Le Gardien du Temple-La Porte des Ténèbres, opéra urbain conçu et réalisé par François Delarozière et sa compagnie La Machine

Le Gardien du Temple-La Porte des Ténèbres, opéra urbain conçu et réalisé par François Delarozière et sa compagnie La Machine 

Un spectacle de rue gigantesque organisé dans le centre ville par Toulouse-Métropole, est la suite d’un premier volet joué sur quatre jours en novembre 2018. Avec un important budget : 4,7 millions d’euros dont deux pour la création technique avec l’aide de la Métropole toulousaine et de quelques partenaires privés en lien direct avec la Mairie.
Il y a eu sur trois jours, environ un million de spectateurs dans un périmètre assez limité du centre ville. Ce spectacle ambulant de grande envergure est bien entendu, géré avec une logistique considérable: stationnement et circulation des vélos interdits en centre-ville, rues fermées aux voitures et camions,  huit cent personnes chargées de la sécurité publique,
camionnettes de pompiers et de secouristes, bénévoles armés d’une grande bannière et habilités à prendre soin des enfants perdus… 

Ce spectacle a été inspiré à François Delarozière par, entre autres, La Demeure d’Astérionune nouvelle de Jorge Luis Borges… Comme la réalisation d’une prophétie inscrite sur une pierre d’un antique capitole retrouvé lors de fouilles archéologiques dans le quartier Esquirol: «Astérion, le Minotaure renaîtra par les eaux du fleuve, à la faveur de la nouvelle lune bleue. Errant à la recherche du temple perdu au cœur du labyrinthe, seule Ariane métamorphosée, le guidera vers sa nouvelle demeure. » Sorti de son labyrinthe, Astérion le Minotaure, devenu protecteur de la ville, Ariane, fille de Minos et de Pasiphaé, une araignée géante chassée du jardin des Hespérides.

© Philippe du Vignal

© Philippe du Vignal                                Lilith et à gauche l’orchestre dans deux nacelles suspendues

Et Lilith, une femme-scorpion aux huit grandes pattes noires, libérée par Hadès, errant à la recherche d’âmes damnées pour agrandir son peuple et son pouvoir. «Sur le toit du monde, je ferme les yeux, aveuglée par la lueur des astres, doucement, je réapprends à voir. J’entends les cris et les plaintes, j’entends la souffrance, les sons des pleurs se mélangent par milliers, aux bruits de la ville. Derrière les murs épais, patientent les maudits. Ils sont ceux que je convoque ici. J’ouvre les yeux et je vois maintenant les signes prodigieux laissés aux abords du fleuve. Astérion a répondu à mon appel, il est là dans la nuit. »
Le lendemain matin, Lilith s’approche d’Astérion endormi, souffle sur lui des embruns maléfiques. Il sort de son rêve, fasciné par cette créature. « Il est maintenant de la couleur du venin qui coule en moi,dit-elle, il est mien désormais. Il ne me voit plus hideuse. » Lilith et Astérion s’éveillent, marchent côte à côte, s
e rencontrent et vivent leur amour factice. « Ma maison ne possède pas le faste des palais, dit-il. Amusons-nous à nous perdre dans les galeries du labyrinthe. »

Ensuite l’après-midi, alertée par les Dieux, Ariane s’éveille et marche vers le cœur de la cité : «Je suis éveillée. Lilith est là, elle se cache quelque part. Moi Ariane, demi-sœur du monstre, je le trouverai. Moi Ariane, demi-sœur du monstre, je le sauverai. Moi Ariane, demi-sœur du monstre, je la chasserai. » Et le soir, elle s’éveille, pressée de retrouver Astérion qu’elle sait en danger et essaye d’éloigner Lilith. Puis guidé par Apollon, Astérion retrouvera ses esprits. « J’ai marché longtemps, et même parfois couru. Dans le dédale, je me suis égaré. Me voilà revenu. La lune est bleue maintenant. Ariane est là tout près de moi. »
Le matin du troisième jour, Lilith s’éveille et luttera contre Astérion qui essaye de la bloquer. Le soir, elle réunit et active la Porte donnant sur la voie des Enfers. Aidé par Poséidon, Astérion parvient à la faire reculer et à fermer le passage. Victorieux, Le Gardien du Temple s’endort. Ainsi est décrite cette formidable histoire dans le document-presse mais à ne pas dévoiler avant, pour qu’on ait la surprise et il n’y aura pas de texte donné au public
Le vendredi soir, Lilith, gardienne des ténèbres, se réveille à la nuit tombante place Saint-Sernin sur le toit en tuiles romaines d’un beau bâtiment en briques devant les milliers de spectateurs de tout âge éblouis par ce personnage manipulé par de nombreux techniciens. C’est selon la légende, la première femme d’Adam mais surtout une créature à visage humain avec huit gigantesques pattes comme celles d’une araignée ou d’un scorpion, les sauterelles, criquets, cigales, papillons se contentant de six! Lilith inspira nombre de poètes comme Hésiode, Ovide, Dante… Et récemment Salvador Dali, Judy Chicago avec sa remarquable installation Dinner Party, Louise Bourgeois…

©x

©x

François Delarozière a été élève aux Beaux-Arts de Marseille. «A l’époque je travaillais surtout en vidéo et je suis allé jusqu’au diplôme final. J’y ai appris beaucoup de choses, entre autres, la meilleure façon d’entreprendre, d’être plus sûr de moi et de chercher vraiment ce qui me touchait. J’avais une professeur Soun Gui Kim, une artiste coréenne multimédia, écrivaine, vidéaste, et musicienne qui vit et travaille en France depuis 1971; elle m’a beaucoup aidé. Elle s’intéresse à la déconstruction de l’image, aux performances à grande échelle et à l’art vidéo comme outil. Des artistes comme Nam Jun Paik, Merce Cunnignham et John Cage m’ont aussi influencé. Je suis parti de Marseille à vingt-huit ans mais j’avais commencé vers dix-neuf ans à y construire des décors pour Le Royal de Luxe que j’ai quitté en 2004. J’ai fondé ma compagnie La Machine et nous avons beaucoup joué, entre autres à Liverpool. (…) «La Ville,dit aussi François Delarozière, je la considère déjà comme la plus grande forme de théâtre. »

Cet artiste s’est fabriqué comme une sorte de mythologie personnelle où, Marseille oblige, sont convoquées nombre de légendes méditerranéennes… issues de temps et religions différentes. Lilith, dans Le Talmud, est un démon féminin très inquiétant ailé aux cheveux longs. Avec toujours en toile de fond, la lutte entre le Bien et le Mal. Une figure mythologique souvent décrite par de nombreux écrivains ou peintres. Récemment encore dans les mangas et dans L’Arabe du Futur 5 de Riad Sattouf. Et côté médias, en 1976, fut créé le magazine féministe juif new-yorkais Lilith Magazine.
Il y a aussi deux autres créatures recrées par François Delarozière, plus connues et issues de
l’antiquité , comme Ariane, le Minotaure (Minốtauros), «le taureau de Minos», déjà sur représenté sur les célèbres vases grecs. Et au XX ème siècle en peinture ( Pablo Picasso,) en sculpture ( Auguste Rodin), dans les fictions littéraires comme La Demeure d’Astérion, une nouvelle de Jorge Luis Borges dont François Delarozière s’est inspiré, des films, B.D. jeux vidéo….

