Marius , texte librement inspiré de la pièce de Marcel Pagnol et mise en scène de Joël Pommerat

Marius, texte librement inspiré de la pièce de Marcel Pagnol et mise en scène de Joël Pommerat

Cet homme de théâtre nous surprend ici avec une réalisation naturaliste et un décor hyperréaliste à la Edward Hopper, le mystère en moins. Il transpose la pièce dans une boulangerie désuète qui fait aussi bistrot, avec tables et chaises des années cinquante. Derrière le comptoir, le jeune Marius un peu désœuvré rêve de quitter Marseille mais y reste pour aider son père César, à tenir son petit commerce qui bat de l’aile. Seuls s’y attardent quelques habitués : les célèbres personnages qui font le sel de la comédie de Marcel Pagnol: Fanny, Piquoiseau, Panisse, Escartefigue, le Fada, le Douanier. On connaît l’histoire : Marius est amoureux de Fanny, la petit coiffeuse du quartier mais tarde à lui faire la cour. Panisse, un homme mûr, ici à la tête de plusieurs magasins de motos, tourne autour de la jeune fille. Jaloux, Marius lui déclare sa flamme. Mais le désir de partir l’emporte sur l’amour et le devoir filial et, à la première occasion, il prendra le large. Il ne restera à Fanny que ses yeux, pour pleurer.

©x

©x

Le spectacle a vu le jour à la Maison centrale d’Arles, au terme d’un atelier dirigé par Joël Pommerat, en collaboration avec Caroline Guiela Nguyen et Jean Ruimi.  Et la pièce s’est écrite sur plus d’un an, à partir d’improvisations. Joël Pommerat a gardé le contexte marseillais que plusieurs acteurs connaissaient bien: ils se sont approprié librement personnages et situations et ont mis leurs mots sur cette histoire. Le texte, fidèle à la trame originale, s’en éloigne par la langue. On retrouve chez les interprètes -pas tous marseillais- l’accent du Midi mais très peu des fameux «bons mots» de Marcel Pagnol. Remplacés ici par des blagues d’aujourd’hui qui n’ont pas toujours la saveur de l’original. Mais pourquoi pas ?

© Agathe Pommerat

© Agathe Pommerat

Joël Pommerat recrée Marius avec aussi des acteurs professionnels. Damien Baudry joue un Fada décalé, Élise Douyère incarne une Fanny désinvolte et piquante. Bernard Traversa est un Panisse impressionnant de prestance et de suffisance. Ludovic Velon est le Douanier et assure aussi la régie de plateau. Les détenus de la création sont maintenant libérés et reprennent leurs rôles: Michel Galera campe un Marius rugueux et nerveux. Ange Melenyk prête sa voix douce à Escartefigue et Jean Ruimi donne à César une humanité empreinte d’un sentiment paternel. Et Redwane Rajel est un Piquoiseau énigmatique. Il avait fait ses preuves dans Antigone (2019) et Macbeth (2021), aux ateliers du Centre pénitentiaire d’Avignon-Le Pontet, présentés au festival d’Avignon (voir Le Théâtre du blog). Joël Pommerat l’a invité à rejoindre sa compagnie Louis Brouillard pour ce spectacle.

Ce Marius, avec son langage direct et son écriture libérée de fioritures mélodramatiques, paraît moins couleur locale que son modèle et ne répond peut-être pas aux attentes de certains.  Mais la fable gagne en modernité et pose les mêmes questions existentielles: qu’est-ce réussir sa vie ? L’amour est-il possible  Le désir de fuite est-il raisonnable et l’amour de la famille, toujours bon? Ces interrogations ont su parler à des hommes privés de liberté et leur a permis, à la création, d’aborder leurs personnages avec sincérité,. Ils vont maintenant entreprendre une tournée au long cours avec la compagnie. Voilà une belle reconversion par le théâtre et le public a, dans son ensemble, accueilli le spectacle avec plaisir.

