June Events Tendre Carcasse, conception et mise en scène d’Arthur Perole

June Events

Tendre Carcasse, conception et mise en scène d’Arthur Perole

Avec ses interprètes Arthur Bateau, Matthis Lainé Silas, Elisabeth Merle et Agathe Saurel, cet artiste explore la place du corps dans la construction des identités. Ils ont entre vingt et trente ans et en rang d’oignon, se présentent par leurs prénoms et un trait physique particulier. Avant qu’il entrent, on aura entendu leurs bavardages… Chacun parlera brièvement sur son âge, ses manies corporelles, ce qu’il ressent en société et au collège, sa puberté et sexualité. Un groupe assez disparate mais uni par la danse.

© Nina-Flore Hernandez

© Nina-Flore Hernandez

D’abord timides, leur gestes s’affirment… Filles et garçons développent leur propre style. Comme des papillons sortant de leur chrysalide, ils quittent leurs sages costumes pour d’autres plus extravagants, (signés Camille Pénager) en phase avec la personnalité qui s’est dévoilée, au fur et à mesure de leurs récits fragmentaires. Fictions ou autofictions, ils ne se privent pas de mentir et s’amusent à raconter leurs amours et amitiés, commentent leur coiffure et maquillage, leurs goûts culinaires ou vestimentaires… Des petits riens ou de grandes questions autour desquels chacun s’est construit. Mais ces papotages se muent bientôt en une danse endiablée quand la musique prend le dessus, et les voilà entrés dans une transe joyeuse, sous les vives lumières d’Anthony Merlaud.

Arthur Pérole, d’abord interprète dans Les Noces d’Angelin Preljocaj et dans Uprising au Junior Ballet d’Hofesh Shechter, puis chez Tatiana Julien, Radhouane El Meddeb, Joanne Leighton… En 2010, il a fondé la compagnie F, installée aujourd’hui à Marseille et il a aussi participé à des projets théâtraux de Vincent Goethals, Wajdi Mouawad… Tendre Carcasse est né d’ateliers pour adolescents dans un collège du Var. Ce qui a donné naissance à la réalisation de Rêve, une série documentaire.
Avec le cinéaste Pascal Catheland, Arthur Perole a capté leurs paroles et gestes  et la façon dont ils imaginent leur place dans le monde. La question du corps est tout de suite apparue essentielle et, dans ce film, ils rêvent d’une évasion qu’ils réalisent en sortant de leur gangue dans une transe libératrice sous les pulsations d’une musique techno. Ils communiquent cette échappée belle sur laquelle Tendre Carcasse est fondée, aux nombreux jeunes et moins jeunes spectateurs… 

 Mireille Davidovici

Spectacle vu le 29 mai au Carreau du Temple, Paris (III ème) , dans le cadre de June Events.

 Du 6 au 16 juillet, On (y) danse aussi l’été aux Hivernales d’Avignon.

Du 8 au 10 octobre, Châteauvallon-Scène Nationale de Toulon ( Var). 

Le 21 janvier, Scène 55, Mougins (Alpes-Maritimes).

Du 7 au 9 mars, Chaillot-Théâtre National de Danse, Paris (XVI ème).

En mars, festival Le Grand Bain-Le Gymnase,  Roubaix (Nord)

Du 14 et 15 mai, Point communs-Scène Nationale de Cergy-Pontoise (Val-d’Oise).

June Events se poursuit jusqu’au 8 juin à l’Atelier de Paris, route du Champ de Manœuvre, Cartoucherie de Vincennes. T. 01 41 74 17 07.