Ici, une grande sculpture à grosse tête de taureau et buste d’homme qui existait déjà dans le spectacle précédent créé en 2018. Un nom qui sonne juste à Toulouse : le quartier Matabiau (en occitan, matar buòu :tuer le bœuf). D’après une légende, on y aurait tué en 250 après J.-C., un taureau responsable de la mort de Saturnin, premier évêque de Toulouse.
Cette suite du premier opéra urbain créé il y a six ans, montre cette séductrice en grande marionnette en bois et fer animée. Onze mètres de haut, quatorze de longueur et trente-huit tonnes! Construite pour le festival de musique métal Hellfest à Clisson (Loire-Atlantique), elle a huit pattes. Sa bouche, ses paupières et sa bouche peuvent remuer. Elle marche, les seins nus tatoués et lancera un charme qui rend l’homme amoureux et le retient prisonnier de ses gestes. Une histoire d’amour de plus qui finit mal…

© P. Nin

© P. Nin Astérion et Lilith place du Capitole

Ces grandes sculptures d’Ariane, Astérion et Lilith en imposent à la fois par leur beauté visuelle et leur intense poésie. Avec François Delarozière, il y a une équipe d’une quarantaines de personnes qui ont travaillé dans les ateliers de la compagnie à Nantes et à Toulouse, pour créer ce spectacle dont le compositeur Mino Malan qui a écrit la musique jouée et chantée par douze interprètes installés sur des nacelles, Polo Loridant pour les effets spéciaux, Gaëlle Choveau qui a créé les costumes avec Julie Coffinières et Bruno Teutsch, concepteur-lumière. A parcourir les ateliers, comment ne pas admirer la gestion artistique très rigoureuse de ce qui ressemble à une moyenne entreprise… 

Impressionnante aussi, la machinerie ultra-sophistiquée avec une direction au casque, des techniciens sur les plate-formes ou voltigeant, accrochés à des filins depuis une grue. Pas un accroc, même quand Lilith passe dans les rues étroites, le deuxième jour pour aller rejoindre la place du Capitole noire de monde et à laquelle nous ne pourrons pas accéder… On entend mal le texte mais ce sont surtout les images qui comptent, d’une incomparable beauté… Et il faut beaucoup marcher, et encore marcher dans une foule compacte. « Le  mieux étant toujours de rester en mouvement pour partir à la rencontre des personnages de cette histoire, conseille le document remis!  On veut bien mais comment quand les rues sont bloquées par tant de monde. La compagnie La Machine est victime de son succès…
Pourquoi cet opéra urbain offre-t-il autant de magie? Sans doute est-il un moment accessible à tous, comme le 14 juillet autrefois. Pendant trois jours, il y avait sur ces parcours à Toulouse, une sorte de communion sociale assez rare, comme seul en permet encore le théâtre de rue. Initié par Jean Digne avec l’opération Aix, ville ouverte aux saltimbanques et dont a fêté en juin dernier le cinquantenaire (voir Le Théâtre du Blog). Plus de jeunes ni vieux, ni riches ni pauvres comme dans les théâtres en salles surtout à Paris, ni adeptes de telle ou telle religion. Pas non plus d’entrée payante, les rues de la ville rose appartiennent à tous.

©x

©x


Mais cette admirable Lilith qui avait déjà fait mais seule les beaux jours du festival métal de Clisson a provoqué une grande colère chez les autorités catholiques! Déjà en cause, l’affiche avec des images proches du tarot, comme le projet dans toute la ville, sentaient le souffre.
«On ne joue pas impunément avec Satan », dit Monseigneur Guy de Kerimel, (soixante-et onze ans) nommé évèque
de Toulouse en 2022, dans un entretien paru dans France Catholique du 7 octobre dernier !
Et là, attention, on ne rigole plus : aux grands maux, les grands  remèdes! Il a « consacré » une semaine plus tard, en y disant une messe, une église, pour que la ville et le diocèse soient protégés
des « menaces ténébreuses, de la désespérance et pour ancrer les chrétiens en Dieu».
Si nous avons bien compris, il a donc réparé cet effroyable péché artistique, digne non des enfers d’Hadès mais de l’enfer catholique tout court grâce à cette cérémonie d’exorcisme!

©x

©x

Signalons à ce dignitaire religieux, sans doute choqué par les seins provocants de Lilith devrait écrire d’urgence à Emmanuel Macron pour lui demander de faire retirer tous les bustes de Marianne dans les mairies, plus ou moins dénudés selon le sculpteur! Cachez donc tous ces seins qu’on ne saurait voir…. Et rappelons-lui que les auteurs de mystères religieux des XIV ème et XVème siècles faisaient apparaître sur la scène des diables comiques injuriant la Vierge Marie, les Saints et les Chrétiens… Nous attendons avec curiosité mais sans illusion, sa réponse que nous ferons paraître aussitôt pour la grande joie de nos lecteurs.

©x

©x

Ce Monseigneur n’avait pas été aussi virulent quand, interrogé il y a deux ans, par une journaliste de France 3-Auvergne-Rhône-Alpes qui lui avait demandé pourquoi il n’y avait pas eu d’enquête interne sur Louis Ribes (1920-1994), un prêtre accusé de pédophilie, il avait répliqué: «Vous n’avez rien d’autre à faire, que de fouiller dans ces choses-là !»  Il reconnaissait que l’Eglise avait eu la volonté d’étouffer l’affaire mais voulait avoir le dernier mot:  » A cette époque, le journal Libération faisait aussi la promotion de la pédophilie. »  Bravo et sans commentaires…

Didier Bernis, président de la fédération protestante toulousaine, a estimé, lui aussi, que  »ce spectacle prône tout ce qui est diabolique  » et il « va trop loin dans la célébration de la mort et des ténèbres.» (…) Il flirte avec des thématiques spirituelles obscures et inquiétantes et appelle les autorités publiques à faire preuve de discernement dans le choix des événements culturels, financés et soutenus par la collectivité. »
C
hose sans doute plus grave pour ce patriarcat qui n’ose pas le dire : cette Lilith qui refuse de se soumettre à la domination du mâle, ne leur plait pas surtout quand des gens de théâtre de rue s’emparent du personnage et qu’elle est en plus un symbole très apprécié par les mouvements féministes radicaux! La mairie de Clisson ( Loire-Atlantique), elle, a acheté cette formidable sculpture deux millions d’euros. Qu’en pense l’évèque du diocèse ?

François Delarozière est resté calme devant tant de connerie! « Si j’avais dessiné un gangster, j’aurais fait pareil, j’aurais utilisé toute l’iconographie pour faire comprendre qu’il s’agit d’un gangster. Je suis très étonné par la réaction suscitée par cet opéra urbain! C’est un spectacle de rue, mon travail est populaire. Cette montée du puritanisme qui s’exerce actuellement, est effrayante. Est-ce parce que Lilith a envoyé paître Adam, qu’il y a ce genre de réaction ? Je ne comprends vraiment pas. D’autant plus que Pierre Cohen, maire en 2018, avait soutenu le projet, comme le maire actuel Jean-Luc Moudenc, même s’il a mis un peu de temps à se décider. »
Allez, François Delarozière avec votre compagnie La Machine, la prochaine fois, mettez en scène une grande Crèche avec la Vierge Marie, le petite Jésus, Saint Joseph et les Rois mages, histoire d’œuvrer dans le syncrétisme et de vous faire bien voir… Il a heureusement un autre projet.«L’avenir, dit-il, je ne m’en suis jamais vraiment soucié mais j’ai toujours de projets en cours. Je prépare le construction d’un varan rouge, un lézard de grande taille avec un drap de trente-cinq mètres de long.

