait toujours des valeurs de la République? Tous ces grands noms de la colonisation, ou de la décolonisation… » Et il rappelle aux jeunes générations ce qu’on leur a soigneusement caché. Des centaines de morts à Paris? Tués par la police? Des Français musulmans d’Algérie ? Comme la guerre d’Algérie très longtemps appelée «événements d’Algérie »…

Et il met le doigt où cela fait mal, à propos de l’ex-hôpital «franco-musulman» de Bonbigny maintenant nommé Avicenne. « Franco d’un côté, musulman de l’autre… ‘Des choux d’un côté, des carottes de l’autre ? La tribu des uns, la tribu des autres ? Ou alors deux religions, je ne sais pas : les musulmans d’un côté, Notre-Dame-la-France de l’autre ? En tout cas, ce n’est pas clair… Pourtant, c’est la République laïque qui a nommé ça «Hôpital Franco-musulman».
« En tout cas, je n’ai jamais appris que toutes les insurrections d’outre-mer seront écrasées par des colonnes de soldats français, par des tapis de bombes… De l’Algérie à la Syrie, en passant par le Viêt Nam, et puis après à Madagascar, et puis après au Cameroun… Je n’ai jamais vu que l’après-guerre… C’est des guerres lancées par le Général de Gaulle L’après-guerre, c’est trente ans de guerre… et pas glorieuse… pour éviter le démantèlement de l’Empire français. De l’Empire français de la République. » Pierre Messmer. C’est lui qui dirigeait ces combats au Cameroun : devenu Premier Ministre de la Cinquième République, à la fin de sa vie il était à l’Académie Française. Quand on lui parlait du napalm au Cameroun, il disait: «C’est pas important. » Et comme le souligne Nicolas Lambert, récemment le général François Lecointre, chef d’état-major des armées appuiera cette théorie : «La création de forces spéciales européennes en Afrique renvoie à la doctrine théorisée par  le maréchal Hubert  Lyautey et vise à sécuriser les zones conquises en y réinstallant l’ordre public, une fois ces zones pacifiées.»

 

Nicolas Lambert ne triche jamais et cela fait la force du spectacle, même s’il ne fait pas toujours dans la nuance. Il va aux meilleures sources comme Les Guerres lointaines de la paix. Civilisation et barbarie depuis le XIX ème siècle de Sylvain Venayre (2023) et dit parfis crûment les choses : (au Maroc) Jusqu’à huit cent prostituées au service d’une clientèle surtout militaire qui pouvait trouver là, de quoi assouvir de supposés besoins dans un certain confort. Marianne proxénète. À la tête d’un bordel militaire.» (…) Ce serait utile, une expo, pour raconter que le Maroc a fait partie de la République française. On a oublié de me l’apprendre à l’école, moi… » L’après-guerre, comme il le rappelle justement c’est aussi loin de la France…  trente ans de guerre ou d’opérations militaire, quel que soit le gouvernement en place…
Et il finit en racontant comment très loin de la métropole, «un monsieur spécial des forces spéciales, Bob Denard est allé régulièrement renverser des gouvernements comoriens, ou parfois tuer un ou deux chefs d’État des Comores quand il le jugeait nécessaire. » Et ce qui se passe aux Comores, dit-il aussi, est loin d’être clair.

