Migrations culturelles 2024 à Bordeaux

 

Migrations culturelles 2024 à Bordeaux

 

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« Nous sommes à l’aube du grand soir: ce slogan couvrait les murs de nos universités en mai 1968, dit Guy Lenoir, son directeur. Puisse le ciel ne pas nous tomber sur la tête en ce mai 2024! Face aux bouleversements du monde, l’art est essentiel. Au cœur de l’éducation, de l’enseignement, de la vie sociale, dans nos musées, sur nos murs, il révèle le sens de la vie, offre les voies de sa compréhension et prend part au débat citoyen, avec l’écrit, la danse, le théâtre avec les compagnies: Atelier 14, Fabre-Senou, Dernier Strapontin, Lullaby, Mata-Malam, Migr’Arts, Résonance-Perrine Fifadji, Tombés du Ciel, Carole Oliver & Cie. Association Pas Sage mais aussi la musique, les arts visuels… La chance d’MC2a est de les réunir et les fédérer. »

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Le jeudi 16 mai, de 9 h à 16 h 30 à l’université Bordeaux-Montaigne, une journée organisée par Rafael Lucas et Yamna Chadli, autour du dramaturge burkinabé Mady Sanfo.Artiste en résidence du Ministère de la Culture et accueilli par l’association MC2a  et la Villa Valmont, pour la première fois en France, il rencontre artistes, enseignants, chercheurs et acteurs culturels de Bordeaux et de Nouvelle-Aquitaine, pour partager son expérience et élargir sa dramaturgie. Son travail de théâtre éducatif auprès de la jeunesse et son œuvre écrite en français mais au rythme du mooré,  suscitent nombre de questions autour des oralités francophones.

Une semaine plus tard, le 23 mai, aura lieu  la Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition, avec Mémoires en cinq actes, square Toussaint Louverture, une cérémonie suivie  de Mémoire et rituel, une traversée de la Garonne à bord du Marco Polo avec La Poétique de la cale  par Fabienne Kanor. Puis à 13h 30,  Traces aux Vivres de l’Art, un banquet municipal  et du théâtre avec  Lieu de mémoires par la compagnie du dernier Strapontin. Et à 17 h, des performances: Appels à la résistance et à l’apaisement aux Vivres de l’Art et enfin, Réparation et réconciliations.

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Comme chaque année, le musée d’Aquitaine se mobilise et le jeudi 16 mai, aura lieu un arpentage littéraire avec Isabelle Kanor sur La Rue Case-Nègres de Joseph Zobel, un des classiques de la littérature antillaise, Elle fera résonner récits individuels et collectifs autour de l’identification à la mémoire de l’esclavage et sa représentation à l’aune de nos vécus actuels. Une proposition de l’Institut des Afriques, en collaboration avec le Cercle de lectures afro-caribéennes à Bordeaux, sur inscription: contact@institutdesafriques.org
Le vendredi 17 mai dès 11h, l’association Cacm Évents  Culture Des Arts Créoles et Le Monde Events organisent une journée au musée avec présentation du travail de l’association mémorielle CM98 (Comité Marche du 23 Mai 1998) sur la recherche des noms de tous les esclaves des dernières colonies françaises, affranchis par le décret d’abolition. Emmanuel Gordien, président de l’association témoignera aussi de sa propre histoire familiale. Et  le Ballet créole d’Aquitaine dansera biguine, mazouk, valse créole et chouval bwa de la Martinique…

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Côté arts plastiques, entre autres, à la galerie Art’gentiers, 24 rue des Argentiers, jusqu’au 15 juin, Bâtarde entre les racines  et le ciel, une exposition de l’artiste associée Barbara Asei Dantoni. » Elle peint, dit Maéva Cence,  comme on tisse et transforme l’altérité en osmose. Ses racines polychromes donnent naissance à des œuvres, à des êtres parés de milles couleurs. L’œuvre reçoit et condense une mémoire séculaire héritée de tous les continents.
Cela me parle-t-il de l’Afrique, de l’Amérique du Sud, est-ce rattaché à des croyances d’une tribu autochtone indienne, un motif aborigène ? Peu m’importe. Un paysage, une composition florale, une représentation anthropomorphe, c’est tout cela à la fois.» 

Et Floraisons, une exposition de  Clotaire Lehoux, avec la galerie Neilag et la villa Primrose du 13 au 19 mai à l’occasion de la quinzième édition du challenger BNP Paribas Primrose, un des événements sportifs exceptionnels de la région. La galerie Neilag s’y associe pour présenter cette exposition hors les murs dans des villages partenaires où trois artistes célèbreront le Printemps, sur le thème de la nature en mouvement. (news@neilag.art, Galerie Neilag, 128 rue du docteur Albert Barraud,  Bordeaux.)
Enfin un Focus de mai,  à la galerie de l’annexe b, ateliers d’artistes de la ville de Bordeaux, avec Carmen Herrera Nolorve, du 23  au 31 mai:  Femme fractale + travail en cours. Un projet résidence EAC ville de Bordeaux et une exposition dans le cadre de la fête de l’Estampe contemporaine.