Mireille Davidovici

Spectacle vu le 17 juin, au Printemps des comédiens.

Du 30 mai au 21 juin, Le Printemps des comédiens, Cité du Théâtre, Domaine d’Ô, Montpellier (Hérault). T. : 04 67 63 66 67. Printempsdescomediens.com

Du 14 au 16 novembre, Points Communs-Scène nationale de Cergy-Pontoise et du Val-d’Oise, dans le cadre du festival d’Automne; du 19 au 20 novembre, Théâtre de l’Agora-Scène nationale de l’Essonne, Evry (Essonne); du 29 novembre au 8 décembre, MC 93, Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis, Bobigny.

Du 12 au 14 décembre, Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines-Scène nationale ; les 18 et 19 décembre, La Ferme du Buisson-Scène nationale, Noisiel (Seine-et-Marne).

Du 8 au 12 janvier, Le Zef-Scène nationale, Marseille (Bouches-du-Rhône) et du 29 au 31 janvier, Théâtre de l’Union, Limoges (Haute-Vienne).

Les 4 et 5 mars, Le Cratère-Scène nationale d’Alès (Gard) ; du 12 au 21 mars, Comédie de Genève (Suisse).

Les 2 et 3 avril, Le Parvis-Scène nationale de Tarbes-Pyrénées (Hautes-Pyrénées); du 23 avril au 3 mai, Théâtre National de Strasbourg (Bas-Rhin).

Les 6 et 7 mai, Théâtre + Cinéma-Scène nationale du Grand Narbonne (Hérault); du 20 au 22 mai, Le Bateau Feu-Scène nationale de Dunkerque (Nord).

Les 10 et 11 juin, L’Avant-Seine, Théâtre de Colombes (Hauts-de-Seine).

 


Archive pour 18 juin, 2024

Six personnages en quête d’auteur de Luigi Pirandello, traduction et adaptation de Fabrice Melquiot, mise en scène de Marina Hands

Six personnages en quête d’auteur de Luigi Pirandello, traduction et adaptation de Fabrice Melquiot,  mise en scène de Marina Hands

A la création de cette pièce sans actes ni scènes (déjà une révolution!) en 1921 à Rome, il y eut des bagarres entre spectateurs et le soir de la première, son auteur pris à partie dut s’enfuir. Six personnages sera créée en France deux ans plus tard seulement par Georges Pitoëff (1884-1939) à la Comédie des Champs-Elysées. Ce formidable découvreur de textes et metteur en scène fit arriver par le monte-charge du théâtre, les acteurs dont les immenses Michel Simon et Andrée Tainsy que nous avons eu le bonheur de voir jouer. Puis ils s’avancèrent sur le plateau nu, une invention à peine imaginable, il y a un siècle et, selon la légende, des spectateurs ont pensé qu’on avait oublié de mettre un décorCe fut ensuite, et surtout dans les années soixante, comme un gigantesque appel d’air: nombre d’auteurs et metteurs en scène copièrent sans scrupule cette singulière mise en abyme. Ce théâtre dans le théâtre avec un subtil mélange  entre réalité et scène fictionnelle imaginé par Luigi Pirandello ne datait pas d’hier (Shakespeare, Corneille, Molière, etc.) mais le célèbre dramaturge sicilien lui donna une nouvelle jeunesse et une force exemplaire.

Marina Hands, maintenant sociétaire de la Comédie-Française, s’est emparée de ce texte pas facile à monter dont elle avait déjà fait une lecture. Avec Fabrice Melquiot qui a cosigné avec elle cette adaptation, elle a éliminé les personnage secondaires. Huit acteurs seulement au lieu de vingt-deux jouent les protagonistes… Le public connait plus ou moins le scénario mais ici, les interprètes (dans le texte original, ils n’ont ni nom ni prénom!) gardent leur véritable prénom, comme chez les Deschiens  ( pas nouveau, mais cela marche!). Ils répètent une pièce dans un théâtre sous la direction de Guillaume, un metteur en scène compliqué derrière ses lunettes noires et assez paumé (exceptionnel Guillaume Gallienne). Il essaye de diriger sans trop y croire ses acteurs (Claire de La Rüe du Can et Nicolas Chupin). Son assistante Coraly (Coraly Zahonero) arrive pourtant à le supporter et lit les didascalies. Tous sont en costumes contemporains.

