Le Dieu des causes perdues d’Agathe Charnet, mise en scène d’Ambre Kahan

Le Dieu des causes perdues d’Agathe Charnet, mise en scène d’Ambre Kahan

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© Agathe Charnet

Ce spectacle s’inscrit dans la saison Jeune Création, salle Christian Bérard au Théâtre Louis Jouvet, en partenariat avec Prémisses. Une actrice et un musicien portent avec ferveur ce texte psalmodique en forme de quête existentielle. Anna a douze ans quand son frère Maxime quitte l’appartement familial à la suite d’une grosse bêtise.
Depuis, aucune nouvelle, jusqu’au jour où sa mère exhume une carte postale défraîchie en provenance de l’Inde.  La jeune femme partira à sa recherche, en se raccrochant au signe que lui envoie le petit dieu de son enfance, caché dans le placard au-dessus de la porte.
Anna raconte ses nuits d’angoisse, la résignation de sa mère, la longue déchéance d’un père au chômage, et sa colère à elle… Noémie Rimbert se lance à corps perdu dans cette langue charnue, directe, avec le guitariste M’hamed Menjra, aux aguets des mots qui débordent parfois entre rap et slam.

La mise en scène orchestre voix et instrument. Malgré un côté statique, l’actrice donne vie à ce texte grâce à une direction au cordeau. La prose nerveuse d’Agathe Charnet surgit en scansions puissantes et charrie l’ire d’une jeune fille à l’enfance perturbée par les non-dits familiaux.  Au silence des siens, elle oppose sa rage. Le texte raconte le chemin sinueux d’une réconciliation avec elle-même, au-delà du chaos. Ambre Kahan a le goût des textes littéraires, comme l’a montré son adaptation de L’Art de la joie, un roman de Goliarda Sapienza (voir Théâtre du Blog). Noémie Gantier,(Modesta) a été récompensée par le Prix de la Critique. La mise en scène minimaliste en forme d’oratorio, nous révèle un texte, une actrice et un musicien. Du théâtre de poche à jouer partout.

Mireille Davidovici

Jusqu’ au 16 juin, Athénée-Théâtre Louis Jouvet, 4 square de l’Opéra-Louis Jouvet (IX ème). T. : 01 53 05 19 19.

Le texte est publié aux éditions L’Oeil du Prince.


Archive pour 11 juin, 2024

Je suis perdu, texte et mise en scène de Guillermo Pisani

Je suis perdu, texte et mise en scène de Guillermo Pisani

Une suite de trois pièces courtes, écrites selon l’auteur dans trois styles différents, avec, à chaque fois, un personnage d’un ou d’une émigrée d’origine non européenne. Dans la première, un homme d’une quarantaine d’années qui ne parle pas français, est hébergé chez une jeune femme. Mais il y a comme une tension et une menace dans l’air et de l’argent disparaîtra du porte-feuille de la jeune femme, sans qu’elle ose l’accuser. Puis dans un second temps, lui parlera français presque couramment sans qu’on sache pourquoi… Les personnages sont pourtant assez crédibles et bien incarnés et il y a parfois dans ce huis-clos comme une petit souffle hérité d’Harold Pinter dont l’auteur s’est sans doute inspiré. Un titre en vidéo annonce que c’est la fin de cette première pièce. Bon…

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La deuxième et courte pièce reprend le thème plus qu’usé du théâtre dans le théâtre, avec une répétition où un comédien et une comédienne sont dirigés par une jeune metteuse en scène essayent de jouer les personnages du texte. Cela fonctionne seulement par courts moments mais reste bien conventionnel.

La troisième pièce se veut réaliste, avec des airs de polar. Cela se passe dans un laboratoire scientifique du C.N.R.S. que dirige une jeune femme. Il y a un chercheur expérimenté (la quarantaine) et une jeune chercheuse marocaine très brillante, dont le travail devrait normalement recevoir un prix important sur lequel lorgne sa patronne, par ailleurs bienveillante envers elle.

Et il y a une histoire de cartes-clé dont une a disparu et il y a eu clairement un acte de malveillance dans ce labo: plusieurs œufs de poule utilisés pour la recherche de la jeune femme ont été volontairement cassés sur le sol. Qui peut en être l’auteur? La patronne jalouse et imbue de son autorité, le chercheur amer qui semble ne pas être reconnu à sa juste valeur, voire la jeune chercheuse étrangère craignant de se faire doubler par la directrice. Bref, méfiance, soupçons et inquiétude  au programme… «La menace, l’identité, la méfiance: ces trois motifs liés à notre rapport aux immigrés, dit Guillermo Pisani, résonnent dans les trois pièces et dans les histoires singulières qu’elles racontent sur des personnages irréductibles à leur situation.» 

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Quelques éléments scénographiques comme une table, quelques chaises et un desserte pour la cuisine dans la première pièce puis pour le laboratoire, avec des cartons d’œufs servant aux expériences de pointe, faites par la jeune chercheuse marocaine.
Et cela fonctionne? Non! Les dialogues sont faibles, surtout dans le dernier texte qui se voudrait plus réaliste mais pas crédible une seconde malgré quelques précisons pseudo-scientifiques, avec ces œufs qu’on examine à l’œil nu ! Et cassé anonymement dans le laboratoire fermé.. Mais cette mise en scène est vraiment trop approximative! »D’un regard surplombant sur l’autre, on glisse dans la position d’un regard symétrique, promesse d’une réciprocité, dit l’auteur et metteur en scène.» Comprenne qui pourra!

Et après une fausse fin, on en revient avec quelques phrases à la pièce du début. Là aussi, comprenne qui pourra. Ces piécettes sont (un peu) sauvées par les acteurs expérimentés que sont Caroline Arrouas, Boutaïna El Fekkak et Arthur Igual. Ils arrivent malgré tout -miracle du théâtre- à imposer ces neuf personnages. Chapeau! Cela dit, nous sommes restés sur sa faim et vous pouvez vous épargner ce spectacle laborieux… et peu convaincant.

Philippe du Vignal

Jusqu’au 23 juin, Théâtre de la Tempête, Cartoucherie de Vincennes, route du Champ de manœuvre. Métro : Château de Vincennes+navette gratuite, ou bus 112. T. : 01 43 28 36 36.


 

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