La Cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques (douzième épisode)

La Cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques (douzième épisode)

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Philippe Katrine en Dionysos achève sa fantaisie antique et son théâtre commence en chantant: Et je remet le son sous les vivats d’un public… invisible. D’une manière abrupte, un drame, tout aussi joué, succède à la fantaisie. Que se passe-t-il quand la jeunesse abandonnée se dirige,  sous une apparence d’énergie maximum, vers un malheur rythmique. Sur un parquet en contrebas, les danseurs aux costumes bariolés, frappent le sol, croisent les bras, baissent les mains et relèvent la tête sur un tempo effréné, toujours à la crête, sans différence de potentiel…
A cette hauteur, l’asphyxie menace. On croit voir la vie qui danse mais on sent un danger et la mort à l’œuvre. Une tension maximum vide les corps en proie à un croyance frénétique : « tout danser ». La vitesse absorbe toutes les forces de ces artistes qui s’arrêtent net, s’écroulent et ne se relèvent pas… Mais les vibrations de lumière n’y changeront rien.

Friedrich Nietzsche affirmait dans La Naissance de la tragédie (1872): « Il ne faut pas tout danser ». La danse associe  force… et réserve qui doit accompagner tous les degrés d’énergie et s’opposer au mouvement à la frontière de la vie et de la mort. Dans l’épisode des danses à Notre-Dame de Paris (voir épisode précédent dans Le Théâtre du Blog) par les quatre cent vingt danseurs de nombreuses compagnies françaises, vitesse et lenteur alternaient. Puis tout changea à nouveau et l’idée de la mort céda la place à une figure brillante dans la nuit. Comme si la cérémonie opérait en boucle et recommençait au pont d’Austerlitz.

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Avance en effet à vive allure sur la Seine, un cheval mécanique dont la cavalière porte le drapeau olympique flottant au vent, brillant de lumière avec ses feuilles dorées sur le col, le poitrail, les sabots. A la fois rayonnement du cheval et de l’armure de la cavalière. Sur le fleuve sombre, ce  cheval mécanique est emporté par un trimaran sous-marin de quatorze mètres.  Le noir reste intact le temps du trajet mais la clarté survole. Le cheval fonce, et c’est une merveille, vers un but précis. Il ne laisse plus de place à des événements adjacents.

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Une ligne pure  progresse vers un événement essentiel, grandiose et humain à la fois. Ce mécanisme devient presque un organisme et cette image provoque l »émerveillement de tous! Cela  nous entraîne vers une célébration  unique, celle de la naissance des jeux olympiques. Le miroitement des feuilles dorées du cheval mécanique traverse le temps, les années… Et  l’idée de première fois se répète, infuse les dates des jeux Olympiques passés et toujours à venir.  Par le truchement de simples photos d’athlètes de tous les jeux, ceux-ci reviennent et comme par un tour de force, naissent plusieurs fois. Antonin Artaud parle dans Le Théâtre et son double (1938) de « l’athlétisme affectif, de l’athlétisme du cœur, de la  musculature affective », liés à la « localisation physique des sentiments ».

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Les modestes photos de Paavo Nurmi, Suzanne Lenglen,  Zatopek, Carl Lewis, athlète américain de soixante-trois ans (sprint et saut en longueur) a notamment remporté en tout dix médailles olympiques dont neuf en or, la gymnaste Nadia Comăneci (soixante-trois ans aussi) avec neuf médailles aux J. O. donc cinq en or,quatre fois médaille d’or aux Jeux de Séoul en 88, Alain Mimoun, premier vainqueur français du marathon à Melbourne en 56, Abbe Bikala, coureur éthiopien aux pieds nus, médaille d’or du marathon à Rome en 60 devant l’obélisque d’Aksoum volé à l’Ethiopie par Mussolini, Wilma Rudolf au 100 m à Rome à la plus belle allure de tous les temps, Nadia Comaneci à J.O. à Montréal en 76, avec quatre médailles d’or à quatorze ans, entre autres, aux barres asymétriques  et à la poutre.  Toutes ces grandes figures, dans le sillage du cheval mécanique, échappent  ainsi à leur passé et foncent vers notre présent.Carl Lewis et Comaneci  joueront aussi, merveilleuse surprise, un rôle dans la cérémonie.
Cet étrange cheval, conçu et fabriqué à l’atelier Blum à Nantes par une ingénieure est comme lâché dans la nature et  nous émeut durablement. La vitesse mécanique se confond ici avec celle du cœur. Le trimaran emporte  la cavalière masquée sur cet animal qui galope un peu au-dessus des flots.

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Il est, dit Thomas Jolly le metteur en scène de toute la cérémonie: « l’incarnation de Sequana, déesse du fleuve ».Les Gaulois aimaient les sources et leur attribuaient des vertus thérapeutiques.A la fin du XIX ème siècle, Etienne-Jules Marey en France en même temps qu’Edward Muybridge aux Etats-Unis décomposèrent le galop d’un cheval. Marey parla de « machine animale » et  construisit aussi des « insectes artificiels ». Feuilles dorées, aluminium, tissus enveloppent ici le corps de la cavalière et de son cheval en métal.

 

© Musée archéologique de Dijon

© Musée archéologique de Dijon


Un sanctuaire où sera célébré  le culte de la déesse Seine (en latin Séquana) fut construit près de la source du fleuve a été souvent représentée en statue. La cavalière est ici Morgane Suquart ( trente-quatre ans), une Bretonne  à la tête de MM Process, une société spécialisée dans la conception de bateaux de course et foils. Elle  a imaginé ce trimaran motorisé de quatorze mètres de long sur cinq de large. Et la styliste Jeanne Frot a imaginé l’armure de la cavalière masquée. En route vers le Trocadéro avec un autre cheval… A suivre

Bernard Rémy

 

 

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