© Ch. Raynaud de Lage

© Ch. Raynaud de Lage Thierry Hancisse

Cela se passe sur un praticable bi-frontal avec les sièges habituels de la salle (qui a été réduite) et avec des gradins sur la scène. Les acteurs entrent par la porte de secours côté jardin, ou déjà assis parmi le public, ou encore surgissent des allées latérales. Puis arrivent les fameux six personnages, soit une famille avec  la mère, le père, la belle-fille, le fils, un adolescent et la fillette. ils cherchent un auteur pour écrire le drame qu’ils ont vécu. Le metteur en scène, d’abord exaspéré, finit par accepter que ses acteurs interprètent ces gens… lesquels ne seront pas contents du travail scénique. Ils estiment que  ces professionnels  ne peuvent être les vrais personnages, alors qu’eux le sont bien dans la réalité. Et cette famille va alors jouer le drame qu’elle a connu, avec  ce qu’elle estime être toute sa vérité.  Le père et la mère furent autrefois mariés et ont eu un fils que le père a mis en pension, loin d’eux. Mais la mère le vit très mal et semble amoureuse du secrétaire du père qui alors les chasse pour qu’ils puissent vivre ensemble. Ils auront eux une fille, puis un fils et la petite fille. Le père va souvent voir cette belle-fille à la sortie de l’école mais ses parents vont déménager. Plus tard, après le décès de son second mari, la mère, leur fille qui a maintenant dix-huit ans, leur fils et leur petite fille reviennent habiter dans cette même ville. Ce que le père ne sait pas. La mère sans argent doit travailler comme couturière chez madame Pace qui incite les jeunes filles de ses employées à se prostituer. Ce que fera la fille mais sans le dire à sa mère qui la découvrira nue dans les bras… de son ancien mari, habitué de cette maison de passes. Plein de remords, il invite la mère à venir habiter chez lui avec ses enfants. Elle retrouve alors son premier fils qu’elle n’a presque jamais connu. Mais il reste froid avec elle, méprise le fils et la fillette et la jeune fille qui, elle, est dégoûtée par le premier mari de sa mère. Et cela finit avec la mort de la fillette qui se noie dans un bassin et par le suicide de  l’adolescent. Vérité ou fiction, le public ne saura jamais! Les acteurs s’en vont et le Directeur se dit que tout cela lui a fait perdre une journée de répétition. Vous suivez toujours?