Rien à dire: Nicolas Lambert a réuni l’indispensable matériau pour faire avec une rigueur exemplaire, un bon spectacle d’agit-prop… Oui mais voilà sur le plateau, il ne s’en tire pas très bien. D’abord, la construction dramaturgique est d’une insigne faiblesse  et cela commence par une mauvais et long sketch où sa fille de quinze ans lui demande son aide pour une devoir d’histoire.
Puis il accumule les faits historiques les uns après les autres sur deux heures et c’est estouffadou… Comme disaient nos grands-mères, qui trop embrasse mal étreint.  Bavard, le spectacle traîne en longueur et aurait mérité des coups de ciseaux. .«L’écriture du scénario, disait le grand cinéaste Frank Capra, est la partie la plus difficile… la moins comprise et la moins remarquée.» Mais cela vaut aussi pour le théâtre,quelque soit sa forme, surtout et même, pour un solo comme celui-ci. Il manque de toute évidence à La France, Empire, une véritable dramaturgie…
Et côté jeu, nous l’avons connu mieux inspiré. Pourquoi imiter de Gaulle assez bien mais trop souvent? Cela devient lassant et quand il parodie François Mitterrand, Valéry Giscard d’Estaing ou Emmanuel Macron, là, c’est franchement raté… Nicolas Lambert devait faire un réel effort et éviter de laisser tomber ses phrases comme si cela allait de soi, ce qui est plutôt gênant. Nous avons eu souvent la désagréable impression qu’il nous faisait un grand honneur d’être là. Bref, il n’a pas un vrai contact avec le public…
Il semble oublier que, sur un plateau, il y a une règle d’or: pour un acteur, rien n’est jamais acquis d’avance, et chaque soir, il lui faut recommencer et convaincre. Pourquoi, surtout vers la fin, chuchote-t-il parfois comme s’il était dans un salon? Là, il y a encore aussi du travail. Le public, plus très jeune, a applaudi mais pas chaleureusement. Nous ne sommes peut-être pas tombés sur le bon soir… et le spectacle pourrait progresser mais il y faudra plus de rigueur dans le jeu, et un véritable élagage du texte, si Nicolas Lambert veut attirer les jeunes…

 Philippe du Vignal

Théâtre de Belleville, 16 passage Piver (donnant dans la rue du Faubourg du temple) Paris (XI ème)

Du 2 au 21 juillet, au Onze, 11 boulevard Raspail, Avignon.

 

 

La Danseuse, texte et mise en scène de Justine Raphet

La Danseuse, texte et mise en scène de Justine Raphet


Noé, un jeune danseur, vit dans un monde où il est mal à l’aise. Ses copains sont des garçons sympathiques mais ils ne le trouvent pas assez viril… D’où son surnom! Mais le jour où Noé rencontre Adèle, il voit son existence basculer: il en tombe amoureux fou mais  sent qu’il n’est pas vraiment prêt à vivre avec elle et il supporte très mal qu’elle ait pu passer une soirée avec ses copains ses copains à lui, son territoire réservé. Bref, la machine à jalousie commence à fonctionner et il est déchiré. Cette relations amoureuse avec Adèle qui avait changé sa vie, est  finalement devenue toxique à cause de lui et fera exploser le couple. La violence psychologique opérée par Noé, la dépendance et une certaine naïveté d’Adèle: plus rien n’est vraiment dans l’axe et on pense un peu comme Justine Raphet au  Horla de Guy de Maupassant où le personnage, sans cesse gagné par le doute, a quelque chose d’auto-destructeur. 

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Sur le petit plateau, cinq chaises en plastique aussi noir que les costumes… Et un carré au sol dessiné par des bandes de gaffeur blanc où va s’enfermer Noé. «Cette création, dit la metteuse en scène, livre une vision d’un théâtre engagé, organique et rythmé qui mêle différents univers : le théâtre, le slam et le mouvement.» Engagé ? Organique peut-être et rythmé parfois, mais effectivement, il y a, à la fois du mouvement et de beaux et solides poèmes en slam avec, au centre, des mots très choisis un verbe et un nom. Mais les dialogues n’ont pas cette même force et cette rupture amoureuse est un peu téléphonée…. C’est le premier texte théâtral de cette auteure, écrit sur fond autobiographique? Et sans doute sa première mise en scène d’où certaines maladresses dans la dramaturgie et la direction: Benjamin Jaouen, Hugo Plassard et Diong-Kéba Tacu bougent bien mais parlent souvent mal et sont peu crédibles. Et il y a trop souvent des criailleries.
Marion Oury (l’amie de d’Adèle) a un jeu plus solide et Lucile Jehel (Adèle) s’impose très vite et réussit à être émouvante. La salle pleine d’un public en grande majorité assez jeune, ce qui est exceptionnel dans le théâtre contemporain, a chaleureusement applaudi.
Une écriture encore assez verte et une mise en scène pas vraiment convaincante mais il y a vrai travail. Donc à suivre…

 Philippe du Vignal

Théâtre de Belleville, 16 passage Piver (donnant sur la rue du Faubourg du Temple), Paris (XI ème). T. : 01 48 06 72 34.

