Le Dieu des causes perdues d’Agathe Charnet, mise en scène d’Ambre Kahan
Le Dieu des causes perdues d’Agathe Charnet, mise en scène d’Ambre Kahan
Ce spectacle s’inscrit dans la saison Jeune Création, salle Christian Bérard au Théâtre Louis Jouvet, en partenariat avec Prémisses. Une actrice et un musicien portent avec ferveur ce texte psalmodique en forme de quête existentielle. Anna a douze ans quand son frère Maxime quitte l’appartement familial à la suite d’une grosse bêtise.
Depuis, aucune nouvelle, jusqu’au jour où sa mère exhume une carte postale défraîchie en provenance de l’Inde. La jeune femme partira à sa recherche, en se raccrochant au signe que lui envoie le petit dieu de son enfance, caché dans le placard au-dessus de la porte.
Anna raconte ses nuits d’angoisse, la résignation de sa mère, la longue déchéance d’un père au chômage, et sa colère à elle… Noémie Rimbert se lance à corps perdu dans cette langue charnue, directe, avec le guitariste M’hamed Menjra, aux aguets des mots qui débordent parfois entre rap et slam.
La mise en scène orchestre voix et instrument. Malgré un côté statique, l’actrice donne vie à ce texte grâce à une direction au cordeau. La prose nerveuse d’Agathe Charnet surgit en scansions puissantes et charrie l’ire d’une jeune fille à l’enfance perturbée par les non-dits familiaux. Au silence des siens, elle oppose sa rage. Le texte raconte le chemin sinueux d’une réconciliation avec elle-même, au-delà du chaos. Ambre Kahan a le goût des textes littéraires, comme l’a montré son adaptation de L’Art de la joie, un roman de Goliarda Sapienza (voir Théâtre du Blog). Noémie Gantier,(Modesta) a été récompensée par le Prix de la Critique. La mise en scène minimaliste en forme d’oratorio, nous révèle un texte, une actrice et un musicien. Du théâtre de poche à jouer partout.
Mireille Davidovici
Jusqu’ au 16 juin, Athénée-Théâtre Louis Jouvet, 4 square de l’Opéra-Louis Jouvet (IX ème). T. : 01 53 05 19 19.
Le texte est publié aux éditions L’Oeil du Prince.