 


Archive pour 4 juin, 2024

Fiesta de Gwendoline Soublin, mise en scène de Fiona Chauvin et Olivier Letellier (à partir de six ans)

Fiesta de Gwendoline Soublin, mise en scène de Fiona Chauvin et Olivier Letellier (à partir de six ans) 

Ce spectacle léger, conçu pour être joué dans les salles de classe ou les préaux devant un jeune public invité à un anniversaire pas comme les autres: Nono attend ses dix ans depuis toujours et voilà enfin le moment venu d’annoncer cela à ses amis : « Ce sera la grande fête, l’immense fête, la gigantesque fiesta !»
Mais patatras! La tempête Marie-Thérèse s’invite aussi. Sur ordre du gouvernement, les enfants sont confinés chez eux; le vent fait trembler les câbles, bouger les voitures, tout s’envole… Alors, depuis l’immeuble en face, les copains de Nono s’interrogent. Parmi les neufs garçons et filles de la joyeuse bande, certains veulent braver le tempête pour faire la fiesta, d’autres, non. On apprendra à la fin pourquoi Nono tient tant à fêter ses dix ans.

© J.L. Fernandez

© J.L. Fernandez

Fiona Chauvin, Luciana Costa-Piallat ou Nina Depays et Azénor Duverran-Lejas (en alternance) donnent corps à ces voix multiples. Installés en cercle autour d’elles, les écoliers font partie du spectacle, sans cesse sollicités pour La Fiesta. Elles sont tour à tour : un garçon timide et zézayant, une pré-ado rêvant d’un amoureux et de bisous… L’une, la tête dans un cadre, singe le ministre décrétant à la télévision, le Tous dedans.
L’autre, lunettes sur le nez, devient Cassiopée, la meilleure amie de Nono. Grimpées sur les bancs, elles brandissent à l’intention de Nono habitant en face, des pancartes où se glissent des slogans rigolos sur les droits des enfants et des femmes…. On chante avec elles, des airs de circonstance et lance des serpentins…

L’écriture alerte de Gwendoline Soublin est sous-tendue par des thèmes plus graves. Marie-Thérèse est là pour rappeler, de manière ludique, le confinement pendant cette épidémie et on apprend bientôt que Nono a été emporté par la maladie… De quoi parler après le spectacle afin de dédramatiser cette fin tragique: les jeunes spectateurs mis en confiance, ne s’en privent pas… Un bel exemple de théâtre participatif,  à l’image des Tréteaux de France-Centre Dramatique National itinérant  qui offre aux jeunes, des spectacles écrits par des auteurs contemporains et jouables partout (voir Théâtre du Blog).

Mireille Davidovici

Spectacle vu le 28 mai à l’école Wattignies, Paris (XII ème), en partenariat avec le Théâtre de la Ville-Sarah Bernhardt.

Les 10 et 11 juillet Maison Jean Vilar, Avignon, dans le cadre des Douze  heures des auteurs d’Arcena.

Les Tréteaux de France-Centre Dramatique National. https://treteauxdefrance.com

Printemps des comédiens à Montpellier (suite) Portrait de famille, Une histoire des Atrides, texte et mise en scène de Jean-François Sivadier

Printemps des comédiens à Montpellier (suite)

Portrait de famille, Une histoire des Atrides, texte et mise en scène de Jean-François Sivadier

Cela se passe sur le grand plateau du théâtre Jean-Claude Carrière où Jean-François Sivadier a mis en scène un texte de lui, avec quatorze jeunes et brillants acteurs, issus de la dernière promotion du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique.
Sur la scène nue, une poudre bleu foncé où brillent comme des éclats de minerai doré. L’auteur et remarquable metteur en scène (voir Théâtre du Blog) va nous raconter d’abord l’histoire d’Iphigénie et de la guerre de Troie où Grecs et Troyens vont s’affronter dix ans.
Artémis, déesse de la chasse,  dit Homère dans L’Iliade, forcera Agamemnon à sacrifier Iphigénie. Il y a là justement dans cette pièce, le célèbre poète qui va raconter comme un reporter, cette guerre. ( Le monde naît, disait Victor Hugo, grand admirateur de L’Iliade et de l’Odyssée mais aussi d’Eschyle), Homère chante. C’est l’oiseau de cette aurore. » « Première année, le 15 mars, je me trouve actuellement face à l’île de Kos, à seulement trois kilomètres du front, au siège du haut commandement où sont centralisées la plupart des informations. Général Cirkos, on peut dire qu’on se trouve ici dans le centre névralgique du conflit ? G. Cirkos : « Affirmatif, c’est ici que se prennent toutes les grandes décisions. Homère : « Vous êtes le bras droit du chef des armées le roi ne prend presque aucune décision sans votre aval. Général, à quelques heures d’un nouvel ultimatum, pouvez-vous nous dire en deux mots votre état d’esprit? » G. Cirkos: « Concentré déterminé. » Homère : « Prenez-vous comme un échec d’avoir pensé que le conflit allait se régler en quelques semaines ? »  G. Cirkos : Pardon, mais là, j’ai du boulot. »

