Cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques (suite et fin définitives))
Cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques (treizième épisode avant le quatorzième:suite et fin définitive du feuilleton!)
La vasque se place sous le signe d’Héraclite d’Ephèse (544-480 av. J.C) sous le signe des quatre éléments: l’Eau (la Seine), la Terre (les Tuileries), puis le Feu (la vasque embrasée) et enfin l’Air avec l’envol du Feu. La Seine sera restée le personnage essentiel de la cérémonie. « Pour des baigneurs entrant dans les mêmes fleuves, d’autres et d’autres eaux couleront dessus. » écrivait Héraclite.
Mais le fleuve change sans cesse, même s’il reste le même par son seul nom qui assure une permanence. »Paris change, qu’est-ce qui reste le plus semblable à soi-même ? Evidemment, la Seine.
Il restera aussi longtemps, que nous continuerons à appeler la Seine par son nom. » Mais y a-t-il un rapport entre le nom et la chose, entre le devenir et la permanence ?
Le fleuve puissant est un flux, et pour survivre, il faut naviguer, choisir des directions à travers la masse des courants. Comme les bateaux des athlètes, ou le cheval mécanique qui, lui, a été dirigé à la corde.
Le fameux : « Je est un autre » d’Arthur Rimbaud pourrait se prolonger en « l’autre est sans cesse autre ». L’individu et le fleuve participent du même flux. Et la tempête concerne à la fois l’individu: devenir autre est une tempête au ralenti) et les courants impliquent des tempêtes basses. « Fluctuat nec mergitur », devise de la capitale (elle est ballotée mais ne coule pas) le dit bien: on résiste à la tempête pour mieux en tirer bénéfice. Cela concerne les Parisiens mais aussi l’humanité toute entière. Vivre est dangereux et la tempête du fleuve envahit le parquet des danseurs, les secoue, les soulève, les épuise, avant de les jeter au sol.
Au Trocadéro, un bateau s’apprête à fendre raverser le chaos du fleuve, avec des passagers légendaires. Zinedine Zidane, tout sourire, réapparait comme si de rien n’était. Comme le porteur masqué de la flamme qui lui, revient à la surface et donne la flamme à Zinedine Zidane. Rafael Nadal, radieux en veste rouge, se dirige vers lui. Ils s’étreignent. Un simple mais très grand moment. Rafael Nadal repartira avec la flamme vers le quai…
Soudain des inventions lumineuse jouent sur la Tour Eiffel avec des figures autonomes non figuratives… Des flammèches noires montent et descendent de la Tour qui disparait un moment sous des lignes vertes s’entrecroisant. Puis un bouquet de lignes bleues semble en sortir… Cela ressemble aux œuvres du réalisateur canadien Norman McLaren (1914-1987) qui a utilisé de nombreuses techniques de création sans caméra : grattage de pellicule, peinture sur pellicule, pixilation, stop motion, dessin animé…
Une vedette fonce dans la nuit venteuse, avec à son bord, quatre personnages légendaires: Carl Lewis (saut en longueur), Serena Williams et Rafael Nadal (tennis), Nadi Comenaci (gymnastique). Tant de gloires dans un aussi petit espace…. Le passé des uns rejoint en flèche le présent des autres et l’illumine.
Comme un relais de flamme d’un type particulier: mezzo voce, Céline Dion prolonge Piaf et au volume que traverse le ballon, correspond celui de sa voix. « Le ballon qui soulève la vasque, dit Ariane Dollfus, journaliste, n’est pas une montgolfière mais un ballon à gaz, inventé par le physicien Jacques Charles (1746-1823) et son premier envol eut lieu en 1783…
La flamme olympique passe de main en main et les relais deviennent plus rapides, comme des battements de cœur. Les Gadeloupéens, Marie-Jo Perec championne olympique il y a trente ans, et maintenant le judoka Teddy Riner allument le feu de l’immense vasque reliée à la montgolfière par de nombreux filins. Le feu d’abord jaune, vire à l’or.
Cette vasque que Mathieu Lehanneur, designeur, a créée, s’envole lentement en majesté dans la nuit de Paris. Plus de cent ingénieurs, techniciens, spécialistes de l’acier recyclé et des systèmes de brûlage participèrent à sa fabrication.
Il a conçu également la torche et selon lui » la couleur très douce résulte de la fusion de l’or, de l’argent et du bronze ». Je me sers de connaissances sur la composition de l’air et la transformation des matériaux. Un objet n’est pas quelque chose de statique. »
Pour cet inventeur « héraclitéen », la vasque associe le feu, l’air, l’eau et la terre. Et selon le philosophe grec, la circulation de ces quatre éléments rythme la vie.
La voix humaine module l’air et nous entendons L’Hymne à l’amour interprété par Céline Dion.
Empédocle parlait ainsi de l’amour: »C’est pour Aphrodite qu’ils entretiennent des pensées d’amour et qu’ils accomplissent des œuvres de solidarité, la nommant du nom de la Joyeuse, ou encore : Aphrodite.
Elle les entraîne dans sa danse, et pourtant nul ne l’a connue, nul homme mortel. »
Bernard Rémy