C’est le scénario du texte original. Mais   cette adaptation de Fabrice Melquiot, le début n’est pas fameux: iltraîne en longueur et la pièce  commence vraiment quand arrive le Père (Thierry Hancisse, formidable de vérité) avec sa famille. Nicolas Chupin ( l’Acteur), Adeline d’Hermy (l’Actrice), Clotilde de Bayser (la Mère), Adrien Simion (le Fils) que Marina Hands dirige avec une grande maîtrise, malgré des criailleries un peu trop fréquentes, sont tous crédibles. Et il y a une remarquable unité de jeu et un rythme qui ne faiblit pas, ce qui est à mettre au crédit de la metteuse en scène. Fabrice Melquiot a élagué cette cette histoire compliquée truffée de didascalies. Revers de la médaille, le texte n’est pas toujours très clair! Et des spectateurs semblaient avoir du mal à se repérer dans cette famille «recomposée». Sans doute, la célèbre pièce centenaire, malgré ses fulgurances, a-t-elle aussi pris un coup de vieux. Et si ce père fait qui fait l’amour avec sa belle-fille qui se prostitue dans un bordel, pouvait à l’époque faire scandale, les temps ont bien changé! Reste la noyade de la petite fille et le suicide de l’adolescent mais ce n’est pas vraiment clair dans cette adaptation. Aurait-on pu mettre en scène la pièce originale? Sans doute pas, mais on comprend mal que Marina Hands ait choisi une scénographie bi-frontale -là il y  a une grave erreur de conception- difficile pour les acteurs et qui ne rend pas service à la pièce. Et la metteuse en scène elle aurait pu nous épargner quelques jets de fumigènes qui n’ont rien à faire ici, comme le jeu parmi le public, un vieux truc usé.  Vu la configuration, le public voit mal les acteurs qui jouent sur un praticable trop bas, ou dans la salle, donc souvent derrière eux… Marina Hands vise juste quand elle dit : «Il y a quelque chose d’implacable chez ces êtres qui crient leur besoin, vital, d’être représentés en ne supportant pas la façon dont cela est fait. (…) Quelle légitimité avons-nous à incarner ainsi des drames que nous n’avons pas vécu ?» Luigi Pirandello a encore des choses à nous dire et Woody Allen ne s’y était pas trompé, quand il s’était inspiré de Six personnages en quête d’auteur pour réaliser La Rose pourpre du Caire (1985). Ce spectacle trop inégal, doit beaucoup à Guillaume Gallienne et Thierry Hancisse, comme à leurs camarades.

Philippe du Vignal

Jusqu’au  7 juillet, Comédie Française, Théâtre du Vieux-Colombier,  21 rue du Vieux-Colombier, Paris (VI ème). T. : 01 44 58 15 15.  comedie-francaise.fr

 

Le Dîner chez les Français de Valéry Giscard d’Estaing, texte de Julien Campani et Léo Cohen-Paperman, mise en scène de Léo Cohen-Paperman

Le Dîner chez les Français de Valéry Giscard d’Estaing, texte de Julien Campani et Léo Cohen-Paperman, mise en scène de Léo Cohen-Paperman

L’épisode III d’une série:  Huit rois (nos présidents), encore si proches de nous… Les précédents étaient La Vie et la mort de Jacques Chirac et Génération Mitterrand. Avec ce nouvel opus, nous assisterons à l’un de ces dîners où Valéry Giscard d’Estaing, qui aura été à trente-huit ans le plus jeune président de la République s’invitait avec son épouse Anne-Aymone s’invitaient chez des Français « ordinaires ». Mais après un choix fait par l’Elysée (exigence absolue de risques de vague !) et… prise en charge des frais par le Préfecture de l’endroit.

 © Valentine Chauvin

© Valentine Chauvin

Léo Cohen-Paperman a imaginé ce dîner, non pour une soirée, mais le temps du septennat avec ses phases successives, racontées par le bébé devenu grand… Nous sommes d’abord le 31 décembre 74 dans leur maison en Normandie (scénographie d’Anne-Sophie Grac) où les Deschamps, où des agriculteurs retraités ont invité leur fille Sophie, son compagnon Michel Corrini. Il sont venus de Belfort avec José, leur bébé. Encore étudiante, elle y avait rencontré sur un piquet de grève en mai 68 ce jeune syndicaliste de Force Ouvrière.. Les parents leur ont réservé une surprise : V.G.E et Anne-Aymone vont venir dîner… Cela se passe dans la grande salle à manger avec, sur un mur à colombages, un crucifix, une tête de sanglier-trophée de chasse, un baromètre, un porte-manteaux, des appliques avec petits abat-jours… Il y a aussi un ancien poste de télévision qui marche quand il peut et une grande table de ferme avec nappe crème. Et dans un coin, un parc pour le bébé.