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Migrations culturelles est devenu un des événements les plus importants de la vie culturelle à Bordeaux. Depuis une vingtaine d’années et à la suite du célèbre festival Sigma aujourd’hui disparu auquel la vie culturelle doit beaucoup. Une occasion de saluer son fondateur et directeur Roger Lafosse, mort il y a treize ans. Grand amateur de jazz, il avait lancé en novembre 65, la Semaine Sigma » un festival pluridisciplinaire qui s’imposa vite et internationalement. Avec des inconnus ou peu connus à l’époque, comme, excusez du peu: Miles Davis, Dizzy Gillepsie, Thelonious Monk, Ornette Coleman, Keith Jarrett! Les Pink Floyd en 1969, Et le Living Theater de Judith Malina et Julian Beck , puis le Grand Magic Circus de Jérôme Savary, la  Fura del Baus espagnole vers 1980 et le cirque Aligre avec Bartabas, Le Bred and Puppet et ses marionnettes géantes, The Playhouse of the Ridiculous de John Vaccaro, Jerzy Grotowsky, Guénolé Azerthiope, Roland Topor…  L’Odin Teatret d’Eugenio Barba et Jan Fabre… il y a déjà quarante ans. Roger Lafosse fit aussi appel à de jeunes metteurs en scène bordelais comme Guy Lenoir…
Et aux compositeurs John Cage,Pierre Boulez, Edgar Varèse, Pierre Henry, Iannis Xénakis, Albert Ayler et son free-jazz.  Mais aussi à Jean-Jacques Lebel, Ben avec leurs happenings ou actions loufoques dans la rue. Et aux jeunes chorégraphes et danseuses américaines Trisha Brown, Carolyn Carlson et aux  Français, entre autres, Angelin Preljocaj, Régine Chopinot
… Ce diable d’homme qui fit découvrir Jacques Higelin, Bernard Lavilliers, Catherine Ribeiro. Et c’est à Sigma que débuta aussi le fameux Royal de Luxe avec du théâtre gratuit et en plein air…
Des spectacles que  nous avons  vus pour la plupart et avec émerveillement. Et côté cinéma, de jeunes réalisateurs Jacques Rivette, Kenneth Anger, Philippe Garrel, Christian Boltanski … L
‘an prochain, Bordeaux fêtera la naissance il y a soixante ans de ce festival. Depuis  la vie culturelle de la capitale du Sud-Ouest a bien changé et le doit beaucoup à Sigma.
Elle compte de nombreux musées dont celui des compagnons du Tour de France peu connu mais très intéressant, un Fond Régional d’Art Contemporain, des galeries, et des festivals de théâtre et danse comme, entre autres, le FAB, mais aussi de musique et de cinéma.
La commémoration de l’abolition de l’esclavage qui devait avoir lieu aujourd’hui, a été reportée au 23 mai par Pierre Hurmic, maire de Bordeaux. Gouverner, c’est prévoir ! Bingo! A l’heure et au jour….  où passera la flamme olympique! Les sportifs sélectionnés par Bordeaux-Métropole, les Villes de Bordeaux, Libourne et Saint-Émilion:  Justine Dupont,  championne bordelaise de surf, Omar Remichi, danseur et entraîneur de breaking,
Lou Mechiche, para-surfeuse et elle aussi championne du monde, et Béatrice Aoustin, para-athlète,  quadruple championne de France en titre de sport adapté. A Saint-Émilion dès 8 h 30,puis vers  le Bouscat, et ensuite à travers Libourne. La Flamme arrivera à Lormont, puis traversera le prestigieux Château Cheval Blanc, les villes de Mérignac et Pessac.
Après une halte significative à la plaine sportive des Dagueys, la flamme entrera à Bordeaux à 17 h et après être passée dans  les rues historiques, son parcours finira trois heures plus tard avec une grand concert sur la place des Quinconces. Deux flammes pour le prix d’une, embouteillages compris, que demande le peuple? nous a soufflé une artiste bordelaise…

Philippe du Vignal

Contact des Migrations culturelles: 06 15 06 57 18.

 


Archive pour 10 mai, 2024

Naïs de Marcel Pagnol, mise en scène de Thierry Harcourt

Naïs de Marcel Pagnol, mise en scène de Thierry Harcourt

A l’origine,un film réalisé par Raymond Leboursier et Marcel Pagnol (1945) d’après Naïs Micoulin, une nouvelle d’Emile Zola, grand ami de Paul Cézanne depuis le lycée à Aix-en-Provence et qui connaissait bien le milieu paysan.
Toine, un pauvre ouvrier de ferme bossu, aime, en secret et sans espoir, la belle et très jeune Naïs, la fille unique de Micoulin, le vieux métayer de la propriété au bord la Méditerranéen, de Rostand, avoué (officier ministériel et auxiliaire de justice, une profession disparue en 2012) à Aix-en-Provence. Micoulin est veuf et a décidé de garder sa fille pour toujours avec lui et n’hésite pas à la battre sauvagement.