 

 

 

Liberté Cathédrale, chorégraphie de Boris Charmatz, avec l’ensemble du Tanztheater Wuppertal et Terrain

Liberté Cathédrale, chorégraphie de Boris Charmatz, avec l’ensemble du Tanztheater Wuppertal et Terrain

Liberté Cathédrale

© Blandine Soulage

 

 

En septembre dernier, le nouveau directeur du Tanztheater Wuppertal Pina Bausch a présenté sa première création avec la compagnie, placée sous le signe de la liberté. La cathédrale de Neviges a été l’espace de jeu de vingt -six danseurs : pour faire connaissance avec la troupe qui porte en héritage le répertoire de Pina Bausch, le chorégraphe a invité huit de ses interprètes familiers à la rejoindre – dont Ashley Chen et Tatiana Julien –  rassemblés dans son projet Terrain, afin de créer un « précipité » entre les corps.

L’architecture « brutaliste » de l’église a dicté musiques et silences et une danse au style dépouillé et à l’énergie brute. «Le silence bruissant des lieux transforme toute action en chorégraphie, dit Boris Charmatz. Un peu de silence dans Liberté Cathédrale… et beaucoup de musique et de sons nous traversent. Celui des cloches, des grandes orgues. Et les chants dans les architectures résonnantes des églises percent les corps et l’air.»

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©Blandine Soulage

La pièce est aujourd’hui présentée au Théâtre du Châtelet, sur une scène prolongée jusqu’au pied du balcon pour créer un immense espace. Placés jusqu’à l’arrière-scène dans un dispositif quadri-frontal, les spectateurs sont au  plus près des interprètes qui n’hésiteront pas à les solliciter… De longs luminaires suspendus donnent une sensation de verticalité et les éclairages sourds évoquent l’obscurité de la Mariendom de Neviges. L’orgue en pièces détachées installé dans un recoin du plateau ajoute à la solennité.

La pièce se compose cinq morceaux distincts marqués par des musiques contrastées. En ouverture, Opus :  les vingt-six interprètes se précipitent en grappe sur le plateau, chantant à l’unisson, a capella, les notes du deuxième mouvement de l’ Opus 111 de Beethoven… Chœur désordonné, ils s’arrêtent et font silence, puis reprennent leur course et leurs « la la la »  accompagnent cavalcades ou convulsions au sol… Un exercice vocal impressionnant que le chorégraphe a vécu avec Somnole, un solo magique d’un corps devenu musique: « Aux moments principaux de ce chanté-bougé où le souffle est étiré au maximum, dit-il, la danse reste attachée à la voix tant qu’un peu de souffle nous reste.»

 Pendant les vingt minutes de Volée, les corps se balancent, sur un concert de cloches. Sons profonds ou carillons allègres impulsent aux danseurs des mouvements saccadés et ils nous emportent dans leurs élans forcenés… Le chorégraphe a laissé libre cours à l’improvisation à chaque artiste, comme pour les volets suivants: For whom the bell tolls qui nous a semblé un peu moins travaillé et décousu, plus provocateur…
Mais dans Silence, les interprètes retrouvent leur concentration sur l’envoutante partition pour orgue de Phill Niblock, jouée en direct par Jean-Baptiste Monnot. Ils nous offrent un beau moment d’intériorité en rupture avec la transe de Volée.

Enfin, Toucher clôt ces quatre-vingt dix minutes, avec des figures acrobatiques et un joyeux amalgame des corps enfin rassemblés.

Le noir et le silence font le lien entre ces pièces discontinues. La Mariendom de Neuviges, architecture austère en béton brut, se prêtait sans doute mieux au recueillement du public. Ici, malgré l’énergie et l’engagement des danseurs, la liberté qui leur a été accordée ne semble pas toujours maîtrisée.

