Timlideur (une histoire du militantisme) de Grégoire Vauquois
Après avoir été élève au Conservatoire de Montpellier, ce jeune auteur a obtenu une licence d’arts du spectacle à l’université Paul Valéry à Montpellier. Puis il a suivi un cycle d’orientation professionnelle au conservatoire de Rennes et un master 1 d’études théâtrales. Et il a intégré le département:écrivain dramaturge à l’ENSATT. Ce premier texte avait déjà été mis en espace il y a trois ans et pour les cinquante ans de Théâtre Ouvert. Les Nouilles sautées aux légumes ou l’Art perdu de convaincre et Pat Cat Chut et un fanzine (carnaval révolutionnaire) ont été mises en voix. Grégoire Vauquois aussi mis en scène Pat Cat Chut et un fanzine avec le collectif Deux Dents Dehors à Montpellier. Sa dernière pièce Sit Jikaer ou la Peine perdue a reçu l’aide à la création d’Artcena en novembre dernier. Il est aussi bassiste et compositeur dans un groupe de rock lyonnais.
Dans cette « fiction documentaire » (sic), un étudiant voit dans l’écologie, une cause mondiale et rassembleuse qui est pour lui, le grand combat du XXI ème siècle. Pourtant, il ne s’est jamais vraiment engagé pour un motif politique. Mais un matin d’avril, il va se retrouver à la tête de ce qui sera la plus grande opération de désobéissance civile jamais organisée en France.
Les mots: désobéissance civile, avec actions pacifiques et refus de se soumettre à une loi ou un pouvoir jugé contestable, apparaissent en 1866 dans un recueil posthume des écrits de l’Américain Henry David Thoreau, bien qu’il ne le ait pas utilisés. L’éditeur avait attribué le titre La Désobéissance civile, à son essai, Résistance au gouvernement civil (1849) . Thoreau avait refusé de payer une taxe pour financer la guerre contre le Mexique.
Cette fois, on a donc donné au Personnage Principal la mission de bloquer le fonctionnement du Ministère de l’Ecologie en banlieue parisienne pour manifester contre les initiatives prises par le gouvernement français et qui ne vont pas dans le bon sens, si on veut conserver notre planète vivable pour nos enfants et nos petit-enfants. Contre aussi le pouvoir des multinationales comme entre autres la Société Générale, celle qui se permet à Paris de faire attendre plus de quinze jours une nouvelle carte bleue pour en remplacer une volée, comme c’est récemment arrivé à un de nos amis.
Le Personnage principal: « La police ? Les CRS sont trois fois plus nombreux qu’il y a dix minutes. Ils ont envoyé du renfort. . Ils arrivent. De l’activité à côté du parking à vélo. Les CRS entrent par l’arrière. Les activistes restants se mettent à terre et forment une grande chaîne humaine. J’y vais ? Ils sont une centaine, accrochés, prêts à rester, à lutter autant que possible. . J’y vais pas ? (…) Un bataillon de CRS en armure pénètre dans le hall, ça crie, ça donne des ordres. Personnage principal J’y vais pas ? Les CRS sont entrés et sont prêts à déloger tout le monde. Il est dix-neuf heures trente, maintenant, ça suffit. »
La faute à quoi? D’abord à des dialogues assez pauvrets, alternant avec de courts récits, sans que l’on sache vraiment où Grégoire Vauquois, auteur et acteur, veut nous emmener et malgré quelques piques contre Macron, l’attaque politique est faible… Ensuite comme dans un happening, un des acteurs peindra sur le plateau des bandes au blanc d’Espagne… Comprenne qui pourra.
L’auteur semble naviguer à vue et avoir oublié ce qu’on a dû pourtant lui enseigner. Un théâtre d’agit-prop dans un théâtre subventionné par l’Etat français, cela sonne un peu faux, non? Et les comédiens ont bien du mal à donner corps à ce texte gentillet et peu convaincant pendant une heure et demi. Bref, nous sommes restés sur notre faim.
Il existe bien une tradition de théâtre d’agit-prop en France qui a ressurgi pendant l’occupation du Larzac, avec entre autres, Des Moutons pas de dragons, un spectacle en plein air de Georges Bonnaud, un acteur du Théâtre du Soleil.
A Théâtre Ouvert, les copains dans la salle étaient complices et ont applaudi généreusement. Mais bon, il faudrait que ce jeune auteur et metteur en scène change de logiciel, et aille se confronter à un public dans la rue avec un spectacle court et virulent. Où? Quand ? Sur quoi? Comment?
A lui et à ses camarades d’imaginer! Les occasions ne manquent déjà pas: la crise à Radio-France, les méga-bassines, la pollution un peu partout,vles graves émeutes à Nouméa, etc. S’ils manquent d’idées, qu’ils appellent madame Macron à l’Elysée, Gabriel Attal ou madame Rachida Dati, ministre de la Culture.
Le texte est édité chez Tapuscrit/Théâtre Ouvert.