La Symphonie tombée du ciel, direction artistique de Samuel Achache, Florent Hubert, Antonin Tri Hoang et Eve Risser
La Symphonie tombée du ciel, direction artistique de Samuel Achache, Florent Hubert, Antonin Tri Hoang et Eve Risser
L’orchestre La Sourde s’accorde, dans cette « symphonie », pour combiner les parties instrumentales avec chants et paroles ordinaires. Ces musiciens de haut vol, guidés par quatre membres du groupe dont Samuel Achache, fondateur de l’orchestre, vont s’appliquer à convertir sons, bruits et conversations humaines, en notes et motifs, et à les mêler à de la musique pure.
Un tissage surprenant, avec des moments de grande cohérence, d’autres plus relâchés. Et toujours une remarquable cohésion chez ces interprètes, issus de différents répertoires (contemporain, baroque, jazz et musiques improvisées). La matière verbale a été fournie par des interviews en E.H.P.A.D. , dans une prison, une école primaire ou au hasard des rencontres. Des personnes ont raconté aux musiciens leurs « miracles », ces signes de l’invisible qu’ils ont perçus.
Leurs mots, enregistrés, sont ici diffusés par des hauts-parleurs hétéroclites, qu’un maître de cérémonie déplace avec précaution. Quelques réponses évasives émaillent le spectacle jusqu’à ce que deux récits conséquents viennent fédérer les seize artistes: des mouvements très réussis, points d’orgue de cette symphonie.
D’abord, l’histoire imagée d’un vieux monsieur qui narre, en français et italien, son ascension de la Montevergine, une colline de Naples jusqu’à l’église de la Madonna Femminielli: une déité androgyne, pour prier cette Vierge de ne pas faire de son père : «un fantôme ».
Vœu à moitié exaucé -le géniteur meurt peu après-mais rencontre de joyeux pèlerins, Queer et LGBT venus célébrer cette vierge, leur sainte patronne, en dansant et festoyant. Heureuse matière à composition, où se superposent le récit du bonhomme qui ne manque pas d’humour, les musiques de fêtes traditionnelles italiennes et les chants religieux (belle voix d’Anne-Emmanuelle Davy).
Face aux cordes qui jouent une musique baroque, les vents forment une exubérante fanfare… Plus tard, le rescapé d’une avalanche raconte son aventure, occasion pour l’orchestre de s’adonner à un bruitage étourdissant, digne de la bande-son d’un film-catastrophe…
Cette « symphonie », drôle de bricolage un peu brouillon, est pleine d’inventions. On y découvre comment paroles et sons quotidiens possèdent une musicalité en soi, convertibles en notes et motifs grâce à des instruments et au chant.
Inversement, la musique peut recéler une phraséologie voisine de celle du langage parlé… C’est dans ce sens que vont les recherches de La Sourde, un ensemble qui donne à « voir la musique » et « écouter le théâtre » à la croisée de ces disciplines. Au sens étymologique : « concorde des sons », cette pièce mérite son nom de «symphonie».
Nous sommes avant tout frappés par la capacité de cet orchestre à jouer ensemble, souvent sans partition, et à mêler le chant à la conduite instrumentale. Citons-les tous. Trompettes: Samuel Achache, Olivier Laisney ; contrebasses: Matthieu Bloch, Caroline Peach ; violes de gambe: Pauline Chiama, Etienne Floutier (en alternance avec Agnès Boissonnot-Guilbault) ; violoncelles: Gulrim Choï et Myrtille Hetzel ; flûtes et chant: Anne-Emmanuelle Davy ; trombone et sacqueboute: Rose Dehors ; clarinette basse, et saxophones: Florent Hubert ; clarinettes et saxophones, Antonin Tri Hoang ; violons, Apolline Kirklar, Boris Lamerand (en alternance avec Marie Salvat) ; piano et flûtes, Eve Risser ; batterie et guitare, Thibault Perriard (en alternance avec Guihem Flouzat).
Mireille Davidovici
Du 18 au 28 septembre, Athénée Théâtre Louis-Jouvet, 2-4 Square de l’Opéra Louis Jouvet, Paris (IX ème). T : 01 53 05 19 19.
Le 10 octobre Le Grand-R Scène Nationale, La Roche-sur-Yon. (Vendée).
Le 11 décembre, Théâtre de Caen (Calvados). Du 13 au 20 décembre, Théâtre National de Strasbourg (Bas-Rhin).