Festival d’Aurillac: Entretien avec Frédéric Fort

Festival d’Aurillac

 

Entretien avec Frédéric Fort

-Vous êtes venu au titre de conseiller pour les arts de la rue à la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques (S.A.C.D.) ?

© Philippe du Vignal

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- Oui, mon rôle est de gérer et organiser les dispositifs: Écrire pour la rue, aide aux auteurs et aide à l’écriture dont le financement est assuré par la S.A.C.D.  et par la Direction Générale de la Création Artistique (D.G.C.A.) au ministère de la Culture: elle définit, coordonne et évalue la politique de l’État relative aux arts visuels et au spectacle vivant. Et à ce titre, j’organise les jurys de sélection et les débats.
La S.A.C.D. a voulu reconnaître la singularité des écritures pour l’espace public et les auteurs/concepteurs, et elle les ac
compagne financièrement, favorise leurs démarches dans les lieux et avec des partenaires jusqu’à leur aboutissement
Elle incite aussi aux démarches innovantes. Dix projets au maximum sont retenus par an. La candidature des autrices, auteurs ou responsables artistiques, doit être accompagnée par une structure d’accueil, lieu de création, notamment pour l’espace public.
Par projet lauréat, l’
aide à l’écriture versée par la S.A.CD. est de 1.000 €. Et celle pour l’accompagnement de la démarche d’écriture de 5.700 € est versée par le Ministère de la Culture. Ces aides permettent que les auteurs et leurs collaborateurs artistiques soient rémunérés, comme la recherche documentaire, les éventuels frais de déplacement pour repérage et les collaborations de tout champ disciplinaire.

Le second volet du dispositif est l’aide aux compagnies: 5.700 € pour la création et la diffusion. Ce budget est financé à 100 % par la S.AC.D. et par les festivals de Chalon, Aurillac, et cette année de Cergy-Pontoise (Val-d’Oise). Comme, par exemple, le spectacle Jouir qui a eu un grand succès ( voir Le Théâtre du Blog). Il faut noter que ces dispositifs peuvent être cumulables la même année. Cela fonctionne bien, avec environ soixante à quatre-vingt dossiers de candidature par an.

- Comment voyez-vous l’évolution du festival d’Aurillac où votre compagnie Hannibal et ses éléphants, a souvent joué?

- Dirigé par Frédéric Rémy, il suit, pourrait-on dire, son bonhomme de chemin et il y a une chose récurrente et  unique: toutes les compagnies peuvent y jouer; cette année, il y en a eu environ six cent!  Dans de nombreux espaces publics de vie au centre ville, comme les places, les cours, etc.  Et il y a beaucoup de spectacles gratuits.

- Vous êtes sans doute très pris par votre fonction mais vous avez sans doute pu en voir plusieurs…

 

©x La Baleine Cargo

©x La Baleine Cargo

- Oui, notamment Jouir dont vous avez rendu compte dans Le Théâtre du Blog. C’est une réalisation que je trouve intéressante à plus d’un titre. Les jeunes interprètes et le musicien ont tous une belle énergie. Et parler en plein air, de thèmes comme l’orgasme et le fonctionnement du clitoris devant un millier de personnes, représente un sacré défi.  J’ai aussi beaucoup aimé Les Furtives par la Balène Cargo, un spectacle demi-ambulatoire sur le désastre écologique avec trois jeunes actrices Clémentine Bart, Sylvie Dissa et Agathe Zimmer. Un autre spectacle sympa : Quartett Buccal avec des textes bien écrits et bien chantés.

- Avec 2.800 représentations par six cent compagnies. La ville d’Aurillac était saturée et son activité bousculée, sans doute à cause de sa programmation à partir du 15 août, par cet événement  à la fois artistique mais aussi social… Cette année, il y a eu environ 220.000 spectateurs soit 40% de plus que l’an passé. Comment voyez-vous l’attrait actuel pour le théâtre, dit de rue, en France?

 

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©x Pierre Mathonier

-Sans aucun doute grâce à la pluralité des formes mais aussi grâce à la F.E.A.R. à Marseille. Cette formation a engendré de nouvelles écritures et aidé les compagnies à sortir des schémas habituels. Et  Pierre Mathonier, maire d’Aurillac, fait tout pour assurer au mieux l’accueil de jeunes spectateurs  et des compagnies. Il y a quelques jours, un homme en vélo a demandé en passant à une compagnie si tout allait bien. C’était lui et ce n’est pas si fréquent!
Dans ce pays devenu assez totalitaire, chaque crise, chaque événement est l’occasion pour laisser les exclus au bord de la route. Aurillac reste, pendant quelques jours,  un merveilleux espace de liberté… avec de nombreux spectacles gratuits.

-Et votre compagnie Hannibal et ses éléphants qui a parcouru et continue à parcourir la France entière?


-J’ai pris ma retraite comme directeur mais je continue à assurer la codirection artistique et la coproduction de nos spectacles. Et je suis l’auteur-adaptateur du dernier, Georgia dont vous avez vu la première à Colombes (voir Le Théâtre du Blog).

-Et votre compagnie Hannibal et ses éléphants?

-J’ai pris ma retraite comme directeur mais je continue à en assurer la direction artistique et les coproductions de nos spectacles.

