Festival d’Avignon Elizabeth Costello, Sept leçons et cinq contes moraux,mise en scène de Krzysztof Warlikowski, (en polonais surtitré en français et anglais)
Festival d’Avignon (suite et fin)
Elizabeth Costello, Sept leçons et cinq contes moraux, mise en scène de Krzysztof Warlikowski (en polonais, surtitré en français et anglais)
En quatre trop! longues heures, le metteur en scène fait entendre la parole du prix Nobel de littérature, sur la vie d’Elizabeth Costello. Les textes sont issus de trois des romans de cette écrivaine australienne qui, à soixante-dix ans, parcourt le monde avec son fils et qui donne des conférences sur sa lutte pour la cause animale. Ce personnage imaginé par l’auteur, traite aussi de grands thèmes comme le réalisme, la question du mal… « J.M. Coetzee entretient des rapports complexes avec celle qui va, de conférence en conférence comme lui. Elle devient son alter ego, dit Krzysztof Warlikowski. Certaines de ses interventions sont inspirées par celles qu’a faites l’auteur. »
Oui, mais dans la Cour d’honneur, les choses se sont bien mal passées! Inutile d’avoir lu J. M. Cotzee pour essayer de voir à quel découpage de textes, a procédé le metteur en scène polonais : de toute façon, on ne comprend rien et sa mise en scène n’est absolument pas lisible. Manque ici une véritable dramaturgie pour structurer et… rendre lisibles les tableaux successifs de ce spectacle. Elizabeth Costello est incarnée par plusieurs comédiennes et un travesti. Et J.M. Coetzee par un seul interprète. Comme toujours chez le metteur en scène polonais, le jeu de ses fidèles acteurs est exceptionnel, comme la très remarquable scénographie de Malgorzata Szczesniak. Ici, associée aux vidéos d’un réalisme esthétique, signées Kamil Polak.
Mais cela ne suffit vraiment pas! Ici, faute d’intelligibilité, la pièce fait du surplace et l’ennui gagne une grande partie des spectateurs; chaque soir, ils quittent assez vite cette épopée à travers le monde.
Même les quelques passages teintés d’humour comme l’arrivée d’un coureur cycliste disant: «Je ne fais pas partie du spectacle.» Ou la traversée inopinée d’un montagnard en raquettes dans une tempête de neige, n’arrivent pas à sauver cette mise en scène !
Avant d’arriver au Théâtre national de la Colline à Paris, Krzysztof Warlikowski aurait tout intérêt à vraiment retravailler cette création. La cause animale défendue par J.M. Coetzee en vaut la peine…
Dans un épilogue du roman éponyme, il y a, citée, Une lettre de Lord Chandos (1904) du grand écrivain autrichien Hugo von Hofmannsthal «En de tels instants, une créature sans valeur, un chien, un rat, un insecte, un pommier rabougri, un chemin de terre tortueux escaladant la colline, un caillou couvert de mousse comptent pour moi davantage, que n’a jamais eu l’amante la plus belle, la plus prodigue de la plus heureuse de mes nuits. Ces créatures muettes et parfois inanimées s’élancent vers moi avec un amour si entier, si présent, que mon regard comblé ne peut tomber alentour sur aucune surface morte. Tout ce qui est, ce dont je me souviens, tout ce, à quoi touchent mes pensées les plus confuses, me semble être quelque chose. »
Jean Couturier
Le spectacle a été joué du 16 au 21 juillet, à la Cour d’Honneur du Palais des Papes, Avignon.
Théâtre National de la Colline, Paris (XX ème), du 5 au 16 février.