Focus Cameroun III Ionesco suite d’après Jacques ou la Soumission, Délire à deux, La Cantrairce chauve, Exercices de conversation et de diction française, La Leçon d’Eugène Ionesco , mise en scène d’Emmanuel Demarcy-Mota

Focus Cameroun III

Ionesco suite d’après Jacques ou la Soumission, Délire à deux, La Cantatrice chauve, Exercices de conversation et de diction française, La Leçon d’Eugène Ionesco, mise en scène d’Emmanuel Demarcy-Mota

Imaginé par le directeur et la troupe du Théâtre de la Ville, Ionesco suite a été un petit mais formidable spectacle «fondateur pour le collectif artistique et Issu d’un laboratoire de jeu d’acteur consacré à l’œuvre de Ionesco ». Il avait été créé à la Comédie de Reims par Emmanuel Demarcy-Mota il y a vingt ans puis repris dans une scénographie quadri-frontale avec des gradins sur le plateau même du Théâtre des Abbesses avec grand succès. (voir Théâtre du Blog). Puis il y a quatre ans à l’Espace Cardin.
Il nous souvient en 2013, d’une représentation pour collégiens et lycéens qui riaient sans arrêt, sidérés par ce cocktail explosif : burlesque, absurdité du langage, révélation de la triste condition humaine, personnage délirants) très bien mis en scène par Emmanuel Demarcy-Mota.
Créée en 2005,
Ionesco Suite a été présenté dans plus de quinze pays. Et dans le cadre d’une coopération entre le Théâtre de la Ville de Paris et l’Institut français du Cameroun, le spectacle a été joué dans la petite salle des Oeillets au sous-sol du Théâtre-pas loin de l’endroit où Gérard de Nerval s’est pendu- avec sept actrices et acteurs camerounais ( mais impossible de les citer: il n’y avait pas de feuille de salle). «Depuis janvier 2023, à Paris, Douala et Yaoundé, ont eu lieu des échanges artistiques entre notre troupe et les acteurs camerounais, a dit en préambule, Emmanuel Demarcy-Mota. Grâce à un dispositif numérique innovant, les répétitions ont eu lieu à distance, ce qui a permis de maintenir les liens dans le travail.»
Avec le directeur de l’Institut culturel français,  il a salué les acteurs et le public camerounais qui ont pu voir cette représentation retransmise en direct. Mais aussi de jeunes neuro-chirurgiens de la Pitié-Salpétrière qui avaient assisté encore lycéens, au spectacle aux Abbesses et qui  étaient revenus le voir…

 

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La petite salle basse de plafond n’est pas idéale (merci les architectes!) mais qu’importe, une toile peinte sans doute récupérée en fond de scène, une grande table nappée de blanc et cela suffit pour que ce patchwork de textes reprenne vie de façon magistrale. Comme régénéré par une équipe de  sept solides acteurs camerounais et ce qu’en disait Emmanuel Demarcy-Mota n’a rien perdu de son actualité: « Un espace de création où les acteurs pourraient apporter leurs scènes ou intervertir leurs rôles à chaque répétition, qui traverserait quelques-unes des obsessions marquantes de l’auteur et révélerait une convergence de thèmes : la difficulté d’être (seul, à deux, en société…), le rêve et la mort, le nivellement de l’individualité, la manifestation du pouvoir et de la domination (affective ou intellectuelle), l’arbitraire et les mécanismes du langage, auto- matisme des comportements, accélération et dérèglement de la parole, utilisation insolite d’enchaînements verbaux, où s’affirme, comme le dit Ionesco : « Le comique poussé à son paroxysme comme expression privilégiée du tragique de l’existence».

© Benoîte Fanton

© Benoîte Fanton

Les acteurs, bien dirigés, ont une diction que peuvent leur envier bien de leurs homologues français, mais aussi même dans ce petit espace pas facile à gérer, une gestuelle impeccable. Ei il y a d’excellents moments: entre autres, un extrait de Délire à deux où un homme et une femme se demandent si le limaçon et la tortue sont-ils un seule espèce ou deux ? Une querelle dérisoire, mais comme si l’essentiel était chez ces personnages, l’énergie qu’ils dépensent.
Ou la scène désormais classique de La Cantatrice chauve : M. Smith Tiens, on sonne. Il doit y avoir quelqu’un. Madame Smith (qui fait une crise de colère): Ne m’envoie plus ouvrir la porte. Tu as vu que c’était inutile. L’expérience nous apprend que lorsqu’on entend sonner à la porte, c’est qu’il n’y a jamais personne. Madame Martin : Jamais. M. Martin: Ce n’est pas sûr. M. Smith : C’est même faux. La plupart du temps, quand on entend sonner à la porte, c’est qu’il y a quelqu’un .»

Côté mise en scène, la directions d’acteurs est très bonne, surtout quand on sait qu’elle a été réalisée à distance mais il y a quelques flottements vers la fin et la succession de gâteaux à la crème où certains des personnages plongent le visage, est un peu trop attendue et-on le sait depuis longtemps- un gag répété n’est jamais le bienvenu…
Malgré cela, on passe un bon moment et Eugène Ionesco (1909-1994), ce bougon pas très bavard et assez désespéré la seule fois où nous l’avions rencontré, aurait sûrement découvert avec plaisir les fragments de ses pièces jouées partout dans le monde et ici bien interprétés par ces brillants acteurs camerounais. Mais, à quand, Emmanuel Demarcy-Mota, une vraie série de représentations de ce spectacle dans de meilleures conditions? Ils le méritent largement…

Philippe du Vignal

Spectacle joué les 31 mai, 1er et 2 juin au Théâtre de la Ville-Sarah Bernhardt, place du Châtelet, Paris (IV ème). T. :  01 48 87 54 42.

 

 

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