Les Vagues, d’après le roman de Virginia Woolf, mise en scène et scénographie d’Élise Vigneron
Les Vagues, d’après le roman de Virginia Woolf, mise en scène et scénographie d’Élise Vigneron
Dans un paysage brumeux, oscille un ballon blanchâtre et des voix disent le jour qui se lève sur la mer, la marée, le bruit du ressac. Puis la boule s’écrase en mille éclats de glace. La lumière se fait sur une vitrine où les comédiens vont prendre des pantins de glace translucides qu’ils vont manipuler avec des fils jusqu’à ce qu’ils fondent sous le feu des projecteurs, réduits à des squelettes de métal échoués dans l’eau.
Publié en 1931, le texte d’abord traduit par Marguerite Yourcenar en 37, fut retraduit en 93 par Cécile Wajsbrot. Virginia Woolf qualifiait Les Vagues, de “Play Poem (Poème à jouer), une prose impressionniste où s’entremêlent les monologues de Louis (Loïc Carcassès), Bernard (Thomas Cordeiro), Susan (Zoé Lizot) Jinny (Azusa Takeuchi) et Rhoda (Chloée Sanchez) interrompus par neuf brefs interludes à la troisième personne par cette dernière. A travers leurs mots, on entend l’adieu à l’enfance qui va, avec le temps qui passe, se dissoudre dans l’âge adulte, comme le symbolise la métamorphose de ces fragiles marionnettes à taille humaine et réalistes.
D’un bel effet esthétique, les poupées évanescentes accaparent toute l’attention des cinq comédiens-manipulateurs mais on a du mal à saisir le sens du texte. L’unique action se concentre sur la manipulation, en dehors de la beauté plastique, du dispositif scénographique,des lumières réverbérées sur l’eau qui goutte quand la glace fond.
Qui n’a pas lu Les Vagues ne trouve dans ces bribes de récit, aucun élément auquel se raccrocher : on peut y lire l’éphémère de nos existences: «Je suis si frappée par le transitoire de la vie humaine que, souvent, je prononce un adieu (après avoir diné avec Roger, par exemple) ou suppute combien de fois encore je reverrai Nessa.», écrit Virginia Woolf dans son Journal (1915-1941).
Elise Vigneron fait ici une œuvre plastique, plus que de théâtre, en nous laissant pressentir dans la magnifique image finale : un sinistre troupeau d’oiseaux posé sur l’eau -la dissolution définitive de l’autrice avalée par la mer: « Par instants, je ne me connais pas moi-même je ne sais plus comment nommer, mesurer et totaliser les atomes qui me composent. » dit Rhoda, dans Les Vagues.
Mireille Davidovici
Jusqu’au 26 mai, Théâtre de la Tempête, route du Champ de manœuvre, Cartoucherie, de Vincennes. Métro : Château de Vincennes+navette gratuite. T. : 01 43 28 36 36.
Les 10 et 11 octobre, Manifest, Amiens (Somme).
Les 8 novembre) Les Salins, Martigues (Bouches-du-Rhône) ; le 15 novembre Théâtre la Passerelle, Gap (Hautes-Alpes); le 19 novembre Scène 55, Mougins et les 22 et 23 novembre, Théâtre de Nice (Alpes-Maritimes). Les 27 et 28 novembre, Théâtre du Bois de l’Aune, Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône).
Du 6 au 31 janvier 2025, NY Festival Under the radar,Chicago (Etats-Unis).
Les 25, 26 et 27 mars 2025, Théâtre de l’Union, Limoges (Haute-Vienne) .