La Cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques (troisième épisode)

La Cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques (troisième épisode)

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Le bateau des athlètes réfugiés passe devant une ligne de jets d’eau distribués en bouquet ou s’entrecroisant.
« C’est une allusion, dit Daphné Burki, au système hydraulique au bord de la Seine à Marly-le-Roy.
Il avait été conçu par  l’ingénieur Rennequin Sualem  en 1681 et alimentait les grandes eaux  du château de Versailles dont Louis XIV était admiratif . »

Plus de défilés d’athlètes comme aux précédents Jeux Olympiques : ici, ils se regroupent au coude à coude sur le pont d’un bateau, agitent les drapeaux de leur pays, tanguent, forment un ensemble un peu chaotique, l’instabilité permanente libérant de nouvelles forces… Plaisir de se serrer, osciller et faire corps. Cette cérémonie lave la honte des Jeux Olympiques à Berlin: en 1936 où certaines délégations d’athlètes défilèrent en faisant le salut nazi. Munich  a commencé là, dans ce geste de soumission.

 

© Fred Dugit

© Fred Dugit La délégation palestinienne

Le navire allemand impressionne par le nombre de participants.En polo rose, sur celui de l’Angleterre, ils sautent sur place en polo blanc et pantalon bleu sombre. Tous lèvent les bras et les sourires sont partout. Sur le bateau de l’Aruba, les femmes portent des robes à bandes, bleu, jaune, blanc. Les hommes, des  chapeaux rouges.
Sur celui des Bahamas, les costumes dupliquent les couleurs du drapeau: bleu, jaune, blanc, noir. A mesure de sa progression, le bateau donne un point de vue sur ce qui se situe hors-champ, l’instant d’avant. Ce rôle d’éclaireur rend visibles sur les rives de la Seine, les tableaux mais aussi les jets d’eau, un accordéoniste, la façade d’un immeuble. La  question: « où va-t-on » ne se pose plus mais « que va-t-il arriver ? « 

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Un accordéoniste (Félicien Brut) -béret, pantalon bleu et veste rouge, bleu et blanc avec deux ailes, comme si de rien n’était  est assis sur le rebord du pont d’Austerlitz. Il joue La Foule d’Edith Piaf, ouvrant ainsi le premier des douze tableaux. Les bateaux passent sous le pont … Une image mêlant prosaïsme et merveilleux, avec une grande intensité de couleurs.

Une façade d’immeuble prend toute l’ouverture du champ de vision. Des Parisiens sont debout sur leur balcon trois étages. Accrochés aux balustrades des trois étages, les drapeaux  américain, français, suédois, grec flottent au vent…Merveille, la vie quotidienne glisse dans le « temps pur ». Et vu de haut, la Seine dont les larges courbes offrent une majesté au navire dans son ralentissement même. Le fleuve agit-il sur la joie des athlètes? Ils balancent, ondoient comme les remous de la Seine.

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Les temps modernes libèrent tous les flux urbains comme ici à Paris.  Berlin, symphonie d’une grande ville de Walter Ruttmann (1927) montrait les mouvements d’une ville et le danger d’une centralisation.
Ce film annonce un régime totalitaire à venir où rassembler les flux, revient à mettre la mort, au pouvoir.


Des personnages en noir, immobiles échelonnés sur un grand escalier beige doré,  échelonnés. Chaque danseuse est couverte de deux ballons en plumes roses et on ne voit que leurs jambes droites. Elles composent une figure triangulaire avec, au sommet, une danseuse coiffée de plumes roses. Dans la partie inférieure, deux hommes tiennent de larges éventails superposés en plumes roses, en en masquant une dont seules sont visibles les jambes en collant noir.

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Les danseuses descendent lentement l’escalier, en croisant et décroisant leurs jambes. Qui est-ce? En bas de l’escalier, la musique de Mon truc en plumes de Zizi Jeanmaire (1924-2020) donne un indice. Les boys font trembler les éventails et soudain, les écartent. Apparait Lady Gaga! Mais pas en direct! Un peu inclinée  en arrière  et une forme noire en plumes l’enveloppe d’abord entièrement. Nous voyons seulement sa tête aux cheveux serrés avec au sommet- une fantaisie-une tige flexible fixée  répercutant ses mouvements…
On pense aux enfants du clip réalisé par Kodak de Jean-Paul Goude, dotés de la même tige flexible. « Bonsoir, bienvenue à Paris », dit-elle, avec un accent délicieux.

 

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Elle chante Mon truc en  plumes, avec nombre de spasmes et secousses. Elle roule les épaules, en traversant l’espace de long en large… Un corps à corps avec ce fragment de quai changé en scène de music-hall. L’escalier offre une transposition où la réalité de tous les jours verse dans le décor: ainsi un lampadaire a été doré.Lady Gaga, au début de la séquence, rend hommage à Zizi Jeanmaire  qui,  d’une  manière subtile, masquait ses jambes… « Fière à jambes »,disait Roland Petit,  son chorégraphe et mari.
Cet hommage redouble avec les girls alignées au sol dont ne voit que les jambes battantes. « Mon truc en plumes, c’est très malin/ Rien dans les mains/Tout dans l’coup des reins/Viens l’essayer /J’vais te faire danser ». Le Lido a prêté les éventails et les ballons de plumes roses, dit Daphné Burki.  » Mais où est passée la flamme ?