N’en déplaise à Monseigneur Guy de Kerimel, ce spectacle, même avec quelques défauts, entre autres: la difficulté à s’approcher pour bien voir, restera exemplaire dans l’histoire du théâtre, dit de rue. Et il se jouera sûrement ailleurs…

Philippe du Vignal

Spectacle créé les 25, 26 et 27 octobre à Toulouse (Haute-Garonne).
Pour voir les trois vidéos des aventures de Lilith, Astérion et Ariane:

https://www.youtube.com/watch?v=UoP6XQ0MUaU 
https://www.youtube.com/watch?v=j-glb_eZiGQ
https://www.youtube.com/watch?v=1Gwt18hde4w

 Jusqu’au 11 novembre, Lilith est exposée dans le hall de la compagnie La Machine.

 

©x

©x


Et jusqu’au 15 janvier, exposition des dessins, croquis et maquettes de François Delarozière,  à la médiathèque  José Cabanis à Toulouse.

De véritables œuvres d’art en elles-mêmes mais aussi un langage lié à la construction avec nombreux éléments techniques.

Plusieurs sont à l’origine des machines maintenant bien connues comme le Grand Eléphant à Nantes, ou Long Ma, le Cheval-Dragon conçu pour le spectacle à Pékin et d »autres inédits

 


Archive pour octobre, 2024

Programmation Camping du Centre National de la Danse Autrement dit, d’Yasutake Shimaji et Hana Sakai

Programmation Camping du Centre National de la Danse

Autrement dit, d’Yasutake Shimaji et Hana Sakai

Un couple à la scène comme à la ville. Lui, danseur de hip hop, a travaillé dix ans dans la compagnie de William Forsythe et elle, a fait toute sa carrière au Japon. Danseuse-étoile au ballet du New National Theater, elle y interprète les rôles principaux du répertoire. Et elle a été Invitée au festival les Benois de la danse à Moscou.

© shinichiro_saigo

© Shinichiro Saigo

Au pays du Soleil levant, même si la danse contemporaine essaye de se faire une place avec des artistes comme Saburo Teshigawara, régulièrement invité en Europe, la danse classique garde la faveur du grand public et à Tokyo, l’Opéra de Paris affiche toujours complet. Les écoles privées, très nombreuses dans les grandes villes permettent aux familles des classes moyennes et supérieures de lancer leurs enfants dans une potentielle carrière. Le graal étant pour eux, d’intégrer ensuite des écoles de danse européennes, comme celle de Rosella Hightower.

Ici, la lumière se fait sur Hana Sakai, allongée sur la scène, en bustier rouge et tutu. Dans le ballet romantique Giselle, l’héroïne s’éveille et découvre son prince. Ici, elle voit, Yasutake Shimaji debout devant elle ! Il semble un peu distrait mais la relève et l’observe. Elle réalise quelques figures devant lui. Sans trop comprendre ce qui se passe, il cherche à imiter chacun des mouvements. Peu à peu, une complicité se crée et Hana Sakai va endosser une tenue plus sportive pour s’essayer au hip hop. De leur connivence, nait un duo plus contemporain, gracieux et poétique Avec un certain humour, ce spectacle hors du temps finit par nous séduire, grâce à ces beaux interprètes.

Jean Couturier

Spectacle vu le 17 octobre à la Maison de la Culture du Japon, 101 bis quai Jacques Chirac, Paris ( XV ème). T. : 01 44 37 95 01.

 

Little rock story, conception de Claude Whipple, mise en scène d’Olivier Prou

Little rock story, conception de Claude Whipple, mise en scène d’Olivier Prou

Un remarquable spectacle, destiné aux tout jeunes et à ceux qui le sont moins… Et joué par un quartet réunissant :Claude Whipple (guitare électrique et chant), Nicolas Liesnard (claviers, guitare électrique et chœur), Vincent Benoist (basse électrique et au chœur) et Romain Piot (batterie et au chœur). En une heure quinze-ni trop, ni trop peu-près de quarante titres restitués entièrement ou en extraits, dans ce beau théâtre des grands boulevards, ancienne salle de café-concert qui, au XIX ème siècle, avait pour nom L’Eldorado. Y furent programmées au début du XX ème, les danses apaches de Mistinguett et Max Dearly, mais aussi notre star internationale Maurice Chevalier, connu aussi pour Le Twist du canotier (1962) chanté avec Les Chaussettes noires. Claude Whipple  et ses musiciens refont/rejouent l’histoire du rock de manière exhaustive, ou presque.

©x

©x

Manque selon nous, l’étape du «rhythm and blues» où s’illustra Louis Jordan. Mais le tout interprété fidèlement avec brio et: à signaler, sans la moindre nostalgie. Mais avec commentaires informatifs pour les enfants du rock accourus en nombre, accompagnés de leurs parents. Il y a aussi des gags avec vidéos comme en miroir où on voit, par intermittence, un double de Claude Whipple costumé selon la mode des années soixante, à nos jours. Et deux pots-pourris vont rythmer, s’il le fallait, des effets théâtraux, comme un branchement de câbles où l’électricité statique fait dresser les cheveux du bassiste. A noter, le jeu de lumières efficace de Mathieu Le  Parc et l’excellent son en H.F. de Nicolas Bouchillou.

Cela va de: Me and the Devil (1938) du blues-man Robert Johnson, à Life on Mars (71) de David Bowie. Et il y a des pépites comme Hoochie coochie Man (54) de Muddy Waters, Jailhouse Rock (1957) par Elvis Presley, Johnny B. Goode (57) de Chuck Berry, Satisfaction (65) des Rolling Stones, Purple Haze (67) de Jimi Hendrix, Smoke on the Water (72) de Deep Purple, Iron Man (75) de Black Sabbath, Stairway to heaven (71) de Led Zeppelin… Nous aurons quelque indulgence pour les auteurs et les interprètes de quelques morceaux hors sujet, relevant d’autres genres musicaux que le rock proprement dit : pop (pour ne pas dire : variétés), country, soul, funk, reggae, électro, rap…

Sans aller jusqu’à casser les fauteuils comme les fans de Johnny Hallyday, Eddy Mitchell, Vince Taylor… en 61 au Palais des sports à Paris, sans se mettre à danser parmi les travées, le public, du genre participatif et très motivé, claque des mains pour marquer la cadence et applaudit la fin des morceaux… Il rit aussi aux sketches historiant le récit et apprécie particulièrement le duel avec «riffs» entre Claude Whipple et Nicolas Liesnard, à la guitare. « Résumer l’histoire du rock en soixante-quinze minutes, c’est comme vouloir faire entrer toute l’eau d’un océan dans une bouteille d’un litre.» dit Olivier Prou. Mais sous sa houlette, le défi est relevé par les quatre musiciens dont l’interprétation a justifié les nombreux rappels du public.

 Nicolas Villodre

Jusqu’au 5 janvier, Théâtre Libre, 4 boulevard de Strasbourg, Paris (X ème). T. :  01 42 38 97 14.