Ce spectacle s’inscrit, pour Boris Charmatz «dans des expérimentations chorégraphiques sans murs fixes. Une assemblée de corps en mouvement, réunissant public et artistes.» Liberté Cathédrale réalisée dans cet esprit pourra être aussi dansée en plein air : « la pièce pourrait se déployer un jour à ciel ouvert, «église sans église»! Y serons-nous plus libres, ou moins libres? « , s’interroge le chorégraphe.  On pourra en juger au prochain festival d’Avignon…

 Mireille Davidovici

Jusqu’au 18 avril, Théâtre du Châtelet, programmation avec le Théâtre de la Ville-Sarah Bernhardt, place du Châtelet, Paris ( Ier) T. :01 42 7422 77. 

 Les samedi 27 et dimanche 28 avril, place du Châtelet, Paris (Ier).

Du 5 au 9 juillet, festival d’Avignon, stade Bagatelle.

 

 

 

 

Nous avons clairement entendu le premier Ministre…

Nous avons clairement entendu le premier Ministre…
« A qui me louer ? Quelle bête faut- il adorer? Quelle sainte image  attaque-t-on? écrivait Arthur Rimbaud. » Nous avons clairement entendu le premier Ministre à la cérémonie d’ouverture de  la Capitale française de la Culture à Montbéliard, le 16 mars: « Il n’y aura pas de diminution du budget de la Culture, je vous le promets. » (…) «L’éducation culturelle et artistique est l’une des priorités de mon gouvernement, un enjeu majeur pour la nation. »
Mais le 6 avril, Le Monde annonce que le couperet est tombé: 204 millions en moins, dont six à l’Opéra de Paris, etc. Comme en un seul jour, on y dépense 500.000 €, ce ne sera qu’un petit coup de griffe et vu son public, nous n’allons pas pleurer… Mais cette annulation de crédits prise par décret, touche aussi et en priorité, les programmes concernant le patrimoine (99,5 millions) et la création (96 millions).
© A.Lepère   Gabriel Attal avec Hervée de Lafond et Jacques Livchine

© A.Lepère Gabriel Attal avec Hervée de Lafond et Jacques Livchine

Sur le principe, il serait important de faire confiance à nos dirigeants mais impossible: Bruno Lemaire, en février 22 quand la Russie a attaqué l’Ukraine: « Nous allons leur infliger de telles sanctions économiques, qu’ils ne seront pas capables de mener cette guerre. » Oui, mais deux ans après, la Russie est en pleine forme, avec de la croissance, etc.

Donc, on nous explique aussi qu’il faut réduire notre dette de 3.000 milliards d’euros mais une des économies les plus florissantes du monde, celle des Etats-Unis, en a a une de 31.400 milliards. Les économistes se succèdent sur les plateaux de télévision : rien de grave… en France, la dette est 5,7 % du P.I.B.  et  aux Etats-Unis, de 123 % …
Cette opacité totale fait le jeu des populistes dans l’Europe toute entière: les citoyens d’un pays attendent des décisions compréhensibles, et non des mensonges continuels. Le gouvernement d’Emmanuel Macron décide de faire vingt milliards d’économie. Très bien, sage décision. Mais les entreprises du CAC 40, elles, font des bénéfices exorbitants et Gabriel Attal, au visage d’ange, s’en prend à l’assurance-chômage et veut «ramener les chômeurs vers l’emploi». Il a évoqué une indemnisation sur douze mois contre dix-huit actuellement.
J’aurais voulu lui dire puisqu’il était présent ce 16 mars à cette cérémonie d’ouverture: pourquoi ne pas taxer les bénéfices et les fortunes indécentes de nos milliardaires? Ah! Tout de même, Raphaël Glucksmann, socialiste, s’exprime enfin pour un prélèvement sur l’argent des ultra-riches et d’un seul coup, gagne 3% dans les sondages.

