Fermetures, fermetures….

Fermetures, fermetures….

Les baisses ou fins des subventions dans le domaine culturel, un phénomène qui devient de plus en plus fréquent et qui s’aggrave; le 14 mai dernier, les services de la formation professionnelle en Région Normandie ont annoncé l’arrêt du financement (après vingt-quatre ans!) du dispositif innovant d’enseignement: comédiens-stagiaires créé en 2001 par la Cité-Théâtre à Caen, dirigée par Olivier Lopez. Un triste événement qui risque de faire tache d’huile….

©x L'Avare mise en scène d'Olivier Lopez avec certains des jeunes acteurs stagiaires

©x L’Avare mise en scène d’Olivier Lopez avec certains des jeunes acteurs stagiaires


Pourtant 92 % de ces jeunes acteurs bénéficient d’un revenu régulier dans la profession. En relation avec les structures culturelles et les compagnies locales, cette formation a aussi contribué à renouveler le paysage artistique en Normandie. Mais elle
n’est visiblement plus maintenant une priorité.  « Sa disparition est une mauvaise nouvelle pour la jeunesse et pour le théâtre en région, dit Olivier Lopez, nous redoutons que cela arrive à Paris, Rennes, Lille, Strasbourg… »
Ce désengagement de la Région Normandie représente une baisse de recette équivalente à 372.780 euros sur trente mois pour la Cité-Théâtre et cela annonce une baisse d’activité majeure qui influera sur les emplois permanents et intermittents. Olivier Lopez réfléchit donc à la possibilité de fermer définitivement le théâtre. Il ne faut jamais oublier que le théâtre en France, c’est majoritairement de petits théâtres qui font souvent comme la Cité-Théâtre un travail remarquable, et c’est ce maillage du territoire qui, depuis l’ère Malraux,  a permis la naissance des grandes compagnies théâtrales. Qu’en pensent Aurore Fattier, la nouvelle directrice de la Comédie de Caen et Rachida Dati, ministre de la Culture?

Philippe du Vignal

La Cité-Théâtre,  28 rue de Bretagne, 14000 Caen . T. : 02 31 93 30 40. L’assemblée générale de la Cité- Théâtre aura lieu mercredi 22 mai à 19 h 30.
contact(a)lacitetheatre.org


Archive pour 21 mai, 2024

Explosif d’Elise Wilk, traduction d’Alexandra Lazarescou, mise en scène de Lisa Wurmser

Explosif d’Elise Wilk, traduction d’Alexandra Lazarescou, mise en scène de Lisa Wurmser

Le texte de cette dramaturge roumaine, inspiré des Bacchantes d’Euripide, est une sorte de fable-chronique dans un établissement scolaire. « La presse à scandale dirait que c’est une «école de riches». Le Proviseur dirait que c’est un lycée «d’élite». La Fille Dépressive dirait que c’est un lycée «super merdique». Denis dirait que c’est un lycée «assez cool». La Femme de ménage (Valérie Haltebourg) n’en dirait rien. Trop occupée à savoir ce que les autres en disent.  »
Agavé dans la pièce d’Euripide, elle raconte qu’elle voit tout mais ne dit rien de ce qui se passe. Il y a aussi un proviseur sérieux et assez imbu de lui-même, une psychologue, mère d’un élève, et des jeunes filles fascinées qui vont vite tomber amoureuses du jeune et beau Denis, intelligent mais incapable de se plier à une discipline. Il arrive dans ce lycée, auréolé de la gloire d’avoir été expulsé d’un autre établissement…

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©x Matisse Humbert

Il a quelque chose à voir, déjà par son prénom, avec le Dionysos des Bacchantes et se révélera dominateur et manipulera ses camarades garçons et filles comme Penthée, le délégué de classe. et tiendra facilement tête au proviseur. Denis (imposant Matisse Humbert) sait déjà parfaitement ce que veulent dire les rapports de pouvoir dans la société et comment les négocier… Un pétard a éclaté dans une salle de classe et malgré les menaces du proviseur, aucun des lycéens, ici trois filles et trois garçons ne veut se dénoncer. En filigrane, la tragédie menace et le bon élève appliqué, fils de la psychologue scolaire, un «garçon triste», (Penthée chez Euripide) se suicidera. La pièce d’Elise Wilk, c’est là un de ses défauts mais aussi une de ses qualités, part un peu dans tous les sens, avec de courtes séquences sur le harcèlement scolaire et la vie de ces jeunes gens, leurs amours et leurs conflits…

