La Cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques (clap de fin)

La Cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques  (clap de fin du feuilleton)

Nous passons d’un ciel à un autre, de la vasque en suspension, à un lointain point blanc au premier étage de la Tour Eiffel. Un mouvement de caméra assure l’approche:  Céline Dion apparait en longue robe blanche perlée et chante aussitôt. Elle simplifie à l’extrême sa présence, et cela accentue l’émotion. Quelques gestes…  Mais elle chante de tout son corps, modulant ainsi la voix dans les hauteurs et dans l’intime, frôlant parfois le silence. 

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La cérémonie s’est déroulée sur la Seine mais aussi sur  les monuments et les toits de Paris. Elle s’achève, grandiose, avec la voix immense de Céline Dion qui fait vibrer la nuit.  Avec L’Hymne à l’amour, elle lance « le bleu de l’immensité ». Ainsi l’espace musical infini enveloppe l’espace fini du ballon et de la vasque en suspension dans le ciel. L’infini peut se replier dans le fini mais le feu de la vasque est virtuellement infini: il exprime le courage, l’élan, la prise de risque dans la vie, mais aussi l’amour, la passion, l’art à travers la couleur, l’or jaune de la vasque répondant au bleu du ciel.
Et l’Hymne à l’amour lui-même vit de ce battement entre le fini et l’infini : cette  chanson évoque l’histoire d’une femme qui sacrifie tout à son amant et qui se soumet en tout . « Si tu me le demandais. » Elle élève cette soumission à la reconnaissance de l’amour. Son malheur ? Chercher une justification à l’amour. « Le ciel bleu sur nous peut s’effondrer. Et la terre peut bien s’écrouler Peu m’importe si tu m’aimes Je me fous du monde entier. Je renierais ma patrie. Je renierais mes amis  Si tu me le demandais »
Cet amour crée le désert et réduit l’espace  des amants à presque rien. Il y a deux amours: celui qui se définit par ce qu’il n’a plus, un amour sans monde, sans patrie, sans amis, limité à deux pauvres points. Et un  amour  qui s’ouvre à l’infini, d’où la nécessité d’une voix grandiose…

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©x Marguerite Monod

Edith Piaf, la parolière et la compositrice Marguerite Monnot (1903-1961) qui a signé entre autres la musique d’Irma la Douce, et maintenant Céline Dion qui interprète cette chanson…Comment nait cet amour délivré de la soumission, des clichés des sentiments ? Par le filtre de la mort: « Nous aurons pour nous l’éternité, Dans le bleu de l’immensité. » Avec cette phrase splendide, le contenu de la chanson et la voix se réconcilient. Et tous les amants du monde frissonnent. Pourquoi doit-on prouver son amour (et à qui, sinon à soi-même, en devenant son propre juge), par le sacrifice qui noue celui-ci à la violence? « La terre peut  bien s’écrouler. »
J’échangerais  la continuité de mon amour contre la fin du monde ? Mais que devient-il alors sans ce monde ? Pas grand chose. Il révèle un dépendance: désirer être aimé: le contraire de l’amour. Désirer être aimé, c’est à dire: se retirer de la passion, conduit à la bêtise: on voit alors les clichés de l’amour comme un absolu!

Mais la voix puissante ici dément le contenu de la chanson qui s’adresse à ceux qui s’aiment et qui frissonnent à son écoute… Amour devient un paysage fluctuant où habitent un grand nombre. Céline Dion, malade mais courageuse, sait admirablement moduler ces deux amours avec parfois des mouvements abrupts et des abondons mais toujours avec un grande économie de moyens. Elle a changé sa manière de chanter, retenant ses forces, en donnant d’autres. Elle finit en larmes. Emotion et gravité. Le monde est venu à Paris et L’Hymne à l’amour s’adresse à tout le monde.

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©x Edith Piaf et Marcel Cerdan

La compositrice Marguerite Monod se serait inspirée d’un lied de Schumann et cette chanson fait partie de la vie d’Edih Piaf qui a rencontré le boxeur Marcel Cerdan en 48 à New York. Elle crée L’Hymne à l’amour l’année suivante au Versailles, un cabaret new yorkais. Peu de temps après, le 29 octobre 1949, Marcel Cerdan est tué dans un accident d’avion. Après l’avoir appris, Edith Piaf décide pourtant le soir même de chanter cet Hymne à l’amour et le lui dédier. Mais la chanson change de sens et c’est l’amour infini qui l’emporte au prix de la mort. Et chaque soir, grâce à la voix elle rejoint son amoureux « dans le bleu de l’immensité ».

Il existe un autre Hymne à l’amour où un monde et les amants résonnent dans L’Amoureuse en secret qu’écrivit René Char en 1947 donc juste à la même époque: « Elle a mis le couvert et mené à la perfection ce à quoi son amour assis en face d’elle parlera bas tout à l’heure; en la dévisageant. Cette nourriture semblable à l’anche d’un hautbois. Sous la table, ses chevilles nues caressent la chaleur du bien-aimé, tandis que des voix qu’elle n’entend pas, la complimentent; Le rayon de la lampe emmêle, tisse sa distraction sensuelle.Un lit très loin, sait-elle, patiente, tremble dans l’exil des draps odorants, comme un lac de montagne qui ne sera jamais abandonné. »

 

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Athlètes de tous les pays, danseurs, ingénieurs, musiciens, entre autres ceux de la Garde républicaine, chanteurs, policiers, pilotes  de bateaux-mouche, inventeur de la vasque et de la flamme, menuisiers, charpentiers, couturières, bénévoles, cameramen, commentateurs de télévision, danseurs, ouvriers sur le chantier de Notre-Dame, stylistes, jeunes créateurs et créatrices de mode, acrobates,réparateurs de prothèse, leaders d’ambiance, inventeurs de lumières, peintre; informaticiens, fabricants de décor, photographes, médecins et infirmières, vérificateurs de pont, militaires, électriciens, ingénieurs du son, pompiers, pilotes d’hélicoptère…
Hommage à eux  à Thomas Jolly, le metteur en scène de la Cérémonie et à toutes ses équipes. »Voilà la France moderne qui s’avance avec ses alliés substantiels » écrivait aussi René Char.

Bernard Rémy
Remerciements au service de presse des Jeux Olympiques et Paralympiques. Et à Marie-Domitille du Murgat, Artea Etcheverry-Demaubert et Anne-Sophie de la Roquette-Basse, pour leur aide efficace et la recherche de photos.

 

 

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