Qui som? conception et mise en scène de Camille Decourtye et Blaï Mateu Trias

Festival d’Avignon


Qui som? 
conception et mise en scène de Camille Decourtye et Blaï Mateu Trias


D’abord un coup de gueule: pourquoi les spectacles du In commencent-ils systématiquement et sans un mot d’excuses! Celui-ci avec un retard de quinze minutes (pour vendre un maximum de places? Ici, il y en avait encore de libres..)
Les créations de la compagnie franco-catalane Baro d’evel maintenant bien connue ( voir Le Théâtre du Blog) sont d’abord fondées sur les arts du cirque mais pas que.. Qui som? est plutôt un spectacle à ranger dans la catégorie: performance avec treize artistes et qui a beaucoup à voir avec les arts plastiques. Qui sommes-nous? Une question que posent ces créateurs et qui se conjugue au présent, mais aussi à un futur, pas très rose du tout.

 

© Ch. Raynaud de Lage

© Ch. Raynaud de Lage

Sur le plateau noir, côté cour et côté jardin, sur un tapis de danse noir, huit socles aussi noirs alignés avec sur chacun, un pot en terre claire, éclairés par un rayon de lumière. Mais pas tous identiques et il y a aussi un tour de potier électrique.  Au centre du plateau, un tumulus très impressionnant de quelques mètres de haut, fait de centaines de longs rubans en tissu noir. Cette installation de toute beauté aurait sa place dans un centre d’art contemporain.
Devant ce tumulus, amenée par des tuyaux une barbotine rend le sol très glissant. Entrent en costumes et robes noirs
Lucia Bocanegra, Noëmie Bouissou, Camille Decourtye, Miguel Fiol, Dimitri Jourde, Chen-Wei Lee, (Rita Mateu Trias en alternance avec Amir Ziegler) Yolanda Sey, Julian Sicard, Marti Soler, Maria Caroline Vieira, Guillermo Weickert, Blaï Mateu Trias.
Ces artistes, danseurs, circassiens mais aussi clowns et chanteurs d’âge sont d’âge différent et vont d’abord se lancer dans un somptueux ballet, fondé sur le manque d’équilibre et sur les chutes inévitables. Comme celles de Buster Keaton : variées et magistrales. Il y a ici tout un art de la chute, entre clownerie et acrobatie. Des accidents mais en apparence seulement : en fait de véritables actions programmées et une sorte de réponse en mouvement, et non une soumission des corps à la pesanteur. Puis en général un rétablissement grâce à un partenaire : impeccable et savoureux mais ici pas de miracle, il faut ici un immense travail préalable surtout avec un groupe aussi important. La parole au théâtre peut s’improviser mais pas la chute-expression d’un mouvement. Elle se prépare et il faut ensuite s’en relever. Antoine Vitez nous avait dit qu’il demandait parfois lors d’une audition à un acteur ou une actrice, de marcher longuement puis de tomber sur un claquement de doigt. Et là, son jugement était sans appel. Mais les acteurs-danseurs de Baro d’Evel sont virtuoses en la matière.

© Ch. Raynaud de Lage

© Ch. Raynaud de Lage

Camille Decourtye et Blaï Mateu Trias savent mettre superbement en scène la personnalité de chaque interprète, quelque soit son âge et sa taille, avec une impassibilité ‘ (apparente) devant ce qui leur arrive. Les costumes noirs sont maintenant couverts de blanc et les treize interprètes forment un tableau d’ensemble d’une humanité déboussolée. Magnifiques, ils regardent abasourdis le public,
Puis tous prendront un pot en terre visiblement pas encore très cuit et s’en coiffera, puis y fera deux trous pour les yeux et quelques-uns se feront aussi des oreilles. De temps à autre, un petit chien arrive à cour sur la scène pour en ressortir côté jardin… Ou alors il obéit et monte sur le dos d’une actrice qui marchera à quatre pattes pour sortir avec lui du plateau.

Impossible de citer tous les moments d’une rare poésie avant que ne se lève ce tumulus pour former un épais et grand rideau sans cesse en mouvement et d’où émergent parfois une main, voire le corps entier d’un acrobate la tête en bas. Une sculpture en mouvement absolument magnifique.
Puis désastre écologique, on ne rit plus du tout. Le rideau noir toujours et encore en mouvement, laissera échapper une marée de dizaines de milliers de bouteilles en plastique incolore ou vert aplaties… Très impressionnant! Une marée que les treize artistes repousseront avec leurs mains sous le rideau, là d’où elles étaient venues. Noir. Mais fausse fin. Puis ils reviennent chacun avec un instrument et jouent tous ensemble face public .
Camille Decourtye se lance alors au micro dans un discours politico-moralisateur que Barel d’avo aurait pu nous épargner : le public-âgé comme ailleurs dans le festival (vu le prix des places, il y a très peu de jeunes gens ) lui a fait une ovation debout.
Les acteurs-musiciens entraînent alors les spectateurs dans la cour du lycée Saint-Joseph… où ils continuent à jouer. Mais cette fin, dommage, n’est pas aussi réussie que le reste de ce spectacle tout à fait remarquable…

Philippe du Vignal

Cour du lycée Saint-Joseph, rue des Lices Avignon jusqu’au 14 juillet.