Notre compagnie le Théâtre de L’Unité, après une résidence dans le quartier d’Etouvie à Amiens, avait mis au point avec ses habitants, un Parlement de rue où le peuple écrivait ses propres lois. Nous faisions revivre la Commune de Paris et tous ces gens d’origine modeste écrivaient des lois fantastiques que nous avions systématiquement récoltées et envoyées à Manuel Vals, alors Premier Ministre… qui n’en avait cure.
 J’ai rangé quelque part ces sept cent lois, puis est arrivé le grand débat et personne n’a jamais su et classé ce qui avait été écrit dans ces cahiers de doléances. Dernière nouvelle : Gabriel Attal qui était assez favorable à une taxation de certaines rentes, a été vite recadré par le Président de la République….
Nous croyons  qu’il faut encore se mêler de ce qui ne nous regarde pas.
Jacques Livchine, co-directeur avec Hervée de Lafond du Théâtre de l’Unité à Montbéliard ( Doubs)

La Maison d’à côté de Sharr White, traduction et adaptation de Gérald Sibleyras, mis en scène de Christophe Hatey et Florence Marschal

La Maison d’à côté de Sharr White, traduction et adaptation de Gérald Sibleyras, mis en scène de Christophe Hatey et Florence Marschal 

Cet auteur américain est surtout connu pour ses séries télévisées mais cette pièce fut un succès à Broadway depuis 2011… Juliana est une brillante scientifique et à cinquante deux ans, elle a réussi à mettre au point un médicament qui ralentit la dégénérescence neuronale.

 

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A un congrès médical aux Iles Vierges où elle intervient, elle croit voir dans la salle, une jeune fille en bikini jaune et s’effondre. Incapable de continuer son allocution, elle s’en va. Elle croit qu’elle a un cancer du cerveau et cela la ramène à “la maison d’à côté” à Cape Cod, où, il y a dix ans ans, Laura, sa fille, alors adolescente, est partie après avoir été vue dans les bras de l’assistant, bien plus âgé qu’elle, de Juliana… Elle, et Ian son mari, n’ont plus jamais eu de ses nouvelles … 

Juliana sait maintenant qu’elle a une maladie neuro-dégénérative… comme celles sur lesquelles elle a si longtemps travaillé. Elle va alors quitter le monde réel et s’enfoncer dans les images du passé, ou du moins celles qu’elle est encore capable d’imaginer. Elle est aussi secouée par la disparition volontaire de laura et tombe dans une sorte de déni permanent de sa maladie. Son mari médecin, lui aussi, est attentif et essaye de la soigner de ses troubles neurologiques… Mais la pièce est du genre mélo a bien mal vieilli et on est prié de naviguer à coups de retour en arrière, entre ce grave accident de santé et la disparition de cette jeune fille qui, elle-même est devenue maman. 

Nous n’avions pu voir la mise en scène qu’en 2015, Philippe Adrien avait faite de cette Maison dà côté, peu avant de tomber gravement malade et de mourir en 2021. « Les Américains, écrivait-il, ont une sorte de génie pour faire des histoires à la fois immédiates et profondes, simples et structurées. C’est une pièce construite avec un personnage de femme magnifique d’émotion et de complexité. On pense à Alfred Hitchcock tant le suspense est remarquablement mené. Et par moment, c’est drôle, c’est léger…» Pourquoi Philippe Adrien avait-il été attiré par cette pièce? Nous avons connu  ce grand metteur en scène, mieux inspiré, quant au choix des textes Et celui-ci n’est ni profond, ni efficacement structuré…

Sur le plateau nu, juste une chaise et canapé contemporains et sur le beau mur de pierres, quelques projections d’imagerie cérébrale quand Juliana  fait son intervention. Mais quand l’action est censée se passer ailleurs, pas l’ombre d’une indication scénographique: que les spectateurs se débrouillent: pas très professionnel, même si la mise en scène de Christophe Hatey et Florence Marschal est précise… Mais ici, tout est sec et il n’y a aucune émotion.Jean-Jacques Boutin, Samantha Sanson, Christophe Hatey, Florence Marschal font leur boulot d’acteurs. Il y a parfois chez elle une tendance à sur-jouer pour essayer de faire décoller cette pièce mais cela se sent dès les premières minutes: mission impossible. Comment arriver à traiter cette redoutable dégénérescence physiologique, mais aussi en même temps, un drame familial?
Ici, tout est confus et se bouscule sans efficacité et, malgré le thème universel de la maladie mentale et qui a souvent été traité au théâtre (voir déjà Ajax de Sophocle!) la dramaturgie et les dialogues sont souvent d’une pauvreté affligeante, et comme Juliana est tout le temps en scène, les autres personnages, peu crédibles, ont du mal à s’imposer.  Résultat: cette Maison d’à côté part dans tous les sens et on décroche assez vite… Bref, vous n’avez rien perdu !

