Nageuse de l’extrême, texte et mise en scène d’Elise Vigier

 Nageuse de l’extrême, texte et mise en scène d’Elise Vigier

 À la source de ce projet et le désir d’écrire sur le thème du cancer: la rencontre d’Elise Vigier avec Marion Joffle, spécialiste de nage extrême. Le décor blanc et nu, avec, au sol, quelques blocs semblables à des icebergs, nous plonge dans un univers glacé comme l’eau qui s’empare du corps de la sportive, et froid comme le destin imprévisible et angoissant qui guette l’autre personnage féminin.

Le public, assis autour de la scène, a l’impression d’être intégré à l’espace aquatique ou à celui d’un hôpital selon les situations. D’où un lien direct de partage avec l’action et les personnages. L’unique décor est aussi celui des salles d’attente, avec au sol, des bandes grise, orange, bleue, ces lignes qui, dans les hôpitaux, indiquent le chemin des services.
Ce théâtre-témoignage évoque le combat de ces femmes qui risquent leur vie dans des contextes différents : l’une nage dans l’eau glacée, l’autre se bat contre le cancer. Rencontre d’univers opposés ? Oui, et, si dans chacun d’eux, la menace de la mort existe, elle ne se manifeste pas avec la même complexité ni la même brutalité.
L’une, dans un sport de haut niveau, est inscrite au programme, si l’on peut dire mais l’autre porte en elle la marque de l’injustice la plus terrible. Dans ce face-à-face singulier et personnel pour chacune en proie avec la survie et la mort, réside pour une large part, l’intérêt de la pièce. Dans leur lutte, ces femmes vont se rejoindre et s’accompagner dans leur lutte avec l’extrême. Entre elles, un lien de sororité se crée et donne naissance à une magnifique rencontre. Dans ce monde de l’exploit au-delà de toute limite… un regard inhabituel et sensible sur la souffrance et l’angoisse.

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Elles partagent entre elles, en elles, et avec nous, chacune à leur façon, cette maladie qui nous concerne tous: nous connaissons trop souvent quelqu’un de notre entourage touché par le «crabe ». À travers leur courage et la vie coûte que coûte, elles nous confrontent à l’inimaginable et nous transmettent à travers leur corps en jeu, pour l’une en pleine capacité physique, pour l’autre en totale faiblesse, le récit de leur vécu avec l’extrême.
La nageuse, en référence à Marion Joffle, s’engage dans ce défi contre le cancer des enfants: Sept Ice Mile (1.609 mètres) dans une eau à moins de 5°, avec juste, un maillot de bain, et cela sur sept continents.
L’autre est seule concernée directement par cette terrible maladie qui a pris son être au plus profond de son intimité. Ce n’est pas de la même envergure et est l’un des points discutables du spectacle.

 À travers une parole pleine d’empathie et de questions tantôt insolubles ou libératrices, elles interviennent tour à tour, seules, ou en se croisant, ou en échangeant. Le public se sent concerné par leur récit face à l’extrême et à l’anxiété : pour l’une, gagner l’exploit sportif pour aider ceux et celles atteints par le redoutable fléau, et pour l’autre, avoir le dernier mot sur la maladie et vaincre la mort.

Dans cet hymne à la vie, l’autrice met aussi en avant, et avec finesse, la grande difficulté de parler de la maladie, de la souffrance, et de la mort. Léna Bokobza-Brunet (la Nageuse) et Elise Vigier (la Malade) sont remarquables de justesse et complicité mais nous ne sommes pas suffisamment touchés par la violence, l’angoisse et la terrible solitude.
Nous restons un peu en dehors de la lutte entreprise. La peur viscérale, la brutalité et l’isolement ne prennent pas suffisamment corps et force dans ce spectacle, pourtant original, inventif et sensible. Malgré cela, Nageuse de l’extrême met en lumière la complexité de la relation avec soi et les autres, au moment où l’insupportable et l’innommable s’emparent de nos vies.

 Elisabeth Naud

Jusqu’au 28 septembre,Théâtre Ouvert, Centre National des Dramaturgies Contemporaines, 159 avenue Gambetta, Paris ( XX ème). T. : 01 42 55 55 50 .

Le texte est publié aux éditions Esse que.

