Festival le Temps d’aimer la danse à Biarritz Baïna(a) par la compagnie Le G Bistaki

Festival le Temps d’aimer la danse à Biarritz

Baïna(a) par la compagnie Le G Bistaki

Une belle découverte! Cette troupe se fait aussi nommer: « Cirque chorégraphique d’investigation ». En partenariat avec la ville de Bilbao, le festival propose gratuitement cette loufoquerie devant le théâtre du casino.

© J. Couturier

© J. Couturier

Quatre Pieds nickelés dégringolent sur une transpalette, la pente qui mène à ce large espace, circonscrit par des sacs de maïs et occupé par un fauteuil, une table et des pelles à neige! Lesquels vont servir à un jeu théâtral acrobatique en cinquante minutes. Florent Bergal, Sylvain Cousin, Jive Faury et François Juliot nous surprennent par leur invention.
Ils jonglent avec les pelles à neige, glissent sur le maïs comme lors d’un programme de patinage artistique.
Ils se chamaillent, se coursent comme des gamins, improvisent un tango plein de grâce. Ces acrobates et danseurs occupent parfaitement l’espace, tout en scrutant parfois le ciel pour vérifier que des mouettes rieuses ne viennent pas manger ce maïs. Devenu un or jaune convoité par chacun
au point d’en garnir son tee-shirt, ce qui crée inévitablement des conflits.

La musique du merengue mexicain, comme celle de Piotr Ilitch Tchaikowski pour Le Lac des Cygnes, accompagnent cette folle et joyeuse équipée urbaine. Toutes les recettes du théâtre de rue fonctionnent ici à merveille et les artistes invitent le public à venir danser avec eux. Une belle parenthèse au milieu de ce festival.

Jean Couturier

Spectacle vu le 15 septembre, sur le parvis du Casino de Biarritz (Pyrénées-Atlantiques).

 


Archive pour 18 septembre, 2024

La Veuve rusée de Carlo Goldoni, adaptation et mise en scène de Giancarlo Marinelli

La Veuve rusée de Carlo Goldoni, adaptation et mise en scène de Giancarlo Marinelli

 Dans ses Mémoires écrits en français en 1787, le célèbre auteur évoque son existence mouvementée entre la société vénitienne du XVIII ème siècle et Paris où il fréquente la cour de Louis XV et de Louis XVI. Observateur avisé des mœurs européennes, il écrit cette pièce en 1748 à Venise.

 ©Béatrice Livet

©Béatrice Livet

Une jeune veuve (Caterina Murino), espiègle et charmante, accompagnée d’une malicieuse servante, (excellente Sarah Biasini) est courtisée par quatre séducteurs : un Anglais, un Français, un Espagnol et un Italien. Chacun avec ses façons à lui de l’attirer. Après une première rencontre avec ces petits coqs, elle leur dit : “Je ne cherche pas la beauté mais la bonté et la fidélité.”
Arlequin, lui, est chargé de transmettre à la belle, leurs messages et cadeaux mais, comme Puck dans Le Songe d’une nuit d’été, il mélange leurs expéditeurs, d’où une série d’imbroglios et la pièce bascule alors dans une douce bouffonnerie. Arlequin (belle prestation de Tom Leeb) improvise des explications surréalistes pour corriger ses erreurs. Vincent Deniard, Vincent Desagnat, Thierry Harcourt et Pierre Rochefort sont, eux aussi, justes et crédibles.

© Béatrice Livet

© Béatrice Livet

Cette pièce est faite pour une troupe et ce collectif d’artistes s’entend à merveille. C’est toujours un pari risqué dans le théâtre privé, de faire une création avec de nombreux personnages. Et on aimerait qu’il y ait plus de rythme, plus de folie pour goûter pleinement à cette comédie légère.
Carlo Goldoni dépeint avec cruauté les travers spécifiques liés au pays de chaque séducteur : l’Italien est jaloux, le Français égocentrique (il offre un portrait de lui ! ), l’Espagnol uniquement préoccupé par sa lignée, (il lui donne un arbre généalogique ) et l’Anglais, excentrique. Seul, l’Italien semble avoir un sentiment authentique pour elle!
Avec cette pièce en trois actes, Carlo Goldoni donne vie pour la première fois à des personnages de la commedia cell’arte. Mais difficile de comprendre l’intervention de l’oncle de cette veuve, sous la figure de Pantalon, ici en voix off ( Jean Reno ) et qui apparaît comme « le Commandeur », gardien de la moralité.

La mise en scène est très cinématographique, avec des projections d’images réussies évoquant la Cité des Doges et la scénographe Fabiana Di Marco s’est intelligemment adaptée au petit plateau de ce théâtre parisien historique.
Les superbes costumes ont été fabriqués dans l’atelier vénitien de Stephano Nicolao. Un florilège de musiques un peu convenues accompagne cette création qui ira plus tard en Italie avec une équipe de comédiens de ce pays, dont Sarah Biasini et Caterina Murino. Le metteur en scène nous invite ici à un voyage dans le temps, peut-être un peu trop sage! Mais agréable à l’œil et à l’oreille. Un solide travail d’artisan du théâtre : allez découvrir cette pièce rarement jouée.

 Jean Couturier

 Théâtre des Bouffes-Parisiens, rue Monsigny, Paris (II ème) T. : 01 86 47 72 43.

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