Je t’écris de dessous la tente…

 Je t’écris de dessous la tente…

Les Ruches sont des ateliers de théâtre pour jeunes, imaginés il y a déjà plus de vingt-cinq ans par Hervée de Lafond et Jacques Livchine, co-directeurs du Théâtre de l’Unité, d’abord à Saint-Quentin-en-Yvelines, puis à Montbéliard et maintenant à Audincourt (Doubs).
Soit cinquante garçons et filles répartis pour une semaine en huit ateliers de quatre: improvisation, classiques, cascade, grossièretés (Aristophane etc. ), tango, poésie, break-danse… Les stagiaires peuvent choisir un ou plusieurs ateliers.

« Je t’écris de dessous la tente, tandis que meurt ce jour d’été où floraison éblouissante, une canonade éclatante meurt à peine avant d’avoir été. « Pourquoi ces vers de Guillaume Apollinaire affluent à la surface de mon cerveau, un dimanche gris avec pluie persistante: cela réclame de passer la journée auprès de l’âtre. Ces vers viennent de très loin, du temps des premiers amours quand j’aimais dévorer les Lettres à Lou. Ils me reviennent comme certains airs de musique qui s’échappent de notre inconscient. Nous ne sortons pas indemnes de cette semaine entière, immergés dans l’art: cinquante jeunes veulent en découdre, loin des tracas actuels…

©x

©x J. Liivchine, une stagiaire et Hervée de Lafond

Parfois je doute, mais ce dimanche à 19 h 10,  je décrète indispensables à la survie de l’homme, les calories de nourriture spirituelle. Les Ruches, c’est ce voyage. Au bord du Doubs avec ses milliards de tonnes d’eau. J’ai appliqué l’adage: savoir par cœur un poème te rend invulnérable.
J’ai aimé que Boban, pantalons retroussés et coupe de cheveux joyeuse, égrène calmement ces vers de  Blaise Cendrars : “Quand tu aimes, il faut partir… « accompagné par les machines électroniques de Clément. A cette heure, il doit être dans un bla-bla-car pour Marseille et Clara, sans avoir dormi, roule en TGV pour Barcelone.

“Ouvre-nous ces routes brûlantes où l’on l’on meurt plus loin que la mort”. Ce vers d’Antonin Artaud est gravé en moi comme un tatouage que l’on n’effacera jamais. Ils étaient vingt-et-un jeunes:  Adèle, Benoit, Jeanne, Elise, Michaël, Léa, Joachim… et tous les autres: je leur ai donné le secret de l’invulnérabilité. Ce sera leur petit trésor quand, en 2081, ils se souviendront des poèmes de Guillaume Apollinaire, Arthur Rimbaud, Blaise Cendrars, Antonin Artaud… que je porte en moi éternellement.

Jacques Livchine, co-directeur avec Hervée de Lafond, du Théâtre de l’Unité.


Archive pour 7 mai, 2024

Je t’écris de dessous la tente…

 Je t’écris de dessous la tente…

Les Ruches sont des ateliers de théâtre pour jeunes, imaginés il y a déjà plus de vingt-cinq ans par Hervée de Lafond et Jacques Livchine, co-directeurs du Théâtre de l’Unité, d’abord à Saint-Quentin-en-Yvelines, puis à Montbéliard et maintenant à Audincourt (Doubs).
Soit cinquante garçons et filles répartis pour une semaine en huit ateliers de quatre: improvisation, classiques, cascade, grossièretés (Aristophane etc. ), tango, poésie, break-danse… Les stagiaires peuvent choisir un ou plusieurs ateliers.

« Je t’écris de dessous la tente, tandis que meurt ce jour d’été où floraison éblouissante, une canonade éclatante meurt à peine avant d’avoir été. « Pourquoi ces vers de Guillaume Apollinaire affluent à la surface de mon cerveau, un dimanche gris avec pluie persistante: cela réclame de passer la journée auprès de l’âtre. Ces vers viennent de très loin, du temps des premiers amours quand j’aimais dévorer les Lettres à Lou. Ils me reviennent comme certains airs de musique qui s’échappent de notre inconscient. Nous ne sortons pas indemnes de cette semaine entière, immergés dans l’art: cinquante jeunes veulent en découdre, loin des tracas actuels…

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©x J. Liivchine, une stagiaire et Hervée de Lafond

Parfois je doute, mais ce dimanche à 19 h 10,  je décrète indispensables à la survie de l’homme, les calories de nourriture spirituelle. Les Ruches, c’est ce voyage. Au bord du Doubs avec ses milliards de tonnes d’eau. J’ai appliqué l’adage: savoir par cœur un poème te rend invulnérable.
J’ai aimé que Boban, pantalons retroussés et coupe de cheveux joyeuse, égrène calmement ces vers de  Blaise Cendrars : “Quand tu aimes, il faut partir… « accompagné par les machines électroniques de Clément. A cette heure, il doit être dans un bla-bla-car pour Marseille et Clara, sans avoir dormi, roule en TGV pour Barcelone.

“Ouvre-nous ces routes brûlantes où l’on l’on meurt plus loin que la mort”. Ce vers d’Antonin Artaud est gravé en moi comme un tatouage que l’on n’effacera jamais. Ils étaient vingt-et-un jeunes:  Adèle, Benoit, Jeanne, Elise, Michaël, Léa, Joachim… et tous les autres: je leur ai donné le secret de l’invulnérabilité. Ce sera leur petit trésor quand, en 2081, ils se souviendront des poèmes de Guillaume Apollinaire, Arthur Rimbaud, Blaise Cendrars, Antonin Artaud… que je porte en moi éternellement.

Jacques Livchine, co-directeur avec Hervée de Lafond, du Théâtre de l’Unité.

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