Bernard Rémy


Archive pour 9 août, 2024

La Cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques (troisième épisode)

La Cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques (troisième épisode)

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Le bateau des athlètes réfugiés passe devant une ligne de jets d’eau distribués en bouquet ou s’entrecroisant.
« C’est une allusion, dit Daphné Burki, au système hydraulique au bord de la Seine à Marly-le-Roy.
Il avait été conçu par  l’ingénieur Rennequin Sualem  en 1681 et alimentait les grandes eaux  du château de Versailles dont Louis XIV était admiratif . »

Plus de défilés d’athlètes comme aux précédents Jeux Olympiques : ici, ils se regroupent au coude à coude sur le pont d’un bateau, agitent les drapeaux de leur pays, tanguent, forment un ensemble un peu chaotique, l’instabilité permanente libérant de nouvelles forces… Plaisir de se serrer, osciller et faire corps. Cette cérémonie lave la honte des Jeux Olympiques à Berlin: en 1936 où certaines délégations d’athlètes défilèrent en faisant le salut nazi. Munich  a commencé là, dans ce geste de soumission.

 

© Fred Dugit

© Fred Dugit La délégation palestinienne

Le navire allemand impressionne par le nombre de participants.En polo rose, sur celui de l’Angleterre, ils sautent sur place en polo blanc et pantalon bleu sombre. Tous lèvent les bras et les sourires sont partout. Sur le bateau de l’Aruba, les femmes portent des robes à bandes, bleu, jaune, blanc. Les hommes, des  chapeaux rouges.
Sur celui des Bahamas, les costumes dupliquent les couleurs du drapeau: bleu, jaune, blanc, noir. A mesure de sa progression, le bateau donne un point de vue sur ce qui se situe hors-champ, l’instant d’avant. Ce rôle d’éclaireur rend visibles sur les rives de la Seine, les tableaux mais aussi les jets d’eau, un accordéoniste, la façade d’un immeuble. La  question: « où va-t-on » ne se pose plus mais « que va-t-il arriver ? « 

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Un accordéoniste (Félicien Brut) -béret, pantalon bleu et veste rouge, bleu et blanc avec deux ailes, comme si de rien n’était  est assis sur le rebord du pont d’Austerlitz. Il joue La Foule d’Edith Piaf, ouvrant ainsi le premier des douze tableaux. Les bateaux passent sous le pont … Une image mêlant prosaïsme et merveilleux, avec une grande intensité de couleurs.

Une façade d’immeuble prend toute l’ouverture du champ de vision. Des Parisiens sont debout sur leur balcon trois étages. Accrochés aux balustrades des trois étages, les drapeaux  américain, français, suédois, grec flottent au vent…Merveille, la vie quotidienne glisse dans le « temps pur ». Et vu de haut, la Seine dont les larges courbes offrent une majesté au navire dans son ralentissement même. Le fleuve agit-il sur la joie des athlètes? Ils balancent, ondoient comme les remous de la Seine.

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Les temps modernes libèrent tous les flux urbains comme ici à Paris.  Berlin, symphonie d’une grande ville de Walter Ruttmann (1927) montrait les mouvements d’une ville et le danger d’une centralisation.
Ce film annonce un régime totalitaire à venir où rassembler les flux, revient à mettre la mort, au pouvoir.


Des personnages en noir, immobiles échelonnés sur un grand escalier beige doré,  échelonnés. Chaque danseuse est couverte de deux ballons en plumes roses et on ne voit que leurs jambes droites. Elles composent une figure triangulaire avec, au sommet, une danseuse coiffée de plumes roses. Dans la partie inférieure, deux hommes tiennent de larges éventails superposés en plumes roses, en en masquant une dont seules sont visibles les jambes en collant noir.

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Les danseuses descendent lentement l’escalier, en croisant et décroisant leurs jambes. Qui est-ce? En bas de l’escalier, la musique de Mon truc en plumes de Zizi Jeanmaire (1924-2020) donne un indice. Les boys font trembler les éventails et soudain, les écartent. Apparait Lady Gaga! Mais pas en direct! Un peu inclinée  en arrière  et une forme noire en plumes l’enveloppe d’abord entièrement. Nous voyons seulement sa tête aux cheveux serrés avec au sommet- une fantaisie-une tige flexible fixée  répercutant ses mouvements…
On pense aux enfants du clip réalisé par Kodak de Jean-Paul Goude, dotés de la même tige flexible. « Bonsoir, bienvenue à Paris », dit-elle, avec un accent délicieux.

 

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Elle chante Mon truc en  plumes, avec nombre de spasmes et secousses. Elle roule les épaules, en traversant l’espace de long en large… Un corps à corps avec ce fragment de quai changé en scène de music-hall. L’escalier offre une transposition où la réalité de tous les jours verse dans le décor: ainsi un lampadaire a été doré.Lady Gaga, au début de la séquence, rend hommage à Zizi Jeanmaire  qui,  d’une  manière subtile, masquait ses jambes… « Fière à jambes »,disait Roland Petit,  son chorégraphe et mari.
Cet hommage redouble avec les girls alignées au sol dont ne voit que les jambes battantes. « Mon truc en plumes, c’est très malin/ Rien dans les mains/Tout dans l’coup des reins/Viens l’essayer /J’vais te faire danser ». Le Lido a prêté les éventails et les ballons de plumes roses, dit Daphné Burki.  » Mais où est passée la flamme ?


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