Héliogabale, l’empereur fou d’Alain Pastor, mise en scène de Pascal Vitiello

Héliogabale, l’empereur fou d’Alain Pastor, mise en scène de Pascal Vitiello 

 Né en 203, ce très jeune empereur romain régna de 218 à 222, sous le nom de Marcus Aurelius Antoninus. Son surnom? Avant d’être empereur grâce aux intrigues de sa grand-mère Julia Maesa,, il avait été nommé à treize ans, grand-prêtre du dieu syrien Élagabal.  Mais il scandalise vite les romains par ses frasques sexuelles, perdit le soutien de l’armée et, après seulement quatre ans de règne, il est assassiné. Caligula qui régna quatre as au siècle précédent, est lui, mieux connu, grâce à la pièce d’Albert Camus…
Héliogabale est totalement sous emprise féminine, celle sa grand-mère, et de sa mère que nous ne verrons pas dans cette pièce. Il enlèvera la grande Vestale Aquilia Severa pour l’épouser et pour que, dit-il, « naissent des enfants divins » mais il ne consomme pas le mariage et s’en séparera. La fin de son règne est rythmée par des orgies avec prostitués et il aurait eu ensuite des «mariages» homosexuels, notamment avec un certain Hiéroclès.
Héliogabale portait des vêtements féminins, voulait être nommé Domina et refusait qu’on l’appelle au masculin. Bref,  une personnalité trans avant la lettre mais assez effroyable. En fait, sa grand-mère Julia Maesa règne et sent bien que les vices de son petit-fils vont le perdre, lui et toute sa famille. Et elle le persuade d’adopter son cousin Alexianus Bassianus, sous le nom de Sévère Alexandre et de l’associer au pouvoir, avec le titre de César. Mais, quand l’armée apprend qu’Héliogabale que le pouvoir rend fou, veut faire tuer ce cousin gênant pour lui, elle va lui être hostile. Héliogabale veut alors faire arrêter les meneurs mais sera tué par la foule qui a envahi le palais impérial…

Il y a longtemps que la courte vie de cet empereur a fasciné peintres, cinéastes et écrivains dont Antonin Artaud avec un texte peu connu, Héliogabale ou l’Anarchiste couronné. « Ce livre envoûtant, le plus construit et le plus documenté des écrits d’Antonin Artaud, est aussi le plus imaginaire, dit Jean-Marie Gustave Le Clézio. Qui n’a pas lu Héliogabale, n’a pas touché le fond même de notre littérature sauvage. » Jean Genet écrivit aussi Héliogabale avec, une pièce inédite (1942) qui vient d’être éditée. Mais la courte vie de ce jeune empereur inspira aussi des romans et La dernière prophétie, une série de bandes dessinée de Gilles Chaillet.
En peinture, Les Roses d’Héliogabale de Sir Lawrence Alma-Tadema, puis Héliogabale, Grand Prêtre du Soleil (1886) de  Simeon Solomon, et enfin plus proche de nous, Heliogabalus (1974) du grand Anselm Kiefer. Le cinéma s’empara aussi très vite de ce mythe avec en 1909, Héliogabale d’André Calmettes. Et deux ans plus tard, Héliogabale ou l’Orgie romaine, sortit un court-métrage de Louis Feuillade.
Comme la musique, Eliogabalo, un opéra de Pier Francesco Cavalli qui fut créé à Venise en 1667. Puis en France, sera jouée une tragédie lyrique de Déodat de Séverac (1874). Et le saxophoniste et compositeur John Zorn écrivit Six litanies for Heliogabalus il y a sept ans seulement.

