Omar-Jo, son manège à lui de Guy Zilberstein, mise en scène d’Anne Kessler

Omar-Jo, son manège à lui de Guy Zilberstein, mise en scène d’Anne Kessler

Claire de La Rüe du Can (Adèle), Dominique Parent (Léon), Baptiste Chabaut (Elvis) jouent cette pièce inspirée de LEnfant multiple d’Andrée Chedid. Un jeune jeune garçon mutilé, Omar-Jo, a été victime d’un attentat à Beyrouth en 87 pendant la guerre au Liban. Chrétien par sa mère et musulman par son père, l’enfant a perdu ses parents à ce moment-là et a été recueilli à Paris par son oncle.

© Vincent Pontet

© Vincent Pontet

Cet orphelin va fréquenter assidument le manège de Maxime qui, lui, a été victime de la deuxième guerre mondiale quand il était enfant. «Guy Zilberstein et Anne Kessler imaginent, dit Eric Ruf, administrateur de la Comédie-Française, que cette fiction est un épisode dune série consacrée aux enfants, victimes de guerres.» Cela se déroule devant le public. Une fiction malheureusement dune cruelle actualité, avec la guerre qui frappe encore le Liban aujourd’hui. «Beyrouth mille fois morte et mille fois revécue.», écrit la poétesse Nadia Tuéni. On pense à la destinée de cette ville-martyre mais ce projet a été conçu bien avant les événements actuels.
Derrière une toile transparente où sont projetées des images d’archives, Elvis, le comédien, Adèle, la réalisatrice, et Léon, l’ingénieur du son..“Il faudra bien que notre peuple tout entier remonte sur le même manège”, dit l’un d’eux, citant Andrée Chédid. Quelques mots d’espoir dans notre monde actuel qui n’inspire guère d’enthousiasme.

C’est un théâtre documentaire où l’auteur évoque les horreurs d’un conflit qui ne finit jamais et la mémoire des victimes. On découvre aussi  un reportage sur Beyrouth autrefois bombardée et le témoignage poignant d’un enfant dans un entretien à la télévision avec Mireille Dumas…
Les comédiens sont tous très justes. Mais certaines photos projetées ont été générées par l’intelligence artificielle! Un choix qui nous gêne, surtout pour cette forme de théâtre qui se veut au plus proche de la réalité. Il faut distinguer ici le vrai, du vraisemblable.

Anne Kessler aime la radio et avait déjà surpris le public en mettant en scène Trois hommes dans un salon (2008) où elle reproduisait une interview croisée de Jacques Brel, Georges Brassens et Léo Ferré. Nous ressortons amer, de cette pièce et témoin impuissant de ce que la folie humaine peut produire.

Jean Couturier

Jusqu’au 3 novembre, Studio-Théâtre de la Comédie-Française, galerie du Carrousel du Louvre, 99 rue de Rivoli, Paris (Ier). T : 01 44 58 98 54.

 

 

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