On pense bien sûr à Jean Giraudoux et à sa Guerre de Troie n’aura pas lieu avec son titre antinomique: au début Cassandre dit: « Je ne  vois rien, Andromaque, je ne préviens rien. Je tiens seulement compte de deux bêtises, celles des hommes et celle des éléments. » Ici Jean-François Sivadier emprunte un peu à tout le monde: Homère et Eschyle surtout dans la première partie mais aussi Sophocle et Euripide dans le seconde, pour faire dire l’histoire de cette  vengeance d’Oreste qui tua sa mère Clytemnestre: elle avait tué son mari Agamemnon pour se venger du meurtre de sa fille par le grand roi  pour que les vents se lèvent et qu’il puisse aller combattre les Troyens. Mais Oreste exécutera ensuite Egisthe, l’amant de sa mère.
A la fin, Jean-François Sivadier fera un retour en arrière sur ces deux frères par qui tout a commencé: Atrée, marié à Erope, avait appris qu’elle faisait l’amour avec son frère Thyeste. Alors, il se vengea et tua les fils de ce dernier puis fit cuire leurs membres qu’il  lui donna à manger. Il lui montrera leurs mains et pieds coupés. Un oracle avait prédit  alors à Thyeste que, s’il avait un fils Egisthe de sa propre fille Pélopia (l’inceste existe aussi chez les héros mythiques). Mais avec Erope, il eut aussi d’autres enfants: Ménélas, Anaxible et Agamemnon.

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© Ch. Raynaud de Lage

Chez Jean-François Sivadier, il y a de la parodie dans l’air et ce spectacle est bourré d’invention et de fabuleuses images. L’auteur-metteur en scène a fait très fort et on suit assez bien les épisodes de cette guerre à laquelle ont participé les nombreux personnages de la mythologie grecque, présents ou évoqués. Mais si on en loupe quelques-uns, grave, on s’y retrouve quand même…
Il y a chez les Grecs: d’abord Iphigénie la fille de Clytemnestre et d’Agamemnon qu’il n’hésitera pas à sacrifier,  son frère Ménélas, Nestor, le vieux roi, les jeunes Achille et Ulysse, et chez les Troyens, Cassandre emmenée comme butin de guerre par Agamemnon. C’est la fille de Priam, roi de Troie et d’Hécube et elle est la sœur de Pâris. Il y a aussi Hector et sa femme Andromaque, Patrocle, son meilleur ami tué au combat.
Quand les Dieux s’en mêlent… tout part en vrille à cause d’Iphigénie sacrifiée et aussi à cause d’une histoire d’amour entre Pâris et Hélène, la belle jeune femme de Ménélas promise à Pâris par Aphrodite lui attribuant la pomme d’or. Bref, nous dit Jean-François Sivadier comme les dramaturges grecs, surtout Eschyle, ce sont les Dieux (c’est à dire le destin) qui tirent les ficelles des passions amoureuses et des guerres auxquelles se livrent les mortels.
Dans les Euménides, la dernière pièce de sa trilogie L’Orestie, les Dieux ont laissé aux mortels le plaisir de s’entretuer, comme si la guerre de Troie et le massacre familial qui avait suivi, était inévitable. Mais la grande Athéna (qui avait aidé Achille à tuer Hector) sifflera la fin de partie, en ajoutant sa voix pour qu’Oreste soit acquitté par un tribunal humain, et non divin : une grande leçon de démocratie… 