 

The Tree, chorégraphie de Carolyn Carlson

The Tree, chorégraphie de Carolyn Carlson

 «Nous ne sommes pas extérieurs à l’Univers dit Carolyn Carlson, nous sommes des graines évoluant en cycles et en rythme, comme les changements de saison qui régissent chaque création.», à propos du dernier volet d’un cycle consacré à Gaston Bachelard (1884-1962). Après Now, tiré de La Poétique de l’espace, et Pneuma, inspiré de L’Air et les Songes, The Tree part des Fragments d’une poétique du feu, un essai inachevé du philosophe publié en1988 et constitué de trois chapitres Prométhée, le Phénix et Empédocle.  

Neuf interprètes vont, de tableau en tableau, se confronter avec les éléments d’une nature malade, représentée par un arbre chétif dont la silhouette se profile sur un fouillis abstrait de feuilles et branchages, projeté en fond de scène.
Signés du peintre et écrivain Gao Xingjian, ces mystérieux paysages à l’encre de Chine, dominés par des lunes vagues, prennent des tonalités différentes, sous les lumières de Rémi Nicolas. Le temps est au calme, à l’orage, au vent, à la pluie… ambiances soulignées par les musiques éclectiques de René Aubry, Aleksi Aubry-Carlson, Maarja Nuut et K. Friedrich Abel. Noirs, blancs ou couleur automnale, les élégants costumes d’Elise Dulac épousent ces variations climatiques : les robes fluides des femmes aux longs cheveux et les complets stricts des hommes évoquent l’esthétique de Pina Bausch.

 ©Frédéric Iovino

©Frédéric Iovino

Il ne faut pas chercher de logique à cette pièce onirique dont les séquences s’enchaînent sans transition, traversées par le thème de l’arbre. Ici une femme traîne une branche de pin, là un homme passe au lointain, deux troncs d’arbre à l’épaule.
Un autre déplie un escabeau. Un autre encore crie dans un mégaphone qui, passant de main en main, devient télescope, cornet acoustique…. Puis les danseurs courent au son d’une cavalcade. Plus tard, un arbre miniature est adossé à une petit foyer rougeoyant. A chacun de se raconter son histoire devant ces images surréalistes, proches de l’univers de Philippe Genty, avec lequel René Aubry, musicien et compagnon de route de Carolyn Carlson, a toujours collaboré.

De solos en duos, trios ou scènes d’ensemble, les danseurs alternent tempos lents et rapides, mouvements amples et arrêts sur image. Leurs corps longilignes dessinent des courbes et diagonales avec petits gestes des bras, parfois avec petits sauts et quelques portés. Deux personnages se distinguent: un homme énigmatique qui se déplace avec une canne et une chouette, figure du vieux sage, accompagné d’une femme rousse, sorte de druidesse portant une brassée de fleurs… Leurs postures hiératiques, tête parfois levée vers le ciel, donnent une dimension contemplative à la chorégraphie. 

The Tree est une réponse à Gaston Bachelard, qui, sensible à l’écologie, déplorait, parlant de notre Terre, que « cette grande beauté naturelle [soit] ternie par les hommes ». Avec lui, Carolyn Carlson convoque la poétique du ciel, de la terre et de l’air, en espérant que l’arbre et la forêt, tel le Phénix cher au philosophe, perdurent. nous retrouvons avec bonheur cette pièce créée en 2021qui marie danse contemporaine et intemporelle.

 Mireille Davidovici

 Spectacle vu le 22 octobre, Théâtre des Champs-Elysées, 15 avenue Montaigne, Paris ( VIII ème). T. : 01 49 52 50 50.


 

Le Suicidé, d’après Nicolaï Erdman, texte français et adaptation de Clément Camar-Mercier, mise en scène de Stéphane Varupenne

Le Suicidé, d’après Nicolaï Erdman, texte français et adaptation de Clément Camar-Mercier, mise en scène de Stéphane Varupenne

Vingt ans après la mise en scène de Jean-Pierre Vincent, le Français renoue avec cette pièce et l’inscrit à son répertoire. Depuis 1928, cette farce politique macabre n’a rien perdu de son mordant : en prise avec l’ l’U.R.S.S. des années trente, elle renvoie de plein fouet à notre présent, comme ici avec la troupe de la Comédie Française. En pleine nuit, Sémione Sémionovitch, dit Podsékalnikov (Jérémy Lopez) farfouille dans la cuisine à la recherche d’un saucisson. Il réveille sa femme Maria Loukianovna, dite Macha (Adeline d’Hermy). Une dispute éclate. Chômeur et sans ressources, il lui reproche, pour comble d’humiliation, de le rationner et menace d’attenter à ses jours.  Macha et sa belle-mère, Serafima Ilinitchna (Florence Viala), le prennent au mot et appellent à l’aide. Dans l’immeuble, la nouvelle se répand.
Macha court dans les couloirs à la recherche de son mari. Elle réveille le veuf Kalabouchkine, Alexandre Pétrovitch (Clément  Bresson), en pleins ébats avec Margarita Ivanovna (Julie Sicard). Pariant sur ce futur suicide, ce voisin avertit les gens qui, en monnayant son intermédiaire, pourraient tirer profit de ce geste funeste… Dans la tradition satirique d’un Nicolas Gogol, Nicolaï Erdman convoque un défilé de personnages hauts en couleurs : archétypes des anciennes classes sociales russes, ils s’attachent à défendre leur existence bouleversée par le régime soviétique.
Tous ces laissés-pour-compte voient, en ce martyr possible, un espoir de porter leurs revendications et changer leur avenir. Aristarque Dominiquovitch (Serge Bagdassarian) demande à Sémione de mourir au nom de l’intelligentsia, menacée de disparition : « Aujourd’hui plus que jamais, dit-il, nous avons besoin de défunts idéologiques. »

 

© Vincent Pontet

© Vincent Pontet

Puis Cléopatra (Anna Cervinka), une femme délaissée, espère regagner son amant, si Sémione se tue, par amour pour elle… Suivront un écrivain pontifiant (Yoann Gasiorowski), un prêtre hypocrite et libidineux (Adrien Simion), le boucher Pougatchov (Christian Gonon), défenseur du petit commerce et Igor Timoféimovitch Iégorouchka(Clément Hervieu-Léger),un coursier de la police militaire, prêt à tout envisager pourvu que ce soit d’un« point de vue marxiste »…
Emporté malgré lui dans ce bal macabre, Sémione entrevoit la gloire posthume qu’on lui fait miroiter. Mais, après des adieux solennels et à l’approche de la mort, son envie de vivre se fait de plus en plus pressante… Et, coup de théâtre magistral : n’ayant plus rien à perdre, que sa vie, il vaincra enfin la peur et se sentira libre. Car la peur règne dans l’Union soviétique des années 1920 et 1930…

Nicolaï Erdman en sait quelque chose, victime lui-même de la politique autoritaire et répressive menée par le Pouvoir. Sa seconde pièce, Le Suicidé est interdite avant même d’être joue, malgré le succès de sa première: Le Mandat. Arrêté peu après-il a écrit un poème satirique sur Staline-il est envoyé trois ans en camp de déportation, puis assigné à résidence et il abandonnera sa carrière de dramaturge ! Une sorte de suicide artistique et ses deux seules pièces seront définitivement interdites.
«Le Suicidé, écrivait Peter Brook, raconte l’histoire d’un homme à qui la Révolution n’a pas apporté ce qu’il attendait.» N’est-ce pas le cas de Nicolaï Erdman ou de son ami Vladimir Maïakowski qui mit fin à ses jours en 1930? Nadejda Mandelstam, écrivaine et femme du célèbre poète Ossip Mandelstam, mort en Sibérie, voyait dans cette œuvre :«Une pièce sur les raisons qui nous ont fait rester vivants, alors que tout nous (poussait) au suicide». Le dramaturge comme son héros, a survécu et. plus tard, reviendra modestement avec quelques comédies musicales et scénarios de film. Mais ses pièces sont parvenues jusqu’à nous et ont été montées en version intégrale, avant de l’être en Russie. Elles sont indémodables : pour preuve, cette création.

