Tous les marins sont des chanteurs, mise en scène de François Morel

Tous les marins sont des chanteurs, mise en scène de François Morel

D’abord remarquable acteur chez Macha Makeieff et Jérôme Deschamps notamment dans Lapin-Chasseur, leur spectacle culte, puis metteur en scène et chroniqueur à France-Inter, François Morel est aussi-cela fait déjà vingt ans- devenu chanteur. Ici, il met en scèn et interprète les chansons d’Yves-Marie Le Guilvinec-de son vrai nom Yves-Marie Le Corre.
Né en 1870 à Trigavou, près de Dinan, cet auteur-compositeur et interprète, dernier-né d’une famille de neuf enfants, sera le seul à faire des études: il entre au petit séminaire à neuf ans mais son père avait besoin de lui pour travailler. D’abord mousse, puis matelot, il ira pêcher à Terre-Neuve à bord du chalutier L’audacieux. Mais il mourra en mer à trente ans. Il écrivit des dizaines de chansons écrites aussi connues en son temps que celles de Théodore Botrel, son concurrent,  né deux ans avant lui.

 

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Dans un magazine trouvé dans un vide-greniers, François Morel découvre les chansons de ce marin breton, Yves-Marie Le Guilvinec, disparu en mer en 1900. Et avec Gérard Mordillat pour la biographie et Romain Lemire, remarquable dans le rôle d’un conférencier un peu paumé mais qui sait malgré tout où il va quand il raconte la vie de ce marin-poète et chanteur…
Avec Antoine Sahler, François Morel a adapté et réarrangé une quinzaine de ces chansons disparues qu’il chante  avec gourmandise  dont la bien connue : « Je n’irai pas à la morue, mon capitaine, mon capitaine, je n’irai pas à la morue sans avoir embrassé Lulu… » avec Antoine Sahler (guitare, clavier, accordéon, trompette, chœur), Amos Mah  (violoncelle, guitare, chœur), Muriel Gastebois  (percussions, chœur). Rejoints à la fin par quatorze filles et trois garçons, tous en maillot blanc rayé de bleu, dirigés par le chef de cette chorale d’Asnières.

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C’est un vrai plaisir d’entendre ces chansons moins connues Mais tout à fait savoureuses, que celle de son concurrent Théodore Botrel mort lui en 1925 et qui a piqué sans scrupule sa mémorable Paimpolaise sur la fameuse Cancalaise d’Yves Le Gilvinec, comme le montre François Morel.
Et il y a de belles et anciennes photos en noir et blanc de bateaux de pêche à voile, projetées sur une voile de bateau…
Le spectacle a déjà été beaucoup joué et ceci explique peut-être cela : la mise en scène flotte un peu et a perdu quelques boulons en route: la balance entre accompagnement musical et voix au micro H. F.  assez médiocre, nuit à l’interprétation de François Morel.
Et surtout vers la fin, le spectacle manque de rythme.A ces réserves près, le spectacle mérite d’être vu mais les places sont de 52 à 30 € !

Philippe du Vignal

 Jusqu’au 2 juin, La Scala, 13 boulevard de Strasbourg, Paris (X ème). T. : 01 40 03 44 30.

 


Archive pour 20 mai, 2024

Les Vagues, d’après le roman de Virginia Woolf, mise en scène et scénographie d’Élise Vigneron

Les Vagues, d’après le roman de Virginia Woolf, mise en scène et scénographie d’Élise Vigneron

©Damien Bourletsis

©Damien Bourletsis

Dans un paysage brumeux, oscille un ballon blanchâtre et des voix disent le jour qui se lève sur la mer, la marée, le bruit du ressac. Puis la boule s’écrase en mille éclats de glace. La lumière se fait sur une vitrine où les comédiens vont prendre des pantins de glace translucides qu’ils vont manipuler avec des fils jusqu’à ce qu’ils fondent sous le feu des projecteurs, réduits à des squelettes de métal échoués dans l’eau.
Publié en 1931, le texte d’abord traduit par Marguerite Yourcenar en 37, fut retraduit en 93 par Cécile Wajsbrot. Virginia Woolf qualifiait Les Vagues, de “Play Poem (Poème à jouer), une prose impressionniste où s’entremêlent les monologues de Louis (Loïc Carcassès), Bernard (Thomas Cordeiro), Susan (Zoé Lizot) Jinny (Azusa Takeuchi) et Rhoda (Chloée Sanchez) interrompus par neuf brefs interludes à la troisième personne par cette dernière. A travers leurs mots, on entend l’adieu à l’enfance qui va, avec le temps qui passe, se dissoudre dans l’âge adulte, comme le symbolise la métamorphose de ces fragiles marionnettes à taille humaine et réalistes.

© Damien Bourletsis

© Damien Bourletsis

D’un bel effet esthétique, les poupées évanescentes accaparent toute l’attention des cinq comédiens-manipulateurs mais on a du mal à saisir le sens du texte. L’unique action se concentre sur la manipulation, en dehors de la beauté plastique, du dispositif scénographique,des lumières réverbérées sur l’eau qui goutte quand la glace fond.
Qui n’a pas lu Les Vagues ne trouve dans ces bribes de récit, aucun élément auquel se raccrocher : on peut y lire l’éphémère de nos existences: «Je suis si frappée par le transitoire de la vie humaine que, souvent, je prononce un adieu (après avoir diné avec Roger, par exemple) ou suppute combien de fois encore je reverrai Nessa.», écrit Virginia Woolf dans son Journal (1915-1941).
Elise Vigneron fait ici une œuvre plastique, plus que de théâtre, en nous laissant pressentir dans la magnifique image finale : un sinistre troupeau d’oiseaux posé sur l’eau -la dissolution définitive de l’autrice avalée par la mer: « Par instants, je ne me connais pas moi-même je ne sais plus comment nommer, mesurer et totaliser les atomes qui me composent. » dit Rhoda, dans Les Vagues.

 Mireille Davidovici

 Jusqu’au 26 mai, Théâtre de la Tempête, route du Champ de manœuvre, Cartoucherie, de Vincennes. Métro : Château de Vincennes+navette gratuite. T. : 01 43 28 36 36.

 Les 10 et 11 octobre, Manifest, Amiens (Somme).

Les 8 novembre) Les Salins, Martigues (Bouches-du-Rhône) ; le 15 novembre Théâtre la Passerelle, Gap (Hautes-Alpes); le 19 novembre Scène 55, Mougins et les 22 et 23 novembre, Théâtre de Nice (Alpes-Maritimes). Les 27 et 28 novembre, Théâtre du Bois de l’Aune, Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône).

 Du 6 au 31 janvier 2025, NY Festival Under the radar,Chicago (Etats-Unis).

Les 25, 26 et 27 mars 2025, Théâtre de l’Union, Limoges (Haute-Vienne) .

 

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