Festival d’Aurillac: Entretien avec Frédéric Fort
Festival d’Aurillac
Entretien avec Frédéric Fort
-Vous êtes venu au titre de conseiller pour les arts de la rue à la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques (S.A.C.D.) ?
- Oui, mon rôle est de gérer et organiser les dispositifs: Écrire pour la rue, aide aux auteurs et aide à l’écriture dont le financement est assuré par la S.A.C.D. et par la Direction Générale de la Création Artistique (D.G.C.A.) au ministère de la Culture: elle définit, coordonne et évalue la politique de l’État relative aux arts visuels et au spectacle vivant. Et à ce titre, j’organise les jurys de sélection et les débats.
La S.A.C.D. a voulu reconnaître la singularité des écritures pour l’espace public et les auteurs/concepteurs, et elle les accompagne financièrement, favorise leurs démarches dans les lieux et avec des partenaires jusqu’à leur aboutissement
Elle incite aussi aux démarches innovantes. Dix projets au maximum sont retenus par an. La candidature des autrices, auteurs ou responsables artistiques, doit être accompagnée par une structure d’accueil, lieu de création, notamment pour l’espace public.
Par projet lauréat, l’aide à l’écriture versée par la S.A.CD. est de 1.000 €. Et celle pour l’accompagnement de la démarche d’écriture de 5.700 € est versée par le Ministère de la Culture. Ces aides permettent que les auteurs et leurs collaborateurs artistiques soient rémunérés, comme la recherche documentaire, les éventuels frais de déplacement pour repérage et les collaborations de tout champ disciplinaire.
Le second volet du dispositif est l’aide aux compagnies: 5.700 € pour la création et la diffusion. Ce budget est financé à 100 % par la S.AC.D. et par les festivals de Chalon, Aurillac, et cette année de Cergy-Pontoise (Val-d’Oise). Comme, par exemple, le spectacle Jouir qui a eu un grand succès ( voir Le Théâtre du Blog). Il faut noter que ces dispositifs peuvent être cumulables la même année. Cela fonctionne bien, avec environ soixante à quatre-vingt dossiers de candidature par an.
- Comment voyez-vous l’évolution du festival d’Aurillac où votre compagnie Hannibal et ses éléphants, a souvent joué?
- Dirigé par Frédéric Rémy, il suit, pourrait-on dire, son bonhomme de chemin et il y a une chose récurrente et unique: toutes les compagnies peuvent y jouer; cette année, il y en a eu environ six cent! Dans de nombreux espaces publics de vie au centre ville, comme les places, les cours, etc. Et il y a beaucoup de spectacles gratuits.
- Vous êtes sans doute très pris par votre fonction mais vous avez sans doute pu en voir plusieurs…
- Oui, notamment Jouir dont vous avez rendu compte dans Le Théâtre du Blog. C’est une réalisation que je trouve intéressante à plus d’un titre. Les jeunes interprètes et le musicien ont tous une belle énergie. Et parler en plein air, de thèmes comme l’orgasme et le fonctionnement du clitoris devant un millier de personnes, représente un sacré défi. J’ai aussi beaucoup aimé Les Furtives par la Balène Cargo, un spectacle demi-ambulatoire sur le désastre écologique avec trois jeunes actrices Clémentine Bart, Sylvie Dissa et Agathe Zimmer. Un autre spectacle sympa : Quartett Buccal avec des textes bien écrits et bien chantés.
- Avec 2.800 représentations par six cent compagnies. La ville d’Aurillac était saturée et son activité bousculée, sans doute à cause de sa programmation à partir du 15 août, par cet événement à la fois artistique mais aussi social… Cette année, il y a eu environ 220.000 spectateurs soit 40% de plus que l’an passé. Comment voyez-vous l’attrait actuel pour le théâtre, dit de rue, en France?
-Sans aucun doute grâce à la pluralité des formes mais aussi grâce à la F.E.A.R. à Marseille. Cette formation a engendré de nouvelles écritures et aidé les compagnies à sortir des schémas habituels. Et Pierre Mathonier, maire d’Aurillac, fait tout pour assurer au mieux l’accueil de jeunes spectateurs et des compagnies. Il y a quelques jours, un homme en vélo a demandé en passant à une compagnie si tout allait bien. C’était lui et ce n’est pas si fréquent!
Dans ce pays devenu assez totalitaire, chaque crise, chaque événement est l’occasion pour laisser les exclus au bord de la route. Aurillac reste, pendant quelques jours, un merveilleux espace de liberté… avec de nombreux spectacles gratuits.
-Et votre compagnie Hannibal et ses éléphants qui a parcouru et continue à parcourir la France entière?
-J’ai pris ma retraite comme directeur mais je continue à assurer la codirection artistique et la coproduction de nos spectacles. Et je suis l’auteur-adaptateur du dernier, Georgia dont vous avez vu la première à Colombes (voir Le Théâtre du Blog).
-Et votre compagnie Hannibal et ses éléphants?
-J’ai pris ma retraite comme directeur mais je continue à en assurer la direction artistique et les coproductions de nos spectacles.
Philippe du Vignal
https://www.sacd.fr/fr/residences-dauteurs-ecrire-pour-la-rue
:https://www.sacd.fr/sites/default/files/ecrire_pour_la_rue_reglement_2024.pdf