Une façade monumentale figure l’immeuble collectif et barre inutilement le plateau sans que, derrière, rien ne se passe. Pour le reste, Eric Ruf qui signe la scénographie, a vu juste  l’aire de jeu se cantonne à la petite chambre de Sémione, réduite à un lit. Un couloir situé à l’avant-scène donne sur plusieurs appartements et sur la cuisine communautaire. Aucune intimité chez le couple comme chez la plupart des habitants des « kommunalka» (appartements communautaires), obligés de vivre dans une promiscuité exacerbant tensions et méfiance.
Là, se croisent tous les personnages venus solliciter le futur défunt. Dans cet espace confiné, c’est un défilé incessant, rythmé par Vincent Leterme, au piano. Ses citations musicales bien senties, empruntées à des compositeurs russes, apportent un contrepoint comique aux saillies des personnages. Ce tourbillon emporte Sémione vers la mort et les comédiens s’inscrivent avec bonheur dans cette ronde. À commencer par Jérémy Lopez, touchant de naïveté mais d’un bon sens à toute épreuve. Pour les autres, le metteur en scène, en poussant quelquefois la caricature à outrance, passe à côté de ce qu’a de pathétique, toute cette humanité en déshérence.

Dans la deuxième partie où s’organise une cérémonie d’adieu au suicidé, la troupe s’égaye dans une salle des fêtes, un espace surdimensionné où certaines répliques se perdent. La pièce se dilue alors, malgré le petit orchestre dirigé par Vincent Leterme : piano, guitare et clarinette. Il joue les musiques de Dmitri Chostakovitch qui a beaucoup écrit pour la scène de l’époque et d’Alexander Tsfasman, le «Gershwin russe» des années vingt…
Mais dans la troisième partie surtout, le rythme ralentit; une suite de fausses fins hilarantes aurait mérité une plus grande concision. Dommage: dans l’ensemble, la troupe s’engage avec vigueur dans cette farce grinçante.
Jérémy Lopez qui sait trouver une connivence avec le public, en lui adressant à l’orée de son geste fatal, des questionnements existentiels comme dans un pastiche d’Etre ou ne pas être d’Hamlet.
Empathie et tendresse garantie envers cet homme fragile et démuni sous ses apparences bourrues. « Je n’étais qu’un homme qui vivait comme un homme.», dit-il, en guise d’oraison funèbre, lors du banquet d’adieu, alcoolisé à la russe.

Loin de tout naturalisme, le monde risible et désespéré selon Nikolaï Erdmann, est absurde et il n’y a personne pour en rétablir le sens… Une nouvelle traduction* a été demandée à Clément Camar-Mercier, après celles de Michel Vinaver pour Jean-Pierre Vincent, et celle d’André Markovicz publiée aux Solitaires intempestifs et qui avait été commandée par Jacques Nichet pour une création au Théâtre National de Toulouse en 2006. Et reprise par Patrick Pineau au festival d’Avignon (voir Le Théâtre du Blog), et dernièrement par Jean Bellorini au T.N.P. à Villeurbanne.
Ici, le dramaturge
tire la pièce vers le théâtre d’Eugène Labiche-dont Nicolaï Erdman avait traduit La Cagnotte-rendant le texte un brin franchouillard. Mais les comédiens du Français s’emparent avec gourmandise de ces dialogues musclés. Le plaisir du spectateur est au rendez-vous et l’histoire de ce petit homme qui se démène dans le chaos du monde, reste derrière le rire, une critique virulente de l’oppression et du despotisme. Et surtout, malgré sa noirceur, Le Suicidé est un hymne joyeux à la vie, lancé par Sémione Sémionovitch: «Camarades, je ne veux pas mourir : ni pour vous, ni pour eux, ni pour une classe, ni pour l’humanité, ni pour Maria Loukianovna. (…) Laissez moi vivre ! »

Mireille Davidovici

 Jusqu’au 2 février, Comédie Française, 1 place Colette, Paris (Ier). T. : 01 44 58 15 15.

*Le texte est publié par les éditions esse que.

 

 

 

Le Cadavre encerclé, de Kateb Yacine, mise en scène d’Arnaud Churin

Le Cadavre encerclé, de Kateb Yacine, mise en scène d’Arnaud Churin

 Le poète écrivain, journaliste et dramaturge militant pour l’indépendance de son pays, en a fait son slogan, son étendard-et c’est un plaisir de le citer: «La langue française est mon butin de guerre. » Beau retour de service à la colonisation française, belle « appropriation culturelle « . Dans cette langue qu’il a faite sienne, en particulier dans Le Cadavre encerclé, il s’empare avec autant de force des genres littéraires, passant du récit épique, au lamento lyrique et de la tragédie, au dialogue le plus quotidien. Et ce n’est pas un exercice de style mais la réponse la plus juste d’un poète, à la répression sanglante des révoltes par l’armée française et aux massacres de Sétif en 1945, quand l’Algérie revendiquait sa propre libération, à une Francelqui venait d’être libérée…

© Alain Rauline

© Alain Rauline


Dans la rue des Vandales, un petit marchand d’oranges essaie de survivre, le voisin ne veut pas s’engager avec les révoltés. Mais le sang coule, les corps s’entassent, avant qu’on n’ose les ensevelir, les femmes pleurent condamnées au deuil perpétuel et guerrières secrètes…  Là, au milieu, un vivant se lève de la masse des morts, l’amour traverse hommes et femmes… Tous les thèmes tragiques et lyriques sont ici présents, l’écriture naît en direct de la rue et de la répression. L’Histoire commande l’écriture, ou, au moins, la nourrit.
Ce monument, cette montagne à franchir pour les acteurs, en particulier Mohand Azzoug qui joue Lakdhar, le Mort, le Survivant, mérite d’être un grand opéra avec chœurs, duos et moments plus humblement populaires, comme un repos accordé à la tragédie.
Mais Arnaud Churin n’a pas eu les moyens de cet opéra. Sur le plateau noir, un peu encombré par des bouquets de projecteurs au sol, les scénographes Léa Jézéquel et Elsa Markou ont installé une sorte de kiosque à transformations. D’abord guinguette en prologue, il abrite un piano qui accompagne les acteurs poussant les chansonnettes de la «douce France ». Avec peut-être l’espoir que le public les reprendra ? Ce qu’il fait mais timidement.