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Bref, la vie de cet empereur mythique continue à fasciner. Alain Pastor (soixante-six ans) se présente d’abord dans le programme sur papier glacé, et nous ne vous épargnerons rien de cette énumération sans doute essentielle pour lui: « Officier de l’Ordre de Saint-Charles, Officier de l’Ordre du Mérite Culturel, Chevalier de l’Ordre des Grimaldi, Président honoraire de l’Alliance française, le tout à Monaco. Et en France, Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres, Chevalier de l’Ordre des Palmes Académiques.
Et ce dramaturge a obtenu en 97 le premier prix au concours international littéraire Arts et Lettres de France, pour sa première pièce Oedipe meurt ou Echec et mat, présentée la même année au Théâtre de La Lucarne à Bordeaux. En 2002, Héliogabale est édité aux éditions du Losange avec une préface de Pierre Moinot de l’Académie française. Il écrit en 2006 une pièce Pétropolis 1942 ou La dernière nuit de Stefan Zweig publiée la même année chez l’Harmattan. Le Guide Le Petit Fûté Brésil fait mention de l’ouvrage dans sa présentation de la ville de Pétropolis. (sic). En 2018, lecture-spectacle d’Héliogabale, mise en espace par Pascal Vitiello.
Et en 21, est créée au Théâtre Princesse Grace à Monaco dans le cadre de la programmation officielle (sic),  Le Rêve de Mercier avec pour thème, le tragique destin de Françoise-Thérèse de Choiseul-Stainville, princesse de Monaco sous la Terreur. Puis l’année suivante au théâtre de la Contrescarpe à Paris et, en 23, au Théâtre des Variétés de Monaco et à l’Espace Lumen, à Bruxelles. En  24, au cas où cela vous aurait échappé, la création d’Héliogabale eu lieu au même théâtre à Monaco, avec Geneviève Casile, sociétaire honoraire de la Comédie-Française, Mickaël Winum et Bernard Lanneau.  Ouf! Enfin, vous savez tout.

Sur le plateau, un fauteuil pliant en lattes de bois, en guise de trône, deux socles noirs, l’un bas pouvant servir à s’asseoir et l’autre plus haut, avec un flacon et deux tasses en terre cuite. En fond de scène, un écran où défilent des nuages et quand cela commencera à aller mal pour Héliogabale, un vol de corbeaux noirs sous un ciel menaçant, une image vue et revue…  Et au début,  vous reprendrez bien une petite dose de fumigène (la quarantième au compteur au moins depuis début 2024, une véritable épidémie).
«Cette histoire violente et presque sauvage m’a paru non seulement l’affrontement de deux religions et de deux cultures, mais surtout le symbole d’un pouvoir qui finit par se haïr et se détruire lui-même.» dit Pascal Vitiello qui a mis en scène cet opus montrant surtout les rapports difficiles du jeune empereur-presque tout le temps en scène-avec sa grand-mère, redoutable manipulatrice mais aussi avec Comazon, le préfet de Rome au double jeu…
Pour le réalisateur, lumières, création vidéo et environnement sonore, mise en scène épurée, ponctuent le spectacle. Mais il n’y a pas de rythme, les lumières surlignent trop souvent le texte et la direction d’acteurs est approximative et sans guère d’unité.  Geneviève Casile (La Grand-Mère), Michaël Winum (Héliogabale) et Gérard Rouzier (le Préfet de Rome) font le boulot et ont heureusement tous une excellente diction. Pourtant,  rien à faire, aucune émotion ne surgit de ce texte aux dialogues bavards et ennuyeux, avec parfois même des cacophonies (voir plus bas) , sans aucune dramaturgie efficace et qui ronronne une heure et demi durant… Les courtes scènes, la plupart à deux personnages, se succèdent mais ne sont pas convaincantes!

Que sauver? Sans doute une dizaine de répliques entre la grand-mère,  aussi impitoyable que cynique, et le jeune et imposant Héliogabale et à la fin, le récit de l’horrible fin du jeune empereur. « Héliogabale est mort ! Un soldat l’a frappé d’un coup d’épée, d’autres ont accouru pour s’assurer que c’était fini. Il gisait dans les latrines au milieu de l’urine et des excréments ! Alertés par la rumeur du crime accompli, des hommes se sont approchés du corps, puis tels des fauves se partageant une carcasse, ils l’ont traîné dans les rues de la ville, afin que sur son passage le peuple de Rome conspue son empereur disloqué. Les soldats soutenus par des plébéiens en furie ont voulu le jeter dans une bouche d’égout. Après deux échecs, ils l’ont basculé du pont Aemilius dans les eaux noires du Tibre, près de la Cloaca maxima, où l’on déverse les ordures de la ville. »
Les images vidéo de l’embrasement de Rome sont aussi assez impressionnantes. Mais ce texte d’une heure et demi bien longuette, ne fait pas sens et ne laissera aucun souvenir. Enfin, si cela vous tente, la chose se jouera dans le off au prochain festival d’Avignon. Allez plutôt voir -en priorité- le fameux Repas des Gens, créé en décembre dernier à La Criée à Marseille (voir Théâtre du Blog) et qui se jouera tout le mois au Théâtre des Halles. C’est vraiment fort, et en plus très drôle!

Philippe du Vignal

Spectacle vu le 15 mai au Théâtre La Bruyère, 26 rue La Bruyère, Paris (VIII ème).

Du 29 juin au 21 juillet, Théâtre des Gémeaux, Avignon ( Vaucluse).