 


Archive pour 25 septembre, 2024

Nageuse de l’extrême, texte et mise en scène d’Elise Vigier

 Nageuse de l’extrême, texte et mise en scène d’Elise Vigier

 À la source de ce projet et le désir d’écrire sur le thème du cancer: la rencontre d’Elise Vigier avec Marion Joffle, spécialiste de nage extrême. Le décor blanc et nu, avec, au sol, quelques blocs semblables à des icebergs, nous plonge dans un univers glacé comme l’eau qui s’empare du corps de la sportive, et froid comme le destin imprévisible et angoissant qui guette l’autre personnage féminin.

Le public, assis autour de la scène, a l’impression d’être intégré à l’espace aquatique ou à celui d’un hôpital selon les situations. D’où un lien direct de partage avec l’action et les personnages. L’unique décor est aussi celui des salles d’attente, avec au sol, des bandes grise, orange, bleue, ces lignes qui, dans les hôpitaux, indiquent le chemin des services.
Ce théâtre-témoignage évoque le combat de ces femmes qui risquent leur vie dans des contextes différents : l’une nage dans l’eau glacée, l’autre se bat contre le cancer. Rencontre d’univers opposés ? Oui, et, si dans chacun d’eux, la menace de la mort existe, elle ne se manifeste pas avec la même complexité ni la même brutalité.
L’une, dans un sport de haut niveau, est inscrite au programme, si l’on peut dire mais l’autre porte en elle la marque de l’injustice la plus terrible. Dans ce face-à-face singulier et personnel pour chacune en proie avec la survie et la mort, réside pour une large part, l’intérêt de la pièce. Dans leur lutte, ces femmes vont se rejoindre et s’accompagner dans leur lutte avec l’extrême. Entre elles, un lien de sororité se crée et donne naissance à une magnifique rencontre. Dans ce monde de l’exploit au-delà de toute limite… un regard inhabituel et sensible sur la souffrance et l’angoisse.

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Elles partagent entre elles, en elles, et avec nous, chacune à leur façon, cette maladie qui nous concerne tous: nous connaissons trop souvent quelqu’un de notre entourage touché par le «crabe ». À travers leur courage et la vie coûte que coûte, elles nous confrontent à l’inimaginable et nous transmettent à travers leur corps en jeu, pour l’une en pleine capacité physique, pour l’autre en totale faiblesse, le récit de leur vécu avec l’extrême.
La nageuse, en référence à Marion Joffle, s’engage dans ce défi contre le cancer des enfants: Sept Ice Mile (1.609 mètres) dans une eau à moins de 5°, avec juste, un maillot de bain, et cela sur sept continents.
L’autre est seule concernée directement par cette terrible maladie qui a pris son être au plus profond de son intimité. Ce n’est pas de la même envergure et est l’un des points discutables du spectacle.

 À travers une parole pleine d’empathie et de questions tantôt insolubles ou libératrices, elles interviennent tour à tour, seules, ou en se croisant, ou en échangeant. Le public se sent concerné par leur récit face à l’extrême et à l’anxiété : pour l’une, gagner l’exploit sportif pour aider ceux et celles atteints par le redoutable fléau, et pour l’autre, avoir le dernier mot sur la maladie et vaincre la mort.

Dans cet hymne à la vie, l’autrice met aussi en avant, et avec finesse, la grande difficulté de parler de la maladie, de la souffrance, et de la mort. Léna Bokobza-Brunet (la Nageuse) et Elise Vigier (la Malade) sont remarquables de justesse et complicité mais nous ne sommes pas suffisamment touchés par la violence, l’angoisse et la terrible solitude.
Nous restons un peu en dehors de la lutte entreprise. La peur viscérale, la brutalité et l’isolement ne prennent pas suffisamment corps et force dans ce spectacle, pourtant original, inventif et sensible. Malgré cela, Nageuse de l’extrême met en lumière la complexité de la relation avec soi et les autres, au moment où l’insupportable et l’innommable s’emparent de nos vies.

 Elisabeth Naud

Jusqu’au 28 septembre,Théâtre Ouvert, Centre National des Dramaturgies Contemporaines, 159 avenue Gambetta, Paris ( XX ème). T. : 01 42 55 55 50 .

Le texte est publié aux éditions Esse que.

 

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