Festival June Events Fampitaha, Fampita, Fampitàna chorégraphie de Soa Ratsifandrihana

Festival June Events (suite)

Fampitaha, Fampita, Fampitàna, chorégraphie de Soa Ratsifandrihana

Nous avons découvert cette artiste dans un puissant solo: g roo v e au festival d’Uzès l’an passé (voir Théâtre du Blog). Elle s’entoure ici du guitariste Joël Rabesolo et des performeurs Audrey Merilus et Stanley Ollivier, pour confronter leur héritage d’enfants de la colonisation et de l’exil. Ils sont belges ou français, originaires de Madagascar,  Guadeloupe ou Haïti, immigrés de première, deuxième ou troisième génération.

@Harilay-Rabenjamina

@Harilay-Rabenjamina

Fampitaha, fampita, fampitàna signifie en malgache : comparaison, transmission et rivalité. La pièce agrège toutes ces notions : au terme d’un corps à corps ludique mêlant gestes, chants, musiques, récits, les artistes tissent, au fil de la représentation, un vocabulaire commun, fruit de leurs différences.

Il y a quelques instruments de musique et des nappes colorées, disséminées sur le plateau comme des îles.

La longiligne Audrey Merilus, gestes fluides et costume apprêté, s’accordera en dansant avec la tapageuse Soa Ratsifandrihana, en robe de satin rose d’un autre siècle, et avec le virevoltant Stanley Ollivier. Guidés par les musiques du guitariste, d’abord solennelles et classiques, bientôt riff endiablés ou « beat » de DJ, les interprètes vont se libérer progressivement de gestuelles empesées et révérencieuses, pour trouver une grammaire à la croisée des danses contemporaine et urbaine.
Cette mue s’accompagne de mots : ils parlent créole et évoquent Toussaint Louverture, la « Rue des Negmarrons » et le maréchal Gallieni de sinistre mémoire, qui avait réprimé dans le sang la révolte des Menalamba à Madagascar. Joël Rabesolo nous raconte une légende malgache venue de son grand-père…
Le quatuor s’essaye aussi au rap et au chant choral. Débarrassé des costumes traditionnels, et à l’aise dans une tenue sportive, il aborde la dernière séquence d’un pied léger et trouve, d’une île à l’autre, un récit pluriel.
Soa Ratsifandrihana a travaillé avec James Thierrée, Salia Sanou et Anne Teresa De Keersmaeker et dans la continuité de son premier solo, explore avec humour et élégance, entre musique, danse et mots, les mémoires dont nos corps sont porteurs. Une artiste à suivre…

Mireille Davidovici

Spectacle vu le 6 juin à June Events. Le festival  se poursuit  jusqu’au 8 juin, Atelier, de Paris, 2 route du Champ de manœuvre, Cartoucherie de Vincennes. T. : 01 41 74 17 07.

Du 18 au 22 septembre, MC 93, Bobigny (Seine-Saint-Denis), dans le cadre du Festival d’Automne.

Les 3 et 4 novembre, festival Actoral à Marseille.

 


Archive pour 10 juin, 2024

Place de la République texte et mise en scène de Clément Hervieu-Léger

Place de la République, texte et mise en scène de Clément Hervieu-Léger

 

Sur l’affiche est écrit: Chacun a ses Fantômes. Vivants ou Morts. Une bonne manière de résumer cette rencontre d’une femme et d’un homme. Ces êtres solitaires vont dialoguer et se découvrir et peut-être se perdre ou  mieux se retrouver un jour ! Le théâtre du Lucernaire est lui-même empli de fantômes : le metteur en scène Laurent Terzieff et sa compagne l’actrice Pascale de Boysson, fidèles au lieu mais aussi Pascale Bordet, morte l’an passé et créatrice de costumes dont on peut voir les  dessins originaux dans l’escalier menant à la petite salle du Paradis. Toutes les étoiles s’y sont rejointes pour accueillir Juliette Léger et Daniel San Pedro, ces excellents interprètes qui nous emportent dans les histoires intimes de leur passé.

©

© Juliette Parisot

« Le théâtre est le seul lieu sans doute où l’on peut, par-delà l’espace et le temps, par-delà la mort également, retrouver aux yeux de tous ceux qui sont sortis de nos vies, dit Clément Hervieu-Léger. Place de la République mêle fiction et réalité. J’ai souhaité, en effet, écrire à partir de souvenirs, d’expériences vécues. Mais notre mémoire est parfois trompeuse et le récit reconstruit finit par l’emporter sur la véracité des faits.»
Les personnages sont orphelins de personnes «évaporées », comme on dit au Japon, ou simplement disparues. « On en veut toujours à ceux qui nous quittent.», dit l’homme qui ne comprend pas pourquoi Tegato, un ami éthiopien qu’il avait rencontré dans son pays et venu en France sur les traces d’Arthur Rimbaud, a disparu ! La femme, elle, vit encore très mal le suicide d’Anne, son amie d’enfance.

Ces chats solitaires se séduisent pendant une heure cinq pour mieux nous emporter dans leur mémoire. Ils ont un point commun : la manifestation, place de la République pour dire non à l’attentat contre Charlie Hebdo, en 2015. Nous garderons la belle image de ces personnages dansant ensemble mais à distance, sur Veridis Quo de Daft Punk, le générique de l’émission de France-Inter, L’Heure bleue dont le titre est maintenant  Le Grand Canal d‘Eva Bester. Merci à l’auteur et aux acteurs de nous avoir transmis, avec une belle sensibilité, ce moment de communion nationale, un peu oublié aujourd’hui…

 Jean Couturier.

Jusqu’au 30 juin, Théâtre du Lucernaire, 53 rue Notre-Dame-des-Champs, Paris (VI ème). T. : 01 45 44 57 34.

 

 

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