A Pougne-Hérisson, Nombril du monde, le Jardin des Histoires fête ses vingt ans
A Pougne-Hérisson, Nombril du monde, le Jardin des Histoires fête ses vingt ans
Il aura fallu le pari fou de quelques habitants de cette commune de trois cents âmes, pour devenir, il y a trente ans, le «Nombril du monde ». Ici légende et réalité ne font qu’un : selon l’histoire, le conteur Yannick Jaulin, ayant cité Pougne-Hérisson dans l’un de ses spectacles, à cause, dit-on, de la consonance du nom, ait rencontré le comité des fêtes qui cherchait un projet pour faire revivre ce village de Gâtine où l’épicerie, les cinq cafés, les deux écoles avaient disparu. Voici donc l’artiste et les Pougnassiens attelés à organiser un festival autour du conte et des arts de la parole.
Quelques années plus tard, une fois le festival bien ancré, grâce à la combativité de son directeur artistique Yannick Jaulin et d’une armée de bénévoles, mais aussi aux subsides des Collectivités locales, un Jardin des Histoires a vu le jour sur un terrain communal. Il fête aujourd’hui ses vingt ans. Lieu public d’initiation à l’imaginaire, il offre au visiteur une vingtaine d’installations plastiques loufoques : de quoi fantasmer.
Dans la Grange de Robert Jarry, forgeron mythique, placé sous le signe de la Gidouille du Père Ubu, une énorme machine extrait à grands fracas d’engrenages, des récits à partir d’un minerai de contes. Dehors, de gigantesques structures métalliques, construites avec des objets de récupération, parsèment le parcours sonorisé. On y trouve un Arbre mort multicolore, une Forêt sans tête, une futaie de troncs sans branches ni feuillage-, un Géant, mangeur de minerai qui grogne au passage.
Ces œuvres ont été créées par la compagnie OpUS (Pascal Rome et Éric Guérin), rejoints par d’autres artistes, scénographes et paysagistes : Laurent Morin pour le Laboratoire d’ombilicologie, Zarco pour les sculptures en ferraille, les frères Diaz pour Le Spoutnik , une sorte de fusée de sept mètres de haut en métal rouillé, Anne Marcel et Vanessa Jousseaume pour Le Rond des sorcières, un tunnel de bois autour des arbres. A partir d’enceintes cachées dans les buissons ou à de micros dans les cabanes, sont chuchotées des histoires aux passants.
Ailleurs, non loin d’une chapelle du XII ème siècle, domaine des hirondelles et attenante à un château en ruines, se trouve un rocher rond, le fameux Nombril du monde et les fouilles de l’Ombilicropole où l’on déterre les vestiges de contes… En Gâtine, on dit toujours qu’il ne se passe “rin“ ! Et pourtant, mis à part un festival biennal, au Nombril du monde, des choses s’inventent toute l’année, main dans la main avec la municipalité. Jusqu’aux rues baptisées de noms évocateurs après votation des habitants. Ainsi, la rue du Trait d’union consacre la réconciliation de Pougne avec Hérisson, ces villages s’étant longtemps regardés en chiens de faïence, malgré leur fusion au XlXe ème siècle. La rue de l’Ecole buissonnière donne dans la venelle trousse-peneuilles, rendez-vous des amoureux…
La devise est ici : « Il faut le croire pour le voir ». Conçu à partir d’une utopie poétique, ce lieu associatif accueille de mai à septembre, la visite quelque 3.000 enfants et 4.000 touristes, pour des parcours contés. A la morte saison, s’ouvrent des résidences d’artistes qui y présentent leurs créations. Ce lieu est animé par des bénévoles et six salariés permanents, sous l’égide d’une direction artistique collégiale : L’ONUuu (Organisation Nombrilaire Utile Unifiée Universelle) qui a pris la suite de Yannick Jaulin. Avec Stéphane et Eric Pelletier, Titus, Anne Marcel et Fred Billy. « Fiers d’avoir su transformer un trou du cul du monde en son nombril.», ils nous reçoivent au Cordon, un bar associatif en dur, construit avec goût et moyens du bord, dans le même esprit surréaliste que l’ensemble. On peut y déguster des crêpes et des produits régionaux, s’y procurer livres de contes, jeux, et « minerai de conte, origine certifiée», un caillou de carbonatite qui brille au soleil, extrait d’une carrière de Gâtine. Ce jardin extraordinaire vaut le détour, en attendant le festival, du 15 au 17 août prochains.
Mireille Davidovici
Le 18 mai, Le Nombril du monde, 7 rue des Merveilles, Pougne-Hérisson (Deux-Sèvres) T. : 05 49 64 19 19. lenombril@nombril.com