Archive pour 17 mai, 2024

Héliogabale, l’empereur fou d’Alain Pastor, mise en scène de Pascal Vitiello

Héliogabale, l’empereur fou d’Alain Pastor, mise en scène de Pascal Vitiello 

 Né en 203, ce très jeune empereur romain régna de 218 à 222, sous le nom de Marcus Aurelius Antoninus. Son surnom? Avant d’être empereur grâce aux intrigues de sa grand-mère Julia Maesa,, il avait été nommé à treize ans, grand-prêtre du dieu syrien Élagabal.  Mais il scandalise vite les romains par ses frasques sexuelles, perdit le soutien de l’armée et, après seulement quatre ans de règne, il est assassiné. Caligula qui régna quatre as au siècle précédent, est lui, mieux connu, grâce à la pièce d’Albert Camus…
Héliogabale est totalement sous emprise féminine, celle sa grand-mère, et de sa mère que nous ne verrons pas dans cette pièce. Il enlèvera la grande Vestale Aquilia Severa pour l’épouser et pour que, dit-il, « naissent des enfants divins » mais il ne consomme pas le mariage et s’en séparera. La fin de son règne est rythmée par des orgies avec prostitués et il aurait eu ensuite des «mariages» homosexuels, notamment avec un certain Hiéroclès.
Héliogabale portait des vêtements féminins, voulait être nommé Domina et refusait qu’on l’appelle au masculin. Bref,  une personnalité trans avant la lettre mais assez effroyable. En fait, sa grand-mère Julia Maesa règne et sent bien que les vices de son petit-fils vont le perdre, lui et toute sa famille. Et elle le persuade d’adopter son cousin Alexianus Bassianus, sous le nom de Sévère Alexandre et de l’associer au pouvoir, avec le titre de César. Mais, quand l’armée apprend qu’Héliogabale que le pouvoir rend fou, veut faire tuer ce cousin gênant pour lui, elle va lui être hostile. Héliogabale veut alors faire arrêter les meneurs mais sera tué par la foule qui a envahi le palais impérial…

Il y a longtemps que la courte vie de cet empereur a fasciné peintres, cinéastes et écrivains dont Antonin Artaud avec un texte peu connu, Héliogabale ou l’Anarchiste couronné. « Ce livre envoûtant, le plus construit et le plus documenté des écrits d’Antonin Artaud, est aussi le plus imaginaire, dit Jean-Marie Gustave Le Clézio. Qui n’a pas lu Héliogabale, n’a pas touché le fond même de notre littérature sauvage. » Jean Genet écrivit aussi Héliogabale avec, une pièce inédite (1942) qui vient d’être éditée. Mais la courte vie de ce jeune empereur inspira aussi des romans et La dernière prophétie, une série de bandes dessinée de Gilles Chaillet.
En peinture, Les Roses d’Héliogabale de Sir Lawrence Alma-Tadema, puis Héliogabale, Grand Prêtre du Soleil (1886) de  Simeon Solomon, et enfin plus proche de nous, Heliogabalus (1974) du grand Anselm Kiefer. Le cinéma s’empara aussi très vite de ce mythe avec en 1909, Héliogabale d’André Calmettes. Et deux ans plus tard, Héliogabale ou l’Orgie romaine, sortit un court-métrage de Louis Feuillade.
Comme la musique, Eliogabalo, un opéra de Pier Francesco Cavalli qui fut créé à Venise en 1667. Puis en France, sera jouée une tragédie lyrique de Déodat de Séverac (1874). Et le saxophoniste et compositeur John Zorn écrivit Six litanies for Heliogabalus il y a sept ans seulement.

