La Cachette de Camille Decourtye, Blaï Mateu Trias et Nicolas Lafourest
La Cachette de Camille Decourtye, Blaï Mateu Trias et Nicolas Lafourest
Baro d’evel, en langue manouche, pourrait se traduire par : nom de Dieu! A la fois juron et exclamation d’admiration, ce nom signe le style inclassable de cette compagnie fondée il y a vingt ans par Camille Decourtye et Blaï MateuTrias. Quand on leur demande d’où ils viennent, Blaï répond : « de Catalogne » où ses parents étaient clowns. Et Camille : « de la campagne », la Beauce et d’abord les chevaux avec lesquels elle a grandi.
Ici, après Bestias, Là, Falaise et Mazùt (voir Le Théâtre du Blog), ils délaissent les animaux vivants ou en effigies pour présenter, avec le guitariste Nicolas Lafourest, un trio musical. Jouant comme d’habitude sur le noir et blanc, une mystérieuse boîte noire trônant sur le plateau nu s’ouvre pour révéler un antre de potier avec des récipients de toute taille et des instruments de musique. Au son lancinant d’un harmonium à soufflet servi par Camille Decourtye, les garçons dégagent tant bien que mal la piste de ses pots, non sans quelques glissades.
Puis, place au chant de Camille Decourtye: du blues entonné d’une voix grave et allant facilement vers l’aigu, accompagné à la guitare électrique par Nicolas Lafourest et par les facéties percussives de Blaï Mateu Trias. Il est question d’un lieu loin du bruit et de la fureur du monde, où se cacher, se ressourcer, continuer à créer. Entre deux airs dont un rock endiablé, Camille nous en dévoilera l’histoire et les secrets… Dans les interstices de ce concert, s’insinuent des jeux de scène: de fragiles tracés de craie sur les parois de la boîte noire viennent souligner les voies aléatoires et sinueuses de la création artistique, un étonnant duo acrobatique où, bouche contre bouche, on s’aime et se querelle, sans jamais se lâcher, même tombés au sol.
Baro d’evel a plus d’un tour dans son sac et c’est celui du potier qu’il nous joue en dernier, actionné par Blaï Mate-Trias qui donne forme à un bloc d’argile. Puis il soumettra son œuvre à des métamorphoses burlesques … De cet artisanat qu’il a développé pendant le confinement, il fait un acte théâtral, art par excellence de la transmutation. Baro d’evel n’aura jamais fini de nous étonner, avec un esprit inventif et une manière de faire feu de tout bois avec élégance et humour. Une créativité revigorante avec cette Cachette.
Mireille Davidovici
Ce spectacle a été joué du 10 au 18 mai, au Théâtre des Bouffes du Nord, 37 bis boulevard de la Chapelle, Paris (X ème). T. : 01 46 07 34 50 www.bouffesdunord.com
Mazùt, du 22 mai au 7 juin, Théâtre des Bouffes du Nord.
Qui som, Festival d’Avignon, du 3 au 14 juillet, cour du lycée Saint-Joseph.