© Valentine Chauvin

© Valentine Chauvin

Au menu : champagne, potage, bar en croûte servi dans la poissonnière, fromages sous cloche de verre offerts par le Président, et brioche. Sur le thème du repas de fête qui se déglingue (voir, entre autres, La Noce chez le petits bourgeois de Bertolt Brecht… on parle avec lui et son épouse, de tout et de rien, du minitel (l’ancêtre de l’ordinateur qui avait fait l’objet de manifs d’opposants!), de l’I.V.G. jusque là refusée par les députés jusqu’au fameux procès de Bobigny,  du divorce par consentement mutuel, puis du chômage encore inconnu jusque-là…
Cela commence bien avec l’arrivée du couple présidentiel et le repas est (presque) chaleureux. V.G.E., brillant, courtois, essaye d’être à son avantage… Il félicite la cuisinière. Anne-Aymone, elle, reste un peu coincée mais fait l’effort d’être gentille. Pourtant le dialogue avec ces citoyens de la France profonde va tourner à l’aigre et le climat s’assombrit: le bar est trop cuit et les parts minuscules! Dispute générale… Puis Michel provoque V.G.E. en parlant des diamants offerts par Bokassa, président de la République centrafricaine! Une affaire révélée par Le Canard enchaîné. Cela avait sans doute contribué à faire échouer V.G.E. à la Présidentielle en 81, face à François Mitterrand… Ce qu’il n’accepta jamais! On se souvient encore de son célèbre:« Au revoir », quand, très amer, il quittera l’Elysée.
Entre cet ancien énarque et la France profonde, le courant ne passait plus et il se trouvera confronté à des revendications sociales. Gouverner, c’est prévoir, mais il n’a pas voulu ou pas su, voir à temps la fracture socio-politique qui s’annonçait entre son gouvernement, ses énarques suffisants, imbus d’eux-même, croyant aux vertus d’Internet,  et la France profonde, si loin de Paris.
Celle, en particulier, du Centre de la France et de la Bretagne… Méprisée et priée de la boucler. Là où la S.N.C.F., avec la bénédiction des Premiers ministres successifs, a été d’une nullité proverbiale et a fermé les petites gares, trouvé normaux tous les retards de TER dus au manque de personnel et d’entretien des voies. Une France profonde où la moindre démarche administrative ou la moindre consultation médicale relève, encore maintenant, du parcours du combattant. Et ce spectacle qui a déjà été joué en province, fait sens auprès du public.
Quatre décennies plus tard, V.G.E. a disparu mais les Gilets jaunes se sont fait entendre  et le Macron de service, sûr de lui,  qui n’a pas dû beaucoup prendre de TER dans sa vie, n’a pas vraiment éteint l’incendie… et ce n’est pas fini. Là, le passé éclaire le présent et à de rares moments, le spectacle dit quelque chose au public.

Léo Chohen-Paperman a bien vu que V.G.E. avait en effet quelque chose d’un personnage théâtral: gestuelle raide, élocution hautaine, maniérée, initiatives racoleuses, soi-disant pour être au plus près des Français avec dîners chez eux (enfin pas tous !), airs d’accordéon avec Yvette Horner, descente dans le métro, accompagnement au piano de Claude François pour l’arbre de Noël 75  à l’Elysée…

©x

©x

Une démarche, pensait-il sans doute, qui lui vaudrait la sympathie de tous! Même s’il a créé le musée d’Orsay, soutenu Simone Veil quand elle s’est battue pour la légalisation de l’avortement… V.G.E. ne sera jamais populaire et dans un brillant sketch, Le Giscardéon (1974), Yves Lecoq (Giscard) et Sophie Darel (Dalida) se rappelaient avec un humour caustique, à son bon souvenir : «Je sais que les radis, c’est très dur à trouver. Qu’il faut une fortune, pour s’offrir un navet. Et qu’on nous fait cher payer les salades de l’État. Sans parler des champignons de Mururoa.» /Mais tu joueras d’l'accordéon !Tu joues si bien l’accordéon! Quand tu es à l’accordéon,ça met la France en pamoison.»
Puis longtemps après, en 2007-2008, Débats 1974-1981, d’après les débats télévisés pour les élections présidentielles de 74 et 81 entre V.G.E. (Jacques Weber) et François Mitterrand (Jean-François Balmer).

