Festival d’Avignon off : C’est mort (ou presque), texte de Charles Pennequin, spectacle musical mis en scène de Joachim Latarjet et Sylvain Maurice

Festival d’Avignon off :

 C’est mort (ou presque), texte de Charles Pennequin, spectacle musical mis en scène de Joachim Latarjet et Sylvain Maurice

 Dans le R.E.R., en allant quotidiennement à son travail d’informaticien, le gendarme Charles Pennequin est devenu poète. Joachim Latarjet et Sylvain Maurice se sont emparés de l’univers de cet artiste des mots et nous offrent un spectacle poétique et instrumental exceptionnel. Les sons, bruitages, textures données à la voix de Joachim Latarjet et la création musicale : jazz, swap rock ou électro-pop, accompagnent le dire poétique. Ces écritures : l’une sonore, l’autre textuelle, s’unissent et donnent vie aux textes envoûtants, graves et mélancoliques de Charles Pennequin. Elles créent un ballet esthétique et théâtral des plus réussis, et jubilatoire.

 

©Mickael Zumstein

©Mickael Zumstein

L’artiste arrive, s’assied sur un tabouret et la performance est lancée. Parole à la mort? À la vie? Le son d’un battement de cœur ouvre le spectacle, puis Joachim Latarjet saisit le micro et lance: « Plus, c’est vivant, plus, ça se redit… » Ici, «Le poète se regarde comme quand on contemple longtemps un cercueil et qu’on imagine quelqu’un dedans. » Pensées sans espoir, radicales souvent mais aussi d’un humour sans pareil, elles acquièrent sous cette forme orchestrale, une fascinante théâtralité. Le texte poétique, le rythme des mots, leur agencement avec la musique et la subtile création lumière laissent surgir aux yeux des spectateurs de véritables tableaux.
Des moments d’épiphanie, tout en ruptures/reprises dramatiques et orchestrales, nous éblouissent. Tout est là pour mettre à vif notre imagination et l’émotion est à son comble! La langue de Charles Pennequin rayonne à travers l’interprétation stupéfiante de Joachim Latarjet. Sur scène, les instruments disposés autour du performeur deviennent eux-mêmes comme par magie, personnages de cette interpellation à la mort ! La parole poétique est mise en scène, avec une exigence esthétique et technique remarquable.  Guitare électrique, tuba, basse, baglama, trombone à coulisse, looper, clavier… Et pour la voix, plusieurs micros, radio, fragments de concert, etc. font corps avec le performeur-musicien…

«Je n’ai pas, dit Charles Pennequin, les mots pour me taire. » Cette phrase bien connue reflète la sensibilité, le tempérament de cet artiste passionné et révolté, amoureux du langage et de son pouvoir de transfiguration du réel.
Mise en scène par Sylvain Maurice et jouée par Joachim Latarjet, sa façon notamment de précipiter le dire et le dionysiaque, s’harmonise avec l’apollinien et fait jaillir l’extase auprès du public. Le tragique de la mort devient ici un véritable cri à la vie! Cette performance musicale et théâtrale d’une rare beauté nous offre un souffle poétique puissant, face à la brutalité du monde et de l’existence. Et elle met le public en activité réflexive et dans un état d’émotion profonde.

 Elisabeth Naud

Théâtre du Train bleu, 40 rue Paul Sain., Avignon. T. : 04 90 82 39 06. Du  2 au 21 juillet, à 18 h 40.

Pamphlet contre la mort est édité aux éditions P.O.L.

 

 

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