Philippe du Vignal

La pièce a été jouée du 27 mars au 7 avril au Théâtre de l’Opprimé, 78 rue du Charolais, Paris (XII ème).
 

L’Île des esclaves de Marivaux, mise en scène de Stephen Szekely

L’Île des esclaves de Marivaux, mise en scène de Stephen Szekely

Une île merveilleuse au parfum d’utopie, habitée par « des esclaves de la Grèce révoltés contre leurs maîtres, et qui depuis cent ans, sont venus s’établir dans une île». Marivaux a-t-il pensé aux Antilles, alors colonie française? Fait naufrage, un bateau avec Iphicrate et son valet Arlequin, Eurphrosine et sa servante Cléanthis ont fait naufrage dans cette île, tiens justement des Grecs venus d’Athènes ! «Comme c’est curieux ! Comme c’est bizarre! et quelle coïncidence dira plus tard dira madame Martin dans La Cantatrice chauve
 Trivelin, ancien esclave lui-même et gouverneur de l’île, explique qu’ici on rééduque les maîtres et rappelle aux nouveaux arrivants que la cruauté, cela se soigne et il a une sacrée thérapie pour cela! On les oblige tout simplement à être des valets, et les valets, des maîtres. Dura lex sed lex! mais chacun doit la respecter. « Nous ne nous vengeons plus de vous, nous vous corrigeons ; ce n’est plus votre vie que nous poursuivons, c’est la barbarie de vos cœurs que nous voulons détruire ; nous vous jetons dans l’esclavage, pour vous rendre sensibles aux maux qu’on y éprouve »

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Iphicrate et Arlequin, Euphrosine et Cléanthis devront donc échanger leurs noms, comme leurs vêtements.  Ici noir ou rouges. Et les anciens maîtres vont s’entendre dire leurs quatre vérités: Cléanthis trace de façon cinglante, un portrait peu flatteur d’Euphrosine qui, très humiliée, doit pourtant en admettre la vérité. Et Arlequin ne se gênera pas pour dire toutes les brimades, voire les coups que lui a fait subir Iphicrate.
Cléanthis et Arlequin parodient, eux, avec virulence une scène de séduction mondaine. Mais lui drague vite
 une Euphrosine, pas très à l’aise de vivre ce qu’elle a fait subir à sa Cléanthis. Pire, les domestiques vont aussi passer au stade suivant, avec une certaine perversité : un possible double mariage, le valet avec la maîtresse, et la servante avec le maître… Et Trivelin avec de grands airs de moralisateur, ne se gêne pas pour enfoncer le clou: « Vous avez été leurs maîtres, et vous avez mal agi ; ils sont devenus les vôtres et ils vous pardonnent; faites vos réflexions là-dessus. La différence des conditions n’est qu’une épreuve que les dieux font sur nous. »

Arlequin, personnage typique de la commedia dell’arte, assez paresseux et naïf, sera peu rancunier envers Iphicrate (en grec : celui qui gouverne par la force). Mais ce valet est un «brave garçon » comme disaient nos grands-mères mais il fait quand même la leçon en tutoyant à son tour le malheureux Iphicrate : «Je ne te ressemble pas moi ; je n’aurais pas le courage d’être heureux à tes dépens. «Et il y a un petit côté morale catho assez insolite chez Marivaux, quand il lance à la fin :« Cela fera quatre beaux repentirs qui nous feront pleurer tant que nous voudrons. (…) Quand on se repent, on est bon. »

