La Cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques (sixième épisode)

La Cérémonie d’ouverture des Jeux  Olympiques (sixième épisode)

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Le Porteur de la Flamme, en noir et blanc, court  masqué  et saute sur les toits.  Une image qui participera de la cérémonie de clôture avec, à un moment, un paysage de figures lumineuses sur fond noir, à la limite de la visibilité. Il ouvre une porte et entre dans un atelier où il esquive les obstacles. De nombreux travailleurs en salopette  penchés sur des tables, fabriquent avec couteaux, ciseaux, longues aiguilles, les malles élégantes qui transporteront les médailles.
« Hommage à l’artisanat, au savoir-faire. » dit Daphné Bürki. Le porteur masqué enfile les couloirs du Théâtre du Châtelet et tombe sur une répétition d’une comédie musicale Les Misérables avec tambours, fusils et baïonnettes,  le visage des acteurs criant la révolte. La Liberté guidant le peuple d’Eugène Delacroix se change en tableau vivant. Sur fond  des vestiges de combats, se lèvent des hommes à la chemise  d’un blanc éclatant. Leurs cris deviendront des chants pour surmonter la peur de mourir.

© capture de France 2

© capture de France 2

Se pose une question très moderne: comment passer des mots de Victor Hugo, des couleurs d’Eugène Delacroix, à un autre médium, au chant et la musique? Le porteur masqué entre à la Monnaie de Paris et ne cesse de se détourner de son but; la vasque. Il révèle l’activité des lieux nécessaire à l’organisation des Jeux Olympiques. Mieux, il intègre virtuellement dans son bras et dans la flamme, les éléments constitutifs de cette Olympiade. Elle  devient  un concentré des Jeux. Et les derniers porteurs accomplissent deux gestes en un: ils allument la vasque et la courbe de leur bras délivrent les germes des Jeux Olympiques. D’où est venue  cette joie grandiose,  le lendemain du 27 juillet ?

A la Monnaie de Paris,  coule l’or olympique avec 5.084 médailles,  après un passage dans une cuve en ébullition.  Selon Héraclite, philosophe  du fleuve, le feu assure la circulation entre les trois éléments: l’eau, l’air  et la terre. Surgit plein écran, une figure sidérante. A une fenêtre de la Conciergerie, la reine Marie-Antoinette en robe rouge éclatant comme les joues et les ongles. Elle porte sur ses cuisses, sa tête décapitée aux yeux écarquillés, chantant le fameux air révolutionnaire: « Ah! ça ira »! Ce n’est pas la Reine qui chante, mais la voix un peu fêlée d’une « Amazone, tricoteuse « . Une de celles qui participèrent aux premières journées révolutionnaires.

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A la première vision , nous avons d’bord ri. Puis, un malaise s’installa. Ce n’est pas un cadavre : très maquillée, pommadée de rouge, et en belle robe rouge, la Reine apparaît. Cet instant ne présente-t-il pas une contre-image, traçant un hiatus avec la cérémonie toute entière, multipliant les figures de la joie. Paul Virilio parle d’une « esthétique de la disparition »  Ici, ce serait peut-être une « esthétique de l’horreur ». La dérision affaisse la pensée. C’est un mauvais moment à passer. Mais aussitôt, la joie revient et touche au sublime.

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Gojira, le groupe heavy metal déclenche un orage  sonore. Placés sur des balcons de la Conciergerie, ses interprètes (guitares électriques, batterie…) interprètent:  « Ah! ça ira ».
Ils se creusent, se relèvent vivement, Is se plient et continuent un des secrets de la cérémonie et  la dépense diffuse un surcroit d’énergies subtiles


©Bernadette Szabo

©Bernadette Szabo

 Un des secrets de cette cérémonie très réussie: une sur-dépense d’énergies subtiles.  Et, à la surface de ce volume sonore grandiose, la voix d’une femme en  rouge et blanc, à la proue d’un  navire qui semble glisser sur la Seine. Derrière elle, s’élève une colonne de petites lamelles brillantes. Le bois du (XII ème siècle!) du bateau est le passé, l’âme de Paris et résonne avec la colonne scintillante des temps modernes. Un étrange et familier navire…

 