Archive pour 5 juillet, 2024

Qui som? conception et mise en scène de Camille Decourtye et Blaï Mateu Trias

Festival d’Avignon


Qui som? 
conception et mise en scène de Camille Decourtye et Blaï Mateu Trias


D’abord un coup de gueule: pourquoi les spectacles du In commencent-ils systématiquement et sans un mot d’excuses! Celui-ci avec un retard de quinze minutes (pour vendre un maximum de places? Ici, il y en avait encore de libres..)
Les créations de la compagnie franco-catalane Baro d’evel maintenant bien connue ( voir Le Théâtre du Blog) sont d’abord fondées sur les arts du cirque mais pas que.. Qui som? est plutôt un spectacle à ranger dans la catégorie: performance avec treize artistes et qui a beaucoup à voir avec les arts plastiques. Qui sommes-nous? Une question que posent ces créateurs et qui se conjugue au présent, mais aussi à un futur, pas très rose du tout.

 

© Ch. Raynaud de Lage

© Ch. Raynaud de Lage

Sur le plateau noir, côté cour et côté jardin, sur un tapis de danse noir, huit socles aussi noirs alignés avec sur chacun, un pot en terre claire, éclairés par un rayon de lumière. Mais pas tous identiques et il y a aussi un tour de potier électrique.  Au centre du plateau, un tumulus très impressionnant de quelques mètres de haut, fait de centaines de longs rubans en tissu noir. Cette installation de toute beauté aurait sa place dans un centre d’art contemporain.
Devant ce tumulus, amenée par des tuyaux une barbotine rend le sol très glissant. Entrent en costumes et robes noirs
Lucia Bocanegra, Noëmie Bouissou, Camille Decourtye, Miguel Fiol, Dimitri Jourde, Chen-Wei Lee, (Rita Mateu Trias en alternance avec Amir Ziegler) Yolanda Sey, Julian Sicard, Marti Soler, Maria Caroline Vieira, Guillermo Weickert, Blaï Mateu Trias.
Ces artistes, danseurs, circassiens mais aussi clowns et chanteurs d’âge sont d’âge différent et vont d’abord se lancer dans un somptueux ballet, fondé sur le manque d’équilibre et sur les chutes inévitables. Comme celles de Buster Keaton : variées et magistrales. Il y a ici tout un art de la chute, entre clownerie et acrobatie. Des accidents mais en apparence seulement : en fait de véritables actions programmées et une sorte de réponse en mouvement, et non une soumission des corps à la pesanteur. Puis en général un rétablissement grâce à un partenaire : impeccable et savoureux mais ici pas de miracle, il faut ici un immense travail préalable surtout avec un groupe aussi important. La parole au théâtre peut s’improviser mais pas la chute-expression d’un mouvement. Elle se prépare et il faut ensuite s’en relever. Antoine Vitez nous avait dit qu’il demandait parfois lors d’une audition à un acteur ou une actrice, de marcher longuement puis de tomber sur un claquement de doigt. Et là, son jugement était sans appel. Mais les acteurs-danseurs de Baro d’Evel sont virtuoses en la matière.

© Ch. Raynaud de Lage

© Ch. Raynaud de Lage

Camille Decourtye et Blaï Mateu Trias savent mettre superbement en scène la personnalité de chaque interprète, quelque soit son âge et sa taille, avec une impassibilité ‘ (apparente) devant ce qui leur arrive. Les costumes noirs sont maintenant couverts de blanc et les treize interprètes forment un tableau d’ensemble d’une humanité déboussolée. Magnifiques, ils regardent abasourdis le public,
Puis tous prendront un pot en terre visiblement pas encore très cuit et s’en coiffera, puis y fera deux trous pour les yeux et quelques-uns se feront aussi des oreilles. De temps à autre, un petit chien arrive à cour sur la scène pour en ressortir côté jardin… Ou alors il obéit et monte sur le dos d’une actrice qui marchera à quatre pattes pour sortir avec lui du plateau.

Impossible de citer tous les moments d’une rare poésie avant que ne se lève ce tumulus pour former un épais et grand rideau sans cesse en mouvement et d’où émergent parfois une main, voire le corps entier d’un acrobate la tête en bas. Une sculpture en mouvement absolument magnifique.
Puis désastre écologique, on ne rit plus du tout. Le rideau noir toujours et encore en mouvement, laissera échapper une marée de dizaines de milliers de bouteilles en plastique incolore ou vert aplaties… Très impressionnant! Une marée que les treize artistes repousseront avec leurs mains sous le rideau, là d’où elles étaient venues. Noir. Mais fausse fin. Puis ils reviennent chacun avec un instrument et jouent tous ensemble face public .
Camille Decourtye se lance alors au micro dans un discours politico-moralisateur que Barel d’avo aurait pu nous épargner : le public-âgé comme ailleurs dans le festival (vu le prix des places, il y a très peu de jeunes gens ) lui a fait une ovation debout.
Les acteurs-musiciens entraînent alors les spectateurs dans la cour du lycée Saint-Joseph… où ils continuent à jouer. Mais cette fin, dommage, n’est pas aussi réussie que le reste de ce spectacle tout à fait remarquable…

Philippe du Vignal

Cour du lycée Saint-Joseph, rue des Lices Avignon jusqu’au 14 juillet.

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