Une jolie idée qui ouvre le spectacle en douceur et en musique et qui rappelle une chose essentielle : c’est de ces petits bonheurs-là que la vie est faite, et que la guerre détruit. Ce sera ensuite la maison de Tahar,le père (Arnaud Churin),et le mur qui s’écroule dans la ruelle, tas de “pierres“ figurant l’amas des corps… C’est peu, mais déjà presque trop, la qualité du décor n’étant pas à la hauteur de l’idée et on se prend à rêver d’un plateau réellement nu.
De la mise en scène et du jeu, on pouvait attendre plus : le caractère hétérogène du texte qui passe par tous les tons et genres littéraires, est ici, comme gommé. On en devine, à l’écoute, les grands mouvements mais, comme on en perd la force et la clarté, on reste frustré.  Cette compagnie a eu la belle audace de se mesurer à ce texte important par sa place dans l’histoire de la décolonisation mais aussi par son écriture puissante. Mais elle n’a pas été jusqu’au bout-ce qui serait, du reste, très difficile. Les comédiens sont présents et sincères, mais le jeu, comme lissé. Par crainte de l‘emphase? Mais le spectacle nous offre l’envie d’en demander plus, d’aller plus loin et se plonger dans cette histoire à la fois proche et oubliée, dans cette poésie. Et pour cela, nous remercions la compagnie.

Christine Friedel

Spectacle vu le 15 octobre à L’Échangeur, Bagnolet (Seine-Saint-Denis).

Le Cercle des représailles de Kateb Yacine, contient Le Cadavre encerclé, La Poudre d’intelligence, Les Ancêtres redoublent de férocité, Le Vautour, préface d’Édouard Glissant. Editions Points-Seuil. On y apprend que Le Cadavre encerclé a été interdit de publication et de représentation en France puis a été créé à Bruxelles en 1958 par Paul Anrieu, Jean-Marie Serreau et Jean de Wingen.

 

Adieu Christine Boisson

Adieu Christine Boisson

Fille d’un officier antillais et d’une mère d’origine russe, cette grande actrice est morte lundi à soixante-huit ans à la suite de complications pulmonaires. Elle en avait dix-sept seulement quand elle commença au cinéma dans Emmanuelle, un film réalisé par Just Jaeckin.
Puis elle entra au Conservatoire National Supérieur et ensuite, quel parcours! Nous l’avons vue très souvent au théâtre où elle joua beaucoup, et avec les plus grands metteurs en scène. Dès 77, dans La Mouette d’Anton Tchekhov, mise en scène de Pierre Vial. Puis dans Périclès, prince de Tyr de William Shakespeare, mise en scène de Roger Planchon au T.N.P. à Villeurbanne en 1979 et dans Lorenzaccio d’Alfred de Musset, mise en scène d’Otomar Krejča.

 

©x

©x

Elle était sublime dans La Trilogie du revoir de Botho Strauss, mise en scène de Claude Régy en 82 et dans Grand et petit de Botho Strauss. Elle joua aussi dans Andromaque de Racine, mise en scène Roger Planchon, toujours au T.N.P. En 93, elle joue le rôle éponyme de La Mégère apprivoisée de William Shakespeare, mise en scène de Jérôme Savary au Théâtre National de Chaillot. Et cinq ans plus tard, Ashes to Ashes,  texte et mise en scène d’Harold Pinter. En 2005 dans Viol de Botho Strauss, d’après Titus Andronicus de William Shakespeare, mise en scène de Luc Bondy. Sa dernière apparition au théâtre fut en 2012 dans Tokyo Bar d’après Tennessee Williams, mise en scène Gilbert Désveaux… Rares sont les actrices qui peuvent afficher un tel parcours….

Christine Boisson a joué aussi dans une cinquantaine de films, entre autres, d’Alain Robbe-Grillet, Philippe Garrel, Yves Boisset, Claude Lelouch, Olivier Assayas… Et plus récemment Maïwenn dans Le Bal des actrices. A la voir, on la devinait en proie à un mal à vivre permanent. Elle avait été victime d’inceste maternel : «Comment appeler une mère qui, pour me dire bonjour, me caressait les seins, les fesses et s’adonnait à des caresses, distraitement, en regardant la télé?»

Souvenirs, souvenirs… Nous avions interviewée cette actrice, aussi magnifique que fragile, quand elle jouait avec Andrzej Seweryn en 83 dans Par les Villages de Peter Handke, une pièce mise en scène par Claude Régy au Théâtre National de Chaillot. L’attachée de presse nous l’avait confiée, en nous précisant que l’exercice pouvait être à risques. Elle m’avait demandé de venir la chercher en voiture, de l’emmener, non dans un café mais plutôt chez moi. Et surtout de prendre le plus grand soin d’elle, de lui préparer une tarte ou un gâteau avec un café… Plus de quarante ans après, nous nous souvenons, comme si c’était hier, de son sourire,  de son regard lumineux et de sa voix un peu rauque de fumeuse…
Nous l’avions prise en voiture à Chaillit. Cela ne commençait très bien: elle s’était trompée et attendait à l’autre porte. Et nous l’avons su plus tard, elle avait dit au gardien, curieux pressentiment qu’elle se méfiait des interviews qui ne paraissaient pas… Après avoir un peu mangé, mise en confiance elle nous avait raconté son enfance au Maroc, ses obsessions personnelles, entre autres, de la mort, et de son travail de comédienne avec une franchise absolue. Quel bonheur, avoir Christine Boisson, en tête à tête! L’entretien durait depuis trente minutes mais nous avions senti qu’elle était fatiguée et qu’il était temps de la libérer… Mais un camion vert foncé arriva devant la porte de l’immeuble, assombrissant le salon au rez-de-chaussée. Et il y avait beaucoup de bruit dans le hall d’entrée à cause des portes qu’on ouvrait en grand. Christine nous dit alors simplement : «Ce camion a l’air de vous déranger ? »
Nous lui avons, bien entendu, menti, remis l’enregistreur en marche pour continuer à la faire parler coûte que coûte, et arriver ainsi à gagner du temps. Nous savions que les Pompes funèbres allaient venir chercher le corps d’un élève aux Beaux-Arts de Paris qui s’était suicidé dans sa chambre de bonne huit jours avant! Et bien sûr, nous voulions à tout prix lui épargner la vue du cercueil passant dans le hall de l’immeuble. Christine  Boisson, heureusement, ne se rendit compte de rien: le camion enfin reparti, la gardienne aéra le hall et je vérifiais que nous pouvions enfin sortir.
Je remerciais chaleureusement Christine Boisson qui me demanda de la raccompagner en voiture aux Invalides où elle avait un rendez-vous important. Sans doute angoissée et très fatiguée, elle rata un trottoir et nous l’avons rattrapé de justesse. Nous l’avons enfin déposée et, rassurée, elle m’embrassa et me dit qu’elle attendait avec impatience la parution de cette interview mais la revue sombra avant!  Nous avons encore cette interview.
Adieu, Christine Boisson, et merci pour toutes les belles émotions, surtout au théâtre, que vous avez procurées.

