INK direction et chorégraphie de Dimitris Papaioannou
Ink ,direction et chorégraphie de Dimitris Papaioannou
Juste avant et pendant ce spectacle d’une heure cinq, une alarme du Gouvernement pour fait très grave! a retenti sur de nombreux smartphones, sans qu’on puisse les interrompre! Ce happening sonore était un essai en vue des Jeux Olympiques sur le portable de toute personne habitant à proximité de la Seine et aurait pu faire partie du spectacle, en le rendant encore plus sombre.
Dimitris Papaioannou, artiste exceptionnel, crée tous les éléments scéniques de ses œuvres. Sur le plateau, fermé par une bâche noire en demi-cercle, un jet d’eau en forme d’arc retombe en pluie sur un homme habillé de noir (Dimitris Papaioannou). Superbe effet visuel d’une esthétique en noir et blanc qui marquera certainement la mémoire des spectateurs.Nous sommes peut-être dans un cauchemar où chaque matériel sur la scène induit une nouvelle action, comme un bocal sphérique en plastique, une boule à facettes, un lecteur de disques vinyle, une fausse pieuvre… font irruption, induisant une action ou un mouvement qui semblent avoir été trouvés après de longues improvisations.
Une première partie envoûtante : l’eau continue à se répandre quand un homme nu (Šuka Horn) glisse comme un insecte sous de grandes plaques de plastique transparent. L’homme en noir le chasse et finit par le capturer. Un lien ambigu se crée entre ces personnages : le père et son fils, ami, amant, maître, esclave ? À chacun sa vérité. Les interactions physiques entre ces artistes de grande beauté sont un rêve pour les photographes de scène.
La deuxième partie avec d’abord un jeu de lumière sur une boule à facettes et par une autre rouge sur fond noir, est plus anecdotique. De la fausse pieuvre, nait un bébé hyperréaliste puis de faux poissons agitent leur queue sur le plan d’eau. Les personnages vont «goûter » chacun de ces éléments. Puis l’homme en noir se transforme en Monsieur Loyal, responsable d’une farce macabre. Une sorte de cabinet de curiosités apparaît, mais l’effet magique se dilue…
Reste un théâtre d’images d’une rare qualité qu’il faut aller découvrir, si l’on ne connait pas ce chorégraphe grec. Un beau programme sous forme de portefolio est distribué à l’entrée.
Jean Couturier
Jusqu’au 15 mai, Théâtre de la Ville-Sarah Bernhardt, place du Châtelet, Paris (Ier). T. : 01 42 74 22 77.