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Les unes ici dialoguées, et les autres, bien dansées et bien chantées. La rencontre avec cette partition théâtrale, a été foudroyante, dit Lisa Wurmser et «sa polyphonie inventive universelle lui confère une portée universelle.» Nous n’avons pas été aussi séduits par ce texte, et le spectacle vaut surtout par une réalisation virtuose où les nombreuses entrées et sorties par une double porte battante à hublots sont impeccablement réglées. Ce n’est pas vraiment la comédie musicale annoncée… mais Elsa Wurmser dirige avec une rare précision Valérie Haltebourg, Matisse Humbert, Pierre Lefebvre Adrien, Charlotte Léonhardt, Gwenael Mettay, Diana Sakalauskaité, Pascal Vannson,  et  au chant, Fantine Baudelot et Chiara Davis, élèves de la maîtrise de l’opéra Grand Avignon. Aucun dérapage, aucune rupture de rythme sur ce grand plateau et même si au soir de cette deuxième représentation, la diction flottait dans quelques passages, il y avait toujours une unité de jeu exceptionnelle. Et c’est toujours un plaisir de voir ces acteurs d’âge différent, tous très crédibles….donner vie à un texte.

Philippe du Vignal

Jusqu’au 2 juin, Théâtre de l’Epée de bois, Cartoucherie de Vincennes, route du Champ de manœuvre. T. : 01 48 08 39 74.
Métro: Château de Vincennes, sortie n° 4 en tête du train +navette gratuite (mais pas toujours ponctuelle). Ou a
utobus 112, arrêt: Cartoucherie; attention zone 3 mais le pass navigo est dézonné les week-ends, jours fériés et vacances scolaires.   

Le Serment d’Opéra, exposition de photos

Le Serment d’Opéra, une exposition de photos au Carré de Baudouin

Des artistes de l’Opéra de Paris présentent leurs photos à l’hôpital Sainte-Anne. Nous avions déjà évoqué l’introduction de l’art vivant dans les structures hospitalières avec les consultations poétiques organisées par le Théâtre de la Ville, pendant, et après la pandémie de covid (voir Théâtre du Blog).
Autre initiative heureuse, une exposition de photos de Frédéric Stucin, produite et financée par l’Académie de l’Opéra national. Cela se passe au Carré de Baudouin, un espace culturel dont
le pavillon a été inscrit à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques dès 1928. Consacré à la création locale, nationale et internationale avec des expositions, événements,  conférences… il est géré par la mairie du XX ème arrondissement de la capitale.

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«Avec ce dispositif, écrit Alberto Velasco, chef de service du pôle 5/6/7 G.H.U. Paris, psychiatrie et neurosciences, que nous avons mis en place avec Myriam Mazouzi, directrice de l’Académie de l’Opéra, ce travail commencé en 21, a eu des résultats surprenants.  L’atelier de danse qui nous réunit toutes les trois semaines, est animé par Antonin Monié et Takeru Coste, du ballet. C’est une interrogation à laquelle le collectif essaye de répondre, avec un élan, une esthétique et une force inédites. La réponse parlée -impossible- s’écrit ici dans l’acte artistique du corps  lui-même et chemin faisant, il trouve une source d’apaisement et jubilation, constants et durables.»

 ̃©Eric Stucin, courtesy galerie Clémentine  de la Feronnière

©Eric Stucin, courtesy galerie Clémentine de la Feronnière

Ces ateliers ont été menés à l’Opéra-Bastille avec patients et soignants. Au dernier étage de l’exposition, un diaporama de photos en noir et blanc prises à vitesse lente pendant ces stages. Les corps apparaissent donc flous et cela permet de capter le mouvement et de préserver l’anonymat. Tranquillement installé sur de gros poufs, on peut entendre un enregistrement des instructions des enseignants et c’est une façon personnelle de revivre ces moments uniques.