Bernard Rémy


Archive pour 16 août, 2024

La Cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques (sixième épisode)

La Cérémonie d’ouverture des Jeux  Olympiques (sixième épisode)

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Le Porteur de la Flamme, en noir et blanc, court  masqué  et saute sur les toits.  Une image qui participera de la cérémonie de clôture avec, à un moment, un paysage de figures lumineuses sur fond noir, à la limite de la visibilité. Il ouvre une porte et entre dans un atelier où il esquive les obstacles. De nombreux travailleurs en salopette  penchés sur des tables, fabriquent avec couteaux, ciseaux, longues aiguilles, les malles élégantes qui transporteront les médailles.
« Hommage à l’artisanat, au savoir-faire. » dit Daphné Bürki. Le porteur masqué enfile les couloirs du Théâtre du Châtelet et tombe sur une répétition d’une comédie musicale Les Misérables avec tambours, fusils et baïonnettes,  le visage des acteurs criant la révolte. La Liberté guidant le peuple d’Eugène Delacroix se change en tableau vivant. Sur fond  des vestiges de combats, se lèvent des hommes à la chemise  d’un blanc éclatant. Leurs cris deviendront des chants pour surmonter la peur de mourir.

© capture de France 2

© capture de France 2

Se pose une question très moderne: comment passer des mots de Victor Hugo, des couleurs d’Eugène Delacroix, à un autre médium, au chant et la musique? Le porteur masqué entre à la Monnaie de Paris et ne cesse de se détourner de son but; la vasque. Il révèle l’activité des lieux nécessaire à l’organisation des Jeux Olympiques. Mieux, il intègre virtuellement dans son bras et dans la flamme, les éléments constitutifs de cette Olympiade. Elle  devient  un concentré des Jeux. Et les derniers porteurs accomplissent deux gestes en un: ils allument la vasque et la courbe de leur bras délivrent les germes des Jeux Olympiques. D’où est venue  cette joie grandiose,  le lendemain du 27 juillet ?

A la Monnaie de Paris,  coule l’or olympique avec 5.084 médailles,  après un passage dans une cuve en ébullition.  Selon Héraclite, philosophe  du fleuve, le feu assure la circulation entre les trois éléments: l’eau, l’air  et la terre. Surgit plein écran, une figure sidérante. A une fenêtre de la Conciergerie, la reine Marie-Antoinette en robe rouge éclatant comme les joues et les ongles. Elle porte sur ses cuisses, sa tête décapitée aux yeux écarquillés, chantant le fameux air révolutionnaire: « Ah! ça ira »! Ce n’est pas la Reine qui chante, mais la voix un peu fêlée d’une « Amazone, tricoteuse « . Une de celles qui participèrent aux premières journées révolutionnaires.

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A la première vision , nous avons d’bord ri. Puis, un malaise s’installa. Ce n’est pas un cadavre : très maquillée, pommadée de rouge, et en belle robe rouge, la Reine apparaît. Cet instant ne présente-t-il pas une contre-image, traçant un hiatus avec la cérémonie toute entière, multipliant les figures de la joie. Paul Virilio parle d’une « esthétique de la disparition »  Ici, ce serait peut-être une « esthétique de l’horreur ». La dérision affaisse la pensée. C’est un mauvais moment à passer. Mais aussitôt, la joie revient et touche au sublime.

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Gojira, le groupe heavy metal déclenche un orage  sonore. Placés sur des balcons de la Conciergerie, ses interprètes (guitares électriques, batterie…) interprètent:  « Ah! ça ira ».
Ils se creusent, se relèvent vivement, Is se plient et continuent un des secrets de la cérémonie et  la dépense diffuse un surcroit d’énergies subtiles


©Bernadette Szabo

©Bernadette Szabo

 Un des secrets de cette cérémonie très réussie: une sur-dépense d’énergies subtiles.  Et, à la surface de ce volume sonore grandiose, la voix d’une femme en  rouge et blanc, à la proue d’un  navire qui semble glisser sur la Seine. Derrière elle, s’élève une colonne de petites lamelles brillantes. Le bois du (XII ème siècle!) du bateau est le passé, l’âme de Paris et résonne avec la colonne scintillante des temps modernes. Un étrange et familier navire…

 

Bernard Rémy

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