La Cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques (chapitre cinq)

La Cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques (chapitre six)

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Synchronicité. Roulades sur un pont et passage à la station droite immobile, du porteur de flamme masqué, avec un enchaînement de gestes. Que regarde-t-il? Les échafaudages pour la réhabilitation de Notre-Dame enveloppent les tours après l’incendie du 15 avril 2019. De nombreux corps de métier travaillent à sa restauration. Les percussions deviennent régulières et se prolongent en musique, grâce aux coups de maillet sur les lamelles du xylophone.

©Ludovic Marin

©Ludovic Marin


Une admirable intelligence en acte avec la musique de Victor Le Masne: «La musique est présente une peu tout au long du parcours, comme celle d’un film qui accompagne une narration Beaucoup de choses sont de ma composition mais j’ai aussi fait le choix de certains morceaux iconiques français. Tout ici se dédouble: extension des bruits en sons, extension des danses sur les échafaudages. Les interprètes casqués et harnachés, évoluent parmi les tubes et  « jouent » les gestes des ouvriers avec marteau, scie, etc. « Les charpentiers, les menuisiers, les métiers d’art sont à l’honneur », chante Daphné Bürki. Qui a dit: « l’art embellit la réalité »?

© Arnaud Journois

© Arnaud Journois Daphné Bürki

Une synchronicité peut en cacher une autre et les bruits se  fondent dans les sons et gestes au ralenti. Reste la percussion allégée, musicale du xylophone. Un courant sonore qui devient symphonique avec la répétition d’un même thème. Le cœur s’élève et une autre temps  voit le jour mais sur une durée sans ressemblance avec une autre. Seul, compte le rapport.
Les gestes lents des danseurs  sur l’échafaudage, et  les mouvements rapides de 420 interprètes dans l’île de la Cité. Il y a la danse du haut  et la danse du bas… parmi les flaques d’eau. Chacune a ses beautés et ses figures. Cette  chorégraphie, à la fois dissociée et  associée, est signée Maud le Pladec. Soit un oiseau qui vole, un homme qui marche, un rivière qui coule. Trois durées  avec un décalage des termes, selon Henri Bergson. 

Ils inventent une danse toute en forces contenues. il s’agit de prendre appui sur  les tubes et de gagner, millimètre par millimètre, une marge d’action. Extensions, étirements: ils déjouent la pesanteur. De la contrainte, naissent des mouvements  purs. Un bras dessine une courbe à l’horizontale comme un salut à la danse, qui consiste à créer de nouvelles lignes. Ensemble, trois danseurs échelonnés sur une diagonale invisible de bas en haut, figurent un envol suspendu. Les pieds sont bien attachés et leur corps s’étend dans le ciel. Dos incurvé, bras largement ouverts et jambe repliée vers le haut. Trois oiseaux : celui d’Henri Bergson répété trois fois…On remarque à peine l’effort, ce que voulait Baudelaire pour l’art…« 
Cette pratique chorégraphique a un nom : danse verticale, un terme qui apparut dans les années soixante avec la compagnie française Roch in lichen qu’on a vu notamment au festival d’Aurillac (voir Le Théâtre du Blog) . Pour la danse aérienne, aux cordes, s’ajoutent des câbles élastiques.  Philippe Decoufflé l’avait utilisé  pour la Cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques d’hiver en 92. Pour les danses aériennes sur les échafaudages de Notre-Dame, on a utilisé des harnais d’escalade et éléments d’ancrage. Ainsi la danse de voltige prolonge l’effort purement physique (pieds attachés) sur une seule ligne, loin du bord, par de magnifiques envolées.

 

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En bas sur l’île de la Cité, des mouvements d’ensemble, obstinés. Comment ne pas avoir les larmes aux yeux devant cette action et ce engagement!  Il faut être digne de la vie et ici, c’est une joie grave. Nous avons vu danser 420 âmes. « Ces jeunes », dit Daphné Burki, sont en première ligne, sur le front. La façade de l’Hôtel- Dieu développe une vague dorée. Une myriade de lamelles suspendues oscillent dans le vent ».
Ils plient et déplient un bras ensemble, les jambes bien accrochées au sol et dans l’eau . Ou, à toute vitesse, une seule jambe.Leurs épaules tournoient sans cesse en demi-cercle. Ils sautent ensemble.

Mais pas comme les danseurs « d’obscurité » qui évoluent au maximum de leurs forces et s’écroulent épuisés. Ici, ils gardent une réserve qui accompagne la vitesse et traverse  les rotations, tous les plis et et déplis,  et assure la fluidité de l’ensemble. Le porteur de flamme masqué  court, saute sur un toit, puis ouvre une porte, celle d’un un atelier? Fin de ce cinquième épisode et la suite au prochain numéro…

Bernard Rémy

 

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