Dans une autre grande salle, il y a sur les murs, les photos de ces moments devant un rideau de scène et un tapis de danse où auront lieu plus tard des performances et ateliers. Enfin, au premier étage, des photos en couleur grand format immortalisent la découverte par les patients, du Palais Garnier, entre dorures, tapisseries rouges et marbres de ce lieu mythique. Cette exposition gratuite permet à tous de sortir du cadre figé de l’hôpital-ce qui en psychiatrie est très bénéfique- et mérite d’être vue…

Jean Couturier

 Jusqu’au 21 septembre, Carré de  Baudouin (entrée gratuite) de 11 h à 18 h, 121 rue de Ménilmontant, Paris (XX ème).

 

 

La Cachette de Camille Decourtye, Blaï Mateu Trias et Nicolas Lafourest

La Cachette de Camille Decourtye, Blaï Mateu Trias et Nicolas Lafourest 

Baro d’evel, en langue manouche, pourrait se traduire par : nom de Dieu!  A la fois juron et exclamation d’admiration, ce nom signe le style inclassable de cette compagnie fondée il y a vingt ans par Camille Decourtye et Blaï MateuTrias. Quand on leur demande d’où ils viennent, Blaï répond : « de Catalogne » où ses parents étaient clowns. Et Camille : « de la campagne », la Beauce et d’abord les chevaux avec lesquels elle a grandi.
Ici,
après Bestias, Là, Falaise et Mazùt (voir Le Théâtre du Blog), ils délaissent les animaux vivants ou en effigies pour présenter, avec le guitariste Nicolas Lafourest, un trio musical. Jouant comme d’habitude sur le noir et blanc, une mystérieuse boîte noire trônant sur le plateau nu s’ouvre pour révéler un antre de potier avec des récipients de toute taille et des instruments de musique. Au son lancinant d’un harmonium à soufflet servi par Camille Decourtye, les garçons dégagent tant bien que mal la piste de ses pots, non sans quelques glissades.

© Baro d'Evel

© Baro d’Evel

Puis, place au chant de Camille Decourtye: du blues entonné d’une voix grave et allant facilement vers l’aigu, accompagné à la guitare électrique par Nicolas Lafourest et par les facéties percussives de Blaï Mateu Trias. Il est question d’un lieu loin du bruit et de la fureur du monde, où se cacher, se ressourcer, continuer à créer. Entre deux airs dont un rock endiablé, Camille nous en dévoilera l’histoire et les secrets… Dans les interstices de ce concert, s’insinuent des jeux de scène: de fragiles tracés de craie sur les parois de la boîte noire viennent souligner les voies aléatoires et sinueuses de la création artistique, un étonnant duo acrobatique où, bouche contre bouche, on s’aime et se querelle, sans jamais se lâcher, même tombés au sol.

Baro d’evel a plus d’un tour dans son sac et c’est celui du potier qu’il nous joue en dernier, actionné par Blaï Mate-Trias qui donne forme à un bloc d’argile. Puis il soumettra son œuvre à des métamorphoses burlesques … De cet artisanat qu’il a développé pendant le confinement, il fait un acte théâtral, art par excellence de la transmutation. Baro d’evel n’aura jamais fini de nous étonner, avec un esprit inventif et une manière de faire feu de tout bois avec élégance et humour. Une créativité revigorante avec cette Cachette.

 Mireille Davidovici

Ce spectacle a été joué du 10 au 18 mai, au Théâtre des Bouffes du Nord, 37 bis boulevard de la Chapelle, Paris (X ème). T. : 01 46 07 34 50   www.bouffesdunord.com

 Mazùt, du 22 mai au 7 juin, Théâtre des Bouffes du Nord.

Qui som, Festival d’Avignon, du 3 au 14 juillet, cour du lycée Saint-Joseph.

 

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