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Bien sûr, Naïs va tomber amoureuse… du jeune et beau  Frédéric Rostand, le fils de cette famille aisée. Il a vingt ans et fait son droit pour devenir avocat. Avec sa famille, il vit l’été dans la propriété familiale et ils feront l’amour en secret la nuit dans le jardin.  Mais Micoulin les a vus et, fou furieux, veut tuer Frédéric et sa mère, puis Anaïs, avant de se suicider. Il se réfugiera dans une cabane sur la falaise et prépare alors ce qui devrait apparaître comme un accident. Toine avait prévenu Anaïs mais on entend une explosion… Micoulin est mort, écrasé par des tonnes de pierre. En guise d’oraison funèbre, Toine dira seulement : «On ne va pas aller le déterrer, pour ensuite l’enterrer. »
Frédéric, éloigné d’Aix par sa mère, ira finir ses études de droit à Paris. Toine  remplacera Micoulin chez les Rostand qui prendront Anaïs comme femme de chambre à Aix-en-Provence. Dans la nouvelle d’ Emile Zola, la fin est plus triste et Naïs, qui a vieilli, épousera Toine. Comme chez Marivaux, il existe des dérapages amoureux entre jeunes gens issus une classe sociale dite supérieure, et les domestiques mais c’est sans issue… Ici, il y la même cruauté et une violence d’abord physique du père envers sa fille mais aussi morale. Naïs, fascinée par ce beau jeune homme de la grande bourgeoisie aixoise, reste lucide et voit bien que cette passion d’une bel été est finie à tout jamais, qu’elle a été bonne pour les vacances mais pas plus et que Frédéric ne vivra jamais avec elle… Emile Zola fait dire à ce jeune homme cynique qu’elle était un « déjeuner de soleil », tout en finissant sa côtelette!

Thierry Harcourt, dit-il, a situé l’action dans les années soixante-dix: après tout pourquoi pas, même si cela ne se voit pas. Mais il réussit très habilement à recréer l’univers de Pagnol sur ce petit plateau. Aucun décor qu’une chaise-escabeau en bois verni et un filet de pêche; en fond de scène et de chaque côté, des pendrillons noirs. Le metteur en scène dirige parfaitement ses interprètes qui sont tous crédibles et ne perdent jamais leur accent en route: «L’accent ne constitue pas, chez Pagnol, un accessoire pittoresque, une note de couleur locale, disait André Bazin, très bon critique de cinéma, il est consubstantiel au texte et, par là, aux personnages. L’accent est la matière même de leur langage, son réalisme. » 

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Mention spéciale à Arthur Cachia (Toine) et à Marie Wauquier (Naïs) exceptionnels et vraiment émouvants, comme Patrick Zard (Micoulin). La pièce-qui n’en est pas vraiment une- a un peu de mal à s’installer avec les six personnages qui circulent sans arrêt et après la mort du père Micoulin, elle n’a plus tout à fait la même force.
Mais entre temps, quels dialogues, quelle intelligence dramaturgique ! Oui, Marcel Pagnol est vraiment un grand écrivain et allez-y, vous serez surpris par cette langue qui sonne profondément juste et osons les mots qui fâchent: c’est un théâtre populaire au meilleur sens du terme. Il faut entendre Toine dire qu’il a compris, petit, qu’il était différent des autres. Sa grand-mère, pour le consoler, lui a chanté une chanson: «Un rêve m’a dit une chose étrange, un secret de Dieu qu’on n’a jamais su. Les petits bossus sont de petits anges qui cachent leurs ailes sous leur pardessus. »
Et dans une mise en scène loin des machins prétentieux vus récemment avec tout un inutile bazar de vidéos, micros H.F., scénographie pesante et inutile, lumières compliquées, fumigènes, jeu dans la salle… Ici rien de cela, et Thierry Harcourt a tout misé sur l’art de l’acteur et sur l’incarnation des personnages : il a eu cent fois raison.
Ce spectacle mériterait d’être joué sur une scène mieux adaptée- ce qui aurait évité un jeu un peu trop souvent face public. Mais on entend bien le texte et les acteurs arrivent à créer une véritable émotion et croyez-nous, cela n’arrive pas tous les jours… Même si vous appréhendez d’aller voir une œuvre peu connue de Marcel Pagnol et si vous craignez que ce soit du vieux théâtre, n’hésitez pas, allez voir Naïs. Du haut de ses quatre-vingt ans, la pièce- et peut-être mieux que sa célèbre trilogie Fanny, Marius, César- reste d’une lucidité et d’une incroyable jeunesse. C’est l’excellente surprise d’un mois de mai jusque-là, un peu fade…

Philippe du Vignal

Jusqu’au 30 juin , Théâtre du Lucernaire, 53 rue Notre-Dame des Champs, Paris (VI ème).

La Condition des soies, festival d’Avignon du 3 au 21 juillet.

Les œuvres complètes d’Emile Zola sont éditées dans la Pléiade (Gallimard).

Le film avec, remarquable: Fernandel et Jacqueline Bouvier, est édité dans La collection Marcel Pagnol.

 


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