Un Etat de nos vies de et avec Lola Lafon, mise en scène d’Emmanuel Noblet
Un Etat de nos vies, de et avec Lola Lafon, mise en scène d’Emmanuel Noblet
Face au compositeur Olivier Lambert, l’allié de ses précédents spectacles, l’autrice se prête à un petit jeu de questions-réponses. Un parcours en zigzag à travers les mots qu’il lui lance, piochés au hasard de fiches: Etre, Croire, Espoir, Expertise, Capitalisme… Lola Lafon répond avec grâce, quelquefois à côté, et par des chemins de traverse, avec anecdotes amusantes ou souvenirs puisés dans ses écrits intimes, articles de journaux, lettres, instantanés pris sur le vif, au fil des jours. «Un moment que je souhaite sans affirmation aucune, des points de suspension plutôt qu’un point final, » dit Lola Lafon sur cet exercice de vérité. Avec une feinte légèreté, l’air de ne pas y toucher, elle surfe sur des sujets graves, comme le viol conjugal ou le machisme ordinaire. Ou encore sur des interrogations existentielles.
A la fiche: Absence, elle répond: «Ils sont là, les absents, ils ont tout leur temps. » Et sa tâche d’autrice, dit-elle, sera d’«écrire ce qui nous hante, contre l’oubli. » Elle revendique la liberté de redéfinir les mots courants à l’aune de sa subjectivité présente et souvent, sous un angle politique, dans l’air du temps. Pour Geste: «Les gestes qu’on n’a pas faits ; les mots qu’on n’a pas dits. » Pour Croire: «Je me méfie des idéologies à laquelle on a cru. (… ) Croire en rien, un pessimisme actif. » Et pour Dialogue, c’est l’occasion de parler de son chien: «Avec un chien, on ne cherche pas à avoir raison. » Elle consacre une important entrée à son beau braque allemand dont la vieillesse la renvoie à celle des humains, comme « un état de nos vies »…
Avec ce puzzle sémantique, elle dessine en creux l’identité multiple d’une romancière. Clair: « Un idéal d’agent immobilier !» et ses personnages fictifs sont «toutes celles que j’ai été. » Lola Lafon revendique l’insaisissable légèreté de l’être, ses doutes et contradictions mais aussi ses luttes et ses convictions et elle s’évade de cet interrogatoire avec une chanson de Dominique A. : «Si seulement, nous avions le courage des oiseaux/ Qui chantent dans le vent glacé. »
Elle a plusieurs cordes à son arc : écrivaine (sept romans publiés qu’elle a pour la plupart, adaptés au théâtre avec récemment Les Cavalières à La Colline.
Mais elle est aussi comédienne et chanteuse. Ce dialogue désinvolte, mis en mots et musique avec Olivier Lambert, ouvre à chacun un espace de liberté pour inventer ses propres définitions. « Si l’acte d’écrire est pour moi un dialogue avec les lecteurs et lectrices, monter sur scène en est l’application.»
Ainsi, conçoit-elle cette heure joyeuse de partage et on pourra la retrouver ici-même, en septembre
Mireille Davidovici
Le spectacle a été joué jusqu’au 1er juin au Théâtre du Rond-Point, 2 bis avenue Franklin D. Roosevelt, Paris (VIII ème). T. : 01 44 95 98 00
Du 25 au 29 septembre, Théâtre du Rond-Point.
Le 3 octobre, Théâtre de Sénart-Scène Nationale (Seine-et-Marne) et le 5 octobre, Ferme du Buisson, Noisiel (Seine-et-Marne).
Le 5 novembre, Théâtre de Grasse (Alpes-Maritimes). Les 7 et 8 novembre, Théâtre du Bois de l’Aune, Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). Le 14 novembre, Le Rocher de Palmer, Cenon (Gironde). Le 21 novembre, Théâtre des Bords de Scènes, Athis-Mons (Essonne). Du 25 au 27 novembre, Comédie de Caen-Normandie (Calvados).
Les 5 et 6 décembre, Scène Nationale de Saint-Quentin-en-Yvelines; les 12 et 13 décembre, Théâtre du Beauvaisis, Beauvais (Oise) et le 19 décembre, Les 3 T, Châtellerault (Vienne).