Au début de ce Dîner chez les Français de Valéry Giscard d’Estaing, le Président et sa femme répondent des banalités polies à celles de la famille Deschamps. On n’est pas loin de cette autre famille théâtrale, les Deschiens. C’est bien vu, et on rit assez facilement. Léo Cohen-Paperman dirige avec soin ce jeu de massacre programmé et Robin Causse (Giscard) est tout à fait remarquable comme Gala Singer (Anne-Aymone). Mais les autres personnages comme Marcel et Germaine Deschamps sont aussi bien campés par Joseph Fourez et Morgane Nairaud. Comme Michel Corrini et sa compagne Sophie Deschamps, joués par Clovis Fouin et Pauline Bolcatto. Jules Campani est José, le bébé qui a grandi et retrace le parcours du septennat.  Il y a aussi pour aérer les choses, des chansons de Gérard Lenormand, Sheila, Diane Tell, Claude François. Bref toute une époque…

Oui mais… passée la première demi-heure, le spectacle, faute d’un dialogue à la hauteur, s’essouffle vite, même à la fin, quand le jeune Michel et V.G.E. commencent sérieusement à croiser le fer. Et la dramaturgie n’est pas très solide avec de vieux trucs,comme les trois hommes partis réparer la voiture… le temps de faire dialoguer entre elles, les trois femmes restées dans la salle à manger. Et il y a, à la fin, une insupportable bagarre avec des morceaux de grosses brioches (quelle médiocrité, quel gâchis de nourriture! Et finissant sans doute à la poubelle?)
Léo Cohen-Paperman semble en fait hésiter entre spectacle d’agit-prop, farce caricaturale et théâtre de chansonniers d’autrefois, revu et corrigé. Le texte, trop léger et répétitif, sent l’écriture de plateau à cent mètres! Il aurait mérité d’être beaucoup plus incisif et cette heure quarante est longuette. Quitte à se répéter, il y a ici, comme dans de nombreuses mises en scène actuelles, une meilleur gestion de l’espace que du temps. Le public, visiblement du quartier, content de revoir le temps passé, riait souvent à cette pochade, les quelques jeunes, beaucoup moins… Mais maintenant Léon Cohen-Paperman n’élaguera ni reverra ce texte estouffadou..
Enfin, si vous n’êtes pas difficile, vous pouvez tenter l’expérience. S’amuser un peu, en allant voir d’excellents acteurs, bien costumés par Marion Naudet, bien maquillés et emperruqués par Pauline Bry, peut se concevoir en ces temps douloureux. Nous aurions bien aimé voir le nouvel opus sur Macron, qui aurait été d’actualité! Mais il faudra attendre. Dommage! Cela serait aussi peut-être plus virulent.

Philippe du Vignal

Théâtre 13 /Glacière, 103 A boulevard Auguste-Blanqui, Paris (XIII ème), les mercredi 19, vendredi 21, lundi 24, mercredi 26 et vendredi 28 juin.

La Vie et la mort de J. Chirac, roi des Français + Génération Mitterrand, les mardi 18, jeudi 20, mardi 25 et jeudi 27 juin Épisode 1 (1h20) Entracte Épisode 2 (1h15).

Intégrales, les samedis 15, 22 et 29 juin (six heures, entractes compris). Épisode 1 (1 heure 20). Entracte. Épisode 2 (1heure 15) Entracte. Épisode 3 (1 heure 40).

DAROU L ISLAM |
ENSEMBLE ET DROIT |
Faut-il considérer internet... |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Le blogue a Voliere
| Cévennes : Chantiers 2013
| Centenaire de l'Ecole Privé...