Philippe du Vignal

 

 

Le Spleen de l’ange,de et par Johanny Bert

 Le Spleen de l’ange, de et par Johanny Bert 

 » Mes recherches depuis plusieurs années sur les arts de la marionnette et le rapport entre corps humain et corps manipulé, dit cet artiste, prennent toute leur place dans ce projet.» Après Hen, où la poupée, traversée par sa voix, faisait corps avec l’acteur, (voir Le Théâtre du Blog), il réédite cette symbiose avec la même équipe de musiciens et paroliers.
Avec son «
cabaret dégenré» et déjanté, il abordait l’identité sexuelle par des métamorphoses multiples, mais cette fois, il se mue en ange philosophique : tombé du ciel, il erre sur terre en cherchant désespérément à s’arracher à son être céleste pour entrer dans la peau d’un humain. Piégé dans son éternité, il explore physiquement ce que sentir, toucher, souffrir, mourir veulent dire. En vain… «J’enrage d’être un ange!» chante-t-il. Inspiré par Les Ailes du désir (1987) de Wim Wenders, le spectacle s’ouvre sur la voix du cinéaste dans un entretien avec Serge Daney, à France Culture: «C’était pour pouvoir montrer les humains que j’ai inventé les anges.», dit le réalisateur allemand, passionné depuis toujours par ces figures divines : « J’avais pitié d’eux, qu’est-ce qu’ils doivent s’ennuyer! »

© Ch. Raynaud de Lage

© Ch. Raynaud de Lage

Sur ces mots, un ange gris, masque blanc et ailes dorées, vient flotter entre ciel et terre puis arrive sous la forme de l’acteur-chanteur-pantin. Mi-ange, mi-homme, le voilà pérégrinant et chantant son ennui et son malheur d’immortel sous le regard complice de Marion Lhoutellier (violon et électronique), Guillaume Bongiraud  (violoncelle et électronique) et Cyrille Froger (percussions et claviers). Ils signent la musique des chansons commandées à Brigitte Fontaine, Laurent Madiot, Alexis Morel, Yumma Ornelle, Prunella Rivière.
Johanny Bert qui a aussi conçu la scénographie et les lumières, endosse cette forme hybride en perpétuelle transformation. Et comme, du ciel, l’ange a gardé ses pouvoirs magiques, par de troublants tours de passe-passe et aidé de manipulateurs derrière le rideau noir, il emprunte parfois des membres humains, mais pas longtemps. Et nous sommes vite séduits par l’esthétique délicate de la pièce et la sensualité du dialogue permanent entre l’acteur et sa poupée. « Dépucelé de l’humanité,/Je veux démissionner de l’immortalité/ Dépucelé de l’humanité,/Je dépose ma peau d’ange dépecée. » chante-t-il.

Mais, à côté des manipulations féériques, le livret de ce théâtre musical et de marionnettes est mince  et ressasse une obsession de l’immortel. Fort heureusement viennent rehausser cet oratorio un peu fade, les arrangements et le jeu vigoureux des musiciens mêlant style classique et sonorités électroniques à la Björk, Bot’Ox ou Laake… Reste un beau spectacle où des masques se brisent, se recollent, se démultiplient, où des costumes sans tête s’animent, des jambes et des bras se détachent, des corps se fragmentent et se reconstituent, des mains deviennent fleurs, des ailes coupées repoussent…

Restera aussi la belle image finale : Johanny Bert reprend son apparence de comédien et nous présente un pantin à fils minuscule, à l’effigie de celui qu’il a endossé grandeur nature. Un joli pastiche de L’Albatros de Charles Baudelaire (L’Ange albatrosde Laurent Madiot ) souligne cette apparition, en forme d’hommage au théâtre: « Pour se désennuyer, certains hommes parfois/ Se fagotent de plumes et de polystyrène/ Puis avec le concours d’ingénieux contrepoids/ Gravitent dans l’espace d’une cage de scène. (…) / Ils dansent dans les airs et abracadabra/ Se figent en des pauses faussement authentiques. /Ce comédien ailé, comme il est gauche en ange.(…) / Le public est semblable à l’ange de la scène /Qui se joue avec joie de toute gravité./ Il vient pour s’extraire à la lourdeur obscène/ Et cueillir au théâtre, un brin d’éternité. »
Plus de drôlerie et de magie que de spleen baudelairien chez cet ange qui, avec son désir d’être mortel, nous redonne une joie de vivre: au moins, nous éprouvons des sentiments, bonheurs et douleurs. De quoi enchanter petits et grands…

Mireille Davidovici

Jusqu’au 26 octobre, Théâtre de la Ville-Les Abbesses, 13, rue des Abbesses, Paris (XVIII ème). T. : 01 42 74 22 77.

Le 7 novembre, Théâtre du Pays de Morlaix (Finistère). Du 13 au 15 novembre, Festival Ovni, Théâtre 71-Scène nationale, Malakoff (Hauts-de-Seine).

 

 

Richard Peduzzi : Perspective

Richard Peduzzi : Perspective

©x

©x

Cet artiste, peintre d’origine, s’orienta ensuite vers la scénographie et le design. Il a été longtemps directeur de l’École nationale supérieure des arts décoratifs,  puis de la villa Médicis à Rome. Dans la  Galerie des Gobelins, cette exposition en forme de ballade non exhaustive dont Hervé Lemoine, président du Mobilier national, est le commissaire général, comprend de très nombreuses maquettes, aquarelles, dessins, personnels, croquis qui ont toujours précédé (ou pas) les scénographies qu’il a imaginées pour le théâtre  (entre autres pour le  théâtre et l’opéra, les plans d’architecture intérieure et extérieure pour des chais, les créations de mobilier: chaises, fauteuils, tables basses et hautes,  méridiennes, luminaires, tapis, lampes de chevet, tapisseries… « Mais il ne s’agit pas d’une rétrospective, nous a dit avec ironie, Richard Peduzzi,  je n’ ai pas encore l’âge! »

©x

©x

Patrice Chéreau, mort il y a dix ans déjà, avait commencé à travailler avec lui en 68, quand il avait mis en scène Dom Juan de Molière. Et sans le travail artistique de Richard Peduzzi, son théâtre comme ses opéras n’auraient jamais pu être ce qu’ils ont été. Les couples metteur en scène/scénographe mais aussi peintres, rarement sculpteurs, ne sont pas si fréquents mais la collaboration est alors le plus souvent exemplaire. Comme il y a déjà un siècle, Gaston Baty à ses débuts avec Charles Sanlaville, Louis Jouvet et Christian Bérard, Charles Dullin et André Barsacq, Georges Pitoeff… avec lui-même, puisqu’il était architecte d’origine! Et plus récemment, Georges Lavaudant et Jean-Pierre Vergier, Jean-Pierre Vincent et Jean-Paul Chambas, Ariane Mnouchkine et Guy-Claude François, hélas, lui aussi disparu, qui dirigea avec une pédagogie intelligente et efficace la section: scénographie à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Déco. Des scénographies très construites mais aussi picturales, comme si Richard Peduzzi avait donné naissance grâce à sa peinture, à un univers théâtral. Comment dire les choses:  à la fois à l’opposé de tout réalisme mais fondé sur le réel inspiré, entre autres, par d’anciens murs de hauts bâtiments industriels, une constance dans son œuvre, comme les remarquables scénographies de La Dispute (1973) de Marivaux ou de Massacre à Paris de Marlowe avec un sol couvert d’eau noire..

A partir de 1980, Richard Peduzzi dessina aussi de nombreux prototypes de mobilier et, en 89, reçut sa première commande pour le Mobilier national… Scénographiée par lui-même assisté par sa fllle Antonine Peduzzi  et Alizée David, l’exposition comprend une impressionnante sélection d’œuvres représentatives de son travail de 1972 à 2024.