 Philippe du Vignal

 https://www.sacd.fr/fr/residences-dauteurs-ecrire-pour-la-rue
 :https://www.sacd.fr/sites/default/files/ecrire_pour_la_rue_reglement_2024.pdf


Archive pour 25 août, 2024

La Cérémonie d’ouveture de Jeux Olympiques ( neuvième épisode)

La Cérémonie d’ouverture de Jeux Olympiques (neuvième épisode)

 

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Il y a le déjà fameux « Repas des dieux dans l’Olympe » avec Barbara Butch, et Philippe Katrine, comédien et chanteur  en Dyonisos, où certains ont voulu voir une parodie insultante de la Cène… Nous le verrons plus en détail dans l’épisode n° 10 où il chante en collant bleu « To nu ».
Les athlètes ukrainiens qui ont sur la poitrine du jaune avec un fin ruban bleu, sont portés par le courage  de tout un peuple qui défend intelligemment sa terre. Le bateau Dominico illustre la carte des mers du monde: Christophe Colomb et son esprit au-dessus des océans dans toutes les directions.

Où est l’Amérique? Les trois derniers bateaux s’approchent de la passerelle Debilly qui va devenir un des  centres de la cérémonie. Les athlètes australiens en costume vert bleu, au coude à coud, crient, enthousiastes en levant  les bras. Une lumière blanche scintillante veine la passerelle Debilly. Suit le bateau des Etat-Unis avec ses athlètes, pantalon bleu clair et veste bleu foncé,  comme des roseaux pensants et joyeux. 

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Et voilà la France avec, sur ce dernier bateau, un cortège qui crie, chante et danse. Eux aussi se penchent, le sourire est général! La vie peut être belle… Mais cette puissance d’être se prolongera-t-elle dans la société ? Quand on goûte à la vie, c’est peut-être pour toujours.. »Qui a bu aux sources de la vie ? » écrivait Antonin Artaud. Elégance en mouvement, les athlètes français portent  une veste bleu nuit, avec ou sans manches , au col tricolore. Ils exultent,  portés par la lenteur majestueuse  du navire qui se dirige vers la passerelle et dont le ralentissement accentue une joie immense. « Et là, commente Alex Boyon, ils font le plein d’énergie. » Mais nous aussi.

Au passage du bateau la passerelle Debilly, entre le pont d’Iéna et celui de l’Alma ,a été construite pour l’Exposition  universelle de 1900. L’âge de fer se lèvait à Paris, avec aussi la Tour Eiffel, le Grand Palais. Cette passerelle soudain clignote en bleu, blanc et rouge. Tout est électrique :  lumière, couleurs, atmosphère. Le puissance de chacun ne relève pas de l’ubris grec-la démesure-mais d’une fluidité bienveillante.  Cela rappelle les premiers jours de mai 68… Ensuite la passerelle vire au rouge, puis au mauve, saluant ainsi les athlètes. Les étoiles jaunes du drapeau européen tournent autour de la Tour Eiffel bleuissante.

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 Comme elle, la passerelle devient bleue puis orange. Le navire se dirige vers le Trocadéro, via le pont de la Concorde nommé pont de la Révolution de 1790 à 95 mais en 1830, il retrouvera le nom de Concorde. L’architecte avait utilisé des pierres de taille provenant de la démolition de la Bastille:  » pour que le peuple puisse continuellement fouler aux pieds l’antique forteresse ». Teddy Riner, judoka guadeloupéen de trente-cinq ans concourant dans la catégorie des plus de cent kgs lui,  se trouve sur le bateau France. Arrivé, il disparaîtra. Où?

 

En cette fin du XIX ème  siècle, naissent la danse et la peinture modernes qui vont échapper à la représentation.  Paul Cézanne, Claude Pissaro, Claude Monet, Vincent van Gogh, avec la couleur, déforment un peu les objets.  Et va bientôt naître une nouvelle chorégraphie avec Isadora Duncan, et Loïe Fuller qui aménage un véritable studio de cinéma pour danser avec ses longs voiles.

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©x Loïe Fuller


« Elle danse sur un parterre de carrés de lumières », écrivait Laurence Louppe (1938-2012), grande spécialiste de la danse moderne et contemporaine. 

Les interprètes défilent au rythme de la généreuse Leslie Barbara Butch -engagée socialement auprès d’enfants- DJ qui mixe des titres de variétés. Elle figure aussi parmi  les drag-queens: Nicky Doll, Pich, l’étoile du voguing CC Palmer, l’athlète handisport Béatrice Vio, le mannequin transgenre Raye Martigny, la reine de la waacking danse Josepha Madaki, les danseurs Fauve Houtot et Romain Guillermic, Germain Louvet (danse classique), Adeline Kerny et Jr Madrapp (krump), Boys Horipar (breaking).

 

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Il y aussi les Aveyronnais Loïs Aurières et Antonin Cazals, du groupe la Bourrée de Paris.Cette danse traditionnelle d’Auvergne fut à l’origine de la danse classique) et c’est sans doute la seule région française représentée à cette cérémonie… Et clin d’œil de l’Histoire: pas loin de la passerelle Debilly, habitait Laurence Louppe, est morte dans l’Averyon et enterrée dans le Cantal. Elle aurait sans doute bien aimé cet épisode de la Cérémonie!   

Nature engendre tous les corps et surprend et seuls existent les corps singuliers: il n’y en pas de « normal ». Nous sommes tous des énigmes et certains prétendant le contraire, voudraient nous imposer une vie morte-née. Craintifs au plus haut point, ils voudraient qu’on obéisse aussi à leur crainte… Que va-t-il avoir encore lieu sur cette passerelle? « Y en a encore ? avait dit notre fils Tanguy à la projection des premiers dessins animés de Walt Disney à la Cinémathèque française…
( Suite au prochain numéro)

Bernard Rémy

 

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