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Bref, la vie de cet empereur mythique continue à fasciner. Alain Pastor (soixante-six ans) se présente d’abord dans le programme sur papier glacé, et nous ne vous épargnerons rien de cette énumération sans doute essentielle pour lui: « Officier de l’Ordre de Saint-Charles, Officier de l’Ordre du Mérite Culturel, Chevalier de l’Ordre des Grimaldi, Président honoraire de l’Alliance française, le tout à Monaco. Et en France, Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres, Chevalier de l’Ordre des Palmes Académiques.
Et ce dramaturge a obtenu en 97 le premier prix au concours international littéraire Arts et Lettres de France, pour sa première pièce Oedipe meurt ou Echec et mat, présentée la même année au Théâtre de La Lucarne à Bordeaux. En 2002, Héliogabale est édité aux éditions du Losange avec une préface de Pierre Moinot de l’Académie française. Il écrit en 2006 une pièce Pétropolis 1942 ou La dernière nuit de Stefan Zweig publiée la même année chez l’Harmattan. Le Guide Le Petit Fûté Brésil fait mention de l’ouvrage dans sa présentation de la ville de Pétropolis. (sic). En 2018, lecture-spectacle d’Héliogabale, mise en espace par Pascal Vitiello.
Et en 21, est créée au Théâtre Princesse Grace à Monaco dans le cadre de la programmation officielle (sic),  Le Rêve de Mercier avec pour thème, le tragique destin de Françoise-Thérèse de Choiseul-Stainville, princesse de Monaco sous la Terreur. Puis l’année suivante au théâtre de la Contrescarpe à Paris et, en 23, au Théâtre des Variétés de Monaco et à l’Espace Lumen, à Bruxelles. En  24, au cas où cela vous aurait échappé, la création d’Héliogabale eu lieu au même théâtre à Monaco, avec Geneviève Casile, sociétaire honoraire de la Comédie-Française, Mickaël Winum et Bernard Lanneau.  Ouf! Enfin, vous savez tout.

Sur le plateau, un fauteuil pliant en lattes de bois, en guise de trône, deux socles noirs, l’un bas pouvant servir à s’asseoir et l’autre plus haut, avec un flacon et deux tasses en terre cuite. En fond de scène, un écran où défilent des nuages et quand cela commencera à aller mal pour Héliogabale, un vol de corbeaux noirs sous un ciel menaçant, une image vue et revue…  Et au début,  vous reprendrez bien une petite dose de fumigène (la quarantième au compteur au moins depuis début 2024, une véritable épidémie).
«Cette histoire violente et presque sauvage m’a paru non seulement l’affrontement de deux religions et de deux cultures, mais surtout le symbole d’un pouvoir qui finit par se haïr et se détruire lui-même.» dit Pascal Vitiello qui a mis en scène cet opus montrant surtout les rapports difficiles du jeune empereur-presque tout le temps en scène-avec sa grand-mère, redoutable manipulatrice mais aussi avec Comazon, le préfet de Rome au double jeu…
Pour le réalisateur, lumières, création vidéo et environnement sonore, mise en scène épurée, ponctuent le spectacle. Mais il n’y a pas de rythme, les lumières surlignent trop souvent le texte et la direction d’acteurs est approximative et sans guère d’unité.  Geneviève Casile (La Grand-Mère), Michaël Winum (Héliogabale) et Gérard Rouzier (le Préfet de Rome) font le boulot et ont heureusement tous une excellente diction. Pourtant,  rien à faire, aucune émotion ne surgit de ce texte aux dialogues bavards et ennuyeux, avec parfois même des cacophonies (voir plus bas) , sans aucune dramaturgie efficace et qui ronronne une heure et demi durant… Les courtes scènes, la plupart à deux personnages, se succèdent mais ne sont pas convaincantes!

Que sauver? Sans doute une dizaine de répliques entre la grand-mère,  aussi impitoyable que cynique, et le jeune et imposant Héliogabale et à la fin, le récit de l’horrible fin du jeune empereur. « Héliogabale est mort ! Un soldat l’a frappé d’un coup d’épée, d’autres ont accouru pour s’assurer que c’était fini. Il gisait dans les latrines au milieu de l’urine et des excréments ! Alertés par la rumeur du crime accompli, des hommes se sont approchés du corps, puis tels des fauves se partageant une carcasse, ils l’ont traîné dans les rues de la ville, afin que sur son passage le peuple de Rome conspue son empereur disloqué. Les soldats soutenus par des plébéiens en furie ont voulu le jeter dans une bouche d’égout. Après deux échecs, ils l’ont basculé du pont Aemilius dans les eaux noires du Tibre, près de la Cloaca maxima, où l’on déverse les ordures de la ville. »
Les images vidéo de l’embrasement de Rome sont aussi assez impressionnantes. Mais ce texte d’une heure et demi bien longuette, ne fait pas sens et ne laissera aucun souvenir. Enfin, si cela vous tente, la chose se jouera dans le off au prochain festival d’Avignon. Allez plutôt voir -en priorité- le fameux Repas des Gens, créé en décembre dernier à La Criée à Marseille (voir Théâtre du Blog) et qui se jouera tout le mois au Théâtre des Halles. C’est vraiment fort, et en plus très drôle!

Philippe du Vignal

Spectacle vu le 15 mai au Théâtre La Bruyère, 26 rue La Bruyère, Paris (VIII ème).

Du 29 juin au 21 juillet, Théâtre des Gémeaux, Avignon ( Vaucluse).

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