© Nicolas Treat

© Nicolas Treat

On ne peut tout énumérer mais il y a, dans une petite salle ronde, dix maquettes de décors pour le théâtre et l’opéra, dont une des plus belles est celle qu’il avait conçue pour Comme il vous plaira de William Shakespeare avec deux gradins en bi-frontal et au milieu, sur un sol nu, un arbre mais entre temps, Patrice Chéreau avait, hélas, disparu. Mais les cartels sont tous ensemble à l’entrée: dommage. Comme nous le voyons tous les jours au théâtre, et Richard Peduzzi lui-même en a bien conscience, depuis une dizaine d’années, de telles scénographies à la remarquable picturalité sont  coûteuses en châssis et toiles peintes et beaucoup de mises en scène sont réalisées sur un plateau nu, avec quelques châssis et accessoires. Comme si la scénographie du XX ème et du début du XXI ème avait vécu son âge d’or.

 

©x

©x

Au rez-de-chaussée, à l’entrée, son iconique chaise-bascule et posées sur des praticables bleu nuit légèrement inclinés, ou suspendues par des fils invisibles, de « simples » chaises à mi-chemin entre des œuvres d’art sophistiquées  et d’une de très haute qualité, réalisées par des artisans français auquel Richard Peduzzi ne cesse de rendre hommage.

Le dessin est ici inséparable d’un ensemble de pratiques de matières : cuivre, tiges de fer lisse ou à béton aux soudures invisibles et peintes en noir mat pour une chaise. Il y a aussi des fauteuils, poufs cubiques, assemblés ou non, des méridiennes (mais peut-être plus belles, que vraiment confortables), un grand lustre rectangulaire avec à la fois, de vraies bougies et des ampoules électriques, réglable en hauteur par une tirette comme dans les suspensions à abat-jour en tôle de notre enfance et qu’il a imaginé pour l’appartement d’un ami à Vienne, des luminaires, tables basses, rocking-chair, lampes de chevet, vases…Au rez-de-chaussée et au premier étage, un curieux bureau avec tablette réglable, inspiré par un tableau de Carpaccio mais pas en bois plein. Et une tapisserie de toute beauté, composée de trois hauts châssis rectangulaires en paille tissée par une réalisatrice lyonnaise.

 

©x

©x

Manque à l’appel le célèbre banc en bois dont le Musée du Louvre avait acheté quatre exemplaires qui, depuis, auraient été revendus. L’un d’eux figure pourtant dans les collections du mobilier national. Deux étudiantes assises au sol, prenaient des notes et faisaient des croquis. Et cela a réjoui, non sans raison, Richard Peduzzi de voir que le travail de toute une vie ici exposé en partie, soit aussi l’occasion d’une transmission de savoir, d’art et compétences originales. Ne ratez pas cette exposition dans ce lieu très silencieux, et si vous êtes enseignant, emmenez-y vos élèves ou étudiants (entrée gratuite), cela fait du bien de voir autant de créations aussi intelligentes que sensibles… 

Philippe du Vignal

Jusqu’au 31 décembre, Galerie des Gobelins, 42 avenue des Gobelins, Paris (XIII ème).

Tao Dance 13 et 14, chorégraphies de Duan Ni et Tao Ye

Tao Dance 13 et 14 , chorégraphies de Duan Ni et Tao Ye 

Alliant rigueur métronomique et mouvements sinueux, ces pièces hypnotiques révèlent, chacune à sa manière, une approche radicale de la danse. «À travers mon travail, j’espère recentrer l’attention sur l’essence de la sensation et de la perception. C’est dans le corps, dans notre existence physique portant en elle l’ordre intrinsèque de la vie, dit Tao Ye, que réside la plus grande des sagesses.» Il a fondé le Tao DT en 2008 avec la danseuse et chorégraphe Duan Ni. De simples numéros en guise de titre indiquent le nombre d’interprètes et l’ordre d’entrée au répertoire de chaque pièce, les chorégraphes refusant de caractériser leurs créations par des noms évocateurs.

 Tao Dance 13 utilise le concept de trinité. En groupe serré, treize danseuses et danseurs en amples costumes légèrement différents mais dans un camaïeu de nuances sable, avancent au rythme lent de quelques notes répétitives, puis reculent, et pivotent d’un seul tenant. Mais leur marche compacte est troublée par des solos et duos disruptifs. Certains interprètes émergent brièvement du groupe avant d’être absorbés par lui, dans une succession de chutes, rebonds, portés solidaires, rejets violents, culbutes… Un chaos qui entrave un court moment l’évolution de la troupe. Pendant une demi-heure tendue à l’extrême, ces micro-bouleversements intempestifs expriment toute la complexité d’un collectif et la variété des interactions accidentelles possibles.

©x

©x

Tao Dance14, par contraste et à la surprise du public, éclate dans l’espace et joue de la couleur : les danseuses et danseurs en rangs aérés qu’ils ne rompront jamais, communient dans un même mouvement mais se distinguent par les nuances de couleur de leur longues et amples tuniques uniformes, flottant comme des corolles au gré des figures sinueuses… Une boîte à rythme à la régularité implacable marque le temps et impulse une énergie ondulatoire aux corps. Hommes et femmes forment une large vague ininterrompue, comme poussée par les vents et la marée. Ce collectif respire du même souffle, bouge ou s’immobilise, s’assoit ou s’allonge, en parfaite synchronie.


L’esprit du yin et du yang souffle sur ces chorégraphies, aussi avant-gardistes qu’intemporelles. Leur facture épurée rappelle la danse buto de la compagnie japonaise Sankaï Juku, en plus dépouillé. Le public, médusé, est happé par le mouvement perpétuel émanant de ces corps souples comme des roseaux, emportés dans un élan commun, entre terre et ciel. 

 Tao Ye qui a travaillé avec la Shanghai Army Song et la Beijin Dance Company, puise aux sources des danses traditionnelles et des arts martiaux. Ses chorégraphies ancrées dans le sol défient la pesanteur. On y retrouve la fluidité et la concentration du taïchi, du qi-gong, du yoga, et de l’opéra chinois.  Duan Ni, elle, apporte à cette jeune troupe virtuose son expérience acquise auprès de Yang Meiqi, un des pionniers de la danse contemporaine chinoise. Elle signe aussi les costumes, aussi beaux que pertinents. Depuis leur premier Duo, 2, le couple de Pékin sillonne le monde et a bien mérité son Lion d’argent à la Biennale de la danse à Venise.

 Mireille Davidovici

Le spectacle a été joué du 16 au 18 octobre au Théâtre de la Ville-Sarah Bernhardt, place du Châtelet, Paris (Ier) T. : 01 42 74 22 77.


Du 24 au 26 octobre, Théâtre central, Séville (Espagne). Le 30 octobre, Teatro Ariosto, Reggio Emilia (Italie).


Les 5 et 6 novembre, International Theater Amsterdam (Pays-Bas). Les 9 et 10 novembre, Teatros del canal, Madrid (Espagne). Le 13 novembre, Le Théâtre de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Les 15 et 16 novembre, Théâtre de Cornouaille, Quimper et le 21 novembre, Le Quartz, Brest (Finistère).

1234

DAROU L ISLAM |
ENSEMBLE ET DROIT |
Faut-il considérer internet... |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Le blogue a Voliere
| Cévennes : Chantiers 2013
| Centenaire de l'Ecole Privé...