Cléanthis, femme de chambre, elle, est nettement plus dure envers Euphrosine et a soif de vengeance, après les humiliations que cette jeune snob lui a fait subir. Trivelin comprend mais la modère. Pour rester gouverneur de l’île, il doit rester près des puissants: chez Marivaux, il faut savoir parfois lire entre les lignes.
Trivelin mettra fin à cette parenthèse en accordant à ces naufragés un bateau et un capitaine pour les remmener chez eux vers la grande Athènes, berceau de la civilisation. Mais la fin de cette courte mais remarquable pièce est grinçante : après cette dure épreuve qui ressemble, avec ses changements de costume, à un carnaval, les rapports de domination ne bougeront guère.
 Cléanthis dira simplement en conclusion. « Je veux bien oublier tout », « Je vous rends la liberté » et « Je partirai avec vous ». Clap de fin.
Bref, après ce qui ressemble à une thérapie de groupe, il y a aura sans doute quelques ajustements dans les rapports humains. Mais Marivaux le cynique, ne nous laisse aucune illusion: les dominés serviront à nouveau les dominants. Noblesse des sentiments, une petite générosité envers les plus humbles, d’accord… mais juste le temps d’une pause au club Med, et sans jamais renverser
l’ordre établi. La volonté radicale de réforme, ce sera pour une autre fois, soixante ans plus tard… à la Révolution française. Mais Pierre Carlet de Marivaux dont les pièces n’auront guère connu le succès de son vivant, était déjà mort depuis vingt-cinq ans….

Le texte est conservé, même si le metteur en scène a enlevé les personnages (muets) des Insulaires, et son épée, à Iphicrate, symbole de pouvoir sur son valet pour la lui remettre ensuite.. Et sur le plateau? Cela commence assez mal avec sous des flots de lumière bleue avec jets de fumigènes à gogo pendant tout le spectacle (record battu, même après Bérénice !!! voir Le Théâtre du Blog) et le vingt-huitième pour nous depuis la rentrée de janvier!). Au moins, comme dit un mien confrère, cela ne sent pas mauvais…Cela ne fait jamais sens, sauf peut-être pour Stephen Szekely… qui ensuite inonde la scène de lumière orange

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Puis il y a une chorégraphie assez pauvrette pour évoquer la tempête. Et enfin la pièce commence, toujours et jusqu’au bout, nappée de fumigène, comme si c’était indispensable. Mais enfin, on retrouve dans cette brume permanente, les dialogues ciselés-juste quatre siècles après, miracle de la langue du grand Marivaux, font encore les délices des jeunes acteurs… Et on pense curieusement aux répliques des personnages d’Eric Rohmer avec leurs jeux permanents de séduction. Ici, il y a impeccables: Barthélémy Guillemard (Arlequin) et Lucas Lecointe (Iphicrate), et mention spéciale aux brillantes Marie Lonjaret (Euphrosine) et Lyse Moyroud (Cléanthis). Laurent Cazanave (Trivelin) a, lui, plus de mal à imposer son personnage.
Au moins pour une fois, même s’il y a des ruptures de rythme, la diction est ciselée: on entend remarquablement le texte (on échappe pour une fois aux foutus micros H.F.). La mise en scène de Stephen Szekely reste assez statique en partie à cause d’une scénographie ratée. Pourquoi ces magmas de tissus dépliés au sol et ces voiles dans le fond, qui bloquent un espace déjà limité? Et il aurait pu nous épargner ces médiocres et inutiles chorégraphies au début, et à la fin. On ne comprend très bien ce qu’il a voulu faire dont la note d’intention tient en quelques lignes:  » Chez Marivaux, il n’y a pas de morale. Il y a une sorte d’autopsie des jeux de l’amour, du désir, de la cruauté. Le comique va toujours de pair avec la brutalité des sentiments et la pièce reste impitoyable, quant au destin des personnages. »
A voir? Peut-être si vous n’êtes vraiment pas exigeant et pour retrouver au moins un texte formidable qui s’inscrit dans la longue tradition des couples domestiques/patrons, au théâtre comme au cinéma.  Dans Les Grenouilles d’Aristophane, son esclave Xanthias se moque de Dionysos, descendu aux Enfers sous le déguisement d’Héraclès et dans Amphitryon de Plaute, le valet Sosie se plaint de l’injustice de son sort. Puis il y eut Sganarelle et Dom Juan, Orgon et Dorine, chez Molière…  Et dans Crispin rival de son maître  de Lesage (1707) , un ambitieux valet cherche à s’élever socialement. 
L’Île des esclaves préfigure aussi bien sûr,  les aventures des célèbres Figaro et Almaviva de Beaumarchais dix ans avant la Révolution de 89…. Puis Eugène Labiche (entre autres Edgard et sa bonne.  Et deux siècles, après sur fond d’alcoolisme, Puntilla et son valet Mati de Brecht.
Nous avons connu des mises en scène plus convaincantes de la pièce mais nous aimerions bien revoir ces jeunes acteurs
dans un autre projet. Eux, comme Marivaux… et le public, méritent mieux que ce travail approximatif…