Et cela donne quoi chez Jean-François Sivadier ? Un spectacle admirablement bien fait, plein de vie et d’invention, souvent comique au second degré avec un côté B D, et vraiment intelligent où le metteur en scène ne cesse de dire à son habitude qu’on est bien au théâtre, et pas ailleurs. Avec une remarquable scénographie réalisée par les étudiants de quatrième année à l’Ecole Nationale des Arts Décoratifs à Paris: Xavi Ambroise, Martin Huot et Violette Rivière. Ainsi, le meurtre d’Iphigénie est juste suggéré:  devant sur une toile tendue où elle est allongée, gicle son sang. Cela nous a rappelle cette scène d’Electre de Sophocle dans la mise en scène somptueuse d’Antoine Vitez (1986) où on entendait juste des rafales de mitraillette et où un flot de sang coulait doucement en dessous une porte, pour dire la mort d’Egisthe, accompagnée par la musique triste d’un accordéon.

C’est souvent drôle, parfois avec des anachronismes un peu faciles mais le tout fonctionne bien et les costumes actuels de Valérie Montagu sont réussis. Iphigénie en mini-jupe plissée et blouson noir, la déesse Artémis habillée tout en vert.  Ce Portait de famille est diablement intelligent et on ne s’ennuie jamais: il y a une scène clairement inspirée par celle des artisans dans Le Songe d’une nuit d’été, des tonnes de fumigène sans raison évidente (au second degré?), des airs d’opéra, des chansons….
Les scènes se succèdent à un bon rythme et Jean-François Sivadier dirige à la perfection ses quatorze jeunes acteurs, impeccables jusqu’au bout. Mention spéciale à Aristote Luyindula (Agamemnon), Olivia Jubin (Iphigénie), Walid Caïd (Oreste), Olek Guillaume (Achille), et surtout à Marine Gramond (Clytemnestre) et Sébastien Lefebvre, le présentateur. Ils ont tous une excellente diction (donc, pour une fois, on entend bien le texte, ce qui devient rare  et il y a une réelle unité de jeu avec, toujours une certaine distance : les personnages jouent aussi à être les personnages… pour le bonheur du public.

Mais Jean-François Sivadier maîtrise mieux l’espace que le temps, et un sérieux élagage ne serait pas un luxe, surtout dans la seconde partie, beaucoup moins solide: l’histoire d’Electre piétine et  celle de Thyeste et d’Atrée, pas vraiment intéressante.
Ce Portait de famille, malgré ses grandes qualités, est trop long. Dommage! Et il est sûrement bien tard pour raccourcir certaines scènes mais cette saga familiale tragi-comique savoureuse, si elle était resserrée en à peine deux heures, le serait nettement plus…

Philippe du Vignal

Spectacle vu le 1er juin au Domaine d’Ô, Montpellier (Hérault). Le Printemps des comédiens se poursuit jusqu’au 21 juin.

Du 18 au 29 septembre,Théâtre de la Commune, Aubervilliers ( Seine-Saint-Denis).

Les 4 et 5 octobre, Le Carré Sainte-Maxime (Var).

Les 13 et 14 novembre, La Coursive-Scène Nationale de La Rochelle ( Charente-Maritime)

Les 7 et 8 février Le TAP,-Scène Nationale de Poitiers.   Les 12 et 13 février, L’Azimut-Antony/Châtenay-Malabry ( Hauts-de Seine).

Du 19 au 21 mars, Comédie de Béthune-Hauts de France ( Pas-de-Calais).

Du 19 au 29 juin, Le Théâtre du Rond-Point, Paris (VIII ème).

 

 

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