 Philippe du Vignal

Juqu’au 2 juin, Le Lucernaire, 53 rue Notre-Dame-des Champs, Paris (VI ème). T. : 01 45 44 57 34.

Masayo,artiste magicienne japonaise

Masayo, artiste magicienne japonaise

 Elle a commencé à la demande de son agent artistique. Jeune, elle était chanteuse mais  son numéro ne marchait pas très bien, alors on lui a suggéré d’y ajouter magie et danse. Masayo voulait réussir comme chanteuse et pensait que la magie n’était pas pour elle car elle était maladroite. Elle a donc refusé mais son agent a insisté. Masayo a donc présenté des tours et, à sa grande surprise, le public a beaucoup apprécié. Elle a alors vu à quel point cet art était merveilleux pour elle et la fascinait. Très jeune, elle a fait ses premiers pas comme magicienne, quand elle a chanté pour des personnalités de la télévision japonaise.

© Masayo

© Masayo

« J’ai été formée par un artiste qui travaillait dans la même agence que moi. Les propriétaires du magasin Magic Land à Tokyo, Ton-san et Mama-san m’ont aussi donné de précieux conseils et m’ont présenté à mon mentor Kazu Katayama. Grâce à eux, une artiste, maladroite et désespérée, a grandi et a été gagnante au concours américain IBM et au vote de popularité du public aux Award 2019).
«Le chemin, dit-elle, n’a pas été facile à cause de ma maladresse. Mais je participe maintenant aux congrès et événements de magie nationaux comme internationaux, à des dîners-spectacles sur des bateaux de croisière et dans les hôtels. Mes spécialités? La magie de scène et d’illusions, la magie de cordes.
Il y a de la technique mais aussi une histoire. Mes thèmes: l’amour et la paix que j’exprime,  et je pense que cela trouve un écho chez le public. Parmi les artistes actuelles, j’adore Tina Lenert mais aussi Kazu Katayama il est aussi incroyable: ses numéros sont minutieusement préparés, élégants et pleins d’amour. »

Selon elle, magie este la meilleure expression artistique pour divertir un public instantanément et elle pense que tous les styles sont uniques, intéressants et complémentaires. Mais que les tours sont  plus attrayants quand on raconte une histoire touchante. « Je perçois souvent des images en écoutant de la musique. D’autres influences viennent aussi de la danse, des œuvres dans les musées et de l’art du verre. Mais aussi de Madonna et d’Ayumi Hamasaki. »

 A un débutant, que conseille-t-elle ? «Tout d’abord, essayez et pratiquez. Trouvez-vous un bon professeur et des amis avec qui partager votre passion. Et continuez toujours à pratiquer. Puis, vous établirez votre propre style  pour arriver l’objectif que vous visez. Et surtout n’ayez jamais peur de l’échec: c’est une opportunité. J’ai eu beaucoup de revers dans mon parcours, mais j’ai continué parce que j’aimais cet art. Même si je suis maladroite, insouciante et honnête, ce qui ne convient pas toujours à ce métier, j’ai réussi à convaincre mes pairs aux États-Unis!
Quant à la magie actuelle, elle pense qu’elle se développe à merveille avec beaucoup de nouveautés, comme les images projetées et l’usage du numérique. « Chaque pays a sa propre culture, unique et fabuleuse, dit-elle, et c’est très bien de s’en servir. «Je suis japonaise et, dans mes spectacles, je suis en kimono et j’espère transmettre notre culture: il y a dans mes tours, des gestes traditionnels japonais. »

 Sébastien Bazou

 Interview réalisée à Dijon, le 29 février.

 

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